mercredi 4 novembre 2009

LES RÉVOLTÉS DU BOUNTY


Gueuler vaut mieux que de se taire.

Les personnes qui se taisent finissent toujours écrasées un jour ou l'autre.

Ce sont des réflexions idoines qui transformèrent radicalement Steve Fossette, un gars à sa place, rameur comme tous les autres rameurs de la galère sociale, qui n'en pouvait plus d'un quotidien dominé par des tas d'imbéciles stressants qui avaient un petit pois à la place du cerveau, illettrés fonctionnels et ignares pitoyables qui avaient fait en sorte qu'il n'y avait plus de bonne place nulle part pour tous les Ovide Plouffe du monde entier et pour tous les Steve Fossette aussi.

J'oubliais de dire de Steve Fossette qu'il était de taille moyenne et qu'il se rasait pourtant la barbe. Petits détails anatomiques nécessaires pour qu'un récit s'écrive selon les règles de l'art. Maintenant que je suis débarrassé de cette formalité, revenons au coeur du récit, ok?

Steve Fossette était journalier pour tel journal qu'il imprimait journellement.

Tous les jours, il se faisait dire des conneries en plus d'en lire.

Il ne disait jamais un mot plus haut que l'autre, Fossette, et se contentait de faire son boulot en écoutant les niaiseries de ses supérieurs, des egos démesurés dans de la cervelle de Jell-O.

Il les écoutait s'en prendre à l'un et l'autre pour des hosties de caprices de marde. Ils étaient tellement stressés, ces pauvres cloches, qu'ils ne s'excusaient jamais quand ils accusaient quelqu'un injustement, ce qu'ils faisaient régulièrement, juste pour casser du sucre sur le dos des travailleurs, ce qui est le passe-temps favori des personnages de peu d'envergure et autres mirlitons de la gérance ordinaire de tout camp de travail.

Et ils se croyaient, les caves, comme si leur position obtenue par des subterfuges plus que par le mérite nécessitait des explications superflues dont tout le monde se gaussait.

Mais là, c'en était assez.

Le gros Verdail l'avait fait sortir de son mutisme. Verdail s'était approché de lui alors qu'il travaillait sur la presse trois. Verdail, gros, gras et plutôt mauve, était un surdoué en matière d'imbécillité récurrente. Toutes ses paroles, tous ses actes étaient teintés d'incompétence. C'en était foudroyant. Tout le monde se disait, en murmurant, «comment ça s'fait qu'i' l'gardent encore c'te gros calice d'innocent?»

Il n'y avait pas de réponse à cela. Et tout le monde continuait de ramer dans la galère en se faisant houspiller par Verdail et consorts, petits despotes qui jouaient au golf pour se donner un look, qui n'avaient aucun sens de l'écoute et bégayaient en clignant des yeux lorsque d'aventure ils racontaient leurs mensonges préférés.

Et cette fois-là ce fût comme la coupe qui fait déborder la vase. Oui, de la vase. De la boue. De la marde...

Verdail avait reproché à Fossette ceci ou cela en menaçant de le crisser dehors. Fossette a lâché son poste à la presse trois et s'est mis à gueuler, lui qui ne gueulait jamais. Et ce fût comme un tremblement de terre, une victoire douce non seulement pour le coeur de l'Indien, mais aussi pour celui des travailleurs.

-Écoute moé ben mon hostie d'plein d'marde! rétorqua Fossette à son patron. Pis cligne pas des yeux quand j'te parle! On en a plein le cul de tes hosties d'accusations fondées sur rien, juste parce que t'as pas assez de couilles pour travailler pour vrai! Ton passe-temps favori, mépriser les autres, on s'en contretorche, comprends-tu? Tu l'veux l'tas d'marde? Ben mange-lé calice! Y'a toujours ben des hosties de limite à s'laisser dire n'importe quoi par un hostie de deux watts!

Tous les employés présents quittèrent leurs machines et applaudirent Fossette à tout rompre.

-M'en va porter plainte! brailla Verdail.

-Vas-y porter plainte hostie d'twit! ajoutèrent les autres. Y'a raison Fossette!

La foi déplace les montagnes.

La justice peut advenir de temps à autres sur terre comme sur mer.

Les révoltés du Bounty... Ouais, quel beau film!

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