lundi 22 avril 2013

L'art selon Rosaire

L'art n'est pas un discours et encore moins une théorie. Cela se passe d'explications. Pourtant, comme on le fait avec Dieu ou bien le monde des esprits, on a produit des milliards de mots pour nous éloigner de la pratique.

L'art, comme la spiritualité, est essentiellement une gymnastique du corps et de l'esprit.

L'art n'est rien sans la perception des sens, sans le ballet des gestes et mouvements humains.

La foi n'est rien sans la charité, sans la mise en chair de l'idée.

Les cinq sens et même les sens qui nous échappent sont sollicités pour produire un air de violon, un croquis ou bien une tourtière.

La mécanique ne suffit pas pour la transcendance.

Les dons existent bel et bien. Ils se trouvent parfois là où on ne les attend pas.

Un des artistes-peintres qui m'a le plus impressionné est un déficient intellectuel dont je tairai le nom par souci de ne pas briser son anonymat. Il est même possible qu'il soit mort, depuis le temps. On le voyait souvent se promener en tricycle dans les rues du centre-ville. Il saluait tout le monde en riant comme un enfant malgré ses cinquante ans bien sonnés.

Je me présente un jour à une exposition de déficients intellectuels et je tombe sur ses tableaux qui étaient, ma foi, admirables. C'était des chefs d'oeuvre d'art naïf. On aurait jamais cru que cela provenait du monsieur en tricycle qui fait des tatas à tout le monde dans la rue, même aux inconnus. Je vous jure que beaucoup d'amateurs bardés de diplômes universitaires n'arriveraient pas à cette maîtrise du dessin et de la peinture.

Évidemment, c'est mon opinion et je m'y réfugie comme un ours mal léché. Je sens que j'ai trouvé mon maître en peinture chez ce déficient intellectuel que nous pourrions appeler, mettons, Rosaire.

Je ne renie pas toutes les autres influences, mais elles ne seront jamais aussi viscérales que celle de Rosaire et autres marginaux que l'on voudrait tous condamner à éplucher des patates plutôt que de les voir perdre leur temps à barbouiller.


2 commentaires:

  1. Moi j'ai appris à jouer du piano avec un piano. S'tu mieux?

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  2. J'ai le vague souvenir d'un titre de Charles Bukowski: Jouer du piano ivre comme d un instrument à percussion jusqu'à que les doigts saignent un peu...

    Il faut souffrir, sans doute, même pour jouer du piano avec un piano...

    J'ai eu mal aux doigts en tabarnak les premières fois où je me suis torturé avec une guitare... Des crampes dans les mains, le bout des doigts qui n'a pas encore fait sa corne... Puis un jour, voilà que tu joues Blowin' in the Wind en faussant moins que Bob Dylan...

    C'est mieux que tu saches jouer du piano, MakesmewonderHum. On pourra se taper un petit jam. Tu joueras du piano et je jouerai du gumboot en passant le chapeau...

    Sérieusement, je suis content de savoir que tu joues du piano. :)

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