lundi 2 novembre 2020

De l'importance de mieux financer la tendresse...

Deux personnes ont été sauvagement assassinées à Québec au cours de la nuit de l'Halloween. Cinq blessés s'y ajoutent. Je ne commenterai pas les motivations du tueur. Ni celles des politiciens et autres chroniqueurs. Je n'écris pas pour de la crotte d'écoute. J'écris pour mieux comprendre ce que moi-même je ne comprends pas. J'ai besoin de cette catharsis pour réfléchir... 

Le tueur était sans aucun doute un fou furieux. Il faut, dès le départ, être un peu fou et surtout pas mal furieux pour en venir à rentrer un katana au travers du corps de purs inconnus. 

Cette violence n'est pas le propre des gens qui ont un problème de santé mentale. Elle est en quelque sorte systémique cette violence. On l'encense dans nos romans, nos films, nos sports, nos jeux vidéo, nos casernes militaires et j'en passe. On finance allégrement cette violence. On y trouvera mille raisons. Mais qu'en est-il de la tendresse?

On prétend que l'État a trop coupé dans la santé, dont la santé mentale en particulier.

Tout cela est bien vrai.

Mais la tendresse n'y sera pas plus financée à ce que l'on peut y voir.

Ce n'est pas en pratiquant des méthodes de gestion Toyota qu'on va faire place à la tendresse, tant dans nos soins de santé que dans la société en général.

-Financer la tendresse? Qu'est-cé qu'tu veux encore dire el' gros Guétan?

Vous savez bien que je dis encore n'importe quoi.

Qui peut financer la tendresse et surtout comment peut-on le faire?

Je nous le demande. Je n'en sais rien. C'est tout ce qui me vient à l'esprit.

Bien sûr que je rêve.

Vous préfèreriez que je me range à l'idée de vivre en plein cauchemar?

Nous vivons, me semble-t-il, en plein cauchemar...

Tout est à celui ou celle qui frappera le plus fort en se foutant des règles.


***


Dans Crime et châtiment, un roman de Dostoïevski, l'étudiant Raskolnikov se demande pourquoi des préjugés moraux devraient l'habiter suite au vol et au meurtre d'une vieille usurière. Napoléon Bonaparte n'a-t-il pas tué des millions de gens pour son triomphe personnel sans que personne n'y trouve quoi que ce soit à redire? Raskolnikov sera cependant pétri de remords suite au meurtre. Tandis que Napoléon n'en éprouvera jamais aucun... L'un aura des troubles mentaux et l'autre aura des statues... Tu ne tueras point sauf si tu veux devenir quelqu'un se disent tous les tueurs j'imagine. Je l'imagine parce que je ne suis pas un tueur. Je ne suis qu'un gros tendre qui lit des romans de Dostoïevski, ce type qui prétendait que la Beauté sauverait le monde.


***


Mieux financer la tendresse? Vous n'y pensez pas!

Il faut que la vie soit dure les uns envers les autres.

Il faut souffrir pour que les bourreaux puissent faire souffrir.

Il faut éliminer par tous les moyens toute forme de tendresse.

Évacuer d'abord la tendresse dans nos rapports amicaux. Se traiter d'hostie de niaiseux entre copains. Puis d'hostie de caves entre parents. Puis d'hostie de trous du cul entre voisins. Et finalement entre un peu tout le monde qui traîne entre deux ou trois frontières barbelées. La tendresse? Impossible d'en trouver nulle part. Il ne reste que de la rancoeur et du cynisme. Tout le monde se vomit et se chie dessus pour un kopek. 

Je dis n'importe quoi.

Je me fais vieux.

Financer la tendresse...

Pfff...

Quel imbécile je suis!


Aucun commentaire:

Publier un commentaire