Une tempête de neige souffle sur Trois-Rivières depuis ce matin.
C'est la première de l'année et bien d'autres suivront.
Beau temps, mauvais temps, j'ai choisi de me rendre au travail à pied.
Je marche environ 45 minutes le matin, 30 minutes le midi et 45 minutes le soir. Ce qui représente près de 2 heures de marche. Cela me tient en forme. Et de plus, ça me nettoie l'esprit de toutes sortes d'impuretés mentales: haine, anxiété, ressentiment, etc.
Je devrais donc être parfaitement heureux lorsque je marche.
Je le serais presque si ce n'était des abrutis qui passent près de me faucher chaque fois que je reviens à la maison. C'est-à-dire entre 16h30 et 17h15 pour être plus précis.
C'est bien sûr l'heure de pointe et les automobilistes finissent par se comporter comme des excréments sur quatre roues.
Cela ne se fait pas sans risquer de frapper un piéton.
Parce que, voyez-vous, le piéton, comme le pauvre, figure en bas de la hiérarchie établie par l'automobiliste moyen qui a le cerveau lessivé par son volant.
C'est L'Enfer mécanique à tous les soirs que je reviens à la maison. Comme si les automobilistes obtenaient des points en nous frappant pour gagner une quelconque course à la mort.
Au coin des rues Père-Daniel et Gene-H-Kruger il m'est plus difficile de traverser sur la lumière verte que sur la lumière rouge. Il n'y a pas de feu pour les piétons. L'autorisation de tourner à droite sur un feu rouge fait en sorte que vous avez deux idiots de plus à regarder avant que de traverser la rue à pied. Incidemment, je me suis fait couper par une dame qui semblait avoir si froid dans son auto qu'elle ne pouvait que me tuer si j'avais l'outrecuidance de traverser au feu vert pour lui enlever son droit de tourner sur un feu rouge.
Un peu plus loin, au rond-point de la Couronne, au moins quinze véhicules m'ont ignoré et ont filé devant moi comme si je n'existais pas. Comme si je n'avais pas le droit d'être là. Comme si c'était illogique qu'un piéton puisse traverser une rue. Surtout si les automobilistes ont tellement froid sous la tempête qu'ils en oublient ces culs-terreux et manants qui traînent savates sur les trottoirs au lieu d'emprunter la piste cyclable...
Vous croyez que ça s'arrête là? Pas du tout. J'ai aussi failli me faire frapper au coin des rues Royale et La Vérendrye. La lumière était verte avec même une flèche pour tourner à gauche. Ce qui suppose que la lumière est rouge pour l'automobiliste qui s'engage dans la voie de face. Je marche jusqu'au milieu de la rue et deux individus à casquettes à bord d'un Econoline roulent presque sur mes pieds. Je rage, évidemment. Ils sont déjà passés. Même si je leur faisais des gestes disgracieux ils ne les verraient même pas...
Je suis tout de même en tabarnak.
Et je marche, sous la tempête, jusqu'à l'intersection des rues Royale et St-Georges. Il y a un feu pour piétons et le petit bonhomme est vert. Je m'engage sur la chaussée pour traverser. Un gros niaiseux qui se cure le nez me coupe le chemin et passe devant moi qui hurle de colère cette fois.
-Gang d'hosties d'mongols de tabarnak d'hosties de tas de marde! J't'leur crisserais des amendes qui seraient pas capables de payer! J'leur enlèverais leur permis! J'mettrais des hosties de lois tellement sévères pour le contrôle de la pollution dans les villes que plus personne aurait les hosties de moyens de s'acheter un char! MARCHEZ TABARNAK DE LÂCHES DE CALICE!
Après cette montée de lait, j'ai marché jusqu'au coin de la rue St-Roch et Royale. Le petit bonhomme était vert. Et je me suis encore fait couper...
Je suis rentré à la maison désespéré du genre humain.
Convaincu que Trois-Rivières est constituée d'une grande majorité de tarlais et de tarlaises au volant.
Et assuré que rien ne va changer avant longtemps dans cette ville de chars qui se crisse du pauvre monde comme des piétons. Y'ont juste à prendre la piste cyclable.
D'ailleurs, la piste cyclable est mal balisée au centre-ville et les automobilistes stationnent dedans.
Tous des mangeux d'marde...
Tous et toutes...