J'aime bien être lu. Cependant, la vanité n'est pas l'objectif ultime de mon blogue. J'écris pour mieux me connaître moi-même en plus d'y trouver une forme de divertissement qui me permet d'oublier le caractère prosaïque de la vie. J'écris comme on se ferait un bon sandwich pour se bourrer une tripe. J'écris comme l'on fait ses gammes au piano. J'écris pour ne pas rouiller. J'écris afin que mes textes soient mieux ciselés et plus redoutables. J'écris pour me battre et pour me défendre.
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On parle d'enlever des accents circonflexes ça et là dans la langue française pour permettre une meilleure intégration des analphabètes. On ne tient pas tant à simplifier la langue qu'à la rendre toujours plus aléatoire. Tout ce qui représente un effort doit se plier à la volonté des linguistes de la démolir dans le cadre de leurs expériences de laboratoire. Qu'importe si en bout de ligne les gens soient encore plus analphabètes, encore plus dysfonctionnels et aigris à la simple idée de lire Balzac dans le texte. L'essentiel, c'est de contenter les contempteurs de la langue française, qui la détesteront toujours quoi que l'on fasse.
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J'ai remporté le prix de l'abonné qui avait emprunté le plus de livres à la section des jeunes de la bibliothèque municipale de Trois-Rivières lorsque j'était enfant. Mon père me répétait souvent qu'on écrase facilement les ignorants, moins facilement ceux qui ont de l'éducation. Aussi ce bon prolétaire veillait-il à ce que je n'emprunte pas que des bandes dessinées. Comme je devenais de plus en plus insatiable, j'avais recours à des permissions spéciales pour aller emprunter des livres dans la section pour adultes. Ce fût d'abord les oeuvres de Jack London, cet aventurier autodidacte qui m'accompagne encore aujourd'hui. Puis ce fût des livres d'histoire, des traités illisibles sur l'origine des espèces et des évangiles pour athées. Je n'allais pas plier devant un accent circonflexe. J'irais jusqu'au bout du savoir pour devenir un homme d'exception.
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Suis-je devenu un homme d'exception? Je chie à la même place que tout le monde... Cependant, je sais où placer mes accents circonflexes et ne crains pas de lire un bouquin de mil neuf cents pages si j'y trouve mon compte.
Je ne tiendrai pas compte des réformes de l'orthographe.
J'entends écrire tel qu'on me l'a appris.
Je refuse les raccourcis et le nivellement par le bas de ma culture.
L'effort intellectuel est le fondement du Savoir.
Rien ne vient sans efforts.
Rien n'émerge du vide.
Cette réforme de quelques bricoles est en France ( au Québec ? ) ( au fait , on dit " au " , ou " à " Québec ? ) l ' initiative de quelques crétins de l ' institution débile qui s ' appelle " Académie française " et qui espèrent améliorer l ' acquisition de la langue par les enfants et les classes sociales modestes -
RépondreEffacerMais à mon avis ce problème n ' est pas de supprimer le O de oignon amis tient plutôt à la complexité - m^me pas de la grammaire elle m^me - mais plutôt de la complexité qu ' en on faite les grammairiens qui l ' ont inventée je ne sais plus à quel siècle - Et le problème est + encore celui de l ' enseignement qu ' on en fait en France - On pourrait alléger 1000 fois cette grammaire de choses qui ne servent à rien , du style " complément du nom " , verbes du 2ième groupe , etc ...
J ' avais un petit livre génial qui disait " moins de grammaire , moins d ' orthographe , moins de conjugaisons ... mais + d ' écriture et de lecture !
Il faut dire qu ' à l ' éducation-nationale , cette maudite grammaire est une vraie obsession -
L ' enseignement de la langue ne tient pas compte non-plus de l ' invention d ' un tas de mots inventés par notre époque ni du déplacement du champ lexical en général ( bien des jeunes élèves ne savent souvent pas ce que veut dire le mot " ruisseau " , ou " navire " ...
On s ' entête plutôt à vouloir enseigner la langue de Balzac , dont je ne nie pas la beauté , mais on devrait aussi tenir compte de la langue contemporaine - Ceci vaut pour la lecture et l ' écriture -
@Monde Indien: L'Académie française, via sa porte-parole Hélène Carrère-D'Encausse, contredit l'opinion selon laquelle cette réforme provient de ses rangs. Comme disait Cavanna, que l'on ne peut accuser d'être un bourgeois, ce n'est pas en enlevant des traits d'union et des accents circonflexe que l'on fera apprécier la langue à des gens qui de toutes façons la détestent.
