L'indignation est encore montée de plusieurs crans hier, ne serait-ce qu'à Montréal.
L'équipe du maire pourri a annoncé une augmentation de taxes d'environ 3%. Avec tout ce que l'on apprend à la Commission Charbonneau à propos des enveloppes brunes bourrées de fric, des coffres-forts qui débordent d'argent liquide et des commissions prises pour chaque contrat fraudé, on se serait attendu à une réduction de taxes de 30%...
Voire de 300%, avec tout cet argent détourné des poches de trop honnêtes citoyens qui se font plumer comme des poules pondues en série.
Il est temps de hurler et d'agir pour coffrer ces voyous qui nous gouvernent.
-Bande de voleurs! Bande d'hosties de crosseurs...
***
Ils étaient nombreux les éditorialistes et autres chroniqueurs merdeux à réclamer la bastonnade pour réprimer les kids qui portent le carré rouge.
Les collabos manquent de courage quand c'est le temps de s'en prendre aux caïds. On ne les entend pas dénoncer la corruption, la fraude, le détournement de fonds publics. Ils en sont encore à frapper sur des kids ou bien des BS, comme le gardien de prison timoré dans La ligne verte, celui qui a peur des souris et qui fait pipi dans ses culottes devant de vrais hommes qui ne sont pas encagés.
Voilà ce qui nous gouverne: des voleurs, des crosseurs, des lâches, des cupides, des stupides...
Il y a un mince espoir de ramener la corruption à un niveau inférieur.
Ce mince espoir qui a été porté par des carrés rouges.
Ce mince espoir que l'on a entendu dans les rues, depuis le 22 mars dernier.
Cet espoir qui dit qu'il y a de l'argent dans les poches de la mafia.
Et qu'il n'y a aucune raison de sacrifier nos services publics pour enrichir des gens malhonnêtes qui n'agissent pas comme il faut en communauté.
Il n'y a aucune raison de payer deux fois le prix pour nos services publics, juste parce qu'on fait chanter quelques petits fonctionnaires minables et autres scélérats élus par moins du quart de la population en âge de voter.
***
Elle est quand la prochaine manif?
mercredi 31 octobre 2012
mardi 30 octobre 2012
Il n'arrive jamais rien à Trois-Rivières
Le vent souffle un peu plus fort que d'habitude à Trois-Rivières ce matin.
Le fond de l'air est chaud.
Vénus, l'étoile du berger, est visible entre les nuages. Ils défilent dans le ciel comme la promesse d'un temps chaotique.
L'ouragan Sandy pénètre dans le continent. Les bas-quartiers de Manhattan sont inondés. La Bourse de New-York est fermée. Va-t-on y goûter nous aussi?
Peut-être pas.
Il n'arrive jamais rien à Trois-Rivières.
Le fond de l'air est chaud.
Vénus, l'étoile du berger, est visible entre les nuages. Ils défilent dans le ciel comme la promesse d'un temps chaotique.
L'ouragan Sandy pénètre dans le continent. Les bas-quartiers de Manhattan sont inondés. La Bourse de New-York est fermée. Va-t-on y goûter nous aussi?
Peut-être pas.
Il n'arrive jamais rien à Trois-Rivières.
lundi 29 octobre 2012
Moi
Ce blog sollicite plusieurs aspects de ma personnalité. Je m'y affirme en tant qu'écrivain, artiste-peintre, musicien et citoyen. Je suis tout cela en même temps. Je pourrais faire un blog par sujet émanant de ma caboche. Malheureusement, ce serait trop bien organisé. Je ne m'y reconnaîtrais même pas. Voilà pourquoi je poursuis mon chemin allègrement sur ce blog. Je ne me casse pas la tête. J'y vais comme ça vient.
***
«Le Moi est haïssable.»
Pascal
«J'emmerde Pascal.»
Moi
Cette blague est de François Cavanna, père-fondateur des revues Hara Kiri et Charlie Hebdo.
J'y songe chaque fois que je m'apprête à critiquer la première personne du singulier.
Je vous dirai, en maugréant un peu, que je suis un peu du côté mathématique de Pascal. Son côté métaphysique m'est soporifique. La musique me fait bien plus planer que ces suites de mots sur la crédulité en matière de résurrection et de miracles à gogo. Finalement, Pascal m'emmerde. Et je ne le lis presque jamais, sinon pour me rappeler que je m'emmerde en le lisant.
Et pourquoi je m'acharne à vous parler de tout ça? Je n'en sais rien. Sinon que je m'avance vers une sempiternelle critique de la première personne du singulier. Trop de Moi, que l'on soit Pascal ou Noël, cela finit par faire vomir.
Évidemment qu'il y en a qui ont plus de talent que d'autres. Le Moi de Rimbaud est aimable. Celui de Lautréamont aussi. Parce que c'est unique.
Le Moi de Facebook, par exemple, est terne. Et je ne dis pas ça seulement parce que je suis déjà un vieux con. Je me sers de mon Facebook pour partager des pensées, des drôleries, des pétitions et tout plein de trucs pratiques ou sans but. Mon Moi y est minimisé autant que faire se peut. Non pas parce que je ne suis pas un brin narcissique, comme n'importe quel vieux con, mais parce que je ne suis pas le sujet le plus intéressant pour en discuter. Je me connais assez sans avoir à vous emmerder avec mon Moi.
***
Quelqu'un m'a dit de quelqu'un qu'il pouvait lire dans l'avenir.
Je lui ai laissé entendre qu'il pouvait aussi lire dans son passé en lisant dans ses shorts.
Ce n'est pas la blague du siècle, mais bon, vous devrez vous en contenter chers lecteurs et lectrices.
***
Parlant de Moi, je reprends mes pinceaux et je finis ce que j'ai commencé. Je vous promets un majestueux Printemps Érable dans les rues d'une ville autant imagée qu'imaginaire.
J'ai aussi une danseuse de flamenco, un type qui joue de la guitare dans la guérite d'un stationnement désert, une scène d'enfance au Pont de fer avec mon père et mes trois frères, une mascotte qui se fait tirer les oreilles dans un centre commercial, etc.
Je m'y remets pour parler un peu moins de Moi.
***
Je me suis acheté des cordes pour ma guitare classique. Je vais devoir l'accorder au cinq minutes quand je vais les changer. Ce qui fait que je ne les ai pas encore changées.
J'ai aussi un nouvel harmonica Hohner en B. Ce qui complète presque ma gamme d'harmonicas. Ça coûte trop cher jouer de l'harmonica. Ça se désaccorde à rien. Ça ne s'accorde pas quand ça joue faux. Faut toujours en racheter et les magasins de musique n'ont jamais toutes les gammes disponibles. Ce qui fait que l'on joue généralement en G, en C ou en A. Si ça vous semble du chinois ce que je dis, eh bien je vais quand même le dire.
Mes tamtams sont cool mais je n'en joue vraiment que lors des manifs.
Ce serait bien d'en organiser une contre la corruption devant chaque hôtel de ville du Québec, le même jour et à la même heure. Un grand concert de casseroles contre la corruption de Laval à Québec, en passant par Mascouche et Trois-Rivières.
On ressortirait nos carrés rouges, évidemment.
Pour rappeler que tout est parti de là.
Et que le but à atteindre est plus proche qu'on ne l'aurait cru.
La révolution est en marche au Québec et partout dans le monde.
Déjà, je parle moins de Moi...
***
«Le Moi est haïssable.»
Pascal
«J'emmerde Pascal.»
Moi
Cette blague est de François Cavanna, père-fondateur des revues Hara Kiri et Charlie Hebdo.
J'y songe chaque fois que je m'apprête à critiquer la première personne du singulier.
Je vous dirai, en maugréant un peu, que je suis un peu du côté mathématique de Pascal. Son côté métaphysique m'est soporifique. La musique me fait bien plus planer que ces suites de mots sur la crédulité en matière de résurrection et de miracles à gogo. Finalement, Pascal m'emmerde. Et je ne le lis presque jamais, sinon pour me rappeler que je m'emmerde en le lisant.
Et pourquoi je m'acharne à vous parler de tout ça? Je n'en sais rien. Sinon que je m'avance vers une sempiternelle critique de la première personne du singulier. Trop de Moi, que l'on soit Pascal ou Noël, cela finit par faire vomir.
Évidemment qu'il y en a qui ont plus de talent que d'autres. Le Moi de Rimbaud est aimable. Celui de Lautréamont aussi. Parce que c'est unique.
Le Moi de Facebook, par exemple, est terne. Et je ne dis pas ça seulement parce que je suis déjà un vieux con. Je me sers de mon Facebook pour partager des pensées, des drôleries, des pétitions et tout plein de trucs pratiques ou sans but. Mon Moi y est minimisé autant que faire se peut. Non pas parce que je ne suis pas un brin narcissique, comme n'importe quel vieux con, mais parce que je ne suis pas le sujet le plus intéressant pour en discuter. Je me connais assez sans avoir à vous emmerder avec mon Moi.
***
Quelqu'un m'a dit de quelqu'un qu'il pouvait lire dans l'avenir.
Je lui ai laissé entendre qu'il pouvait aussi lire dans son passé en lisant dans ses shorts.
Ce n'est pas la blague du siècle, mais bon, vous devrez vous en contenter chers lecteurs et lectrices.
***
Parlant de Moi, je reprends mes pinceaux et je finis ce que j'ai commencé. Je vous promets un majestueux Printemps Érable dans les rues d'une ville autant imagée qu'imaginaire.
J'ai aussi une danseuse de flamenco, un type qui joue de la guitare dans la guérite d'un stationnement désert, une scène d'enfance au Pont de fer avec mon père et mes trois frères, une mascotte qui se fait tirer les oreilles dans un centre commercial, etc.
Je m'y remets pour parler un peu moins de Moi.
***
Je me suis acheté des cordes pour ma guitare classique. Je vais devoir l'accorder au cinq minutes quand je vais les changer. Ce qui fait que je ne les ai pas encore changées.
J'ai aussi un nouvel harmonica Hohner en B. Ce qui complète presque ma gamme d'harmonicas. Ça coûte trop cher jouer de l'harmonica. Ça se désaccorde à rien. Ça ne s'accorde pas quand ça joue faux. Faut toujours en racheter et les magasins de musique n'ont jamais toutes les gammes disponibles. Ce qui fait que l'on joue généralement en G, en C ou en A. Si ça vous semble du chinois ce que je dis, eh bien je vais quand même le dire.
Mes tamtams sont cool mais je n'en joue vraiment que lors des manifs.
Ce serait bien d'en organiser une contre la corruption devant chaque hôtel de ville du Québec, le même jour et à la même heure. Un grand concert de casseroles contre la corruption de Laval à Québec, en passant par Mascouche et Trois-Rivières.
On ressortirait nos carrés rouges, évidemment.
Pour rappeler que tout est parti de là.
Et que le but à atteindre est plus proche qu'on ne l'aurait cru.
La révolution est en marche au Québec et partout dans le monde.
