Nous sommes en quelque sorte prisonniers des conceptions du monde que nous pouvons nous faire. Si nous nous croyons en enfer, nous y sommes vraiment, même si les faits pouvaient corroborer le contraire pour tout être humain normalement constitué.
La conception du monde, selon l'historien moyen, rejoint celle de tous les chercheurs et intellectuels moyens de l'Occident. L'histoire humaine, à leurs yeux, repose essentiellement sur ceux qui exercent le pouvoir politique. Tous les autres, savants, artistes, bons diables et clowns, ne sont que des éléments de décor, qu'une part négligeable de l'Histoire avec un grand H.
L'Histoire est essentiellement constituée de biographies de Grands Hommes particulièrement violents, sanguinaires, cruels ou inhumains: César, Napoléon, Hitler, Staline, Mao...
On passe des années scolaires à nous enseigner les mille et un aspects d'une Histoire centrée sur l'histoire de la violence. Bien sûr, l'évolution vers la paix, le bonheur et la sérénité sont des phénomènes moins intéressants pour que l'on s'y intéresse. L'histoire de la médecine, à mon sens, est plus importante à enseigner aux enfants que l'histoire à la sauce Jules César... Nous avons besoin de médecins. Nous n'avons pas besoin de tueurs en série sanctifiés par telle ou telle idéologie stupide.
Le jazzman afro-américain Sun Ra disait «His Story (NDLR: History) is not my story»: son histoire, ce n'est pas la mienne. C'est une belle devise. L'histoire selon tel ou tel professeur, membre de tel ou tel parti politique, ce ne peut pas être mon histoire. C'est nécessairement la sienne et tout me porte à croire qu'il regarde cette histoire par le petit bout de la lorgnette.
Face à la vie humaine et à l'histoire en général, il me semble qu'il serait fort louable d'adopter le point de vue de Sirius, de se mettre dans la peau de Micromégas, cet extra-terrestre né de la plume de Voltaire, pour qui la terre n'est pas une planète si exceptionnelle. Pour Micromégas nos beaux esprits ne sont souvent que des ignorants vaniteux bourrés de préjugés et de superstitions.
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