jeudi 1 mars 2018

Dieu

L'anticléricalisme à tous crins aura longtemps été ma position philosophique. C'est un héritage des penseurs des Lumières. Voltaire et ses amis ont formé ma tête. J'ai donc épousé au XXe siècle une vision du monde tirée du XVIIIe et, pour tout dire, je crois m'être baisé le cul. J'aurais mieux fait de visiter tout de suite la vision du monde des Autochtones tirée du XIIIe siècle...

Je n'appartiens à aucun parti, aucune idéologie et, bien sûr, aucune religion.

En fait, je ne suis pas très grégaire.

Je ne suis pas misanthrope pour autant. Mais certainement solitaire. Et soucieux de préserver mon indépendance d'esprit qui est ma seule richesse. On ne sacrifie pas des années d'insoumission pour une job ou bien un billet de cent. Ce serait du pur gaspillage face à une vie de misères accumulées.

Il me serait facile de dire que je ne crois pas en Dieu.

Ma réponse est néanmoins plus complexe.

Je suis sans doute victime de nombreuses croyances que je crois être des faits objectifs.

Mais je ne ridiculiserai plus jamais ce besoin fondamental que la créature peut avoir de comprendre la signification de la création. 

Au lieu de voir les religions comme des nids de voleurs, de menteurs ou de pédophiles, je les vois comme des marques de civilité envers l'infini. Des manières de saluer des questions. Des manières qui ne sont évidemment pas les miennes. Mais qui valent bien mes manières. Ou mes danses. Ou mes chansons. 

***

C'est peut-être là le hic avec l'islamophobie.

Beaucoup sont passés comme moi par une phase d'anticléricalisme exacerbé essentiellement tourné contre la religion catholique.

Or, les églises sont en ruines, se vendent pour une bouchée de pain ou se transforment en bazars du cendrier usagé. Difficile de s'en prendre à des ruines.

Il reste donc plein de nouvelles religions à attaquer. Dont l'Islam.

Et c'est là que je décroche.

Je n'ai pas plus l'envie de mener des pogromes contre les Juifs que j'en ai de mener des razzias contre les Musulmans.

***

Je me souviens d'avoir pensé, dans ma phase anticléricale, que la religion n'est pas une race. Puisqu'elle n'est pas une race, il n'y a rien de racistes à traiter les prosélytes de crétins arriérés.

Puis je me suis rappelé les Juifs.

Le judéobolchevisme des années '40 est devenu l'islamogauchisme.

La critique du cosmopolitisme entrecoupe celle du multiculturalisme.

Bref, c'est du racisme.

Et je refuse de planter jour après jour la même religion sous le faux-prétexte qu'elle menace nos droits et libertés.

Ce qui menace nos droits et libertés ce sont justement ces discours irresponsables qui appellent aux violences entre les groupes. 

***

Je ne suis pas croyant, peu s'en faut, mais je ne suis plus partisan de l'intolérance envers le phénomène religieux.

Je n'ai plus ce sourire en coin devant la spiritualité.

Parce que j'ai vu pire que la spiritualité. J'ai vu à quoi pouvait nous mener un monde froid, autoritaire et tissé de statistiques.

L'artiste en moi est indissociable d'une quête perpétuelle de spiritualité.

Je refuse les réponses complètes sur quelque chose qui n'a ni début ni fin. Quelque chose qui est hors du temps et de l'espace en plus d'incarner l'espace-temps. C'est tellement complexe comme question que toute tentative de réponse a quelque chose de ridicule.

Je ne sais pas qui ou quoi est Dieu.

Ça pourrait être la brise dans ma barbe.

Ou l'eau froide qui coule du robinet.

Je n'en sais rien.

Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien.

Et ce n'est pas seulement Socrate qui nous a dit ça.

Mais bien d'autres avant et après lui puisque de toute évidence nous devons chercher encore et encore.





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