C'est aujourd'hui la Journée nationale des Patriotes de ce côté-ci du Canada qui s'appelle le Québec. De l'autre côté, sauf erreur, c'est la fête de feue la Reine Victoria, en mémoire de son empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais. Les années sont passées. L'Inde, l'Australie, l'Afrique du Sud et le Canada sont devenus indépendants. Il ne reste de cet empire que des symboles anachroniques, comme la fête de la Reine Victoria que les Québécois autant que les Canadiens-Français n'ont jamais voulu fêter.
Je vous épargnerai les leçons d'histoire. Je serais bien capable d'en prodiguer. Mais, bête comme je le suis, cela ne ressemblerait pas aux versions officielles véhiculées par l'un ou l'autre camp pour soutenir telle ou telle vision de nos frontières, de nos foyers ou bien de nos droits.
Je vous dirai tout de suite que je suis en faveur de l'indépendance du Québec tout en demeurant profondément attaché au Canada, voire à l'Amérique toute entière, de la Terre de Baffin jusqu'à la Terre de Feu. Ce qui, en d'autres termes, pourrait s'appeler l'Île de la Tortue plutôt que de porter le prénom d'un vulgaire explorateur florentin dénommé Amerigo Vespucci. Ce qui représente une insulte permanente pour toutes les civilisations aborigènes de l'Île de la Tortue. Des millions d'individus ne faisaient pas le poids face à cet obscur florentin qui a vogué vers l'autre rive de l'Océan Atlantique pour planter une croix au nom de telle ou telle monarchie de crétins consanguins...
Bon. Je trahis déjà mon dessein de vous épargner les leçons d'histoire...
Enfin! J'ai baigné dedans depuis ma tendre enfance. Mon père, d'ascendance française et anisnabée (algonquine), provient d'une famille où il y avait deux curés, dont un missionnaire en Chine. Il a été passablement contaminé par l'histoire catholique canadienne-française, tant et si bien qu'il nous faisait accroire que nous étions seulement des Bouchard de la Normandie, restants de Vikings qui ont fait la conquête de l'Europe, dont l'Angleterre, grâce à Guillaume le Conquérant. Conquête qui a placé des Français sur le trône britannique. Ça explique pourquoi la devise de l'Angleterre est encore rédigée en français sur ses armoiries: Dieu et mon droit.
Mon père m'a passablement vanté Champlain, Frontenac, Lévis. De Lorimier, Papineau et Louis Riel. C'était un libéral de tendance René Lévesque. Il se tenait loin des Bleus, des conservateurs et de l'Union Nationale. Il n'a pas été péquiste longtemps. Il est revenu vers le Parti Libéral du Québec lorsque le Parti Québécois (PQ) à rallier l'ancien chef de l'Union Nationale, Rodrigue Biron, et lorsque ce même PQ a sorti des boules à mythes les statues de Maurice Duplessis que l'on trouve aujourd'hui devant l'Assemblée Nationale du Québec ainsi que dans la cour du Manoir Niverville aux Trois-Rivières.
Au référendum de 1980. mon père faisait partie des rares libéraux en faveur du Oui au projet de souveraineté-association du Parti Québécois. Il détestait Claude Ryan et sa manie de se croire la Main de Dieu. Il suivait le Oui parce que René Lévesque était tout de même un libéral...
Les années passèrent. Il y eut un autre référendum, en 1995, l'année où mon père est décédé. Il n'aimait pas particulièrement Lucien Bouchard, alias Lulu ou le Toupette, Lucien Bouchard avait le malheur d'être un Bleu. Mon père n'a pas eu la chance de voter puisqu'il est mort au mois d'août.
Néanmoins, j'ai voté Oui, tout en me disant bof. Lucien Bouchard qui brandissait Le Journal de Montréal comme une relique dans son message référendaire ne me semblait pas très digne. Traqué les traîtres et les vendus de 1982 cela me semblait ringard. J'ai voté Oui malgré Lucien Bouchard qui, incidemment, est aussi mon oncle... Je veux dire que l'un de mes oncles s'appelle Lucien Bouchard... Passons pour l'anecdote, hum...
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Je me suis dit que je ne vous parlerais pas d'histoire et je ne parle que de ça depuis le début de ce billet.
Je suis en faveur de l'indépendance du Québec, oui, mais je porte aussi dans mes gènes l'histoire des Anishnabés, des Innus, des Micmacs et autres aborigènes.
Je suis un Métis, fier de l'être, et conscient que ce pays s'appelle aussi Wabanaki, le pays où se lève le soleil,
Mon histoire est aussi celle de ces tribus spoliées par les conquérants européens qui vinrent imposer leurs lois et leur dictature.
Mon histoire est aussi celle d'un génocide.
Je suis en faveur d'une refondation du Québec, du Canada. des États-Unis, de Cuba, du Mexique, de Haïti, du Brésil, de l'Argentine, du Chili et j'en passe.
Cette refondation passe par une vraie confédération de tous les peuples et individus qui cohabitent pacifiquement sur l'Île de la Tortue.
Je soutiens l'indépendance du Québec dans l'espoir qu'un jour le fleuve Saint-Laurent s'appellera le fleuve Magtogoek.
Évidemment, je blague un peu, Cependant, je ne me vois pas brandir des fleurs de lys rappelant la monarchie française.
Le drapeau vert, blanc et rouge des Patriotes m'a toujours semblé plus digne, malgré toutes mes appréhensions face à l'histoire. C'est tout de même un drapeau républicain et révolutionnaire.
Le drapeau fleurdelisé est une création de Duplessis, de l'Ordre de Jacques-Cartier et autres sectes un tant soit peu fascisantes. Il ne me dit rien. Il me rappelle que l'Indien est de trop. Il sent Louis XVI, Louis XV et Louis XIV. Il sent le sang bleu. Il pue les Bleus et cette aristocratie que je conspue. Il est l'Ancien Monde alors que nous habitons le Nouveau Monde.
Le drapeau tricolore des Patriotes rappelle la liberté, l'indépendance et la déclaration universelle des droits de l'homme. Il rappelle Benjamin Franklin, Toussaint L'Ouverture, Simon Bolivar, Sitting Bull et Louis Riel.
Les Québécois et Québécoises qui se respectent ne fêteront pas la Reine Victoria aujourd'hui.
Ils fêteront les Patriotes de 1837-1838 qui ont combattu l'Empire britannique dans l'espoir d'acquérir l'indépendance de ce qui s'appelait encore à l'époque le Canada.
Vive la liberté!
Vive la république!
Vive le Québec libre-heu!
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