lundi 24 octobre 2016

La proie qui se prenait pour un prédateur

Je me lève très tôt le matin pour ne pas gâcher ma journée. J'ai déjà été un oiseau de nuit. Ce n'est plus le cas. Je vis de jour et dors de nuit comme tout bon primate se doit de le faire.

Après avoir moulu des grains de café et avoir parti la cafetière, je m'assois dans mon fauteuil préféré. Puis j'ouvre mon portable et sélectionne une petite vidéo que j'envoie sur l'écran plat via Chromecast. Je suis fort sur les vidéos du genre pluie dans la forêt avec petits chants d'oiseaux comme arrière-fond sonore. Ce matin, pour varier un peu mes habitudes, j'ai visionné une vidéo qui se targuait de présenter les plus beaux paysages du monde sur une musique zen. Le premier café de la journée n'en était que meilleur.

La vidéo m'emmenait un peu partout, dans les déserts des États-Unis et vers les sommets du Pérou. Mon attention s'est portée sur ce que je croyais être des flamants blancs. Comme je ne suis pas le docteur Dolittle je puis me tromper. Disons, pour ne pas me fourvoyer, que j'ai vu des oiseaux.

Tout un chacun sait que les oiseaux avaient pour ancêtres les dinosaures. À moins que vous ne soyez de ce genre de tarés créationnistes qui ont un petit pois à la place du cerveau. Ça se trouve encore de nos jours. La science n'arrive pas dans tous les foyers et les cons se régénèrent. Ce qui pourrait, en théorie, nous faire douter de l'évolution.

En voyant ces oiseaux, je suis parti dans mes pensées comme ça m'arrive trop souvent au grand dam de ma blonde qui doit supporter mes arguties jusqu'à en avoir une migraine.

-Les oiseaux avaient pour ancêtres les dinosaures, que je lui ai dit d'un air plus ahuri que savant. Les dinosaures étaient énormes et ils sont disparus. Il n'est resté que de petits oiseaux... La nature est favorable à la vie miniaturisée...

Ayant dit cela, je me suis tu. Puis j'ai replongé dans mes pensées.

L'être humain avait pour ancêtre quelque chose qui devait ressembler à un petit rat, pour ne pas dire un écureuil.

Nos ancêtres devaient être des proies faciles pour les dinosaures, puis pour les gros mammifères.

D'où notre anxiété qui fait probablement partie des fondements de notre code génétique.

L'être humain est d'abord et avant tout une proie. Un animal pétri de peur qui ne sait pas voler de ses propres ailes et qui se cache soit dans les arbres, soit dans la merde.

Il est étrange que le petit rat soit devenu un petit singe.

Il est bizarre que ce petit singe se soit mis à manger de la viande pour grossir toujours plus et apporter à son cerveau son lot de glucides et de protéines qui ont fini par en faire ce gros singe nu malcommode que nous sommes. Un singe aussi gros qu'un petit gorille que même les gorilles évitent de crainte que leurs mains ne servent de cendriers pour de vils collectionneurs américains. Un singe avec la plus solide colonne vertébrale de la création qui lui permet de se tenir en position debout pendant des heures quand il va à la chasse aux petits Pokémons...

Ce gros singe nu ne se souvient plus d'avoir été une proie. Il s'affirme en tant que prédateur de toutes les espèces vivantes de la Terre et bientôt de l'univers entier si l'on ne fait rien pour l'arrêter. Si j'étais un extraterrestre je me méfierai de cet apprenti-sorcier qui joue avec des accélérateurs de particules pour provoquer des radiations artificielles et peut-être même créer des trous noirs.

Je pensais à tout ça en contemplant les flamants blancs ou bien ces drôles d'oiseaux qui doivent bien avoir un nom.

Puis ce fut l'heure de partir au boulot.

J'ai croisé quelques écureuils en cours de route. J'ai même vu des goélands et des canards.

Je ne les ai même pas salués.

J'ai fait comme s'ils n'existaient pas.

On est prédateur ou bien on ne l'est pas...

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