Il convient pour l'édification morale des générations futures que de présenter des modèles de réussite, sinon de droiture ou bien de perfection absolue.
Évidemment, ce n'est pas à la hauteur de tous les auteurs. Cependant, même un auteur d'apparence vile peut nous surprendre. Dostoïevski, par exemple, jouait sa paie au casino avant que de l'avoir gagnée. Cela ne fût pas pour l'empêcher d'écrire L'Idiot, son roman le plus parfait, mais aussi le plus ennuyant.
Ce qui fait que je me dois de vous raconter une histoire ennuyante.
C'est celle d'un gars qui n'était pas idiot et qui ne comptait pas sur ses doigts. Non, il comptait dans sa tête, avec une précision effarante. Bien sûr, il portait un nom. Il s'appelait Beurk. Beurk parce que tout le monde le trouvait laid. Lui-même n'était pas capable de se regarder dans le miroir. Ce qui fait qu'il ne s'arrangeait pas la face, n'avait qu'un seul gros sourcil avec autant de barbe que de poils de nez. Il aurait pu se faire une tresse avec ses poils d'oreille. Franchement, il était un personnage hirsute qui beurkait tout un chacun.
Hormis le fait qu'il soit laid, pour une raison qui lui appartient, Beurk avait de grandes qualités. Il ne mangeait jamais la bouche pleine et se curait les ongles avec diligence.
Du point de vue moral, c'était un gars qui pratiquait tous les petits métiers et petites misères dont personne ne veut. Et il finissait par se faire une paie acceptable qu'il dépensait dans des machines à sous. Ce qui fait qu'il n'avait jamais un sou vaillant. Pas moyen non plus de lui faire écrire un roman, ne serait-ce que la suite de L'Idiot de Dostoïevski, mettons que ça s'appellerait «Le retour de l'Idiot» ou bien «Cours après moi patate chériffe!»
Évidemment, on ne voit pas très bien ou je veux en venir avec ce conte édifiant.
Même moi je m'y perds un peu.
Je sais que ça devait finir bien mais j'en ai perdu quelques bouts en cours d'écriture.
Alors aussi bien que cela se termine sur un air de musique.
Beurk serait d'accord avec ça. Il n'est pas achalé avec ça, Beurk. Et même qu'il ne sait même pas que je parle encore de lui ce matin. Comme s'il fallait que je voie ce que les autres ne voient pas, par accès de fièvre rimbaldienne, l'artiste est un voyant et blablabla...
Turlututu, chapeau pointu, tiens. Et ce conte édifiant, je m'en contrecalice.
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