Moi-même en compagnie de l'artiste-peintre Marcel Dargis. Nous tenons une de ses toiles inspirées du roman de Félix-Antoine Savard, Menaud maître-draveur. |
Le printemps, voyez-vous, je l'ai eu devant mes yeux. Ces yeux qui sont encore habités par les couleurs et les propos de monsieur Marcel Dargis, maestro de l'art dit naïf mais qui pourrait tout aussi bien figuré dans des formes de symbolisme et de surréalisme quand on y regarde de plus près.
J'ai eu l'honneur de rencontrer Marcel Dargis. Un honneur que je dois à mes amis Jacques et Francine. Je suis une personne plutôt timide, l'air de rien. Et, avec un peu d'aide de mes amis, ce souhait s'est exaucé.
Je me sentais comme un joueur de hockey midget qui viendrait rencontrer Maurice Richard.
Marcel Dargis a illustré mieux que quiconque la vie du quartier de son enfance et c'est à travers cette narration visuelle qu'il a raconté des histoires universelles.
Ses toiles sont des diamants finement travaillés. Aucun photographe n'arriverait à autant de détails avec les meilleurs objectifs. Parce que la réalité est augmentée lorsqu'elle est sublimée. L'artiste-peintre peut faire jaillir mille événements là où il n'y en eut qu'un seul. Tout peut devenir épique sous ses pinceaux. C'est lui qui décide combien il y aura d'acteurs et de figurants, choisissant même les chiens, les chats et les petits oiseaux.
C'est ma blonde, Carole, qui m'a fait connaître Marcel Dargis. Elle m'avait dit d'aller voir une exposition à la Maison de la Culture autour de 2006. Je commençais à peine à peindre à l'époque, après avoir dessiné en noir et blanc pendant trois décennies. Je tombais dans les couleurs comme un enfant et sans autre guide que mon instinct pour apprendre. J'ai figé une bonne demie heure devant les toiles de Marcel Dargis, dont l'une qui représentait une fanfare dans un parc. La puissance d'évocation de ses toiles relevait presque de la magie. J'ai su dès lors, sans connaître toute sa biographie, que j'avais affaire à un géant.
Marcel Dargis et son épouse Lise sont des gens d'une extrême gentillesse. Il y a un peu de leur bonté dans les toiles de l'artiste. Cela transpire la paix et inspire le bonheur.
Né en 1928, il a passé toute son enfance dans la paroisse Saint-Lazare à Cap-de-la-Madeleine. Mon père et sa famille de dix-huit enfants vivaient à proximité, dans la paroisse Sainte-Famille. Lorsque je regarde les toiles de monsieur Dargis, eh bien c'est un peu comme si je revivais l'enfance de feu mon père à Cap-de-la-Madeleine. Mon père qui est né en 1933. Les Bouchard étaient de Sayabec. Ils ont quitté la Matapédia vers la fin des années '40 pour s'établir au Cap-de-la-Madeleine. Mon père y a vécu son adolescence, cet âge ingrat, et nous parlait peu de cette période de sa vie. C'est un peu comme si je la revivais grâce au talent de Marcel Dargis.
Une simplicité sans colère émane de l'artiste madelinois qui habite encore dans le secteur de Cap-de-la-Madeleine. Il marche encore droit comme un i à son âge vénérable et me montrait ses toiles avec la candeur d'un jeune homme. Dont cet épisode inspiré du roman de Félix Antoine-Savard, Menaud, maître-draveur.
Ses dernières oeuvres atteignent des hauteurs mystiques. Quelque chose qui rappelle parfois Jean-Paul Lemieux. Un seul personnage illustre la toile et occupe toute la place. C'est parfois un ange aux portes du paradis. C'est aussi un jeune autiste de son enfance qui tient une poule égorgée. Ou bien un autoportrait, le seul qu'il n'ait jamais fait de lui-même.
Je nous souhaite égoïstement une longue vie à Marcel Dargis qui n'a pas fini de nous éblouir. L'homme produit encore des chefs d'oeuvre dans son atelier de Cap-de-la-Madeleine.
Je pourrais vous parler encore des heures et des heures de cette rencontre. Et monsieur Dargis aussi. Il raconte tout aussi bien en paroles que par les pinceaux.
À la blague, mon ami Jacques a mentionné que j'étais venu chercher mon diplôme de l'Académie de peinture Marcel-Dargis. Il semble que j'aie obtenu une bonne note à l'examen. Cela me rassure pour la suite des choses. Je l'accueillerai bientôt dans mon atelier pour lui montrer humblement mes propres productions.
C'est le printemps. J'ai plein de couleurs dans les yeux et l'envie de peindre à en éclabousser les plafonds.
Merci Marcel Dargis !
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