Déjà, je parle moins de Moi...
vendredi 26 octobre 2012
Le syndrome du larbin
Ceux qui me connaissent bien l'auront vu sur mon compte Facebook. Il arrive sur mon blog avec quelques mois de retard. Pourtant, c'est toujours d'actualité.
Qu'est-ce qu'un larbin? Cette vidéo tournée en Espagne est directement inspirée d'un texte de Julien Arlandis que l'on trouve ici sur la toile.
Il ne se trouve pas de meilleure définition. Le larbin s'appelle un cave dans notre langue vernaculaire. C'est une andouille qui se fait enculer par le capitalisme sauvage et qui le défend becs et ongles pour son plus grand malheur.
Le larbin sait qu'il est nul et ne peut pas concevoir qu'un pauvre puisse avoir raison face à l'opinion d'un riche. Le larbin se dit qu'il y a toujours eu de la corruption et qu'il y en aura toujours. Tous ceux qui agissent pour améliorer l'état de la situation sont des vils et des coquins qui devraient cesser d'importuner les riches qui, vexés, pourraient s'en aller ailleurs.
Il y a une multitude de larbins dans ma ville et encore plus dans la ville de Québec.
Je mentionne par ailleurs que le syndrome du larbin a été abondamment décrit par l'un de nos meilleurs humoristes, Yvon Deschamps, dans un monologue intitulé «Les unions qu'ossa donne?» Évidemment, le monologue se trouve ici. Je le dédie à nos larbins, à nos caves et à nos andouilles.
mercredi 24 octobre 2012
Plume, le noir mouton de nos poètes
J'ai passé la soirée avec Plume Latraverse hier. J'ai écouté un tas de ses chansons pour me rendre à l'évidence qu'il est un monument non seulement de notre contre-culture mais aussi de notre culture tout court.
Ce gars-là, c'est un vrai poète. Ses poésies se sont éternellement inscrites dans ma mémoire. Ses rimes résonnent en toutes occasions comme l'écho de mon peuple, une voix libre, déchaînée et anarchique.
L'oeuvre de Plume est unique. Elle peut survivre à son interprète, mais elle n'est authentique qu'avec Plume.
Il rappelle les troudabours Rutebeuf et Villon, Jehan Rictus, Jean Narrache et surtout La Bolduc. C'est le noir mouton de nos poètes.
On sait aussi que Plume trippe sur Charles Trenet, le fou chantant. Il est aussi fou que lui quand il chante. Sa présence sur scène a toujours été hors des conventions, pour employer un euphémisme.
Une série sur Plume est diffusée ces temps-ci sur la zone audio de Radio-Canada. Ça s'intitule D'un Plume à l'autre. Et bon sang, c'est du gâteau pour un admirateur de Plume comme moi.
***
Bon, eh bien je retourne à Plume.
Ce gars-là, c'est un vrai poète. Ses poésies se sont éternellement inscrites dans ma mémoire. Ses rimes résonnent en toutes occasions comme l'écho de mon peuple, une voix libre, déchaînée et anarchique.
L'oeuvre de Plume est unique. Elle peut survivre à son interprète, mais elle n'est authentique qu'avec Plume.
Il rappelle les troudabours Rutebeuf et Villon, Jehan Rictus, Jean Narrache et surtout La Bolduc. C'est le noir mouton de nos poètes.
On sait aussi que Plume trippe sur Charles Trenet, le fou chantant. Il est aussi fou que lui quand il chante. Sa présence sur scène a toujours été hors des conventions, pour employer un euphémisme.
Une série sur Plume est diffusée ces temps-ci sur la zone audio de Radio-Canada. Ça s'intitule D'un Plume à l'autre. Et bon sang, c'est du gâteau pour un admirateur de Plume comme moi.
***
Bon, eh bien je retourne à Plume.
mardi 23 octobre 2012
Alléluia
Les conservateurs croient bien plus en la punition qu'en la rédemption.
Moi, le con, je suis du côté de Victor Hugo pour juger les Jean Valjean de ce monde.
Je pense que la pire raclure qui soit peut devenir une personne infiniment morale.
Le mal qui se connaît est moins dommageable que le mal qui s'ignore. C'est ce qu'écrivait substantiellement Baudelaire dans ses Fusées.
Les Pharisiens qui se tapent la poitrine dans la première rangée du Temple en se croyant des justes, parce qu'ils sont riches et bien propres, ne valent pas les Publicains qui baissent les yeux dans la dernière rangée en se croyant des crapules. Les Pharisiens ignorent leur mal. Les Publicains l'affichent pour s'en débarrasser. La rédemption n'est possible que pour ceux qui extirpent le mal d'eux-mêmes...
Et c'est quoi la rédemption? Eh bien... c'est faire le bien. Le bien qui s'ignore. Le bien qui ne s'affiche pas...
(Bon sang, est-ce que je fais de la fièvre?)
***
Dans le roman Les Misérables, l'inspecteur Javert passe tout son temps à trouver un moyen de coffrer Jean Valjean. Il ne voit pas l'homme bon et honnête que Jean Valjean est devenu, mais le voleur, le bandit, l'ancien forçat. Et il le reconnaît sous la nouvelle identité qu'il s'est forgé. Et il le poursuit, partout, sans aucune considération pour le bien que Jean Valjean fait aux misérables parmi lesquels il vit. Qu'il sauve une orpheline et tout un village, l'inspecteur Javert s'en fiche. Il veut l'application la plus stricte qui soit de la loi.
Évidemment, la conception du monde dans laquelle Javert s'inscrit finira par le détruire lui-même. Il se suicide en se noyant dans la Seine. Comme si sa vie n'avait pas de sens. Ou moins que celle de Jean Valjean.
Franchement, Victor Hugo avait l'oeil clair et la plume plus qu'ambitieuse.
***
Il y a plein de types qui honorent sans le savoir la mémoire de l'inspecteur Javert de nos jours. On les voit surtout à droite, à chercher la bête noire qui viendra justifier leur vision étriquée du monde.
La rédemption n'existe pas pour eux.
Il n'y a que la loi, le fouet, la punition.
***
Nietzsche disait de Jésus qu'il était le destructeur des gardiens de la morale. Il a détruit les dogmes des Pharisiens qui se croyaient justes, bons et juges en tout et pour tout.
Ce même Nietzsche disait aussi qu'il n'y eut qu'un seul chrétien et qu'il est mort sur la croix.
***
Alléluia.
Moi, le con, je suis du côté de Victor Hugo pour juger les Jean Valjean de ce monde.
Je pense que la pire raclure qui soit peut devenir une personne infiniment morale.
Le mal qui se connaît est moins dommageable que le mal qui s'ignore. C'est ce qu'écrivait substantiellement Baudelaire dans ses Fusées.
Les Pharisiens qui se tapent la poitrine dans la première rangée du Temple en se croyant des justes, parce qu'ils sont riches et bien propres, ne valent pas les Publicains qui baissent les yeux dans la dernière rangée en se croyant des crapules. Les Pharisiens ignorent leur mal. Les Publicains l'affichent pour s'en débarrasser. La rédemption n'est possible que pour ceux qui extirpent le mal d'eux-mêmes...
Et c'est quoi la rédemption? Eh bien... c'est faire le bien. Le bien qui s'ignore. Le bien qui ne s'affiche pas...
(Bon sang, est-ce que je fais de la fièvre?)
***
Dans le roman Les Misérables, l'inspecteur Javert passe tout son temps à trouver un moyen de coffrer Jean Valjean. Il ne voit pas l'homme bon et honnête que Jean Valjean est devenu, mais le voleur, le bandit, l'ancien forçat. Et il le reconnaît sous la nouvelle identité qu'il s'est forgé. Et il le poursuit, partout, sans aucune considération pour le bien que Jean Valjean fait aux misérables parmi lesquels il vit. Qu'il sauve une orpheline et tout un village, l'inspecteur Javert s'en fiche. Il veut l'application la plus stricte qui soit de la loi.
Évidemment, la conception du monde dans laquelle Javert s'inscrit finira par le détruire lui-même. Il se suicide en se noyant dans la Seine. Comme si sa vie n'avait pas de sens. Ou moins que celle de Jean Valjean.
Franchement, Victor Hugo avait l'oeil clair et la plume plus qu'ambitieuse.
***
Il y a plein de types qui honorent sans le savoir la mémoire de l'inspecteur Javert de nos jours. On les voit surtout à droite, à chercher la bête noire qui viendra justifier leur vision étriquée du monde.
La rédemption n'existe pas pour eux.
Il n'y a que la loi, le fouet, la punition.
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Nietzsche disait de Jésus qu'il était le destructeur des gardiens de la morale. Il a détruit les dogmes des Pharisiens qui se croyaient justes, bons et juges en tout et pour tout.
Ce même Nietzsche disait aussi qu'il n'y eut qu'un seul chrétien et qu'il est mort sur la croix.
***
Alléluia.
lundi 22 octobre 2012
C'est bon même pour les brutes et les truands
Ma blonde s'est achetée hier une compilation des musiques de films produites par Ennio Morricone. L'acteur principal de Mon nom est personne, Le bon, la brute et le truand, Il était une fois dans l'Ouest et Mission c'est la musique. C'est comme si ces films tournaient autour de la musique de Ennio Morricone. On a mis ça dans le lecteur audio et dès les premières notes je suis replongé dans mon enfance la plus idyllique, du temps où je faisais l'Indien quand on jouait aux cow-boys et aux Indiens.
Quelques notes de Morricone et nous étions dans l'Ouest le plus sauvage, à la recherche d'un duel plus théâtral que sanguinaire. On se courait après avec nos tomahawks et nos fusils de plastique.
-Wa-ha-ha-wouin-wouin-wouin...
***
J'ai des impressions similaires pour le film Il danse avec les loups. L'acteur principal c'est aussi le paysage. L'Ouest à lui seul se filme sans paroles et sans musique et fait rêver avec ravissement mon âme de confiné à l'Est.
J'écoute Ennio Morricone et je pars en voyage.
Idem pour Il danse avec les loups. Ça me rappelle les troupeaux de bisons et les hordes de chevaux sauvages de l'Extrême-Nord de la Colombie-Britannique. Comme ça me rappelle les plaines de Saskatchewan. Je voyage, quels que soient le scénario, la distribution et le but.
***
Où veux-je en venir? Je ne sais pas.
Quelques notes de Morricone et nous étions dans l'Ouest le plus sauvage, à la recherche d'un duel plus théâtral que sanguinaire. On se courait après avec nos tomahawks et nos fusils de plastique.
-Wa-ha-ha-wouin-wouin-wouin...
***
J'ai des impressions similaires pour le film Il danse avec les loups. L'acteur principal c'est aussi le paysage. L'Ouest à lui seul se filme sans paroles et sans musique et fait rêver avec ravissement mon âme de confiné à l'Est.
J'écoute Ennio Morricone et je pars en voyage.
Idem pour Il danse avec les loups. Ça me rappelle les troupeaux de bisons et les hordes de chevaux sauvages de l'Extrême-Nord de la Colombie-Britannique. Comme ça me rappelle les plaines de Saskatchewan. Je voyage, quels que soient le scénario, la distribution et le but.
