mercredi 2 mai 2018

René risque sa vie en mendiant sur la rue des Forges

Je ne nommerai pas son vrai nom mais tous les gens qui fréquentent la rue des Forges, l'artère principale du centre-ville à Trois-Rivières, le reconnaîtront sûrement.

Mettons qu'il s'appelle René.

René vient du Bas-du-Fleuve. Il doit avoir 60 ans. Peut-être moins. L'alcool, ça magane son homme.

Je suppose qu'il consomme. Il a toujours l'air pas mal beurré lorsqu'il mendie.

René souffre probablement de scoliose. Son dos est tout croche. Et ses pantalons sont trop grands pour lui. Sa barbe n'est jamais faite. Il est peigné en d'sous d'bras.

Il mendie tout le long de la rue des Forges avec une ténacité qui peut être agaçante.

Il lui arrive de vous suivre jusqu'à l'intérieur des commerces si vous avez eu le bonheur de lui donner son obole une seule fois.

René peut aussi chanter le Messie de Haendel devant Les Escomptes Lecomte ou la Salle J.-A.-Thompson. C'est chanté tout croche, il fausse comme l'enfer, mais au moins il amuse son public.

-Alléluuuuia! Alléluia!

C'est dur à entendre. Ça jure dans le décor. C'est René.

René est barré dans tous les commerces, surtout les cafés et les restaurants. Il fait dans ses culottes.

L'autre jour, dimanche en fait, il bloquait la circulation automobile au coin des rues Notre-Dame et des Forges. Les automobilistes le klaxonnaient. Il mendiait au bout milieu de la rue tandis que les autos filaient à vive allure près de lui en menaçant de l'envoyer dans une autre version de l'enfer.

Je lui ai refilé mon obole, évidemment.

Et je ne dis pas ça pour passer pour meilleur que n'importe qui.

J'ai ri moi aussi en le voyant danser entre les autos. J'ai dit qu'il était fou raide René. Fou raide.

Puis je me suis senti cheap.

Et j'ai payé pour sa prestation, lui contre le poney de fer.

Il m'a regardé comme s'il allait me suivre jusque chez-moi pour voir si j'avais encore plus d'argent.

Je l'ai salué puis j'ai continué ma route.


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