mardi 24 novembre 2020

L'art plutôt que l'idolâtrie

Les Autochtones ne signaient pas leurs oeuvres. Totems et autres créations devenaient l'oeuvre de tout un chacun pour le bien de tous et toutes. Il n'y avait probablement pas ce culte de l'artiste et on ne lui aurait pas donné cent fois plus qu'aux autres qui se fendent le cul pour ramener de la nourriture. L'artiste aurait probablement été poussé à participer aux efforts de la communauté. On ne l'aurait certainement pas idolâtré. C'est du moins ce que j'en pense si je me fie à mes lectures et à mes conversations avec l'Île de la Tortue

L'empereur Néron se croyait un grand artiste. Il se croyait le plus grand poète de l'univers et s'organisait des concours de poésie qu'il remportait haut la main. On n'avait jamais entendu s'exprimer une âme aussi sensible selon les juges du concours. Comment aurait-il pu en être autrement? 

Dans notre civilisation gréco-romaine, on signe nos oeuvres. 

Il y avait des marques de garum à Rome. Le garum étant un genre de sauce aux poissons qu'affectionnaient particulièrement les Romains. On disait qu'il n'y avait rien de meilleur que le garum Marcellus. Il n'y avait pas plus grand poète qu'Ovide. Il n'y avait pas plus grand philosophe que Sénèque. Il n'y avait pas plus grand ceci ou cela qu'Untellus ou Untelautre. Tout était signé. Tout se rapportait à une personne. Sur l'Île de la Tortue, je veux dire ici (sic!), on n'en aurait pas fait tout un plat...

Nous sommes encore des Gréco-romains. Au fil des ans, j'y vois plus de mauvais que de bien. Cette culture est aussi responsable de nombreuses autres maladies qui nous affligent en tant que société. L'orgueil, le narcissisme, la volonté de s'imposer sur autrui, tout cela me pourrit la vie autant que la vôtre si je ne m'abuse. Ainsi que celle des colonies environnantes...

Je me dis parfois que l'on devrait aborder une oeuvre sans rien savoir de son auteur, comme lorsqu'on contemple un vieux totem ou bien un masque des Premières Nations. Ce n'est pas signé et c'est pourtant parfait.

Combien d'oeuvres d'art gagneraient à ce que leur auteur n'ait jamais été connu?

Mon oncle Antoine se regarde mieux si nous le visionnons pour la première fois sans savoir qui a fait ce film.

Il en va ainsi de plusieurs autres films, romans, poèmes. Ne pas savoir qui était la brute derrière une oeuvre fine et délicate, ça permet de mieux la savourer. Ça ne vous laisse pas un arrière-goût de caca dans la bouche.

Le temps fera sans doute son oeuvre de rédemption. J'ose croire que bien des biographies s'effaceront. Bien des noms disparaîtront. Peut-être somme toute que le meilleur sera sauvé.

Aux victimes de ces artistes qui se sont crus Néron, impunissables et au-dessus de tout, je ne peux que vous apporter mon soutien le plus total et le plus sincère qui soit.

Quant aux artistes infatués d'eux-mêmes et méchants envers autrui, je ne puis que leur souhaiter de sombrer au plus vite dans l'anonymat pour se guérir de leur ego crasseux et surdimensionné de petit fantassin gréco-romain.

Rien n'est au-dessus de l'humanité.

L'idolâtrie est une maladie grave qui affecte tout le monde.

Elle crée des situations psychologiques qui frôlent la démence.

Elle permet aux demi-divinités de faire ce qu'elles veulent.

Parce que c'est Néron.

Parce que c'est Marcellus.

Parce que c'est je m'en calice.







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