***
Où veux-je en venir? Je ne sais pas.
jeudi 18 octobre 2012
Somewhere in the Rest of Canada (ROC)
Hey guys, what's up? I've got a story for ya. Well, I'm not Steinbeck or whoever knowing how to write a little bit in English. I'm just a crazy Frenchman. A kinda French Borat maybe arf! arf! And also a crazy Indian. And I always will remember that quotation from the famous jazzman Sun Ra: «His story is not my story». Then, my story is right here. Some of yours won't give a shit for that, I know. But I had to show ya that shit guys, especially for testing the international language of our times, just after music and cartoons. English is a monkey language like some others. It's not that difficult to learn. Nobody knows how to speak it well, like it is in French either.
Well, well, well, what could I tell ya, eh?
Maybe a story about the times I was somewhere in the Rest of Canada (ROC), as we say in Quebec for marking a limit.
I'd been in Vancouver, yeah. It was during the 90s. I lived close to Main street, on Keyfer street, in a part considered as the Chinatown. I was the taller guy on the streets and I used for sure to eat asian foods. That wasn't that bad. I had the feeling that I was somewhere else on an other continent, y'know. A kind of dépaysement and I couldn't translate that... If I ought to translate everything I'd better shut up...
Then, I had a place to sleep for amount fifty hundred bucks per month. It was a dirty spot full of mice and cockroaches. So, I couldn't sleep that much...
There were about forty rooms in that fucking dirty place. It was full of tramps, hobos and other welfare bums. There was a bathroom for ten people and, during the night, and even during the day, prostitutes used to come up with their clients. So I couldn't wash myself without cleaning the bath with a full can of Old Dutch. Then, that good Ol' Butch of mine (my nickname is Butch Bouchard) could take some rest far away from cockroaches, mice and prostitutes.
It wasn't the best period of my life meanwhile it wasn't the worst.
I was young. I had a lot to learn. Especially my English and my Mandarin either.
I don't know for what the fuck I'm telling ya that.
Jeez... We're just a quarter to four in the morning. Sun is still sleeping.
Well, well, well, what could I tell ya, eh?
Maybe a story about the times I was somewhere in the Rest of Canada (ROC), as we say in Quebec for marking a limit.
I'd been in Vancouver, yeah. It was during the 90s. I lived close to Main street, on Keyfer street, in a part considered as the Chinatown. I was the taller guy on the streets and I used for sure to eat asian foods. That wasn't that bad. I had the feeling that I was somewhere else on an other continent, y'know. A kind of dépaysement and I couldn't translate that... If I ought to translate everything I'd better shut up...
Then, I had a place to sleep for amount fifty hundred bucks per month. It was a dirty spot full of mice and cockroaches. So, I couldn't sleep that much...
There were about forty rooms in that fucking dirty place. It was full of tramps, hobos and other welfare bums. There was a bathroom for ten people and, during the night, and even during the day, prostitutes used to come up with their clients. So I couldn't wash myself without cleaning the bath with a full can of Old Dutch. Then, that good Ol' Butch of mine (my nickname is Butch Bouchard) could take some rest far away from cockroaches, mice and prostitutes.
It wasn't the best period of my life meanwhile it wasn't the worst.
I was young. I had a lot to learn. Especially my English and my Mandarin either.
I don't know for what the fuck I'm telling ya that.
Jeez... We're just a quarter to four in the morning. Sun is still sleeping.
mercredi 17 octobre 2012
L'histoire du gars qui porte des cornes et parle avec le Diable
Alvin est le Diable en personne. En fait, il aime à le croire. Aucune méchanceté véritable n'existe vraiment chez ce bon vieux Alvin. Bien sûr qu'il porte tous les signes ostentatoires du satanisme, l'étoile à cinq branches et la croix inversées, des cornes et même les pieds bots. Pourtant, c'est de la bonne pâte. Il ne ferait pas de mal à une mouche. Ni à un maringouin, à moins d'être vraiment exaspéré.
Alvin n'est pas du tout le Diable en personne. Ce n'est pas un ange. Ni un soudeur sous-marin. Il est commis dans un club vidéo, le seul endroit où il lui soit interdit de porter ses maudits signes sataniques. Le commerce est la propriété de sa tante Judy qui lui laisse tout de même la liberté de porter des cornes.
-En autant que tes cornes soient propres... j'vois pas d'problèmes, lui a toujours dit tante Judy. Mais tes choses de Satan... Moé j'veux pas d'religion icitte ni de choses fuckées... On est en affaires icitte... Faut être neutre mon p'tit Alvin!
-Appelle-moé pas «mon p'tit Alvin», matante Judy, j'ai l'air d'un cave! lui répète souvent Alvin.
-Bah! On taquine ceux qu'on aime mon p'tit Alvin! qu'elle lui répond invariablement en lui remuant les cornes de tous bords tous côtés.
-Grrrr! grommelle Alvin en revenant à sa caisse et à ses clients. Je suis tanné d'être enquiquiné par tante Judy!
La blonde de Alvin s'appelle Brigitte. Comme on ne l'a jamais vue, c'est dur de dire de quoi elle a l'air et ce qu'elle fait dans la vie. Alvin dit qu'elle est soudeuse sous-marine. Bon, peut-être. Elle serait ébéniste qu'on n'en dirait guère plus.
Alvin aide tout le monde tout en ayant cet air méchant pas très crédible.
Il offre des lifts à tous ses amis qui n'ont pas de char. Et comme ils n'ont pas d'argent non plus, ses amis, c'est toujours Alvin qui achète de la bière pour tout le monde.
Ils sont dans un band de musique satanique.
Et Alvin est en quelque sorte le promoteur. Mais le nom du groupe... Fiou! Ça ne leur vient pas encore. Ils n'ont aucune idée. Rien. L'angoisse du nom de groupe à trouver... Y'a que des gars comme Alvin et ses potes pour vivre ça et le comprendre.
Brigitte n'est pas vraiment du genre groupie. Elle les trouve enfantins. Elle va rejoindre Alvin dans son appart' , la nuit venue, pour faire l'amour au coin d'un feu artificiel. Alvin ne nous dit rien de plus sur sa vie sexuelle, sinon qu'il tient à l'hygiène personnelle des parties et de tout le reste.
À part de ça, y'a pas grand' chose à rajouter à propos de Alvin.
Son nom de famille est compliqué. Znazizak ou Zmarpartflouppe... C'est pas prononçable. Sa tante Judy s'appelle Judy Cayer. Comme quoi c'est plus facile à retenir, Cayer. Mais Znartiploutte ça fait plus satanique, of course. Nous, on l'appelle tout simplement le Ti-Alvin, comme le fait elle-même sa tante Judy. Ça le met en beau pétard à chaque fois mais bon sang qu'on rigole.
Pour ce qui est des cornes de Alvin, ce sont des injections de botox ou quelque cochonnerie du genre qui lui ont donné ce look. Elles sont toujours très propres mais un peu trop poilues. Ça fait négligé.
Sacré Alvin!
Alvin n'est pas du tout le Diable en personne. Ce n'est pas un ange. Ni un soudeur sous-marin. Il est commis dans un club vidéo, le seul endroit où il lui soit interdit de porter ses maudits signes sataniques. Le commerce est la propriété de sa tante Judy qui lui laisse tout de même la liberté de porter des cornes.
-En autant que tes cornes soient propres... j'vois pas d'problèmes, lui a toujours dit tante Judy. Mais tes choses de Satan... Moé j'veux pas d'religion icitte ni de choses fuckées... On est en affaires icitte... Faut être neutre mon p'tit Alvin!
-Appelle-moé pas «mon p'tit Alvin», matante Judy, j'ai l'air d'un cave! lui répète souvent Alvin.
-Bah! On taquine ceux qu'on aime mon p'tit Alvin! qu'elle lui répond invariablement en lui remuant les cornes de tous bords tous côtés.
-Grrrr! grommelle Alvin en revenant à sa caisse et à ses clients. Je suis tanné d'être enquiquiné par tante Judy!
La blonde de Alvin s'appelle Brigitte. Comme on ne l'a jamais vue, c'est dur de dire de quoi elle a l'air et ce qu'elle fait dans la vie. Alvin dit qu'elle est soudeuse sous-marine. Bon, peut-être. Elle serait ébéniste qu'on n'en dirait guère plus.
Alvin aide tout le monde tout en ayant cet air méchant pas très crédible.
Il offre des lifts à tous ses amis qui n'ont pas de char. Et comme ils n'ont pas d'argent non plus, ses amis, c'est toujours Alvin qui achète de la bière pour tout le monde.
Ils sont dans un band de musique satanique.
Et Alvin est en quelque sorte le promoteur. Mais le nom du groupe... Fiou! Ça ne leur vient pas encore. Ils n'ont aucune idée. Rien. L'angoisse du nom de groupe à trouver... Y'a que des gars comme Alvin et ses potes pour vivre ça et le comprendre.
Brigitte n'est pas vraiment du genre groupie. Elle les trouve enfantins. Elle va rejoindre Alvin dans son appart' , la nuit venue, pour faire l'amour au coin d'un feu artificiel. Alvin ne nous dit rien de plus sur sa vie sexuelle, sinon qu'il tient à l'hygiène personnelle des parties et de tout le reste.
À part de ça, y'a pas grand' chose à rajouter à propos de Alvin.
Son nom de famille est compliqué. Znazizak ou Zmarpartflouppe... C'est pas prononçable. Sa tante Judy s'appelle Judy Cayer. Comme quoi c'est plus facile à retenir, Cayer. Mais Znartiploutte ça fait plus satanique, of course. Nous, on l'appelle tout simplement le Ti-Alvin, comme le fait elle-même sa tante Judy. Ça le met en beau pétard à chaque fois mais bon sang qu'on rigole.
Pour ce qui est des cornes de Alvin, ce sont des injections de botox ou quelque cochonnerie du genre qui lui ont donné ce look. Elles sont toujours très propres mais un peu trop poilues. Ça fait négligé.
Sacré Alvin!
mardi 16 octobre 2012
Le pouvoir du peuple, pas celui des clowns
J'ai porté plainte au Directeur général des élections (DGE) il y a sept ans. C'était pour invalider les élections et recommencer le vote. Le vote électronique avait été un vrai fiasco. Le DGE m'a envoyé une réponse quelques semaines plus tard. Le DGE a reconnu qu'il y avait plusieurs failles à la sécurité dans ce système et qu'il ne pouvait pas garantir l'absence de fraude. Le DGE m'a rappelé, par ailleurs, qu'il n'avait qu'un pouvoir consultatif... Résultat de ma démarche: rien. À quelle porte devais-je cogner pour invalider cette élection suite au désormais célèbre «scandale du vote électronique»? Je vous le demande...
Un peu plus tard, j'ai conçu une pétition électronique adressée à la Ministre des Affaires municipales, qui était à l'époque Madame Nathalie Normandeau, un nom qui revient souvent ces temps-ci à la Commission Charbonneau qui enquête sur la corruption dans l'industrie de la construction...
