Nous sommes revenus au campement vers quatre heures de l'après-midi après une longue marche sur les sentiers sinueux de la rivière.
Le vent soufflait de plus en plus fort. Quelque chose se préparait dans le ciel. Ce n'était pas une raison pour ne pas se construire un feu.
Comme il avait plu un peu la veille, j'ai déposé quelques branches de sapin sur le sol humide. J'ai façonné quelques boulettes de papier journal que j'ai couchées sur les branches de sapin. Puis j'ai alimenté ce papier en flammes avec des brindilles bien sèches, ajoutant progressivement des bouts de bois au diamètre toujours plus gros jusqu'à ce que le feu soit bien pris.
Il manquait de bois de chauffage et les branches mortes étaient plutôt éloignées du campement à force de nourrir les feux des jours précédents.
C'est là que du bois mort s'est mis à tomber du ciel. Pif, crak, boum! Ça tombait de partout.
Le vent soufflait en rafales. C'était tellement fort que la forêt semblait se dépouiller de ses branches mortes comme l'on s'arrache des cheveux en se brossant. Le ciel devenait plutôt menaçant et les flammes prenaient toujours plus d'ampleur. Pour tout dire, cela commençait à devenir inquiétant.
Puis ce fût la pluie, une pluie intense qui n'a pourtant pas réussi à éteindre notre feu tout en nous permettant de laver notre vaisselle sale sans trop d'efforts.
Le vent est tombé au bout d'une heure. Alex avait ramené des bûches d'un campement abandonné. Les nuages se sont dissipés. Les bûches ont flambé l'une après l'autre.
Il faisait noir comme le loup dans notre sous-bois planté sur la falaise. Il n'y avait pour toute lumière que notre feu et les étoiles qui brillaient entre les feuilles.
Les grillons ont accompagné le crépitement du feu. La bière nous a rincé le gosier pour délier nos langues. Quatre humains se sont parlé de toutes sortes d'affaires, de notre galaxie formée de 150 milliards d'étoiles, de notre univers qui contient un nombre infini de galaxies, puis des trous noirs et de tout ce qui nous semblait un mystère naturel ou surnaturel.
Nous avons regagné la tente pour dormir un brin.
Je me suis réveillé à l'aube pour assister au lever du soleil.
Je n'ai pas eu besoin de me fendre le cul pour trouver du bois mort. Le vent s'était chargé de m'en charrier la veille. Je l'ai ramassé pour repartir un feu afin de nous réchauffer un peu.
Je me suis assis sur une souche en regardant le soleil sortir de sa cachette.
Je me sentais bien en tabarnak.
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