La vie passe trop vite. Il faut faire huit journées d'une seule pour avoir le sentiment de ne jamais faillir à ses obligations. Et pour ce qui est de l'art, de l'amour, de l'amitié et de tout ce qui surpasse de loin l'utile ou le nécessaire, eh bien il faut se sacrifier afin d'y goûter subrepticement, en parallèle de la routine et de l'esclavage.
Je n'écris pas ça pour susciter de la déprime chez mon lectorat qui mérite bien mieux.
Je vous dis ça comme ça vient, naturellement, simplement pour vous dire bienvenue dans mon cerveau, qui que vous soyez, et reposez-y vous un moment, comme ça, tout à fait pour rien. C'est gratuit et vous n'y perdrez que votre temps.
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J'ai vu Iron Man 3 récemment.
C'est l'histoire d'un patriote de fer, Tony Stark, un homme riche à craquer, fortement individualiste et tout autant bricoleur, qui sauve l'Amérique cinquante fois par jour avec ses gadgets.
Il est la consécration pure de cet homme-machine dont parlait La Mettrie. Cet homme-machine qui rebutait tant à mon ami et professeur de philosophie, feu Alexis Klimov. Il voyait en l'homme-machine le summum de l'objectivation, de l'homme transformé en objet, en pièces détachables, totalement déconnecté de son âme et de la quête d'une certaine transcendance.
Tony Stark est-il détaché de son âme? Il y a tout de même une petite bluette d'amour dans Iron Man 3, comme dans les romans de l'époque chevaleresque où l'amoureux bien cuirassé s'en va combattre les dragons pour libérer sa belle aux cheveux longs et parfumés.
Iron Man affronte des créatures modifiées génétiquement qui crachent le feu comme des dragons...
Et, signe des temps, Tony Stark souffre d'anxiété sans la protection de sa cuirasse. Il se sent écrasé comme un enfant qui a grandi trop vite. Il panique bien plus qu'au coeur de l'action, quand tout explose. Il souffre d'un syndrome de stress post-traumatique. Il n'est bien que lorsqu'il tue, comme Rambo. Un autre problème mécanique auquel ne manque qu'un peu d'huile et deux ou trois tours de pipe-wrench.
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Les vrais super-héros ne portent ni armes ni cuirasse. Ils vivent parmi nous sans qu'on ne les remarque. Ce ne sont pas nécessairement des visionnaires ou bien des génies du bricolage. L'essence même de leur personnalité c'est leur bonté intrinsèque, leur indignation heureuse et naturelle. Ils affrontent la police politique du Parti dans les rues, désarmés, sans bouclier magique ou sabre de lumière.
Tout ce qui témoigne de leur grand caractère d'âme n'a rien à voir avec toutes les protections que nous nous inventons pour respirer de l'air en conserve plutôt que de s'empoisonner à l'air libre.
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Bon. Un divertissement demeure un divertissement.
Je vous en ai servi une tranche.
Cela vaut ce que ça vaut.
Et tant qu'à vous quitter, je vous laisse sur cette chanson sur laquelle je viens d'écrire ce texte.
Cela jouait sur Espace Musique, la station musicale de Radio-Canada, tandis que je vous improvisais ce billet.
Cela s'intitule La chanson de l'Auvergnat.
Et c'est rempli de gratitude, malgré les grosses moustaches de morse mal léché qu'arborait son auteur, Georges Brassens.
Voilà.
Té mon héros! Smack! (bisou!)
RépondreEffacerLa cape est trop grande pour moi makesmewonderhum...qu'on éloigne de moi ce câlice!!!
RépondreEffacermerci pour l'Auvergnat, Gaétan. C'est une si belle chanson.
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