Je dénonçais dans cette pétition le fait que le maire de Trois-Rivières, Monsieur Yves Lévesque, refusait d'aller en consultation populaire sur le financement de l'amphithéâtre en dépit du fait que les citoyens avaient obtenu plus que le quorum nécessaire lors de la signature du registre.
Si ce registre signifie quelque chose, il devrait y avoir un référendum, non? Autrement, aussi bien écrire sur le registre «signez ou signez pas, ici on s'en torche et on fait ce qu'on veut bande de minables!» Au moins, cela aurait l'avantage d'être franc en dépit d'être honnête.
Évidemment, un gus du ministère m'a répondu qu'ils n'avaient qu'un pouvoir consultatif et blablabla.
On fait quoi après ça? Des commissions d'enquête? Je nous le demande...
J'ai joué le jeu du citoyen et, croyez-moi, je me suis fait royalement baisé. Et remarquez que je ne suis pas tout à fait un cul-terreux. Je sais écrire. Et ils se sentent tout de même obligés de me répondre. La belle affaire...
Je pourrais me plaindre auprès du pape ou bien de la reine d'Angleterre, cela me donnerait quoi?
Tout ce qu'il me reste, à part le cul et les dents, c'est ce blogue, ces mots, ce défoulement qui circule un peu partout sur la planète, pas très vite, mais enfin c'est mieux que rien...
Il me reste aussi la rue, le carré rouge, les manifs et l'espoir d'en finir avec cette démocratie factice qui nous prive d'un pays à la hauteur de ses vrais maîtres, les citoyens. Pas les peddlers, mais les citoyens.
Je veux qu'ils sachent, ces politiciens à gogo, que je sais qu'ils sont des menteurs, des hypocrites et des siphonneurs de fonds publics. Je veux qu'ils sachent que je sais que leur conception de la démocratie est un leurre, un chèque en blanc pour quatre ans.
Peut-être qu'avec un gouvernement campé un peu plus à gauche sera-t-il possible de faire un peu de ménage dans les écuries d'Augias de nos finances publiques. Nous n'en avons certainement pas pour notre argent. Politiciens véreux et magouilleurs de bas étage nous en redemandent pour mieux voler nos ressources naturelles et nous traiter en locataires dans notre propre pays.
Redonnons un sens au mot démocratie: le pouvoir du peuple.
Le pouvoir du peuple. Pas celui des clowns.
lundi 15 octobre 2012
Les dimanches midis aux bines au Bar Ducoin
Ernie avait bon coeur en plus d'être toujours de bonne humeur. Il avait réussi à vendre l'idée des dimanches midis aux bines au Bar Ducoin. Le patron, Réjean, se faufilait parmi les eaux troubles du crime désorganisé. Pourtant, les dimanches lui semblaient sacrés. Et il aimait l'idée de savoir que le petit peuple le considérerait à l'égal d'un dieu pour ces bines gratuites qui ne coûtent pas bien plus que trois fois rien à produire.
De plus, Ernie était pleinement ouvert à l'idée d'être payé le quadruple du prix raisonnable en consommations et spiritueux. Réjean trouvait que c'était un bon deal. C'était une situation «gagnant-gagnant»...
-Gagnant-gnangnan, lui avait plutôt dit Ernie en lui faisant un clin d'oeil drolatique.
-Comment qu'ça t'en prend des bines Ernie?
-Donne-moé un budget d'cent piastres pis j'te remplis la place de gars qui vont boire comme des trous...
-Ok. Ben hâte de voir ça...
Réjean alias Reggie ne fût pas déçu. La place s'est remplie en un rien de temps. Et ils ont bu comme des trous.
C'était servi à la bonne franquette. Ernie était derrière le chaudron de bines et t'offrait une bonne plotée de bines avec du pain acheté dans la boulangerie la plus chic de la ville, oui monsieur, Au Levain Adorable, sur la rue St-Irénée.
Splof! faisaient les bines en s'effoirant dans l'assiette de carton recyclé.
-Mange ça mon homme, les meilleures bines au monde! Les bines de Ernie alias Ernesto Ché Mâche-moé-ça!
-Marci Ernie! qu'on lui disait sans plus de façons.
Réjean avait le teint un peu plus rosé que de coutume ces dimanches-là. Il se sentait bon et généreux avec le petit peuple, dont il était lui-même issu. Son père était un Indien de l'Ontario et sa mère une aveugle. Son frère René avait les pieds plats. Donc, Réjean avait connu la misère, y'a pas de doute. Et quand il se sentait bon comme ça, il devenait nostalgique et se mettait à boire comme un trou lui aussi.
Ernie sifflait et chantait en crissant les bines dans les assiettes.
-Lalala... Lalala... Zwiiii... Wouuu... Lalala...
Splof! Splof! faisaient les bines en s'effoirant.
Il y en avait toujours pour tout le monde.
Et même que Ernie faisaient des plats pour les rescapés, à la fin de la soirée, tellement qu'il en faisait pis qu'il en restait des bines. Réjean s'en sacrait un peu. Les recettes avaient été bonnes. Le juke box avait joué les mêmes tounes de Led Zeppelin toute la soirée. Led Zeppelin et Paul Piché, allez savoir pourquoi. Il s'en trouvait un à tous les dimanches qui trippait sur L'Escalier et la faisait jouer sans arrêt.
-Tu peux faire c'que tu veux d'ta moulée mon Ernie! Arf! Arf! lui disait à tous les dimanches soirs un gros Réjean aviné.
-Marci Réjean! C'est une gagnant-gnangnan situéchonne! lui répliquait immanquablement Ernie.
-Oui monsieur!
-Yes sir!
-Ouais.
-En plein ça.
-Arf! Arf!
De plus, Ernie était pleinement ouvert à l'idée d'être payé le quadruple du prix raisonnable en consommations et spiritueux. Réjean trouvait que c'était un bon deal. C'était une situation «gagnant-gagnant»...
-Gagnant-gnangnan, lui avait plutôt dit Ernie en lui faisant un clin d'oeil drolatique.
-Comment qu'ça t'en prend des bines Ernie?
-Donne-moé un budget d'cent piastres pis j'te remplis la place de gars qui vont boire comme des trous...
-Ok. Ben hâte de voir ça...
Réjean alias Reggie ne fût pas déçu. La place s'est remplie en un rien de temps. Et ils ont bu comme des trous.
C'était servi à la bonne franquette. Ernie était derrière le chaudron de bines et t'offrait une bonne plotée de bines avec du pain acheté dans la boulangerie la plus chic de la ville, oui monsieur, Au Levain Adorable, sur la rue St-Irénée.
Splof! faisaient les bines en s'effoirant dans l'assiette de carton recyclé.
-Mange ça mon homme, les meilleures bines au monde! Les bines de Ernie alias Ernesto Ché Mâche-moé-ça!
-Marci Ernie! qu'on lui disait sans plus de façons.
Réjean avait le teint un peu plus rosé que de coutume ces dimanches-là. Il se sentait bon et généreux avec le petit peuple, dont il était lui-même issu. Son père était un Indien de l'Ontario et sa mère une aveugle. Son frère René avait les pieds plats. Donc, Réjean avait connu la misère, y'a pas de doute. Et quand il se sentait bon comme ça, il devenait nostalgique et se mettait à boire comme un trou lui aussi.
Ernie sifflait et chantait en crissant les bines dans les assiettes.
-Lalala... Lalala... Zwiiii... Wouuu... Lalala...
Splof! Splof! faisaient les bines en s'effoirant.
Il y en avait toujours pour tout le monde.
Et même que Ernie faisaient des plats pour les rescapés, à la fin de la soirée, tellement qu'il en faisait pis qu'il en restait des bines. Réjean s'en sacrait un peu. Les recettes avaient été bonnes. Le juke box avait joué les mêmes tounes de Led Zeppelin toute la soirée. Led Zeppelin et Paul Piché, allez savoir pourquoi. Il s'en trouvait un à tous les dimanches qui trippait sur L'Escalier et la faisait jouer sans arrêt.
-Tu peux faire c'que tu veux d'ta moulée mon Ernie! Arf! Arf! lui disait à tous les dimanches soirs un gros Réjean aviné.
-Marci Réjean! C'est une gagnant-gnangnan situéchonne! lui répliquait immanquablement Ernie.
-Oui monsieur!
-Yes sir!
-Ouais.
-En plein ça.
-Arf! Arf!
vendredi 12 octobre 2012
Au Marché Chartrand & Fils
Ça faisait bien trente-quatre ans qu'il travaillait au Marché Chartrand & Fils quand il s'était fait mettre à la porte.
Cela dit, il s'appelait Romuald Lamothe. C'était un grand chauve au dos voûté qui n'en finissait pas d'être dégradé d'un poste à l'autre depuis deux ans en raison de sa lenteur et de sa toux chronique. Le patron, Jean-Michel Chartrand, était un alcoolique notoire qui prenait des décisions chaotiques. Il aimait voir la peur dans le visage de ses employés. Ce n'est pas tant l'argent qui l'intéressait que l'exercice de l'autorité.
Et d'autorité, Chartrand, qui avait l'allure d'un farfadet, fit passer Romuald du poste de commis des fruits et légumes à celui de commis à l'emballage, aux caisses. Puis Romuald passa des caisses à l'entrepôt, de nuit, avec des heures coupées pour lui faire sentir qu'il était désormais de trop.
Évidemment, concédons que Romuald n'était plus présentable pour travailler avec le public. Il n'était pas très propre de sa personne. Il ne se coupait jamais ses longs poils de nez recouverts de flegme. Il puait un peu puisqu'il portait les mêmes pantalons toute la semaine sans les laver.
Néanmoins c'était un coup dur à porter à Romuald que de le congédier après trente-quatre ans de mauvais mais très loyaux services.
-Mon père t'a enduré pendant trente-deux ans sacrament! lui déclara Monsieur-Jean-Michel-Chartrand-lui-même dans son bureau. À c't'heure que c'est moé qui est boss, j'ferai pas d'mon épicerie l'Armée du Salut... Tu tousses, tu t'laves pas pis tu pues... La comptable va préparer ton bleu. Prends toutes tes affaires pis décrisse Romuald... Décrisse, hostie, j'suis plus capable de t'voir la face!
Romuald s'était immédiatement mis à pleurer. Il était tombé à ses pieds et l'avait imploré de ne pas le congédier.
-J'ai rien qu'icitte pour vivre Monsieur Jean-Michel! brailla Romuald aux pieds de son boss. Qu'est-cé que j'va's devenir, hein? Pensez à ma femme pis à mes enfants! Y'a personne qui va vouloir m'engager à mon âge! Eurf! Eurf!
Et il toussa encore quelques coups.
-Eurf! Eurf! Eurrrf!
Monsieur-Jean-Michel-Chartrand-lui-même était un peu embarrassé parce que la conversation avait lieu devant trois ou quatre employés qui attendaient des ordres quelconques.
Chartrand avait beau avoir une roche à la place du coeur qu'il fallait parfois faire contre mauvaise fortune bon coeur - ou quelque truc du genre...
