Au hasard de mes lectures j'ai cru comprendre que les missionnaires n'étaient pas très polis envers les croyances des Autochtones qu'ils tenaient pour de diaboliques superstitions. Les Autochtones, tout aussi stoïques que les plus grands des philosophes de la Vieille Europe, ne coupaient pas la parole des missionnaires lorsqu'ils leur racontaient Jésus ou bien les aventures de Samson. D'aucuns reprochaient par contre aux missionnaires chrétiens de ne pas adopter le même respect et la même attitude qu'ils avaient à leur égard.
«Tout ce qu'on vous dit est absurde, ridicule, fondé sur rien... Cependant, quand vous nous parlez de personnes qui ressuscitent ou marchent sur les eaux, jamais on ne vous traite d'idiots...»
Les années ont passé et il s'en trouve encore des tas de petits clercs pour reprendre le travail de sape des missionnaires là où ils l'ont laissé. Tout ce qui n'est pas la civilisation occidentale est nécessairement de la diablerie, sinon de la superstition, voire du terrorisme...
On veut bien croire à la splendeur de votre civilisation occidentale. Vous croyez que nous ne l'avons jamais observée? On nous l'enseigne ad nauseam dans nos écoles en ignorant de larges pans de l'histoire et de la culture universelles pour qu'elle soit unique sans compétition.
Malheureusement pour les nostalgiques du temps des conquistadores, le monde a bien changé.
L'information tout autant que la désinformation circulent à très grande vitesse.
On pouvait mentir avant et espérer que le mensonge ne soit pas relevé avant deux générations compte tenu des moyens de communication de l'époque.
Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Vous pouvez commettre un crime ou bien une injustice et lui faire 600 fois le tour de la planète dans la minute qui suit. Et vous savez quoi? Je ne suis pas certain que cela soit sur le point de changer. Il faudra s'y habituer. Les partisans de tel ou tel mensonge n'en seront que plus souvent déculottés.
Cela dit je refuse d'argumenter contre ceux et celles qui veulent me faire rentrer dans la gorge qu'il nous faille «défendre la civilisation occidentale» et ses sinistres oripeaux. Moi et sans doute plusieurs autres n'en avons rien à branler de rendre hommage à César ou Napoléon, esclavagistes d'une autre époque. Rien à foutre des idoles, du culte de la personnalité, des règles du jeu de Monopoly ou de celui de Rome. Rien à faire des Rodion Raskolnikov qui étrangleraient une vieille usurière puisque Napoléon n'hésitait pas à en tuer des milliers pour la gloire de son nom.
Nous ne vivons pas pour nous soumettre à l'histoire mais pour en créer une nouvelle moins obsédée par l'obédience aux Grands Chefs et aux Grandes Idées surannées.
Suis-je un «woke», un «sans-culotte», un serf dans une «jacquerie», voire un paria, un tchandala, un intouchable?
Je n'en sais rien. Je me sens plutôt humaniste. Pas très porté sur les protocoles. Plus anarchique qu'anarchiste. Du genre à vous ramasser dans la rue si vous tombez, même si vous êtes sale ou propre.
Je veux vivre ma vie de citoyen d'un État de droit sans avoir à me soumettre à rendre hommage à des ploucs pour toutes sortes de très mauvaises raisons.
Je ne vis pas pour me soumettre au Manuel abrégé de l'histoire du Québec ni pour son catéchisme.
Faites ce que vous voulez à partir de là. Pleurer, crier, chier: je m'en contrecrisse.
Vos idoles sont mortes. Je ne tiens pas à revoir ma Laurentie.
Nous en sommes vraiment au crépuscule des idoles.
Nietzsche avait sans doute ressenti que tout était en train de foirer.
Quelque chose est en train d'émerger. L'Ancien Monde s'est effondré. On pourrait faire mieux. On ne pourra plus faire comme avant. À moins de vouloir nuire aux autres pour mieux nourrir les peurs imbéciles, la petite gloriole toxique, le culte de la personnalité et le narcissisme de privilégiés.
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