mercredi 17 décembre 2008

ANDRÉ RÉMILLARD ALIAS L'HOMME DES BOIS

-Moé chu un gars d'bois. J'aime ça aller dans l'bois. J's'rais faitte pour vivre dans l'bois. Moé pis l'bois, c'est naturel, t'sais.

Je ne sais pas combien de fois il nous avait répété ça alors que l'on montait en hydravion au Nord de La Tuque, dans le coin du réservoir Gouin. À vrai dire, je ne sais plus trop où. Les noms indiens, je ne suis pas capable de les prononcer.

Toujours est-il qu'il nous a répété ça tout au long du trajet, ce sacré couillon, André qu'il s'appelait, André Rémillard sur sa carte d'assurance-maladie. Né en 1960. REMA07046012. L'air con comme un manche. Et pas juste l'air. La chanson aussi.

Qui avait eu cette idée d'inviter André l'homme-des-bois avec nous? C'était une vraie pie, ce freluquet vantard qui ressemblait à s'y méprendre à un orang-outan rasé de près, avec ses arcades sourcillières prononcées, son front fuyant et sa lippe bavante.

-Le bois, ça m'connaît. J'su's né dans l'bois. Y'a qu'le bois de vrai. Moé, j'su's ben dans l'bois.

Y'arrêtait pas le tabarnak. On avait hâte que l'hydravion se pose au sol. Ce qui finit par arriver, comme de raison.

-Toute une chasse-galerie avec c'te tabarnak d'André l'homme-des-bois, hein? que j'ai dit au grand Corbin en débarquant nos bagages sur le roc.

-Ouin, répondit Corbin. Ça va être long le week-end de pêche avec c't'hostie-là. Va falloir que que'qu'un lui farme sa grand' yeule!

On a planté nos tentes, défait nos bagages et ouvert quelques bières. André l'homme-des-bois parlait de moins en moins. Alors qu'on buvait tous les six autour du feu, André passait son temps à jeter un coup d'oeil derrière lui, comme s'il paranoïait. Je fis signe de la tête à Corbin qui tout de suite se mit à sourire. L'homme des bois avait peur... dans les bois!

On s'en rendit compte tout de suite. Il nous pissait presque dessus.

-André ciboire! Va pisser plus loin! La pisse r'descend vers nous autres!

-Ah! 'xcusez mais... hee...

Il s'avança plus loin d'à peine un ou deux pieds. Il ne se sentait plus du tout en sécurité.

La nuit venue, alors que nous avions tous regagné nos tentes André l'homme-des-bois s'est fait dire évidemment d'éteindre sa maudite lampe de poche.

-Ferme la lumière André, on veut dormir hostie!

André éteignit sa lampe de poche, de mauvais gré. Puis il se remit à parler, pour être sûr que nous étions bien là...

-Heille les gars j'vous l'ai-tu conté la fois où...

-Ta yeule André on veut dormir!

On ne lui a pas laissé le choix. Il s'est fermé la gueule. Et nous avons roupillé dans nos tentes, tant bien que mal, jusqu'à deux heures du matin.

-Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaarrrrrr!

-Qu'est-cé ça dit André à voix étouffée. Les gars!!! Les gars!!! Qu'est-cé ça?

-Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaarrrrrr!

-Couche-toé André, c'est un canard que je lui ai répondu.

En fait, je crois bien que c'était un ours...

La peur n'a pas lâché André de la nuit.

Et moi, eh bien je me suis dit que l'ours n'avait qu'à prendre ce qu'il voulait et me laisser dormir. Évidemment, je n'ai pas dormi. Comment dormir avec un ours dans les parages? Sauf que moi je ne me vantais pas que j'étais un homme des bois...

Le lendemain matin, André avait envie de chier. La première chose qu'il a faite, c'est d'emmener une carabine avec lui.

Autour de feu, je leur racontais l'histoire de l'ours de la veille et la peur que devait avoir notre homme des bois. On riait aux larmes.

Le grand Corbin a voulu beurrer un peu plus épais malheureusement.

Il a voulu faire peur à André l'homme des bois pendant qu'il chiait.

Ce qui fait qu'il s'est faufilé à l'indienne entre les épinettes pour surprendre l'homme des bois d'un cri d'ours plus ou moins bien imité.

-Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaar!

Une détonation se fit entendre.

Puis un cri.

-Hostie! I' m'a tiré dans l'épaule! Ayoye-don' hostie d'calice! Vite les gars! J'saigne!

C'était le grand Corbin, évidemment.

André était resté figé raide, carabine en main, la bite à l'air, le pantalon pendant et rempli de merde. L'homme des bois était autant en état de choc que sa victime. C'était comme s'il faisait des bulles.

On a tout abandonné là et on a remonté dans l'hydravion pour le conduire sur-le-champ à l'hôpital de Grand-Mère. On a arrêté le sang du mieux qu'on a pu avec du linge propre.

Le grand Corbin a survécu. C'était une blessure mineure.

Mais si vous le revoyez, ne lui parlez plus jamais de André Rémillard, alias l'homme des bois.

Sérieux, y'est p'us capable d'entendre parler de c'te calice d'innocent-là.

9 commentaires:

  1. FESS!!!

    Stie ki ressemble à Davy Crockett.

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  2. Z'écouterez les dernières 3 minutes de Treadwell, ceusse qui ont pas peur des ours. Eh, eh, eh…

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  3. Bon les extrêmes encore ...

    J'ai pas peur de l'Ours, mais j'irais quand même pas mettre devant un vrai!

    ha ha ha hohoho huuuuu, hihi

    Oups caca nerveux !

    Non mais, mausus que je suis pas assez ...

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  4. Bien d'accord. Toujours mieux de se mettre hors la présence de plantigrades. Ça les allèche.

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  5. Heille Bé, j'pense qu'on devrait s'partir un blogue anonyme sur l'art (de dire n'importe quoi), le titre pourrait être «j'pense que je ne suis pas assez»

    Pas mal hein pour une pas assez ?

    ;)

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  6. Ça c'est une maudite bonne histoire à conté dans les party... Après on se demande plus pourquoi y a des accidents de chasse... Suffit d'envoyer un Adré LaGachette avec un grand Corbin farceur faire un tour dans le bois avec une carabine... Tabarshlak...

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