mercredi 9 mars 2016

La grosse Céline qui ne voulait pas se faire fourrer dans le back store

La grosse Céline partait de bonne heure à tous les matins pour accomplir sa journée de travail.

Elle travaillait dur pour payer son loyer, la nourriture, les soins médicaux et l'éducation de ses trois enfants.

Elle s'occupait seule de ses marmots. Elle s'était séparée de son chum il y a trois ans. C'était un pauvre mec qui lui en faisait voir de toutes les couleurs. Elle avait fini par conclure qu'il valait mieux le quitter, tant pour elle-même que pour la sécurité de ses enfants.

Elle avait perdu son emploi à l'usine dans la même période et s'était retrouvée sur le chômage puis sur l'aide sociale. Au bout de neuf mois d'aide sociale, elle avait fini par décrocher un emploi dans un restaurant tenu par un satyre qui ne cessait jamais de lui faire des allusions sexuelles déplacées, que Céline soit seule ou devant ses clients.

-La grosse Céline, disait cet avorton barbu, est disponible pour une partie de jambes en l'air dans l'back-store si vous voulez... All' a pas d'chum! Paraît qu'est cochonne... Ha! Ha! Ha!

-Comme ça on pourrait la fourrer en gang? riaient les gars de la construction qui venaient déjeuner à ce resto à tous les matins.

Céline ne disait rien. Elle tenait trop à conserver son emploi. Elle se contentait de revirer les talons pour aller chercher les commandes au cuisinier qui lui demandait lui aussi si elle était cochonne...

-C'est-tu vrai que t'es cochonne Céline? C'est-tu vrai qu'on peut t'fourrer dans l'back-store? Ha! Ha! Ha! J'en ai une grosse tu mouillerais en tabarnak!!! Arf! Arf!

Comme elle ne répliquait pas, ces sales porcs avaient conclu qu'ils pouvaient se laisser aller à leurs plus bas instincts. Comme ce n'était qu'en paroles, il ne risquait pas de se faire embêter par la loi. Du moins, pour le moment.

Et cela se répétait jour après jour, tout le temps.

Quelques clients tentaient parfois de leur dire d'arrêter ça.

-Laissez-la don' tranquille Céline! C'est une bonne fille qui travaille dur! Vous pouvez pas la traiter d'même! avait osé déclarer un jeune étudiant qui passait par là de temps en temps.

-Es-tu fif toé tabarnak? Es-tu jaloux passe qu't'es pas capable de fourrer? La grosse Céline all' aime ça dans l'cul! Arf! Arf! Arf!

L'étudiant s'était tu, évidemment, de peur de manger un coup de poing dans la figure de la part de ces rustres mal torchés.

La grosse Céline, en remettant la facture à l'étudiant, lui avait dit de ne pas s'occuper d'eux.

-C'est pas tout l'monde qui a d'la classe comme toi... Ej' ferme ma gueule parce que j'ai besoin d'argent... Autrement j'te les enverrais tous chier...

-Heille Céline! hurla le patron. Lâche le jeune pis viens m'tenir la queue aux toilettes faut qu'j'aille pisser! Arf! Arf! Arf! Fais confiance aux hommes d'expérience! Les jeunes ça fait ouf pis ça t'vient tu' suite dans ta grosse plote! Arf! Arf! Arf! Les vieux ça prend leu' temps pour faire jouir une grosse cochonne qui en r'demande! Arf! Arf! Arf!

C'est là, il fallait s'y attendre, que Céline péta les plombs.

Elle balança tout le contenu bouillant d'une cafetière au visage de l'abruti qui se mit à crier comme un singe.

-Aguyoye! Aguyoye! 

Elle prit ensuite un couteau et le colla contre ses couilles

-Veux-tu que j't'les coupe mon hostie d'sale? J'va's m'en faire des boucles d'oreilles christ de plein d'marde!!!

Les gars de la construction étaient tellement stupéfaits qu'ils n'osèrent même pas émettre un son et encore moins bouger de crainte que la grosse Céline ne les pique au vif eux aussi.

Elle démissionna, évidemment, mais l'étudiant vint témoigner à la Commission des normes du travail pour ce cas patent de harcèlement sexuel qui lui avait fait péter les plombs.

La juge condamna le restaurant à une forte amende en plus d'exiger au propriétaire un montant substantiel pour Céline.

Je voudrais vous dire que tout va mieux pour Céline, mais ce n'est pas vraiment le cas. Elle a bien sûr obtenu un montant important suite à cette affaire, mais l'argent s'est vite épuisé. Elle est passée de la CSST à l'aide sociale, incapable de retourner travailler pour des employeurs qu'elle considérait comme étant tous des trous du cul, que ce soit à tort ou à raison.

Quant à l'étudiant, il est devenu avocat, puis procureur de la Couronne et on lui promet même une carrière de juge. Il déteste viscéralement les goujats et entend leur faire mordre la poussière autant que faire se peut.

2 commentaires:

  1. Merde!
    Ça me fait chier de lire ton texte ce matin.
    Sans doute parce qu'il est trop vrai
    Que j'en ai été témoin aussi à l'occasion.
    Parce que trop d'hommes et de femmes laissent passer le geste
    J'ai écrit mes minces excuses aux femmes hier
    Trop peu j'pense ben!
    Merci de l'avoir raconté comme un coup de poing

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  2. @Yorsibed2007a2010: Merci pour ton commentaire. Ça me fait chier que mon texte soit encore trop vrai...

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