RépondreEffacerLe français standardisé est une contrainte, bien entendu. J'écris autant selon ce standard que je puis employer le québécois lorsque c'est nécessaire. Cette contrainte nous permet de communiquer d'un océan à l'autre sans trop se méprendre sur les propos de l'autre, de toi-même en l'occurrence.
Le Québec baigne dans un océan de locuteurs anglophones. Si nous nous mettons à sacrifier la langue française, pour plaire à je ne sais quoi, eh bien il ne suffira que d'une ou deux générations pour que notre peuple soit folklorisé comme les cajuns dans les bayous de la Louisiane... Ma patrie, c'est encore de comprendre Voltaire, Balzac, Hugo et Baudelaire, sans que l'on ait besoin de me les traduire en anglais... Je trouverais dommage de tout sacrifier pour une expérience de laboratoire où nous serions les cobayes.
Je comprends que le français est fondé sur toutes sortes de simagrées de sorbonnards tant abhorré par Rabelais. On écrit nénuphar au lieu de nénufar pour rappeler la lettre phi de l'alphabet grec... L'italien, l'espagnol et le portugais sont toutes des langues latines qui s'écrivent au son, je le sais bien. Pourtant, le français comme l'anglais ont développé cette manie de pas s'écrire au son. Je crois qu'on peut vivre avec et lire les grands auteurs de la littérature française sans avoir recours à une adaptation dans une version en novlangue du français...
La langue est à l ' écriture et au langage ce que la technique est à la peinture : des moyens + ou moins sophistiqués qui en soi ne valent rien - ne vaut que ce qu ' on en fait - ce qu ' on dit - ce qu ' on peint -
RépondreEffacerJe défendrai toujours les cultures populaires où on rencontre + souvent de la générosité , au contraire de la culture des riches où c ' est + rare .
De plus , elles sont menacées , oppressées , menacées par la culture des riches qui ne demande qu ' à les faire taire -
Les techniques sophistiquées en matière de culture - tout comme la technologie - sont en général l ' apanage des riches - Pourtant elles produisent un nombre incalculable de merdes !
Je ne veux pas dire que les cultures populaires ne produisent pas des merdes aussi - tant s ' en faut ! Mais voilà ...
Pourtant il est un point sur lequel les riches sont impardonnables : c ' est le non-partage des biens matériels , du bien-être ou de la souffrance ...
Et de la Culture !
Cette brave Hélène Carrère-D'Encausse peut toujours contredire - il le faut bien , vu les réactions sur la place publique ! On peut penser que cette nouvelle tentative de réforme sibylline est partie du ministère de l ' éducation nationale , et c ' est sans-doute vrai -
RépondreEffacerMais l ' idée initiale est bien partie , voilà + de quinze ans , de l ' Académie Française , avec cette tentative de réforme idiote -
L ' Académie Française n ' est qu ' un ramassis de vieux pervers ( et quelques rares vieilles ) qui s ' identifient à ce que la culture des riches a choisi pour faire fructifier le " marché " , gobant au passage quelques vrais humains , auxquels ils ne comprennent certainement rien , juste pour faire valoir leur soit-disant clairvoyance quant il n ' en est rien !
J ' ai personnellement approché l ' Académie des Beaux-Arts qui est le pendant " artistique " de l ' Académie Française , partie de la m^me institution , j ' ai m^me failli être happé par elle - je sais de quoi je parle -
Le pouvoir des riches en matière de culture est aussi redoutable que celui qu ' ils ont en matière économique -
Condition matérielle et culturelle nous sont tout autant indispensables à tous et toutes - Ils l ' ont bien compris , qu ' ils essayent de nous enlever l ' une comme l ' autre -
@Monde indien: Si tu m'écoutais parler parfois, il se pourrait que tu éprouves de la difficulté à me comprendre. J'ai la "parlure" populaire. Je sacre comme un charretier. Je refuse d'étouffer cette langue orale tant méprisée de la bourgeoisie.
RépondreEffacer-Qu'i' mangent un hostie d'char de marde ces tabarnaks-là! que je m'écrie.
Pourtant, je considère le standard de la langue française comme une flèche de plus dans mon carquois d'indigène. Non pas parce que je suis "colonisé". Mais bien parce que c'est une langue de singe comme une autre, comme l'anglais, le russe ou le javanais.
Cela dit, il n'y a rien de plus beau qu'une langue parlée. La langue écrite est trop conceptuelle et trop abstraite pour servir tout à fait la beauté. Ce n'est pas pour rien que le Québec s'illustre surtout dans la francophonie pour la qualité de ses auteurs-compositeurs-interprètes, chanteurs et chanteuses. Il y a une âme derrière ses chants. L'âme d'un peuple qui refuse de mourir.
