J'ai croisé quelques trous du cul ce matin au cours de ma promenade.
Il n'y a rien d'étonnant à cela.
J'habite au centre-ville. La proximité des bars et le faible coût des logements environnants en font un environnement privilégié pour la pauvreté.
J'ai connu la pauvreté digne. La pauvreté qui ne volerait pas un sou à qui que ce soit. La pauvreté qui travaille fort et n'arrive pas à se sortir de la misère pour autant. La pauvreté qui ne ferait pas de mal à une mouche.
J'ai aussi connu l'autre pauvreté. Celle qui sombre dans l'indignité, le vol et la violence. Celle dont je ne me sens aucunement solidaire.
Pauvreté n'est pas vice. Mais quand le vice s'en mêle, ce n'est pas chic.
En moins d'une demie heure, j'ai affronté trois imbéciles sur la rue.
Un qui roulait en sens inverse sur le trottoir et qui m'a dit de s'enlever de son chemin après qu'il soit passé. S'il me l'avait dit avant de me dépasser, j'aurais probablement brandi mes poings.
-C'est pas parce que tu viens juste de sortir de prison qu'tu dois faire chier tout l'monde hostie d'trou d'cul! que je lui ai dit. R'tourne au zoo hostie d'singe! ai-je ajouté.
Puis j'ai croisé un autre hurluberlu tout aussi menaçant qui fonçait vers moi. Il portait des lunettes fumées et avait rabattu un capuchon sur sa tête. Il était visiblement sous l'effet d'une drogue.
-Waa-aaa-rr-gue-aaa-aaa! qu'il gueulait sans savoir s'il s'adressait à moi ou à Dieu.
Dans le doute, je me suis préparé à le snapper lui aussi sur le bord d'une oreille. On n'est jamais trop prudent avec les zombies.
Il a heureusement poursuivi son chemin en gueulant après m'avoir un tant soit peu évité.
Un peu plus loin, j'ai vu deux feuilles d'érable en suspension. Elle semblait vraiment flotter dans l'air, figées dans le vide. Un phénomène étrange qui s'expliquait par le fait qu'elles étaient rattachés à une fine toile d'araignée pratiquement invisible.
-Faut que j'prenne ça en photo! me suis-je dit.
J'ai sorti mon Iphone de son étui et j'ai composé mon mot de passe pour le déverrouiller. L'écran a gelé pour une raison qui m'échappe. Pas moyen d'avoir accès aux accessoires de mon Iphone! Les deux feuilles en suspension et l'écran gelé, c'était vraiment comme si le temps s'était arrêté. C'était à n'y plus rien comprendre. J'ai gossé avec mon Iphone pour finalement l'éteindre et le redémarrer. Puis j'ai abandonné l'idée de prendre ces deux feuilles en photo.
Comme je réfléchissais à ces feuilles, voilà qu'un sale con passe tout près de me botter les jambes au volant de sa voiture sport. Il ne devait pas être nécessairement pauvre mais c'était certainement un trou du cul. Il faisait du 180 kilomètres à l'heure sur une route où la limite est de 70. Il s'en foutait de risquer de me tuer et encore plus de perturber le calme du matin avec les expectorations de son bolide qui ne semblait pas muni d'un silencieux.
L'imbécile a terminé sa course à la papetière Kruger. C'est probablement là qu'il travaille, le triple abruti. Je souhaite franchement qu'il fasse une sortie de route et qu'il se tue. Tout ce qui vit et respire sera débarrassé d'un sale con.
Suite à tout cela, il a bien fallu que je décompresse.
Ce n'était pas facile.
J'ai écouté une vieille cassette intitulée the most relaxing Classical album in the world...ever! On y trouve un adagio d'Albinoni, un menuet de Boccherini, le concerto pour piano numéro 5 de Bach, Barcarolle de Hoffmann, une sérénade de Dvorak, une nocturne de Borodine...
C'était comme si le temps suspendait sa course.
Comme si les feuilles mortes demeuraient en suspension dans l'air.
Cela m'a fait oublier les pressions du jour, les trous du cul et les imbéciles.
T ' en fais pas pour les cons - ils font toujours mal - sinon ils.elles seraient seulement " presque con.ne.s " - mais non , ils.elles sont juste complètement cons.connes - et méchants.tes - ( ils.elles m ' ont assez fait chier moi aussi ! ) -
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