Ce matin, je relaxe. C'est-à-dire que je me prépare à peindre. Mes pinceaux et mes couleurs sont prêtes pour ma tempête de neige du siècle dans le faubourg à mélasse. J'ai déjà un bon bout de fait. Une rue étroite enneigée avec des tas de personnages. Un ciel tourmentée peint au torchon.
Si je devais qualifier ma peinture aux yeux d'un historien de l'art, je dirais que je fais de la peinture naïve relevée d'un zeste de symbolisme et d'expressionnisme. Je pratique la technique du cloisonnement, à l'instar de Paul Gauguin, un peintre daltonien lui aussi, comme moi. On aime ce qui nous ressemble. C'est vrai. Je ne vaux pas mieux que les autres.
Qu'est-ce qui vient me chercher en peinture? Vous voulez savoir? Gauguin, bien sûr, j'en ai déjà parlé. Mais en voici quelques autres, comme ça, au hasard, qui trotte dans ma tête longtemps.
PIETER BRUEGEL L'ANCIEN
Parmi les peintres qui viennent me chercher du bout des orteils jusqu'au coeur, il y a Pieter Bruegel l'Ancien.
Je ne me lasse jamais d'analyser ses hivers. Toutes ses couleurs que je ne comprends pas... La glace est-elle verte ou brune ou jaune foncée? Et ces scènes camouflées un peu partout dans le paysage... Des chasseurs, des patineurs, une personne qui a chûté, un feu dans le coin, un personnage qui traverse un pont...
Je ne finis jamais de le redécouvrir. Chacune de ses toiles déborde d'humanité. Et sa neige... Bordel! Elle est de quelle couleur sa neige?
ANTONIO LIGABUE
Antonio Ligabue... Il était schizophrène. Et ses toiles abondent en couleurs vives. On trouve peu de choses sur lui sur l'Internet. Mais il existe une monographie en français à son sujet à la bibliothèque de l'Université du Québec à Trois-Rivières. C'est là que je l'ai découvert. C'était avant que l'Internet n'occupe toute la place.
Ses toiles me fascinent pour l'intensité qu'il s'en dégage. C'est comme du Van Gogh hypernaïf. Ça me colle à la tête pendant des jours... Allez voir ses tigres...
Il est mort vierge. Je dis ça comme ça, pour ceux qui s'intéressent à la sexualité. Vous voyez ici son autoportrait. Un oiseau semble s'envoler de sa tête. Et le nuage forme une auréole, tant qu'à chercher des archétypes jungiens.
JEAN DALLAIRE
Pour finir, Jean Dallaire, un peintre de chez-nous pour faire un peu plus cocorico. J'aurais aimé vous montrer son christ cubiste, qui se trouve au musée Pierre-Boucher du séminaire St-Joseph à Trois-Rivières. Mais bon, c'est glacé dehors et je ne veux pas me péter la gueule.
Vous avez ici son Coq licorne. C'est coloré et dément. Assez proche de l'univers psychanalytique de Ralph Steadman, le caricaturiste préféré de Hunter S. Thompson.
On ne trouve presque rien sur l'Internet. Dommage.
Dommage que sa mémoire ne soit servie que par des types comme moi...
On peut aussi se procurer Cadet Rousselle, un court-métrage de l'Office national du film, pour mieux goûter à l'univers pictural de Dallaire. C'est Félix Leclerc qui chante sur les images de Dallaire. Assez fucké merci.
Bon ben, je vous laisse. Je retourne à mes pinceaux.
Ce billet est un vrai régal ... Merci !
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