-Bon... Ok Romuald... Tu viendras laver les toilettes pis les planchers le mardi soir... C'est le plus que j'peux t'donner: huit heures... Pour le reste, va falloir que tu regardes ailleurs... C'est mon dernier mot.
-Oh! mille marcis Monsieur Jean-Michel! Eurf! Eurf! Mille marcis! Eurf! Eurf!
C'est ainsi que Romuald devint préposé au ménage après avoir été congédié. Le boss le payait en-d'sour d'la table comme on dit.
N'allez pas croire que Romuald était tout à fait dénué d'orgueil.
Il avait longuement médité sa revanche.
Tous les mardis, après avoir bien récuré les bols de toilette, Romuald montait dans le bureau du boss pour changer les sacs à poubelle et passer un coup d'aspirateur.
Romuald se vengeait en ne remettant jamais à la même place les lunettes de lecture de Monsieur Jean-Michel. Les mettait-il à droite, sur son bureau de travail, qu'il les retrouvait le lendemain sur le bord de la fenêtre ou bien près du télécopieur.
-Y'où c'qu'i' sont mes tabarnaks de lunettes! prit coutume de dire Chartrand. Va falloir que j'me les accroche dans l'cou saint-chrême!!!
ÉPILOGUE
Il y a longtemps que le Marché Chartrand & Fils a été démoli. Cela se passait il y a de cela une vingtaine d'années, ouais.
Chartrand est mort. Romuald aussi.
Comme quoi la vie est trop courte pour se faire chier ici-bas.
Cela dit, il s'appelait Romuald Lamothe. C'était un grand chauve au dos voûté qui n'en finissait pas d'être dégradé d'un poste à l'autre depuis deux ans en raison de sa lenteur et de sa toux chronique. Le patron, Jean-Michel Chartrand, était un alcoolique notoire qui prenait des décisions chaotiques. Il aimait voir la peur dans le visage de ses employés. Ce n'est pas tant l'argent qui l'intéressait que l'exercice de l'autorité.
Et d'autorité, Chartrand, qui avait l'allure d'un farfadet, fit passer Romuald du poste de commis des fruits et légumes à celui de commis à l'emballage, aux caisses. Puis Romuald passa des caisses à l'entrepôt, de nuit, avec des heures coupées pour lui faire sentir qu'il était désormais de trop.
Évidemment, concédons que Romuald n'était plus présentable pour travailler avec le public. Il n'était pas très propre de sa personne. Il ne se coupait jamais ses longs poils de nez recouverts de flegme. Il puait un peu puisqu'il portait les mêmes pantalons toute la semaine sans les laver.
Néanmoins c'était un coup dur à porter à Romuald que de le congédier après trente-quatre ans de mauvais mais très loyaux services.
-Mon père t'a enduré pendant trente-deux ans sacrament! lui déclara Monsieur-Jean-Michel-Chartrand-lui-même dans son bureau. À c't'heure que c'est moé qui est boss, j'ferai pas d'mon épicerie l'Armée du Salut... Tu tousses, tu t'laves pas pis tu pues... La comptable va préparer ton bleu. Prends toutes tes affaires pis décrisse Romuald... Décrisse, hostie, j'suis plus capable de t'voir la face!
Romuald s'était immédiatement mis à pleurer. Il était tombé à ses pieds et l'avait imploré de ne pas le congédier.
-J'ai rien qu'icitte pour vivre Monsieur Jean-Michel! brailla Romuald aux pieds de son boss. Qu'est-cé que j'va's devenir, hein? Pensez à ma femme pis à mes enfants! Y'a personne qui va vouloir m'engager à mon âge! Eurf! Eurf!
Et il toussa encore quelques coups.
-Eurf! Eurf! Eurrrf!
Monsieur-Jean-Michel-Chartrand-lui-même était un peu embarrassé parce que la conversation avait lieu devant trois ou quatre employés qui attendaient des ordres quelconques.
Chartrand avait beau avoir une roche à la place du coeur qu'il fallait parfois faire contre mauvaise fortune bon coeur - ou quelque truc du genre...
-Bon... Ok Romuald... Tu viendras laver les toilettes pis les planchers le mardi soir... C'est le plus que j'peux t'donner: huit heures... Pour le reste, va falloir que tu regardes ailleurs... C'est mon dernier mot.
-Oh! mille marcis Monsieur Jean-Michel! Eurf! Eurf! Mille marcis! Eurf! Eurf!
C'est ainsi que Romuald devint préposé au ménage après avoir été congédié. Le boss le payait en-d'sour d'la table comme on dit.
N'allez pas croire que Romuald était tout à fait dénué d'orgueil.
Il avait longuement médité sa revanche.
Tous les mardis, après avoir bien récuré les bols de toilette, Romuald montait dans le bureau du boss pour changer les sacs à poubelle et passer un coup d'aspirateur.
Romuald se vengeait en ne remettant jamais à la même place les lunettes de lecture de Monsieur Jean-Michel. Les mettait-il à droite, sur son bureau de travail, qu'il les retrouvait le lendemain sur le bord de la fenêtre ou bien près du télécopieur.
-Y'où c'qu'i' sont mes tabarnaks de lunettes! prit coutume de dire Chartrand. Va falloir que j'me les accroche dans l'cou saint-chrême!!!
ÉPILOGUE
Il y a longtemps que le Marché Chartrand & Fils a été démoli. Cela se passait il y a de cela une vingtaine d'années, ouais.
Chartrand est mort. Romuald aussi.
Comme quoi la vie est trop courte pour se faire chier ici-bas.
jeudi 11 octobre 2012
Les Pléiades
Il est encore très tôt le matin. Les Pléiades sont devant mes yeux levés vers le ciel. Aucun nuage. Et des étoiles, pour le peu qu'un centre-ville puisse nous laisser observer sous toutes les formes d'éclairage artificiel. .
Mon arrière-cour est jonché de branches et de feuilles mortes. Le vent ne souffle pas trop fort. Suffisamment pour émonder les arbres.
Pas de chats. Il y en a parfois qui passent dans le coin. Et en ce moment il n'y en a pas.
Je n'en ai que pour les Pléiades ce matin.
Allez savoir pourquoi.
Mon arrière-cour est jonché de branches et de feuilles mortes. Le vent ne souffle pas trop fort. Suffisamment pour émonder les arbres.
Pas de chats. Il y en a parfois qui passent dans le coin. Et en ce moment il n'y en a pas.
Je n'en ai que pour les Pléiades ce matin.
Allez savoir pourquoi.
mercredi 10 octobre 2012
Ronny The Squirrel Runner
Ronny a toujours l'air peureux quand on le croise sur la rue. Il vous fuie des yeux et des jambes.
À l'école, Ronny se faisait déjà niaiser pour ses airs d'écureuil en proie à la déroute. Les gars et les filles l'approchaient calmement, par curiosité, et voilà que Ronny détalait.
Il avait des bajoues, comme un écureuil. Et des dents de rongeur. Tout ce qu'il fallait pour le surnommer Squirrel Runner.
Ronny a encore des bajoues, mais ses dents sont maintenant d'une matière artificielle.
Et il a ce perpétuel air craintif.
On ne lui veut pas tous du tort à ce sacré Squirrel Runner. Moi et ma bande de fuckés nous étions prêts à l'adopter et à le transformer un tant soit peu. On se promettait de lui apprendre l'art de donner des baffes. Ce n'était pas très politiquement correct, mais c'était plus efficace qu'un beau discours d'adulte qui se calisse bien de ce qui se passe dans la cour d'école.
Évidemment, Squirrel Runner n'était pas approchable.
Nous avions beau être fins avec lui qu'il s'enfuyait.
Alors imaginez la surprise lorsque je l'ai vu hier, fier comme un paon, le menton redressé et l'air presque fougueux, lui que je n'avais connu que sous son angle timoré.
Une femme, pas très jolie, mais une femme tout de même, était pendue à son bras.
Ronny bombait le torse et faisait reluire son dentier. Comme s'il était subitement devenu un homme, en tout respect pour les timides qui pourraient se sentir vexés par ce sous-entendu.
Bref, je ne peux plus l'appeler Squirrel Runner depuis ce temps.
La blonde de Ronny a les cheveux probablement teints puisque sa face est trop fripée pour ce noir de jais surnaturel.
Elle ne louche pas, à ce que j'ai pu voir.
Elle a les traits plutôt durs, les sourcils poilus en accents circonflexes, en tout respect pour les gros sourcils.
Enfin! L'important c'est que Ronny soit enfin fier.
Cette femme-là, jolie ou pas, est certainement une sainte.
En tout cas, elle a fait un miracle.
Le miracle de l'amourrrrrrr-r!
À l'école, Ronny se faisait déjà niaiser pour ses airs d'écureuil en proie à la déroute. Les gars et les filles l'approchaient calmement, par curiosité, et voilà que Ronny détalait.
Il avait des bajoues, comme un écureuil. Et des dents de rongeur. Tout ce qu'il fallait pour le surnommer Squirrel Runner.
Ronny a encore des bajoues, mais ses dents sont maintenant d'une matière artificielle.
Et il a ce perpétuel air craintif.
On ne lui veut pas tous du tort à ce sacré Squirrel Runner. Moi et ma bande de fuckés nous étions prêts à l'adopter et à le transformer un tant soit peu. On se promettait de lui apprendre l'art de donner des baffes. Ce n'était pas très politiquement correct, mais c'était plus efficace qu'un beau discours d'adulte qui se calisse bien de ce qui se passe dans la cour d'école.
Évidemment, Squirrel Runner n'était pas approchable.
Nous avions beau être fins avec lui qu'il s'enfuyait.
Alors imaginez la surprise lorsque je l'ai vu hier, fier comme un paon, le menton redressé et l'air presque fougueux, lui que je n'avais connu que sous son angle timoré.
Une femme, pas très jolie, mais une femme tout de même, était pendue à son bras.
Ronny bombait le torse et faisait reluire son dentier. Comme s'il était subitement devenu un homme, en tout respect pour les timides qui pourraient se sentir vexés par ce sous-entendu.
Bref, je ne peux plus l'appeler Squirrel Runner depuis ce temps.
La blonde de Ronny a les cheveux probablement teints puisque sa face est trop fripée pour ce noir de jais surnaturel.
Elle ne louche pas, à ce que j'ai pu voir.
Elle a les traits plutôt durs, les sourcils poilus en accents circonflexes, en tout respect pour les gros sourcils.
Enfin! L'important c'est que Ronny soit enfin fier.
Cette femme-là, jolie ou pas, est certainement une sainte.
En tout cas, elle a fait un miracle.
Le miracle de l'amourrrrrrr-r!
mardi 9 octobre 2012
L'Inaccessible
Djo Bine, alias Benoît Jobin, était un niaiseux. C'est vrai aussi qu'il était jeune. Il devait avoir entre vingt-deux ou vingt-trois ans, peut-être moins.
Ah! C'est sûr qu'il parlait bien pour un gars de son âge. On s'attend généralement à les entendre dire des mots chuintants, charcutés ou chimpanzés. Néanmoins Djo Bine avait de la faconde et s'exprimait comme un Premier Ministre qui vient de recevoir en coulisses des tas d'enveloppes brunes. Il n'en était pas moins niaiseux pour autant.
