samedi 3 décembre 2016

C'est comme ça, oui...

Il était une fois quelqu'un qui n'était ni petit, ni gros et ni moyen. C'était quelqu'un d'énorme qui n'aimait ni le chou ni les vols-au-vent au poulet.

On lui connaissait pas d'amis parce qu'il n'avait jamais le temps pour ça.

Il n'était pas vraiment chauve même s'il avait peu de cheveux.

Il portait souvent le même pantalon ainsi que la même chemise. Pour la simple et bonne raison qu'il avait acheté plusieurs items du même modèle. Ça ne le dérangeait pas de ne pas être à la mode. Pourvu qu'il ne soit pas tout nu et tout était tiguidou.

On disait qu'il buvait beaucoup. Surtout de l'eau. Il pouvait boire jusqu'à six litres par jour si ce n'était pas plus.

Or, c'était la veille de Noël.

Il marchait seul sur les trottoirs, comme d'habitude, et n'avait pas l'esprit à la fête.

Les chansons et cantiques de Noël le laissaient froid.

Il pensait au charbon.

Il se demandait quelle était la quantité de charbon produite au pays chaque année.

Il se demandait aussi si l'ingestion de charbon pouvait vraiment guérir les cors aux pieds.

Il n'avait pas de cors aux pieds. Mais il avait entendu ça. Et ça lui titillait l'esprit pour rien. Comme s'il n'arrivait pas à chasser ça de sa mémoire.

Il songeait aussi à Mister Péteux. Pourquoi Mister Péteux? Il avait entendu ça aussi. C'était un gars qui vivait au-dessus de l'appartement de Raymonde Langevin. Il ne la connaissait pas plus mais il l'avait entendu dire que les cloisons de son logement étaient si mince qu'elle entendait son voisin péter. D'où son surnom de Mister Péteux.

À part de ça tout allait bien.

C'était une veille de Noël comme les autres.

Pas de quoi en faire un fromage.

Comme il n'était pas marié, il n'avait pas d'enfants.

Il ne faisait rien à Noël et rien au Jour de l'An.

Il vivait dans l'indifférence la plus totale. Autant de la sienne que de celle des autres.

Sa seule passion était de ne pas en avoir.

Il n'écoutait ni la télé ni la radio.

Il s'assoyait dans sa chaise berceuse, lorsqu'il revenait du boulot, et ne faisait jamais rien d'autre que de regarder les murs et les plafonds.

Il n'aimait pas lire.

Il n'aimait pas la musique.

Il n'aimait rien ni personne.

Et, le pire dans tout ça, c'est qu'il ne se saoulait jamais.

Personne ne sait son nom.

C'est à peine si son propriétaire le sait.

C'est comme ça.

Oui.




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