La vie est complexe. Bien trop complexe pour tenir dans un bréviaire. Trop vaste pour être contenue dans un discours ou bien un sermon. Chaque fois qu'on explique sa vérité, il y a mille portes qui s'ouvrent pour nous rappeler qu'on a souvent tort. Cela ne veut pas dire qu'il faille rien dire ou rien faire. Ni qu'il faille dire ou faire quoi que ce soit. Il n'y a pas de metteurs en scène. Ni de texte. On doit s'improviser un rôle, une fonction, un personnage en corrélation avec les buts que l'on vise ou bien les résultats que l'on obtient.
Je refuse de croire que je suis le summum de l'évolution. Je me suis trompé plus souvent qu'à mon tour. Souvent parce que j'avais cette fichue manie d'intellectualiser ce qui ne demandait qu'un peu de coeur, de compassion et d'abnégation sincères. Le coeur ne s'est jamais trompé. Mon âme est toujours restée droite. Mais ma tête? Comme toutes les têtes elle aura joué à n'importe quoi. Jusqu'à ce que je comprenne que l'opinion des autres importait peu pour conduire ma vie.
Personne ne va vivre ma vie à ma place. D'ailleurs, je ne réclame aucun conseil. J'évite de me farcir l'esprit d'aphorismes et de proverbes guillerets. Je n'en éprouve aucun besoin. La seule sagesse que je reconnaisse est dans les arbres, les étoiles, le soleil, les fleurs, la musique. Tout le reste me fait l'effet de lire le Sélections du Reader's Digest. Comme s'il fallait tuer le temps dans la salle d'attente en se racontant des proverbes guillerets. On finit par avoir l'envie de vivre au grand air, loin des enculages de mouches. «La vie c'est...» La vie c'est tout ce que tu en fais et tout ce que tu n'aurais pas voulu en faire. Nous sommes ballottés par le vent comme du duvet. Voilà.
Je pourrais passer pour un anti-intellectuel pour ces affirmations. Ce n'est pourtant pas le cas. Je suis un grand lecteur. Je dévore des livres à la tonne. Mais je sais fort bien que la vraie vie ne tient pas toute entière dans mes ou dans leurs gribouillis.
Je ne rejette pas la littérature. Loin de là. Je rejette ceux que le poète René Daumal surnommaient les «fabricateurs de discours inutiles» dans La grande beuverie.
Je ne veux pas jouer ce jeu.
Je ne veux pas fabriquer des discours inutiles.
Je ne veux pas débattre sur le droit à l'avortement, les droits des homosexuels, la peine de mort, etc.
J'ai 50 ans. Je n'ai plus cette patience.
Ça ne vous rentre pas dans la tête? Allez, passez votre chemin. Votre temps est fini. Je ne veux même pas en parler. Seulement vous ignorer à jamais. Ouste! Votre coin est là le mien est là-bas.
J'aurais été incapable d'avoir une conversation raisonnable avec Monsieur Adolf Hitler et sûrement qu'il n'aurait pas manqué d'arguments pour dire au monde entier que je ne suis pas parlable...
C'est vrai que je ne suis pas parlable dans certaines circonstances.
C'est vrai aussi que la politique n'occupe pas la part la plus importante de ma vie en dépit de ma logorrhée qui touche à peu près tous les sujets.
Bref, je me pardonne tout.
Je ne me sens coupable de rien. Dieu a tout fait avant moi. Et moi j'ai fait comme j'ai pu parce que je ne suis pas Dieu.
Je suis vieux, pas tout à fait sage, mais vieux et incapable d'apprendre à faire de nouvelles grimaces.
Comme l'ours, je suis relativement calme quand je mange et qu'on ne vient pas me piquer avec un bout de branche.
Comme l'ours, je peux faire passer un mauvais quart d'heure à quiconque vient déranger ma quiétude.
Je crois, peut-être à tort, que je suis un gros gentil nounours.
D'aucuns me voient plutôt comme l'abominable homme des neiges.
Ils sont, fort heureusement, peu nombreux.
Pour la plupart du monde, je passe pour rien du tout parce que le monde en général a bien plus de temps à passer à se contempler le nombril. Et c'est tant mieux. Je n'occupe pas toutes les conversations. Et c'est encore mieux.
Je m'en vais où avec tout ça?
Je ne sais pas.
Je vous prie de croire que je m'exprime sans filtres, sans stratégie, à la bonne franquette.
Con ou pas, c'est tout ce que je pouvais dire et je l'aurai écrit une fois de plus, une fois de trop.
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