Chaque fois que Rosalinde leur parlait personne n'y comprenait rien. Ce qui fait qu'elle devenait rouge de colère et se mettait à hurler.
-C'est moé qui est boss!
Et, effectivement, c'était elle la boss, cette quinquagénaire qui était pourrie en communication.
Tout le monde jouait aux devinettes autour d'elle.
Elle renâclait pour signifier un oui ou bien un non.
Elle roulait même des yeux.
Mais parler? N'y pensez même pas. C'était même pire. Un vrai supplice.
-En seulement que c'que c'est qu'c'est comme c'que c'est c'qu'i' ont à penser c'qu'i' disent si c'est comme si mettons c'qu'i' fait comme t'sais veux dire dans la chanson d'Avabo... Adopo... Amomo... Adomo qué'que chose... qu'est-c'est qu'j'disais? VOUS COMPRENEZ RIEN ENCORE? FAUT TOUTTE QU'ON VOUS EXPLIQUE?
Les employés se disaient entre eux que c'était une crisse de folle. Puis ils l'évitaient. Devinaient ce qu'il y avait à faire.
***
Un jour, Roselinde décide de devenir pilote de l'air. Vous direz que c'est étrange d'avoir cette envie à plus de cinquante-cinq ans. Mais bon, Roselinde est dure à suivre.
-D'a yoù'c'que c'est que j'pourrais comme qui dirait comme si y a à avoir un permis... pilote de l'air... un avion... dans le ciel... capitche?
Finalement, ça n'a pas marché. Ça demandait trop de temps et de cours.
Donc. elle a abandonné son rêve de devenir pilote de l'air.
Mais elle a conservé celui de tous les faire chier avec son air de boeuf et son répugnant non-dit.
***
Le chien de Roselinde s'appelle Noiraud.
Il est inutile de lui demander ce qu'il en pense.
Il se contente de japper comme un chien.
***
Les employés l'ont surnommée Grossedinde, évidemment.
Roselinde, Grossedinde: ça sonne pareil.