Femme ou bien homme de mots
Tu te tiens tranquille et t'enfermes dans ton monde
Lorsque les mots servent les plus bas instincts
Tu n'es pas femme ou bien homme de mort
Tu ne cries pas «Vive la mort!»
Ni pour les fascistes
Ni pour les anarchistes
Ni pour personne
Les mots qui servent la mort ne sont jamais vrais
Ce sont mots de privilèges et mots d'assassins
Mots qui ne se soucient pas des maux d'autrui
Mots qui ne mènent qu'à de nouveaux massacres
Pour que tel auteur ou telle autrice ait raison
Quelque part
Dans le confort puant de son salon
Tu ne sers ni les mots ni les morts
Tu sers la Vie avec un V majuscule
Comme dans V pour Victoire
Ou V pour Vain
Qu'importe
Tu ne te branles pas avec les mots
Aux dépens des vivants et des morts
Tu sais le prix et la valeur de chaque mot
Et tu sais que les mots peuvent tuer
Ici comme ailleurs
Tu sais que les mots peuvent être faux
Alors, comme le poète Claude Gauvreau
Tu en viens à te reconstruire une langue
Une langue qui ne tue pas
Une langue qui sert la Beauté
L'Amour, la Liberté, l'Imagination
Que cette langue se turlute
Ou bien se chante en sifflant
C'est tout ce qui compte pour toi
Parce que tu es homme et femme de paroles
Tu n'es pas de ce genre d'hostie de trou du cul
Dont on ferait un chroniqueur
De Québecor
Gaétan Bouchard
Tous droits réservés
Trois-Rivières, 2020
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