dimanche 2 décembre 2007

À propos de la littérature québécoise

Non, non, je ne vais pas chier sur la littérature québécoise. Ce serait trop facile. Plutôt que de me perdre en colères inutiles envers la majorité de nos auteurs, qui n'ont franchement rien à raconter, je vais plutôt mettre l'emphase sur les auteurs québécois que j'aime. C'est dimanche après tout et je me vois mal de me faire des ennemis par une journée qui, par ailleurs, menace déjà de se transformer en tempête de neige.
Tant mieux pour la neige, cette année nous aurons un vrai hiver. Je souhaiterais presque nous revenions à l'ère glaciaire pour se forger un caractère encore plus fort, plus altier et plus farouche. L'été rend trop mou. L'hiver donne faim pour de la viande. Et... où en étais-je? Ah oui. La littérature québécoise.
Parlons-en de la littérature québécoise, puisque ce n'est pas le temps de parler de Gogol, Dostoïevski, Tchékhov ou Boulgakov, mes auteurs préférés, ceux vers qui je reviens toujours, par sécurité, avec le sentiment que l'on a de revenir chez-soi après un long et pénible voyage parmi des gens qui nous ont lamentablement déçus par leur banalité, leur mesquinerie et, surtout, leur manque de talent.
Pourquoi parler de la littérature russe en avant-propos d'un texte traitant de la littérature québécoise? Eh bien, c'est pour ne pas oublier que la littérature est d'abord et avant tout universelle. Je me sens plus d'affinités avec Gogol qu'avec Jos Bricole, auteur «ben d'chez-nous» qui écrit le terrible mélodrame de sa vie plate en s'enlevant des crottes de nez.
Chez Gogol, il y a de la vie, des réflexions philosophiques, du symbolisme, du scénario.
Chez Jos Bricole, il n'y a rien que du vent et de la poursuite du vent.
Jos Bricole est pourtant un auteur québécois célèbre, récipiendaire de huit cent soixante-trois prix littéraires en 2007, dont celui du Gouverneur général du Canada et celui de telle ou telle rôtisserie québécoise. Fait à noter, il fait trois fautes d'orthographe par phrase et sa syntaxe est aussi logique que la sortie des boules au bingo. Jos Bricole écrit en sortant des mots de son chapeau, au hasard, et il connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un qui connaît tel ou tel éditeur. Pour le reste, ce qu'il écrit est totalement soporifique et dénué de talent. Cependant, il est la norme en ce moment dans la littérature québécoise, l'exemple à suivre pour profiter de per diem ça et là, dans tous les salons littéraires du monde, à représenter fièrement la littérature nationale dans tout ce qu'elle a de plus conformiste et de plus transpirante des pieds.
Non, non, je ne chierai pas sur la littérature québécoise. Pourquoi le ferais-je? Ce serait trop facile...
Quelques auteurs seulement me touchent au cœur et à l'âme dans la littérature québécoise. D'abord des femmes. Nous avons surtout eu de grandes écrivaines québécoises: Gabrielle Roy, Germaine Guèvremont et l'autre là, voyons, qui a écrit La cordonnière? Ah oui, Pauline Gill.
Je voudrais bien faire entrer Jean-Charles Harvey du côté de la grande littérature, pour Les Demi-civilisés, un roman pamphlétaire paru en 1934. Le problème c'est que la plume de Harvey est un peu trop lourde.
La semaine dernière je vous ai raconté ma joie d'avoir découvert un vieil auteur trifluvien, Louis-Georges Godin, une belle plume de mon patelin qui est sombrée dans un oubli presque total. Peut-être qu'il y a eu trop de médecins et d'avocats dans notre littérature. Il fallait bien que le pauvre docteur Godin, mort à 35 ans, soit mis de côté pour laisser de la place au docteur Ferron, que j'ai apprécié un temps, et qui ne me dit plus rien aujourd'hui. Ferron a fini par me faire le même effet qu'Hubert Aquin, un auteur trop politique, qui a mis fin à ses jours, et que je n'ai jamais été capable de lire jusqu'à la fin.
J'ai bien aimé le livre «On n'est pas des trous du cul» de Marie Letellier, publié chez Parti Pris en 1971. J'ai bien dû le lire vingt fois. Est-ce de la grande littérature? Non. C'est une étude anthropologique au sein d'une famille québécoise pauvre, les Bouchard. Ce livre me parlait, malgré le charabia pseudo-scientifique qui accompagne les témoignages des Bouchard, lesquels tiennent des propos d'une crudité tout à fait saisissante.
Claude Gauvreau? À vingt ans, je croyais que c'était un génie. Vingt ans sont passées et je n'ai jamais relu Claude Gauvreau. Je suis passé, moi aussi, de Lautréamont à Isidore Ducasse. Les délires poétiques ne me rejoignent plus. Je suis plus sensible aux rythmes de Nelligan, qui copiait les symbolistes français et n'a pas écrit une œuvre originale vraiment significative. Cependant, Nelligan est un poète aimé et connu de tous. Alors, on peut bien lui accorder ce crédit, même s'il est un écrivain surestimé.
Yves Thériault est intéressant. J'hésite à me prononcer sur son compte. Je sens une certaine maladresse au point de vue de l'écriture. Le propos est souvent excellent. Cependant la forme est un peu trop carrée.
Mordecai Richler, je l'ai déjà dit, est notre meilleur romancier québécois en plus d'être un pamphlétaire efficace. Les nationalistes lui en veulent d'avoir écrit «Oh Canada! Oh Québec! Requiem pour un pays divisé», livre qu'ils n'ont lu qu'à travers les mensonges de Lise Bissonnette, qui accusait Richler d'avoir traité les femmes de truies reproductrices alors que, dans le livre, Richler accusait plutôt les nationalistes québécois de traiter les femmes telles des truies reproductrices, comme les curés d'antan soucieux d'accroître le nombre de leurs bonnes ouailles catholiques pour agrandir le presbytère.
Réjean Ducharme? Marc Favreau, alias «Sol», serait dans la même catégorie. Les jeux de mots m'indiffèrent un peu. Je n'ai pas la passion du calembour.
Michel Tremblay? Oui. C'est un grand de notre littérature, quoi qu'on en pense. Ça cogne, l'air de rien.
Ensuite? Fiou! Je pourrais écrire encore des pages et des pages, c'est donc dire que la littérature québécoise ne se porte pas si mal. Je crois néanmoins que le meilleur reste à venir.
***
Cela dit, j'ai fait la découverte d'un écrivain québécois sur l'Internet. Il s'appelle André Pronovost. Ses textes sonnent bien, sa tête raisonne bien: c'est un auteur à lire pour se rendre compte que la littérature québécoise n'est pas obligatoirement ennuyante. Vous pouvez, bien sûr, visiter son site Internet.

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