Ben vrai ej ' l ' comprend pas bien s ' crévindiou d ' Kébékoi d là bas ! Mais m^me com ' ça ej l ' aim' ben comm ça vot ' sacré langu ' , m^m si ej la compren qu ' à moitié - et pis ell' dit ed bels choz ! Sé ça qui compte !
RépondreEffacerYa moin ed 100 ans yavait plin d ' bô patois dans chaque région de nôt' belle France !
@monde indien: Ej' pense qu'tu comprends pas trop mal et qu'tu manques pas de jarnigoine, jarnidieu! comme dirait Henri IV. J'éprouverais aussi quelques difficultés à comprendre l'argot des Chtis et même le verlan parisien (malgré tout ce que je connais des chansons de Renaud...). C'est toujours un plaisir d'entendre toutes ces variétés de français qui se plient mal à l'écriture. Nous disons chu pour je suis ou bien ej' su's... On l'écrit chu pour les pièces de théâtre de Michel Tremblay. Comme dans "chu en beau joual vert!" qui veut dire je suis en colère... Ou bien "chu pas mal écoeuré maudit christ de tabarnak!" qui veut dire que je suis en train de péter un fusible. "Hostie qu'ej'ai mal aux gosses!" (J'ai mal aux testicules.) "M'en va's crisser mon camp d'icitte ma gang de mangeux d'marde!" (Je vais foutre le camp d'ici bande de bouffe-merde!) L'argot, c'est toujours drôle. Et que dire de la dyslexie? Gretons pour cretons. Du la pour du lait. Des aigles-rôles pour des egg-rolls. Du stikaché pour du steak haché. Gara'heu pour garage. Ec pour dire avec comme dans J'tais ec elle hier souère. (J'étais avec elle hier soir.) Cela dit, je tiens aux accents circonflexes. C'est un patois de plus pour démontrer toute la grande variété de tons et de couleurs de notre langue.
RépondreEffacer@monde indien: Et qu'est devenu le provençal, hein?
RépondreEffacerCante uno chato de Prouvènço.
Dins lis amour de sa jouvènço,
A travès de la Crau, vers la mar, dins li blad,
Umble escoulan dóu grand Oumèro,
Iéu la vole segui. Coume èro
Rèn qu’uno chato de la terro,
En foro de la Crau se n’es gaire parla.
Frédéric Mistral, Mireille
Marci pou ' tout ' ces bell ' s indications - J ' ai beaucoup aimé le jarnigoine de jarnidieu ! Encore plin d ' mots que j ' comprends pas - mais j ' t ' les dis pas - J ' les découvrirai seul - Ces mots-tordus que j ' dis ici sont + de ma belle brune et d ' son language de charentaise k j ' aime passke je l ' aime - Mais en Provence du sud de France nous avons aussi nos mots bizarres que nous aimons aussi - Peuchère ( le pauvre ! / peu cher ! ) - Té , vé : toi , vois - Tu m ' escagasse ! tu me fatigues ! ( ou : tu m ' estranssines ! ) -
RépondreEffacerTu parles de l ' accent-circonflexe , je l ' aime aussi - il donne un ton parfois emphatique , tel que l ' utilisait Marcel Pagnol dans ses petites comédies populo-bourgeoises qui n ' étaient pas dénuées d ' humour et de joie de vivre : Ô Marius , tu pointes ou tu tires ? ( à la pétanque , ce sport national du sud de France ...
Bon , j ' arrête - 1000 bons souhaits à toi et à tous nos ami-e-s de chez vous - avec toute notre amitié -
Gaetan ,
RépondreEffacerje n ' avais pas vu encor ta respons au sujet de ma belle langue de Prouvençou - La Provence est la terre du Sud de la France qui s ' étend exactement sur le Sud-Est de la France -
J ' ai honte de ne pas connaître si bien vos belles terres des îles de la tortue , de Québec et du canada - A peine ai-je entendu parler un peu de la Gaspésie ou de la petite ville de Trois-Rivières -
Je ne peux m^me pas comprendre ce texte de Mistral dans cette langue qui est celle de ma terre que plus personne ne comprend mais que ma grand-mère parlait pourtant -
Provence bénie , terre de Mirabeau , de Giono ou Henri Bosco - et du Marquis de Sade - Je pense à vous toutes et tous et à vos belles terres -
@monde indien: j'adore Pagnol! Surtout La femme du boulanger. Quel grand film!
RépondreEffacer@monde indien: c'est une belle langue d'oc...
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