dimanche 30 mars 2008

LA POULE AUX OEUFS D'OR

«Il faut passer de la gestion des ressources humaines à la gestion humaine des ressources.» C'est le leitmotive de Jean-Pierre Brun, qui a fait ses classes à l'école du syndicaliste Michel Chartrand.


Jean-Pierre Brun est titulaire de la chaire en gestion de la santé et de la sécurité au travail dans les organisations de l'Université Laval. Il tient depuis peu une chronique dans lapresseaffaires.com.


Pour son doctorat en ergonomie, il a suivi un cours de six mois pour devenir ensuite monteur de ligne pour Hydro-Québec... Simone Weil a fait la même chose pour rédiger son livre, La condition ouvrière. Elle a travaillé dans une usine de production de pièces d'automobiles.


La thèse de Jean-Pierre Brun, obtenue d'une université parisienne, s'intitule L'analyse des phénomènes sociaux et psychologiques dans l'activité de travail des monteurs de lignes. On ne peut être plus au centre de son sujet.


Vous pouvez consulter cet article de Jacinthe Tremblay pour en savoir un peu plus sur lui.


De la gestion des ressources humaines à la gestion humaine des ressources


Commençons par cette fable de La Fontaine, rimeur d'Ésope.


LA POULE AUX OEUFS D'OR


L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
Je ne veux pour le témoigner
Que celui dont la Poule, à ce que dit la fable,
Pondait tous les jours un oeuf d'or.
Il crut que dans son corps elle avait un trésor.
Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable
A celles dont les oeufs ne lui rapportaient rien,
S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.
Belle leçon pour les gens chiches :
Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus
Qui du soir au matin sont pauvres devenus
Pour vouloir trop tôt être riches ?



Voilà le meilleur texte de management que je n'aie jamais lu.

Les trois machins-chouette ou la règle 982,4 alinéa b, qu'est-ce qu'on s'en fout. Du pipi de chat pour imbéciles incultes. Tous ces cours en gestion des ressources humaines, ces évaluations bidons et ces théories meilleur vendeur, c'est de la marde.

La poule pond un oeuf en or tous les matins, ciboire, et voilà qu'il faut aller jusqu'aux fonds de ses entrailles, jusqu'à ce qu'elle crève, pour n'avoir plus rien que l'air abruti du vaincu. Ça, c'est souvent une réalité. L'oeuf en or tous les matins est compromis pour une expérience à la con.

Dans le monde tel qu'il devient, plus personne ne veut se faire chier. Parlez aux jeunes, aux vieux, c'est clair que l'oeuf en or se pond encore, mais pas question de se laisser éventrer par des connards. C'est ce que l'on appelle la maîtrise de soi, la capacité d'assumer aujourd'hui et maintenant sa liberté dans toutes les sphères de la vie.

Pourquoi les Québécois ne veulent pas de l'indépendance? Parce qu'ils le sont déjà, indépendants, quelles que soient les frontières. Indépendants au sens le plus héroïque du terme. Capables de pondre un oeuf en or tous les jours sans se faire éventrer par qui que ce soit.

«Le voilà votre oeuf et crissez-nous patience!»

Je suis content que la science, par l'entremise des travaux du professeur Jean-Pierre Brun, rejoigne la noblesse de La Fontaine et d'Ésope...

Je vous laisse sur cet air connu chanté par une chorale anonyme émouvante. C'est de circonstance en ce dimanche.

Paix aux chevaux et aux humains.



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