lundi 26 septembre 2016

Comment l'on devient un maître zen

L'attrait pour le zen est proportionnel aux contraintes que peut rencontrer une personne au cours de sa vie. Le zen est une philosophie particulièrement attrayante par les temps qui courent et c'est sans doute attribuable au fait que nous vivons comme des esclaves sous le joug.

Je tiens pour preuve Jérémie Samson qui, par un malheureux hasard de circonstances, devint une sorte de maître zen à sa manière.

Tout commença il y a plusieurs années lorsque Jérémie fût embauché par une compagnie de trous du cul dirigée par d'authentiques rats d'égouts. Dont Gérald Racine, son supérieur immédiat qui passait son temps à leur casser du sucre sur le dos.

Jérémie était un gars plutôt robuste qui avait du coeur à l'ouvrage et un peu trop de jugeotte pour les incultes de la Canadian Eh Workshop Inc. On y fabriquait toutes sortes de trucs en bois pour l'entreposage ou quoi que ce soit. On lui reprochait d'ailleurs de lire pendant sa pause au lieu de discuter de seins et de pénis avec ses collègues de travail.

-T'es pas très sociab'e, Samson... Faut qu'tu parles avec el' monde... Tu dis jama' rien! lui avait un jour reproché Gérald Racine, ce gros plein d'marde d'innocent comme mille qui était tout aussi raciste que sexiste, ce qui déplaisait à Jérémie Samson, un Métis qui avait toujours détesté que son père batte sa mère à coups de bâton de baseball. Ce qui l'avait, en quelque sorte, transformé en féministe.

-J'fais bien ma job? J'produis pas assez? avait ironisé Jérémie Samson, le gars le plus travaillant de cette hostie de sweat shop où tout le monde était sous-payé.

-C'pas ça... lui avait répliqué le gros Racine. Mais moé, là, moé j'su's un gars qui... Moé, là, moé... Pis moé... Moé là... Moé... Pis moé j'su's qué'qu'un qui... Moé, là, moé... Moé... Moé... Pis les nègs... les nègs... les Sauvages... les hosties d'lasbiennes... Moé, moé, moé... les crisses de turbans sales... les nègs... moé, là, moé... les nègs... les juifs... les musulmans... les nègs... moé....

Tout se rapportait à lui, évidemment, parce que cette grosse pourriture interprétait le monde qu'en fonction de son nombril pour ensuite tyranniser tout le monde qui se devait, évidemment, de lire dans sa tête pleine de marde.

-Comment ça s'fait que t'as pas fait ça, hein? s'indignait souvent cette grosse plogue.

-Tu m'en as jamais parlé... lui répliquait-on, d'un air dubitatif.

-Vas-tu falloir qu'ej' vous fasse un dessin mes tabarnaks? répondait-il.

-On n'fait pas de télépathie Gérald... rétorqua Jérémie Samson.

-Tu vas m'vouvoyer ok toé-là!

-Est-ce que tu m'tutoies, toé?

-On n'est pas du même monde toé pis moé! Moé, là, moé ej' connais des millionnaires! Moé j'su's un gars qui... moé... pis moé... pis encore moé... les nègs... les juifs... les hosties d'lasbiennes...

Évidemment, Jérémie Samson péta sa coche. Il souleva d'une seule main le gros Racine en le tenant par la gorge. Puis il le secoua plusieurs fois de sorte que la tête de l'animal finit par percuter le mur.

Jérémie perdit son emploi, évidemment.

Mais il devint énormément zen par la suite.

Ses maux de ventre disparurent ainsi que ses maux de tête.

Son stress tomba.

Il pouvait maintenant passer de longues journées à regarder pousser les pissenlits sans avoir à subir cet environnement malsain composé d'êtres infatués d'eux-mêmes qui se croyaient au-dessus des hommes et des lois.

Il tombait fréquemment dans des états de grâce même s'il vivait de prestations d'assurance-chômage puis ensuite d'aide sociale.

-Le premier qui voudra me r'faire travailler, j'pense que j'va's l'étrangler... Hostie que j'su's bien... Un bon livre dans les mains... Pas d'niaiseux qui m'crient après en parlant de leur nombril comme si ça intéressait quelqu'un... Il fait beau... Que demander de plus? C'est comme si j'étais au Nirvana!


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