Tout le monde un tant soit peu intelligent sait que le cerveau est le muscle le plus important de l'organisme humain. Ce n'est pas que les autres muscles n'aient pas leur raison d'être. Cependant, c'est ce gros cerveau qui nous distingue de la majeure partie des mammifères avec lesquels nous partageons, d'ailleurs, un très fort pourcentage de patrimoine génétique. Ce gros cerveau nourrit de sucre, d'oxygène et de protéines nous a permis d'utiliser le feu et d'inventer des trucs tout aussi inutiles que des cerfs-volants et des grilles de mots-croisés.
Il n'est pas nécessaire de s'avancer plus loin dans ce genre de propos didactiques. On finirait par se lasser. À moins que ce ne soit déjà fait. Les effets littéraires sont parfois répulsifs.
Le vif du sujet n'est pas bien loin. Il s'appelle Johnny Killer-qu'il-est.
Cet abruti n'a pas encore compris que le cerveau est le muscle le plus important de son corps et sans doute qu'il ne le comprendra jamais.
Rien ne plaît autant à Johnny Killer-qu'il-est que de passer pour une grosse brute sans âme qui fait peur à tout un chacun. C'est sa seule ambition dans la vie. Toutes les autres lui sont refusées parce qu'il a développé un sens aigu de la stupidité.
Sa laideur est en grande partie intérieure. Extérieurement, malgré l'outrance de sa coquetterie, Johnny Killer-qu'il-est pourrait passer pour quelqu'un de propre même s'il est fondamentalement un gros sale. Il sent l'eau de Cologne à mille lieues et porte plus de bijoux sur lui que votre grand-mère. Son chandail, ses pantalons, ses chaussures et même ses sous-vêtements portent la griffe de grandes marques pour que l'on sache que cet idiot n'est pas n'importe qui même s'il est n'importe quoi.
Johnny Killer-qu'il-est affiche fièrement ses muscles gonflés aux hormones qui rapetissent ses testicules.
Et, pour compléter le portrait, il porte aussi à l'occasion une veste aux couleurs d'une bande de motards criminalisés.
Il se pavane parfois au centre-ville avec son chien, un pitbull qui pourrait vous tuer si Johnny ne le retenait pas solidement tout en lui sacrant des taloches au passage pour témoigner de sa fureur.
Johnny Killer-qu'il-est cache aussi un morceau dans ses vêtements. Je veux dire qu'il est armé. Il dort aussi avec une carabine au canon tronçonné. Et, on s'en doute un peu, il vend de la drogue, n'importe quoi, et s'amuse aussi à collecter l'argent auprès des mauvais payeurs en les menaçant de leur faire visiter le fond de la rivière en leur faisant chausser des pantoufles de béton.
Sa culture s'arrête aux films d'action et aux chansons tonitruantes qui laissent entendre qu'il faut violer les chiennes et tuer les flics. C'est de son niveau. D'ailleurs, sa blonde, Linda, ne vaut guère mieux. C'est une renifleuse de poudre qui s'est fait augmenter les mamelles et gonfler les babines au botox pour avoir cette gueule de ventouse. Elle aime Johnny Killer-qu'il-est parce que c'est un gros niochon qu'elle peut aisément manipuler quand elle a besoin d'argent. Une pipe par-ci, une branlette par-là, et Johnny Killer-qu'il-est donnerait son portefeuille, sinon celui d'un autre qui traîne dans le coin.
Au fin fond de lui-même, Johnny Killer-qu'il-est ne fait pas le poids. C'est un authentique peureux qui se cacherait sous un lit par nuit d'orage. Sa peur est d'ailleurs ce qui le rend méchant. Il craint tellement tout ce qui bouge qu'il frappe toujours le premier pour être sûr de ne pas avoir à se défendre loyalement.
Johnny Killer-qu'il-est n'emploie jamais la tactique de combat classique. C'est un vrai crotté qui frappe ses victimes avec divers objets contondants, dont son bâton de baseball qu'il a surnommé Beau-batte. Avec son fidèle Beau-batte, il a mis la moitié de sa ville à genoux. Pour l'autre moitié, il a parfois dû sortir son morceau. Et, évidemment, il se fait tout petit devant Molosse Phaneuf, le chef de la bande, qui a pour coutume de découper en rondelles ses opposants avant que de les faire disparaître en les offrant pour nourriture à ses cochons.
Récemment, Johnny Killer-qu'il-est s'est malheureusement fait pincer. Ce qui fait qu'il a été temporairement retiré de la circulation. On l'a envoyé faire du temps au pénitencier fédéral de Donnacona. C'était pour une affaire de drogue. Molosse Phaneuf, en attendant, lui paie sa cantine et lui fait rentrer de la dope pour qu'il en vende en-dedans. À sa sortie de cage, Johnny Killer-qu'il-est devrait réintégrer ses fonctions de fier-à-bras. Pour le moment, il s'entraîne et Linda peut même venir le visiter dans la roulotte du pénitencier, une fois par deux semaines, pour lui tailler une pipe.
J'aimerais bien vous dire ce qu'il a coutume de dire, Johnny, mais c'est peine perdue puisqu'il ne fait qu'aligner des sacres et des onomatopées qui ne volent pas haut.
-Calice de tabarnak! Attends un peu... Ouais! M'a t'y arran'er ça moé-là c'te crisse d'hostie d'cave de ciboire! Check-moé bin. Ga. Toé. Chose.
Les agents correctionnels souhaite qu'il termine son secondaire 5. Cela n'entre pas dans la tête de Johnny Killer-qu'il-est qui s'embrasse les biceps en leur répondant que c'est avec ça qu'il va faire la piastre dans la vie.
La morale de cette histoire? Il n'y en a pas. Comme d'habitude.
J'aime bien ton concept, tu devrais te lancer en BD.
RépondreEffacerCela me fait penser sur le coup à Pascal Brutal, tu connais?
C'est assez drôle. C'est une sorte de grosse brute gay, qui s'ignore. :D
J'avoue ne pas connaître cette BD...
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