Il était plutôt beau garçon, Djo Bine, mais vivait comme s'il ne le savait pas. Tout était plans, stratégies et malheureusement théâtralités dans sa manière d'envisager tous les projets qu'il échafaudait pour se tirer de la misère et se donner un peu de vernis.
La misère lui collait au cul comme la pauvreté colle au cul des pauvres. Il n'est même pas nécessaire d'employer une figure de style. Il survivait bien plus qu'il ne vivait, Djo Bine, bien que tout le monde fasse un peu comme lui, ce qui ne lui confère rien d'exceptionnel tout compte fait.
Son dernier projet, le plus fou d'entre tous, était de se partir une revue intellectuelle et philosophique intitulée L'Inaccessible. Elle serait vendue deux dollars en kiosque. Le tirage serait de soixante-quinze milles exemplaires. Tout le monde parlerait de lui et reconnaîtrait enfin son génie.
Évidemment, c'est le chiffre qui dérangeait dans son histoire. Pas le deux dollars, non. Mais le soixante-quinze milles exemplaires pour une revue qui s'appelle L'Inaccessible. N'importe quel marsouin s'attendrait à en vendre une centaine et en donner presque l'équivalent aux médias pour se donner une raison d'exister.
Djo Bine voyait grand, trop grand. Et il avait une volonté folle d'arriver à se planter comme Zorba le Grec.
Ce qui fait que L'Inaccessible vint un monde. Une revue bourrée d'articles compliqués sur Paracelse, Hermès Trismégiste, Plutarque, Deganawidah, Timothy Leary et John Lennon. Il y avait aussi une section sur les arts modernes, avec un manifeste du groupe Minute Moumoute, un trio de jeunes anarchistes qui travaillaient tous à la rôtisserie du coin où Djo Bine allait s'approvisionner en argent et en nourriture pour mener à bien L'Inaccessible. Il travaillait d'ailleurs avec ces trois gars-là et y faisait office d'aide-cuisinier et de plongeur, selon l'horaire.
Djo Bine a donc investi toutes ses économies dans L'Inaccessible. Un bon paquet d'argent, croyez-moi. Il a bu de l'eau et mangé des frites pendant trois ans pour produire ces soixante-quinze milles exemplaires de L'Inaccessible qui sont finalement aboutis en kiosque.
La critique fût unanime à se taire.
En fait, il n'y eût ni critique ni recension. Ni d'ascension. Non, rien.
Il n'y eût que deux ou trois ventes et des tas de boîtes empilées du numéro un de la revue L'Inaccessible.
Djo Bine s'est dit qu'il allait les donner. Son génie serait gratuit et accessible à tous.
Personne ne voulait de L'Inaccessible. Il avait beau les supplier de prendre sa revue, personne ne voulait rien savoir. C'était difficile pour l'orgueil.
-Si j'étais aux États-Unis, ma revue tirerait bientôt à deux millions d'exemplaires!
Djo Bine n'était pas aux États-Unis. Et je doute, en tout respect pour lui, que les Américains aient prêté quelque intérêt que ce soit à son charabia et à ses charades.
N'empêche que ça lui a scié les jambes.
On ne le voit plus à la rôtisserie. Ni à la bibliothèque.
Et ça fait déjà deux ou trois ans.
Où est-il passé? Personne ne le sait. Non, ça personne ne le sait.
Ah! C'est sûr qu'il parlait bien pour un gars de son âge. On s'attend généralement à les entendre dire des mots chuintants, charcutés ou chimpanzés. Néanmoins Djo Bine avait de la faconde et s'exprimait comme un Premier Ministre qui vient de recevoir en coulisses des tas d'enveloppes brunes. Il n'en était pas moins niaiseux pour autant.
Il était plutôt beau garçon, Djo Bine, mais vivait comme s'il ne le savait pas. Tout était plans, stratégies et malheureusement théâtralités dans sa manière d'envisager tous les projets qu'il échafaudait pour se tirer de la misère et se donner un peu de vernis.
La misère lui collait au cul comme la pauvreté colle au cul des pauvres. Il n'est même pas nécessaire d'employer une figure de style. Il survivait bien plus qu'il ne vivait, Djo Bine, bien que tout le monde fasse un peu comme lui, ce qui ne lui confère rien d'exceptionnel tout compte fait.
Son dernier projet, le plus fou d'entre tous, était de se partir une revue intellectuelle et philosophique intitulée L'Inaccessible. Elle serait vendue deux dollars en kiosque. Le tirage serait de soixante-quinze milles exemplaires. Tout le monde parlerait de lui et reconnaîtrait enfin son génie.
Évidemment, c'est le chiffre qui dérangeait dans son histoire. Pas le deux dollars, non. Mais le soixante-quinze milles exemplaires pour une revue qui s'appelle L'Inaccessible. N'importe quel marsouin s'attendrait à en vendre une centaine et en donner presque l'équivalent aux médias pour se donner une raison d'exister.
Djo Bine voyait grand, trop grand. Et il avait une volonté folle d'arriver à se planter comme Zorba le Grec.
Ce qui fait que L'Inaccessible vint un monde. Une revue bourrée d'articles compliqués sur Paracelse, Hermès Trismégiste, Plutarque, Deganawidah, Timothy Leary et John Lennon. Il y avait aussi une section sur les arts modernes, avec un manifeste du groupe Minute Moumoute, un trio de jeunes anarchistes qui travaillaient tous à la rôtisserie du coin où Djo Bine allait s'approvisionner en argent et en nourriture pour mener à bien L'Inaccessible. Il travaillait d'ailleurs avec ces trois gars-là et y faisait office d'aide-cuisinier et de plongeur, selon l'horaire.
Djo Bine a donc investi toutes ses économies dans L'Inaccessible. Un bon paquet d'argent, croyez-moi. Il a bu de l'eau et mangé des frites pendant trois ans pour produire ces soixante-quinze milles exemplaires de L'Inaccessible qui sont finalement aboutis en kiosque.
La critique fût unanime à se taire.
En fait, il n'y eût ni critique ni recension. Ni d'ascension. Non, rien.
Il n'y eût que deux ou trois ventes et des tas de boîtes empilées du numéro un de la revue L'Inaccessible.
Djo Bine s'est dit qu'il allait les donner. Son génie serait gratuit et accessible à tous.
Personne ne voulait de L'Inaccessible. Il avait beau les supplier de prendre sa revue, personne ne voulait rien savoir. C'était difficile pour l'orgueil.
-Si j'étais aux États-Unis, ma revue tirerait bientôt à deux millions d'exemplaires!
Djo Bine n'était pas aux États-Unis. Et je doute, en tout respect pour lui, que les Américains aient prêté quelque intérêt que ce soit à son charabia et à ses charades.
N'empêche que ça lui a scié les jambes.
On ne le voit plus à la rôtisserie. Ni à la bibliothèque.
Et ça fait déjà deux ou trois ans.
Où est-il passé? Personne ne le sait. Non, ça personne ne le sait.
lundi 8 octobre 2012
Ahanu
Ahanu n'est pas allé à l'école longtemps. Mais il rit doucement. D'ailleurs son prénom, Ahanu, signifie «il rit» dans la langue des Anishnabés.
Rire, c'est déjà toute une école. J'en connais qui ne rient jamais et c'est triste de savoir qu'il y en a parmi eux qui sont allés à l'école pour avoir aussi mauvaise mine, voire pour finir dans une mine, quelque part dans le bout de Rouyn-Noranda.
Ahanu ne travaille pas dans les mines. Il chasse, trappe, pêche et encaisse des chèques sur la réserve. Ahanu est le gardien héréditaire du sol qu'il foule. Il est le protecteur naturel de la faune et de la forêt aux yeux de Kitché Manitou.
Ahanu a appris de ses parents et grands-parents tout ce qu'il faut savoir pour bien jouer son rôle de vrai humain parmi toutes les âmes qui circulent dans le Grand Cercle de la Vie: moustique, araignée, sapin, bleuet et roche.
Ça ne s'explique pas, un métier comme celui de Ahanu. L'important c'est de ne pas devenir l'esclave de ces malheureux qui détruisent tout sur leur passage et qui ne savent pas faire du feu avec simplement ce qu'il faut de combustible. L'important, c'est de vivre parmi les âmes de la forêt, du ciel et des eaux.
Bien sûr, Ahanu revient sur la réserve de temps à autres pour s'acheter des clous, du café et autres petits luxes comme une motoneige. Néanmoins, on peut dire que notre ami Ahanu vit au moins trois cent quarante jours par année presque seul, au milieu de nulle part.
Il vend des fourrures, de la viande fumée et autres herbes pour une boutique de Montréal. C'est son cousin Bob, à Maniwaki, qui a établi le lien via l'Internet. C'est une boutique de trucs grano et nouvel-âge. Bob a mis la photo de Ahanu sur les emballages. Les produits s'appellent Ahanu. Et ça se vend pas si mal du tout.
Ahanu rit doucement du matin au soir.
Il siffle de vieux airs anishnabés, métissés de chansons country américaines et même d'airs québécois à la Paul Piché. Enfin! Il siffle de tout ce qu'il peut capter par la radio communautaire où travaille aussi son ami Bob.
Il rit doucement en se partant un feu avec quelques feuilles d'écorce de bouleau. Cela flambe même quand c'est mouillé, l'écorce de bouleau. Imaginez quand c'est sec. Woof! Et la flamme est déjà vive. Il ne reste plus qu'à se faire bouillir de l'eau pour le premier café de la journée. Ensuite, ce sera la tournée des pièges et l'inventaire des castors.
Ahanu a de quoi s'occuper toute la journée.
Le ciel est dégagé.
L'air du mois d'octobre est frais et vivifiant.
Rire, c'est déjà toute une école. J'en connais qui ne rient jamais et c'est triste de savoir qu'il y en a parmi eux qui sont allés à l'école pour avoir aussi mauvaise mine, voire pour finir dans une mine, quelque part dans le bout de Rouyn-Noranda.
Ahanu ne travaille pas dans les mines. Il chasse, trappe, pêche et encaisse des chèques sur la réserve. Ahanu est le gardien héréditaire du sol qu'il foule. Il est le protecteur naturel de la faune et de la forêt aux yeux de Kitché Manitou.
Ahanu a appris de ses parents et grands-parents tout ce qu'il faut savoir pour bien jouer son rôle de vrai humain parmi toutes les âmes qui circulent dans le Grand Cercle de la Vie: moustique, araignée, sapin, bleuet et roche.
Ça ne s'explique pas, un métier comme celui de Ahanu. L'important c'est de ne pas devenir l'esclave de ces malheureux qui détruisent tout sur leur passage et qui ne savent pas faire du feu avec simplement ce qu'il faut de combustible. L'important, c'est de vivre parmi les âmes de la forêt, du ciel et des eaux.
Bien sûr, Ahanu revient sur la réserve de temps à autres pour s'acheter des clous, du café et autres petits luxes comme une motoneige. Néanmoins, on peut dire que notre ami Ahanu vit au moins trois cent quarante jours par année presque seul, au milieu de nulle part.
