mercredi 28 mars 2018

Étienne était compliqué et abusait de sophismes nuls à chier

Étienne sollicitait les mots les plus compliqués pour se conférer l'illusion d'une quelconque supériorité intellectuelle. Son lexique nul à chier était essentiellement composé de scories universitaires qui, à une autre époque, auraient été dénoncées par Rabelais. Il voyait la science, la subconscience et l'inconscience dans tout. Il était en mesure d'établir des normes, des faits, des arguments en quinze étages suivant scrupuleusement les nouveaux dadas du métalangage bureaucratique. Pour tout dire, Étienne croyait en la Raison et il avait tort.

C'est que la Raison lui faisait soutenir toutes sortes de niaiseries.

La Raison qui lui faisait dire que Dieu n'existe pas ajoutait aussitôt que ceux qui pensent le contraire ne méritent pas d'exister.

Il était difficile d'apprécier la conversation d'Étienne et encore plus son haleine fétide.

D'abord parce qu'il vous postillonnait dessus en y allant de billevesées sur Kant et autres Allemands tristes d'une autre époque.

Évidemment, vous ne pouviez être qu'un ignorant si vous n'aviez pas lu les mêmes bréviaires qu'Étienne avec lesquels il se sentait un peu comme le maître du jeu de Monopoly, comme s'il était le seul à avoir une copie des règlements officiels en main.

Étienne était compliqué.

Et il faisait ressentir à tout un chacun qu'ils étaient dans l'erreur puisqu'ils ne suivaient pas les bonnes méthodes de la Raison...

La Raison, la Science et toute cette bullshit...

Dans les faits, Étienne était un étron sur deux pattes.

Il ne vous serrait jamais la main et ne parlait jamais à quiconque en le regardant dans les yeux.

C'était un genre d'esprit amer comme il s'en fait trop dans nos facultés universitaires.

Il avait suffisamment payé pour ses études pour croire qu'il avait toujours raison.

Mal vous en prenait de remettre en cause ses conneries.

Voilà...

Étienne était un fabricateur de discours inutiles.

La formule n'est pas de moi.

Elle est de René Daumal.

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