mardi 23 octobre 2012

Alléluia

Les conservateurs croient bien plus en la punition qu'en la rédemption.

Moi, le con, je suis du côté de Victor Hugo pour juger les Jean Valjean de ce monde.

Je pense que la pire raclure qui soit peut devenir une personne infiniment morale.

Le mal qui se connaît est moins dommageable que le mal qui s'ignore. C'est ce qu'écrivait substantiellement Baudelaire dans ses Fusées.

Les Pharisiens qui se tapent la poitrine dans la première rangée du Temple en se croyant des justes, parce qu'ils sont riches et bien propres, ne valent pas les Publicains qui baissent les yeux dans la dernière rangée en se croyant des crapules. Les Pharisiens ignorent leur mal. Les Publicains l'affichent pour s'en débarrasser. La rédemption n'est possible que pour ceux qui extirpent le mal d'eux-mêmes...

Et c'est quoi la rédemption? Eh bien... c'est faire le bien. Le bien qui s'ignore. Le bien qui ne s'affiche pas...

(Bon sang, est-ce que je fais de la fièvre?)

***

Dans le roman Les Misérables, l'inspecteur Javert passe tout son temps à trouver un moyen de coffrer Jean Valjean. Il ne voit pas l'homme bon et honnête que Jean Valjean est devenu, mais le voleur, le bandit, l'ancien forçat. Et il le reconnaît sous la nouvelle identité qu'il s'est forgé. Et il le poursuit, partout, sans aucune considération pour le bien que Jean Valjean fait aux misérables parmi lesquels il vit. Qu'il sauve une orpheline et tout un village, l'inspecteur Javert s'en fiche. Il veut l'application la plus stricte qui soit de la loi.

Évidemment, la conception du monde dans laquelle Javert s'inscrit finira par le détruire lui-même. Il se suicide en se noyant dans la Seine. Comme si sa vie n'avait pas de sens. Ou moins que celle de Jean Valjean.

Franchement, Victor Hugo avait l'oeil clair et la plume plus qu'ambitieuse.

***

Il y a plein de types qui honorent sans le savoir la mémoire de l'inspecteur Javert de nos jours. On les voit surtout à droite, à chercher la bête noire qui viendra justifier leur vision étriquée du monde.

La rédemption n'existe pas pour eux.

Il n'y a que la loi, le fouet, la punition.

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Nietzsche disait de Jésus qu'il était le destructeur des gardiens de la morale. Il a détruit les dogmes des Pharisiens qui se croyaient justes, bons et juges en tout et pour tout.

Ce même Nietzsche disait aussi qu'il n'y eut qu'un seul chrétien et qu'il est mort sur la croix.

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Alléluia.





2 commentaires:

  1. Là j'me suis bien promis de visiter la petite église de Kahnawake. Après tant d'années à y passer droit mon chemin pour me rendre chez Susan et Allen McComber, question matériel d'archerie. Tous les reportages des semaines passées sur la maintenant canonisée Sainte Katéri Tékakwitha m'ont convaincus qu'il y a en ce lieux si humble et de grande beauté où se rassemblent de vrais chrétiens, pieux, fidèles parmi les fidèles, très loin des pharisiens que tu décris, lieux dis-je oû l'âme même du sacré et de la rédemption se côtoient. Nietzsche oubliait peut-être ceux-là dans son décompte sentencier, qui sait.

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  2. Ma grand-mère est née sur la réserve de Akwesasné. J'aime mieux Jésus que Nietzsche. Il y a des gens bons malgré toutes les religions. On juge un arbre à ses fruits... Enfin... En autant qu'on n'étrangle pas son voisin...

    ;)

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