vendredi 12 octobre 2018

Quand les vaches et les boeufs sortiront de l'enclos

Mon époque est déprimante.

J'y résiste tant bien que mal, avec cette arrogance que mon père m'a enseignée et qui se résume en cette seule parole: un homme ne meurt qu'une seule fois.

Vous allez me dire que c'est n'importe quoi, comme parole, mais pour moi ça résume tout.

Je ne crains pas la mort. Je l'ai vue de très près deux fois dans ma vie. Une fois en me noyant dans la Yukon River, noyade dont je suis miraculeusement sorti indemne. Puis une autre fois suite à un choc anaphylactique. Dans les deux cas, je me suis senti porté par un rêve tout en disjonctant avec mon corps. Si c'est ça la mort, ce n'est pas si effrayant.

La vie est bien plus terrible.

C'est elle qui demande du courage et de la résilience.

La mort ne demande rien.

La vie demande des comptes.

Elle ne va pas toujours dans le sens de la plus haute sagesse véhiculée parmi les humains.

Il faut marchander autant avec la cupidité qu'avec la stupidité des humains qui n'ont pas d'autres perspectives que l'argent.

Je crois, sans doute à tort, que la culture change le monde.

Mozart ne rime pas avec bombe atomique.

Ni Pussy Riots. Ni Plume Latraverse.

On cherche dans la politique des bons sentiments qui ne viennent jamais.

Parce que nous acceptons de vivre dans leur enclos.

Par absence de choix.

Par manque d'imagination.

Par mépris de la culture

On élève dix statues de politiciens pour une seule de poète.

Tant qu'à moi, je me fous des statues.

Mais je vois bien que ces tabarnaks de fonctionnaires polluent un peu trop nos paysages.

Même après leur mort.

Et je trouve ça bête à hurler.

Le summum de notre soumission à l'autorité: vouer un culte à un fonctionnaire de l'État!

Pouark!

Même pour un poète, je trouve ça un peu déplacé, une statue.

J'aime mieux les statues et châteaux de sable de Sainte-Luce-sur-Mer tant qu'à faire.

On ne se trompe jamais avec la beauté.

On se trompe souvent avec la politique.

D'autant plus que le but ultime de la politique est de nous tromper.

De nous gouverner.

De nous tenir dans l'enclos.

Aussi libres que des vaches qui regardent les trains passer.

Souhaitons que ces trains de marchandises ne soient pas convertis pour servir la déportation des êtres humains jugés indésirables par quelque autorité d'une autre époque.

Souhaitons que les vaches et les boeufs, pour une fois, se concertent pour aller voir de l'autre côté de la clôture électrique. Souhaitons qu'ils  vivent une seule journée de leur vie comme des bisons défiant le fermier et les prédateurs.

Une seule journée...

Une semaine...

Un mois...

Avant que de retourner dans l'enclos pour finir leur jour en pliant le col, comme d'habitude, parce que prout caca pouet pouet.

Une vie sans courage, tout compte fait, ça ne me tente pas.

Il y a encore bien des combats à mener dans ce monde tout croche.

Je me crache dans les mains tous les matins et je recommence.






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