Il n'était pas facile de se lever tous les jours avec la sensation d'être un génie. Voilà pourquoi ce trou du cul passait toujours de mauvaises journées. Il s'appelait Gadouas, Alex Gadouas, et il était chiant comme mille. Ce bas-cul n'avait pas les moyens physiques et intellectuels de regarder de haut qui que ce soit. La condescendance ne lui seyait pas du tout. C'était plutôt le mépris qui lui convenait comme une couche de mauvaise odeur.
Gadouas était seul parce qu'il était un parfait imbécile. J'étais solitaire pour d'autres raisons. Et j'ai toujours attiré les gens un peu bizarres. Peut-être parce que je le suis un peu. Ou bien parce que je suis du bon pain. Allez savoir! Et puis est-ce qu'on parlait de moi, hein?
Non. On parlait de Gadouas le bas-cul rempli de mépris qui se croyait un génie.
Il avait lu deux ou trois pages de Nietzsche et vu des films soporifiques. C'était assez pour que Gadouas se sente différent. Et même qu'il sentait fort, un problème de glandes qui frappent certains adolescents tout autant que les Gadouas. Cela dit, ce serait mesquin de réduire Gadouas à sa puanteur, mais quiconque le connaissait en venait à dire qu'il puait. J'ai plutôt retenu l'image d'un mauvais génie, méprisant et bas-cul.
-Ouais... J'estime que le surhomme s'incarne en ma personne... Les femmes sont inférieures et doivent se soumettre... Je suis pour l'emploi de la force...
Gadouas disait ça sur un ton gluant et faiblard. Il était tout sauf de la force et aucune femme ne voulait de lui et de ses sornettes. Cet être mou et flasque s'inventait une surhumanité pour oublier qu'il n'était qu'un bas-cul. Ça le confortait d'avoir lu Nietzsche, un gars différent, qui avait influencé plein de gus différents, dont Adolf et Gadouas lui-même.
Gadouas jouait à l'intellectuel en se promettant, par exemple, d'écrire un livre sur la femme inférieure et le féminisme rampant de la société québécoise. Il n'était pourtant pas capable d'écrire une seule ligne qui se tienne debout. C'était du genre l'asociéter québéquoise doie prioriterremant dire que les homme plus fords doive aître au pouvoir pour la survi de la raçe. On tolérait ce genre de charabia à l'université et même que Gadouas finit par devenir bachelier en sociologie et militant d'un parti de droite. De quoi se dire que nos diplômes ne valent absolument rien. Mais c'est encore une autre histoire que je n'ai pas envie d'écrire aujourd'hui.
Le fait demeure que Gadouas n'était pas une lumière. C'était un pauvre type, hargneux, teigneux et vaniteux pour rien qui s'étouffait dans son orgueil comme l'on meurt dans ses vomissures.
Je ne dis pas qu'il est encore mort.
Ni qu'il est toujours vivant.
Je ne sais pas ce qu'est devenu Gadouas.
Je sais seulement qu'il n'était pas un génie. Seulement un bas-cul rempli de mépris et malodorant.
Il y en a des tas comme ça par les temps qui courent.
Je me devais de produire cet avertissement.
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