Nous sommes tous et toutes des lâches, moi y compris.
Sinon, il n'y aurait plus de misère. La misère n'est pas une création de Dieu, voyez-vous. L'injustice est le produit malsain de quelques hommes toxiques pour la communauté. Ces «saigneurs» de la Terre auxquels nous conférons le pouvoir par le simple fait de leur obéir, jour après jour, comme si de rien n'était. Comme si c'était normal.
Nous sommes des lâches. Si nous ne l'étions pas l'injustice n'aurait jamais lieu d'être commise.
Les scélérats seraient systématiquement ostracisés au sein d'une communauté humaine digne de ce nom. Ils ne pourraient pas sévir deux secondes si nous ne baissions pas les yeux quand ils frappent sur l'un de nos camarades de misère.
Ces Magiciens d'Oz vous font croire, derrière leur écran de fumée, qu'ils sont des géants verts, pragmatiques et bons pour l'économie. Dans les faits, ils n'en sont que les parasites, des hommes des tavernes qui brandissent des gourdins comme si c'était les Tables de la Loi. Ils s'accaparent toutes les ressources pour eux-mêmes et laissent aux esclaves, c'est-à-dire vous et moi, le soin de les engraisser. Ils vous diront que leur richesse ruissellera aussi sur les pauvres. Ou bien qu'il y aura toujours des pauvres. De quoi vous faire ravaler votre légitime colère et nécessaire indignation. On peut déjouer la loi de la gravitation mais jamais celle de l'économie -la loi que leur dictent leurs économies...
Les Magiciens d'Oz pervertissent non seulement la vie de la communauté mais aussi l'ordre naturel de la vie sur Terre. Ils sont, tout au plus, des arracheurs d'ailes de mouches qui savourent leur victoire sur les mouches en riant aux éclats. Ils sont les dieux des mouches. Les Belzébuth de notre temps. Les maîtres des ruines et de la pourriture de notre monde.
Nous sommes des lâches de les laisser contrôler tout ce qui se vit, se dit, se chante ou s'écrit, d'un bout à l'autre du globe.
Nous sommes des lâches de remettre la société entre les mains de quelques intérêts particuliers. Ce n'est pas normal de pomper toutes les ressources d'un pays pour ne remettre que des miettes aux citoyens qui sont l'essence même d'une communauté. D'une communauté qui participe à la production ainsi qu'à la distribution des richesses dans un esprit de solidarité avec l'humanité entière.
Je suis un lâche même si je sors dans la rue avec mes pancartes un peu plus souvent qu'à mon tour.
Je suis un lâche parce que si je ne l'étais pas je serais en guerre permanente contre toutes les injustices et inhumanités qui se produisent devant mes yeux à longueur de journée.
Je suis un lâche qui vit dans une petite province sous le contrôle de tarlais capitalistes et xénophobes.
Je suis un lâche qui vit à l'époque de l'extinction de toutes les espèces de l'Anthropocène.
Oui, je suis un lâche, comme vous, parce que je suis petit face à la misère du monde. Surtout si le monde suit le show du Magicien d'Oz tout en se décrottant le nez.
Étienne de la Boétie a dit en beaucoup trop de mots que la force de nos maîtres provient du fait que nous soyons à genoux devant eux. Si nous étions tous et toutes debout, il n'y aurait plus ni maîtres ni tyrans. Seulement des hommes et des femmes qui discuteraient entre eux, mettant ainsi fin à l'époque des pharaons et autres pyramides de gypse mafieuses qui sucent l'argent public.
Je suis un lâche.
C'est sûr et certain.
Mais que voulez-vous qu'on y fasse, hein.
Peut-être nous reverrons-nous demain, quelque part, dans la rue.
Le jour où nous ne serons plus des lâches.
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