J'ai profité du congé de la Fête Nationale pour aller me reconnecter avec la nature.
Dans le calme de la forêt, loin du bruit et des vibrations des poteaux électriques, je me suis mis à méditer.
Chez les Grecs et les Romains de l'antiquité, l'Âge d'or n'était pas situé dans l'avenir, mais dans le passé.
L'Âge d'or est le temps où l'homme vivait en parfaite symbiose avec la nature. La Terre était généreuse pour tous et toutes. Il n'y avait qu'à tendre le bras pour se nourrir. La guerre et l'avidité n'existaient pas. Tout le monde y trouvait son compte.
On trouve la même idée dans la Bible avec le jardin d'Éden. L'homme et la femme allaient tout nus. Ils vivaient libres, heureux et sans crainte. C'était l'Âge d'or.
Puis vint l'Âge de fer. Tout un chacun s'est mis à se battre pour posséder ce que l'autre n'avait plus. Les humains se sont distanciés les uns les autres pour s'enfermer à double tour dans des maisons inhospitalières. La rapacité a remplacé l'entraide. Le chacun pour soi a supplanté le partage.
J'ai eu la même vision en fin de semaine. J'ai retrouvé cet Âge d'or dans la simplicité de la nature, sans eau courante ni électricité. J'ai compris que je vivais à l'Âge de fer et que le passé était la source d'une sagesse oubliée et méprisée au profit d'une vision destructrice du monde.
Dans mon Âge d'or aborigène, les vrais humains (anishnabés en algonquin) vivaient en symbiose avec la nature. Ils ne passaient pas leurs journées à se projeter dans l'avenir. Ils vivaient intensément le moment présent, avec peu de mots et beaucoup de gratitude envers l'oeuvre du Grand Esprit. Un seul autochtone aurait songé agir comme l'un de nos politiciens pourris et la communauté l'aurait abandonné au milieu de la forêt pour qu'il se fasse dévorer par les loups.
Par conséquent, mon mythe du bon sauvage n'est pas un mythe, mais la promesse d'un Âge d'Or, comme chez le poète Virgile.
La civilisation nous a apporté le chaos. L'homme s'est soumis aux technologies au point de devenir lui-même un objet.
Je ne rejette pas la science et le progrès technique. Néanmoins, force m'est d'admettre que le matérialisme est une voie sans issue. C'est au nom de la matière que l'être se dissout dans le vide. C'est au nom de la possession que l'homme civilisé est dépossédé de tout: de l'air pur, du chatoiement des feuilles dans la forêt, du miroitement de l'eau cristalline, du chant des oiseaux.
La plénitude de l'âme est impossible dans le gargouillement des villes affamées et assoiffées.
Tout y est conçu pour nous isoler les uns des autres et c'est un vrai miracle qu'il en reste quelques-uns pour envisager une autre vie, un Âge d'or.
Voilà, grosso modo, ma vision de la fin de semaine, couché sur le dos à regarder les feuilles frémir au vent.
Voilà ma vision de l'Âge d'or.
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Photographie: Carole Quintal, 2012
Bien dit, Gaétan.
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