On doit à Ignace Philippe Semmelweis la bonne idée de se laver les mains avant que de procéder à un acte chirurgical.
Ce médecin obstétricien austro-hongrois qui vécut au XIXe siècle découvrit que l'on tuait de 12% à 18% des femmes que l'on accouchait dans son hôpital en les contaminant avec des mains qui n'avaient pas été lavées après avoir disséqué des cadavres.
Tellement de femmes mourraient en couches dans l'hôpital où Semmelweis pratiquait qu'elles préféraient de loin accoucher dans la rue.
Sa découverte fût très mal accueillie par ses collègues ainsi que par l'institution médicale. Les médecins n'avaient aucune envie d'avouer qu'ils étaient responsables d'autant de morts. Ils rejetaient la faute sur la dyscrasie, une théorie d'équilibre des "quatre humeurs fondamentales".
Semmelweis fit chuter le taux de mortalité de 10% sur son département d'obstétrique en prenant l'habitude de se laver précautionneusement les mains pendant cinq minutes avec de l'hypochlorite de calcium.
Des querelles politiques parvinrent à l'évincer du département d'obstétrique où il travaillait parce que Semmelweiss était aussi un militant libéral. Les conservateurs ne voulaient pas de cet énergumène qui remettait en question les fondements de la médecine et les privilèges de certains bureaucrates conservateurs.
Semmelweis s'est battu autant que faire se peut pour faire valoir son point de vue. Rien n'y fit. Il termina ses jours dans un asile psychiatrique. On prétend qu'il est mort des suites de ses blessures après avoir été battu par le personnel de l'asile.
Les idées de Semmelweis ont fini par triompher, bien entendu.
Le docteur Louis Destouches, alias Louis-Ferdinand Céline, auteur de l'inclassable Voyage au bout de la nuit, a consacré sa thèse de maîtrise sur Semmelweiss. Nul doute que ce médecin qui pratiquait l'invective avec passion toucha la corde sensible de Destouches.
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Je vous parle de Semmelweiss puisque son nom me vient spontanément à l'esprit plusieurs fois par jour.
Récemment, à l'hôpital, une infirmière changeait le pansement d'une blessure survenue à ma tête sans porter de gants. Le docteur qui l'accompagnait dut lui rappeler de porter des gants.
Je pense aussi à Semmelweiss lorsque je vois des cuisiniers, dans les restaurants ou ailleurs, porter leurs doigts à la bouche et leurs doigts dans les plats pour contaminer tous leurs clients.
Peut-on jouer dans le poisson cru et préparer une salade ensuite sans s'être lavé les mains? Il semble que oui. On peut aussi se gratter la poche ou s'enlever des poils dans la raie du cul avant de préparer votre sandwich préféré.
Les intuitions de Semmelweiss sont devenues des règles médicales qui sont plus ou moins appliquées selon l'humeur des responsables.
L'hygiène alimentaire est tout aussi aléatoire.
D'aucuns pensent que leur caca ne sent rien et qu'il ne peut y avoir de coliformes fécaux et autres bactéries pathogènes sur leurs doigts royaux.
On peut rire de ceux qui se lavent les mains avant de pratiquer une intervention chirurgicale ou bien avant de cuisiner un repas pour cent personnes.
Pourtant, les chiffres ne mentent pas: moins de gens meurent et s'infectent dans un milieu où l'hygiène est sous contrôle.
Je sais que je dois passer pour une espèce de fou, comme Semmelweiss, que de rappeler ses règles élémentaires.
Il y en a même qui diront que le système immunitaire a besoin de bactéries et autres substances cadavériques pour fonctionner, en dépit de tout bon sens et de toute expérience scientifique digne de ce nom.
On préfère encore la pensée magique. Dusse-t-on crever en masse.
C'était mon opinion. Elle vaut ce qu'elle vaut. Semmelweiss serait probablement d'accord avec moi...
je me suis dit : mais qu ' est-ce qu ' y nous raconte-là le Gaétan Bouchard ?
RépondreEffacerEh pis non , t ' as ben raison !
Mon père , que j ' aime , disait quand il nous emmenait vadrouiller dans les montagnes en été : " un peu de crasse n ' a jamais tué personne ! " -
Et il a sans-doute raison .
Ce que tu évoques est différent , hospitalier , cas de pathologies avérées , de chirurgies -
Pour des soins particulièrement attentionnés il faut en effet des mesures + attentionnées - aussi vigilantes que celles qu ' on dispense aux plantes du jardin potager quand elles vont mal -
Cette petite histoire nous montre peut-être aussi que l ' obsession hygiéniste de notre occident chrétien a ses limites - qu ' il ne faudrait pas s ' en gâcher la vie pour autant -
( un peu de crasse n ' a jamais tué personne )
@monde indien: La propreté dans un contexte médical c'est la règle d'or. La saleté dans la vie de tous les jours c'est une autre paire de manches... ;)
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