Les gens qui ne manifestent jamais ont bien raison de se montrer durs envers ceux qui font signer des pétitions, prennent la rue et portent des pancartes. S'ils ne le faisaient pas leur estime de soi en serait fortement diminuée. Ils finiraient par croire qu'ils sont des lâches ou, pire encore, des larbins. Bref, c'est de bonne guerre pour ceux qui ne font que cracher sur ceux qui ont le courage de monter sur les barricades.
Évidemment, le maire de Trouville n'aime pas les chialeux. Il ne chiale jamais, lui. Il commande. Peut-on imaginer un rôle plus difficile et plus noble que celui de donner des ordres? Le maire de Trouville ne chiale jamais, non, mais il hurle pour qu'on lui obéisse au doigt et à l'oeil comme tous les peureux et autres alcooliques qui s'ignorent.
Un certain Socrate disait qu'on ne devrait jamais accorder le pouvoir à ceux qui le réclament. C'est pourtant ce que l'on fait tous les jours à Trouville et ailleurs. En attendant que ça change, il nous reste les pétitions, la rue et les pancartes.
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Je ne suis pas meilleur qu'un autre et, franchement, je n'aime pas manifester.
Je voudrais vous dire que j'exulte à l'idée de porter une pancarte, de prendre la rue et de promouvoir telle ou telle cause. Ce n'est pas le cas. J'y vais toujours de reculons, mais j'y vais. Il m'arrive même d'avoir la bêtise d'organiser la manif, de rédiger la pétition et de faire des pieds et des mains pour qu'on la signe.
En pareils cas, je me sens toujours un peu comme le Christ au Jardin des Oliviers.
-Bonyeu! Éloigne de moi ce calice!
Mais le calice ne s'éloigne pas pour autant et je bois ma coupe jusqu'à la lie, stoïquement, en me disant que moi aussi je pourrais demeurer à la maison pour oublier les injustices, l'inhumanité et la barbarie de notre monde. Je pourrais regarder la télévision, jouer à un jeu vidéo ou me dégraisser le salami. Je pourrais ne rien faire, comme tout le monde, et me contenter de chialer devant le bulletin télévisé comme la moyenne des ours.
Pourtant, quelque chose me pousse vers l'action directe.
Quelque chose d'indicible qui me permet de me regarder dans le miroir avec le sentiment d'un quelconque devoir accompli.
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Je participerai à une énième manifestation dimanche prochain. Elle émerge d'un mouvement civique initié sur les médias sociaux. Des gens plus ou moins anonymes se réuniront à Montréal, Québec, Granby, Sherbrooke et Trois-Rivières, entre autres, pour s'opposer au gouvernement libéral du Québec. Ce ne sera pas une manif contre l'austérité, une manif pour ceci ou contre cela, non. Ce sera l'expression d'un ras-le-bol qui s'intitule déjà "Dehors Couillard!" lorsque l'on sait lire entre les lignes. C'est clair, net et précis. Cela se passe de commentaires. C'est viscéral comme le sentiment de se faire fourrer par les banquiers capitalistes et leurs valets parlementaires.
Je ne vous dirai pas de participer à cette manif.
Je ne vous dirai pas que nous serons dix, cent ou bien un million pour cette manif.
Les chiffres m'importent peu. Nous ne serions que trois que j'y serais. Tout simplement parce que je n'en peux plus d'assister passivement au saccage de mon pays par une bande de crapules à la solde d'organisations mafieuses.
Qu'est-ce qui m'attend à cette manif? Je ne le sais pas. Cela se passe entre moi et ma conscience sociale.
La manif à laquelle je participerai débute à 14h00, dimanche le 20 mars prochain, devant le Palais de Justice de Trois-Rivières situé au 850 de la rue Laviolette, tout près de la rue Hart.
Je vous ferai bien sûr un compte-rendu détaillé de cette manifestation, avec photos et peut-être petites vidéos.
Je n'oblige personne à s'y rendre.
J'y serais seul que j'y serais.
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