Il vend des fourrures, de la viande fumée et autres herbes pour une boutique de Montréal. C'est son cousin Bob, à Maniwaki, qui a établi le lien via l'Internet. C'est une boutique de trucs grano et nouvel-âge. Bob a mis la photo de Ahanu sur les emballages. Les produits s'appellent Ahanu. Et ça se vend pas si mal du tout.
Ahanu rit doucement du matin au soir.
Il siffle de vieux airs anishnabés, métissés de chansons country américaines et même d'airs québécois à la Paul Piché. Enfin! Il siffle de tout ce qu'il peut capter par la radio communautaire où travaille aussi son ami Bob.
Il rit doucement en se partant un feu avec quelques feuilles d'écorce de bouleau. Cela flambe même quand c'est mouillé, l'écorce de bouleau. Imaginez quand c'est sec. Woof! Et la flamme est déjà vive. Il ne reste plus qu'à se faire bouillir de l'eau pour le premier café de la journée. Ensuite, ce sera la tournée des pièges et l'inventaire des castors.
Ahanu a de quoi s'occuper toute la journée.
Le ciel est dégagé.
L'air du mois d'octobre est frais et vivifiant.
samedi 6 octobre 2012
Rodrigue
Rodrigue avait une manière bien à lui de résister à la tentation de parler à la première personne du singulier: il ne parlait pas du tout.
Il était muet, oui, et pas vraiment sourd. Rodrigue était un gars qui ne parlait pas. Comme son père, son grand-père et sa tante Rose-Annette.
Rodrigue n'écrivait jamais. C'était un gringalet très chevelu. Il ne se rasait jamais les poils du nez qui, dans sa cinquantaine avancée, lui sortait démesurément des trous. Ça lui donnait cet air de constipé de la crotte de nez avec des yeux comme ça, là, qui suggèrent l'hébétude.
Rodrigue ne disait rien. Jamais un mot plus haut que l'autre. Et il ne lisait pas.
La seule chose qui l'intéressait, c'était une émission de radio, et encore qu'il ne l'écoutait pas vraiment. Ça s'appelait Debout c'est l'heure! Une émission du matin avec Martin Douillet-Therrien. C'était un bruit de fond pour Rodrigue. Quelque chose qui lui rappelait qu'on ne peut pas toujours dormir dans la vie.
Rodrigue partait travailler vers huit heures. Il travaillait pour une shop de je ne sais pas trop quoi. Peut-être qu'ils y faisaient des vis. C'était écrit Screw quelque chose sur la bâtisse où il travaillait. À moins que ce soit le nom du proprio, Screw. Me semble que c'est une vis, screw. Donc, Rodrigue devait sculpter des vis à la main où quelque truc artisanal du genre pour sauver l'économie de la région.
Quand il avait fini de travailler, Rodrigue ne disait rien. Il punchait puis revenait à la maison.
Il n'écoutait pas la radio le soir puisqu'il lui fallait l'éteindre afin qu'il soit réveillé par Debout c'est l'heure! le matin suivant.
Rodrigue n'avait pas de télé ni d'ordinateur.
Ni de blonde.
Ni de chat.
Ni quoi que ce soit hormis une assiette, un couteau, une fourchette et un poêlon tout usage.
Sa vie n'était pas particulièrement triste puisqu'il pouvait faire des choses extraordinaires avec ses pieds, comme claquer des pieds, marcher ou valser. Rodrigue valsait en écoutant Debout c'est l'heure! Oui, il valsait. Et cela lui rendait la vie humaine et agréable. Il se faisait du bien sans dire un mot ni même manger une toast. Il ne déjeunait jamais, Rodrigue. Ce gringalet chevelu se contentait d'un repas par jour, probablement à la cantine de chez Screw ou bien ailleurs.
Pas facile de mettre des mots sur quelqu'un dont on doit lui tirer les vers du nez.
Et oubliez les vers et les alexandrins avec Rodrigue.
Il ne disait mot.
Et il consentait à tout.
Il n'aimait pas se faire bâdrer.
Et il ne voulait pas bâdrer personne.
Il laisse dans le deuil personne en particulier. Des dons à aucun organisme ne sont requis. Comme il n'avait pas d'assurances ni d'argent en banque, la municipalité s'est chargé de faire disparaître son corps.
Il était muet, oui, et pas vraiment sourd. Rodrigue était un gars qui ne parlait pas. Comme son père, son grand-père et sa tante Rose-Annette.
Rodrigue n'écrivait jamais. C'était un gringalet très chevelu. Il ne se rasait jamais les poils du nez qui, dans sa cinquantaine avancée, lui sortait démesurément des trous. Ça lui donnait cet air de constipé de la crotte de nez avec des yeux comme ça, là, qui suggèrent l'hébétude.
Rodrigue ne disait rien. Jamais un mot plus haut que l'autre. Et il ne lisait pas.
La seule chose qui l'intéressait, c'était une émission de radio, et encore qu'il ne l'écoutait pas vraiment. Ça s'appelait Debout c'est l'heure! Une émission du matin avec Martin Douillet-Therrien. C'était un bruit de fond pour Rodrigue. Quelque chose qui lui rappelait qu'on ne peut pas toujours dormir dans la vie.
Rodrigue partait travailler vers huit heures. Il travaillait pour une shop de je ne sais pas trop quoi. Peut-être qu'ils y faisaient des vis. C'était écrit Screw quelque chose sur la bâtisse où il travaillait. À moins que ce soit le nom du proprio, Screw. Me semble que c'est une vis, screw. Donc, Rodrigue devait sculpter des vis à la main où quelque truc artisanal du genre pour sauver l'économie de la région.
Quand il avait fini de travailler, Rodrigue ne disait rien. Il punchait puis revenait à la maison.
Il n'écoutait pas la radio le soir puisqu'il lui fallait l'éteindre afin qu'il soit réveillé par Debout c'est l'heure! le matin suivant.
Rodrigue n'avait pas de télé ni d'ordinateur.
Ni de blonde.
Ni de chat.
Ni quoi que ce soit hormis une assiette, un couteau, une fourchette et un poêlon tout usage.
Sa vie n'était pas particulièrement triste puisqu'il pouvait faire des choses extraordinaires avec ses pieds, comme claquer des pieds, marcher ou valser. Rodrigue valsait en écoutant Debout c'est l'heure! Oui, il valsait. Et cela lui rendait la vie humaine et agréable. Il se faisait du bien sans dire un mot ni même manger une toast. Il ne déjeunait jamais, Rodrigue. Ce gringalet chevelu se contentait d'un repas par jour, probablement à la cantine de chez Screw ou bien ailleurs.
Pas facile de mettre des mots sur quelqu'un dont on doit lui tirer les vers du nez.
Et oubliez les vers et les alexandrins avec Rodrigue.
Il ne disait mot.
Et il consentait à tout.
Il n'aimait pas se faire bâdrer.
Et il ne voulait pas bâdrer personne.
Il laisse dans le deuil personne en particulier. Des dons à aucun organisme ne sont requis. Comme il n'avait pas d'assurances ni d'argent en banque, la municipalité s'est chargé de faire disparaître son corps.
jeudi 4 octobre 2012
On ne revient jamais des bois
Dans les bois, on entend rien de vraiment disgracieux. On entend le vent dans les branches et les oiseaux qui gazouillent.
Dans les bois, on ne voit rien de vraiment disgracieux. On voit les étoiles et plein d'autres trucs.
De retour en ville, tout bourdonne, ronronne, vrombit.
On entend des sifflets et sirènes de toutes sortes à tout moment du jour ou de la nuit. On entend même le perpétuel grésillement des fils électriques. Bref, on ne s'entend même plus penser.
De retour en ville, tout semble laid et vraiment disgracieux.
On voit la laideur, la misère, l'avidité, le pouvoir, la maladie, la haine, la mort.
Même la mort est belle dans les bois. Y'a des tas de champignons qui poussent dessus. Rien ne meurt vraiment dans les bois. Tout se transforme. Tout nous transforme.
***
J'entends le son de ma tour informatique et celui du frigo.
Une voiture roule au loin.
Et puis y'a ce chat qui miaule devant la porte qui donne sur l'arrière-cour.
Dès qu'il voit de la lumière il vient mendier de l'attention.
C'est rare qu'on se fait approcher par des chats dans les bois. Oui, c'est plutôt rare.
mercredi 3 octobre 2012
La légende de Poémou 34 (c'est le titre)
Je me demande parfois si j'écris pour le monde, pour un cercle restreint de fans ou tout simplement pour moi-même. Quoi qu'il en soit, j'ai toujours le dernier droit de regard. Pourtant, en quelque part, je ne vous oublie jamais, chers lecteurs et lectrices. J'écris un peu pour vous. Surtout quand je ne sais pas trop quoi écrire.
Un écrivain sérieux vous parlerait des crimes contre l'humanité commis par le régime syrien envers son propre peuple. Cependant, je ne suis pas un écrivain sérieux. Bien sûr que je ne suis pas indifférent à l'innommable boucherie de la Syrie. Mais je ne crois pas que mes bribes d'information soient suffisantes. Je signe des pétitions. Je dénonce au plus bas dénominateur commun. Mais je ne suis pas sérieux, ça non.
Suis-je seulement un écrivain? Si je l'étais, ça se saurait. Je ne suis qu'un gus qui pianote sur son clavier et appuie sur la touche «publier» sur Blogger. Je suis un bloguiste, oui. Mais pas un bloguiste sérieux. J'écris pour moi-même, vous, eux, qui que ce soit partout sur la planète ouèbe.
Déjà quatre paragraphes que je parle de moi et si peu de littérature...
Laissons là mes élucubrations.
Je vous invite à lire La légende de Poémou 34, un texte qui n'a rien de sérieux et qui ne vous coûtera rien.
***
La légende de Poémou 34 (c'est le titre)
Poémou 34 est un gars toujours très ponctuel qui porte un chapeau quand il pleut. Comme il ne pleuvait pas ce jour-là, il ne portait pas de chapeau. Ce qui fait que l'on pouvait voir qu'il mesurait cinq pieds sept pouces avec plus de précision.
On le surnommait Poémou 34 parce qu'il s'appelait Poë-Moo Thranr-Kat. Il était d'origine pas mal inconnue. Certains disaient qu'il était de la Polynésie. Peut-être. Mais on ne le lui avait jamais vraiment demandé. Et s'il était Allemand, hein? Ça se voit des Allemands qui mesurent cinq pieds sept pouces.
Il demeure que Poémou 34 c'est plus facile à retenir que Poë-Moo Thranr-Kat, en tout respect envers son patronyme ou matronyme.
Lui-même, Poë-Moo, ça lui dérange pas qu'on l'appelle Poémou 34. Bien que personne à notre connaissance ne l'ait jamais appelé ainsi.
Il ne joue pas de hukulélé. Ni d'aucun instrument de musique en particulier.
Plus souvent qu'autrement, il baye aux corneilles. Il entre dans la place et ouaaaaaille fait-il avec sa bouche. Ouaaaaaille étant l'onomatopée la plus près du bayage aux corneilles.
On ne sait pas trop ce qu'il fait dans la vie, Poémou 34.
Il marche matin et soir sur le même trajet mais personne n'a vu où il atterrissait pour son hypothétique travail. On sait par contre qu'il demeure devant le dépanneur Moisi. C'est ici qu'il vient s'acheter de la bière, des chips et des bonbons.
On l'entend souvent dire la même chose au dépanneur.
-Je vais prendre aussi un Lotomaxxe...
Et bien entendu qu'on lui donne son billet de Lotomaxxe.
-Ok bye! qu'il répond, Poémou, quand on lui remet son change.
On n'en sait pas plus à son sujet au dépanneur.
Le matin, en buvant notre café et en remplissant nos frigidaires on ne sait pas toujours quoi faire.
C'est là que l'on se parle de nos clients.
Et Poémou 34, c'est certain, qu'il ne ressort pas spécialement du lot.
Même qu'on aurait pu vous parler de quelqu'un d'autre et que ça aurait été plus intéressant.
Un écrivain sérieux vous parlerait des crimes contre l'humanité commis par le régime syrien envers son propre peuple. Cependant, je ne suis pas un écrivain sérieux. Bien sûr que je ne suis pas indifférent à l'innommable boucherie de la Syrie. Mais je ne crois pas que mes bribes d'information soient suffisantes. Je signe des pétitions. Je dénonce au plus bas dénominateur commun. Mais je ne suis pas sérieux, ça non.
Suis-je seulement un écrivain? Si je l'étais, ça se saurait. Je ne suis qu'un gus qui pianote sur son clavier et appuie sur la touche «publier» sur Blogger. Je suis un bloguiste, oui. Mais pas un bloguiste sérieux. J'écris pour moi-même, vous, eux, qui que ce soit partout sur la planète ouèbe.
Déjà quatre paragraphes que je parle de moi et si peu de littérature...
Laissons là mes élucubrations.
Je vous invite à lire La légende de Poémou 34, un texte qui n'a rien de sérieux et qui ne vous coûtera rien.
***
La légende de Poémou 34 (c'est le titre)
Poémou 34 est un gars toujours très ponctuel qui porte un chapeau quand il pleut. Comme il ne pleuvait pas ce jour-là, il ne portait pas de chapeau. Ce qui fait que l'on pouvait voir qu'il mesurait cinq pieds sept pouces avec plus de précision.
On le surnommait Poémou 34 parce qu'il s'appelait Poë-Moo Thranr-Kat. Il était d'origine pas mal inconnue. Certains disaient qu'il était de la Polynésie. Peut-être. Mais on ne le lui avait jamais vraiment demandé. Et s'il était Allemand, hein? Ça se voit des Allemands qui mesurent cinq pieds sept pouces.
Il demeure que Poémou 34 c'est plus facile à retenir que Poë-Moo Thranr-Kat, en tout respect envers son patronyme ou matronyme.
Lui-même, Poë-Moo, ça lui dérange pas qu'on l'appelle Poémou 34. Bien que personne à notre connaissance ne l'ait jamais appelé ainsi.
Il ne joue pas de hukulélé. Ni d'aucun instrument de musique en particulier.
Plus souvent qu'autrement, il baye aux corneilles. Il entre dans la place et ouaaaaaille fait-il avec sa bouche. Ouaaaaaille étant l'onomatopée la plus près du bayage aux corneilles.
On ne sait pas trop ce qu'il fait dans la vie, Poémou 34.
Il marche matin et soir sur le même trajet mais personne n'a vu où il atterrissait pour son hypothétique travail. On sait par contre qu'il demeure devant le dépanneur Moisi. C'est ici qu'il vient s'acheter de la bière, des chips et des bonbons.
On l'entend souvent dire la même chose au dépanneur.
-Je vais prendre aussi un Lotomaxxe...
Et bien entendu qu'on lui donne son billet de Lotomaxxe.
-Ok bye! qu'il répond, Poémou, quand on lui remet son change.
On n'en sait pas plus à son sujet au dépanneur.
Le matin, en buvant notre café et en remplissant nos frigidaires on ne sait pas toujours quoi faire.
C'est là que l'on se parle de nos clients.
Et Poémou 34, c'est certain, qu'il ne ressort pas spécialement du lot.
Même qu'on aurait pu vous parler de quelqu'un d'autre et que ça aurait été plus intéressant.
mardi 2 octobre 2012
On veut travailler!
Cela se passait il y a une quinzaine d'années. Probablement en octobre puisque je portais un manteau de pluie. Je déambulais sur la rue Laviolette à Trois-Rivières. C'était un début de semaine. Peut-être un lundi ou un mardi matin. Oui, cela se passait le matin et, bien sûr, il pleuvait. Et j'avais un peu froid, brrrr...
Ce n'était pas une grosse pluie. Pas du genre de pluie qui fait ressortir tout le félin par trop douillet qui est en vous. C'était une pluie fine, oui. Du genre de pluie qui ne me donnait pas envie de porter un parapluie. Même s'il pleuvait des cordes, je n'en voudrais pas, de parapluie... Je suis trop large d'épaules. Cela me prendrait un parasol. Et encore.
Évidemment, je n'avais pas l'envie de parler de moi ce matin-là. Je ne savais pas ouate de phoque ce que je faisais. Peut-être que je m'en allais quelque part, oui, sans doute.
J'étais à la hauteur de la cordonnerie et il mouillassait.
Et comme je marchais en direction de la rue St-Maurice, voilà que surgit une foule de trois cents personnes. Ils prenaient toute la rue, portaient des pancartes et scandaient ce slogan:
-On veut travailler! On veut travailler!
C'était les employés de l'ancienne shop Wabasso, devenue Domtex et je ne sais plus trop quelle marque de commerce à la fermeture.
Quoi qu'il en soit les actionnaires de leur shop nous avaient floués, nous, vous et eux-mêmes. Ils avaient mis la clé dans la porte et étaient partis avec les subventions publiques. Sans oublier d'ajouter dans leur cagnotte l'investissement personnel des employés, quelques milliers de dollars chacun et chacune, énième mesure pour sauver la shop et leur job...
-On veut travailler! On veut travailler!
Il pleuvait ce matin-là. Oui.
Je me souviens d'avoir croisé Donald, un ami d'enfance. C'est lui qui m'avait expliqué les crosses de sa crisse de shop sale et sans-coeur.
Il y avait quelques enfants parmi les manifestants. Dont une jeune fille rousse qui avait l'air plus en tabarnak que les autres. Et un petit roux aussi, probablement son frère, qui faisait valser sa pancarte comme s'il s'agissait d'un sabre.
Peu de sourires de matin-là, oui.
Il n'y avait d'attention que pour ce slogan.
-On veut travailler!
La foule passait parmi les rues désertes.
Aucune auto.
En fait, je pense bien qu'il n'y avait que moi sur le trottoir ce matin-là, sous la pluie, oui.
Ce n'était pas une grosse pluie. Pas du genre de pluie qui fait ressortir tout le félin par trop douillet qui est en vous. C'était une pluie fine, oui. Du genre de pluie qui ne me donnait pas envie de porter un parapluie. Même s'il pleuvait des cordes, je n'en voudrais pas, de parapluie... Je suis trop large d'épaules. Cela me prendrait un parasol. Et encore.
Évidemment, je n'avais pas l'envie de parler de moi ce matin-là. Je ne savais pas ouate de phoque ce que je faisais. Peut-être que je m'en allais quelque part, oui, sans doute.
J'étais à la hauteur de la cordonnerie et il mouillassait.
Et comme je marchais en direction de la rue St-Maurice, voilà que surgit une foule de trois cents personnes. Ils prenaient toute la rue, portaient des pancartes et scandaient ce slogan:
-On veut travailler! On veut travailler!
C'était les employés de l'ancienne shop Wabasso, devenue Domtex et je ne sais plus trop quelle marque de commerce à la fermeture.
Quoi qu'il en soit les actionnaires de leur shop nous avaient floués, nous, vous et eux-mêmes. Ils avaient mis la clé dans la porte et étaient partis avec les subventions publiques. Sans oublier d'ajouter dans leur cagnotte l'investissement personnel des employés, quelques milliers de dollars chacun et chacune, énième mesure pour sauver la shop et leur job...
-On veut travailler! On veut travailler!
Il pleuvait ce matin-là. Oui.
Je me souviens d'avoir croisé Donald, un ami d'enfance. C'est lui qui m'avait expliqué les crosses de sa crisse de shop sale et sans-coeur.
Il y avait quelques enfants parmi les manifestants. Dont une jeune fille rousse qui avait l'air plus en tabarnak que les autres. Et un petit roux aussi, probablement son frère, qui faisait valser sa pancarte comme s'il s'agissait d'un sabre.
Peu de sourires de matin-là, oui.
Il n'y avait d'attention que pour ce slogan.
-On veut travailler!
La foule passait parmi les rues désertes.
Aucune auto.
En fait, je pense bien qu'il n'y avait que moi sur le trottoir ce matin-là, sous la pluie, oui.
lundi 1 octobre 2012
Pour en finir avec Gentilly 2 et le maire de Trois-Rivières
Le Parti Québécois (PQ) a annoncé la fermeture de l'unique centrale nucléaire du Québec, Gentilly 2. Cette cochonnerie est située à une vingtaine de kilomètres de Trois-Rivières.
C'est une sage décision. En fait, le PQ a pris pas mal de sages décisions comme coup d'envoi.
Je puis comprendre que les employés de la centrale soient contrariés et qu'ils manifestent pour sauver leurs paiements. Je pense qu'on peut leur offrir mieux tout en demeurant en santé. Investir dans le nucléaire de seconde main, c'est une aventure trop risquée pour tout le monde.
***
On n'a pas vu le maire Lévesque manifester pour les employés de Fruit of the Loom ou bien pour Aléris, voire pour quelque cause ayant trait à la justice sociale. Ses shows de boucane, il les fait quand c'est le temps de l'année où s'organise le grand Potirothon de Gentilly, un évènement qui offre un prix quelconque au propriétaire de la plus grosse citrouille de la région.
Le majoret de Trois-Rivières se pointe pour sauver le nucléaire, rien de moins.
En bas de ça, le majoret se battrait aussi pour que l'on puisse traiter les eaux usées du gaz de schiste dans notre réseau public d'aqueduc.
Et il accepterait volontiers qu'il n'y ait jamais de référendum pour quelque raison que ce soit.
Il défendrait n'importe quoi qui soulève l'ire et l'indignation de tout citoyen digne de ce nom. C'est un style parmi tant d'autres qui se pratique un tant soit peu dans l'arrière-cour municipale, où le taux de participation frôle celui d'une élection pour la commission scolaire.
La centrale Gentilly 2 va fermer et c'est tant mieux.
Les démagogues peuvent aller se rhabiller.
Le majoret de Trois-Rivières va se faire montrer la porte de sortie aux élections municipales de 2013. Il y a des limites pour un Trifluvien ou une Trifluvienne à supporter la honte.
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