vendredi 14 mars 2008

LA BONTÉ SAUVERA LE MONDE (DOSTOÏEVSKI REVU ET CORRIGÉ!)

Il y a des jours où je doute que la bonté soit une valeur intrinsèque à l'être humain. Cela dit, ce n'est pas une raison pour m'en dissocier. Il me faut persévérer dans cette voie pour ne pas avoir honte de l'image que le miroir me renvoie. Je ne me rabaisserai pas à épouser le point de vue des brutes et des lâches qui permettent à celles-ci de perdurer. La bonté continuera de m'inspirer. Je vais résister en inscrivant la bonté parmi les valeurs fondamentales de mon code d'honneur. Évidemment, ce ne sera pas une bonté gnangnan qui ramollit toute bonne action. Jamais je n'aurai peur de monter au front pour défendre mon idéal. Je ne faiblirai pas.

Cela dit, je doute que la bonté soit partagée par l'ensemble du genre humain. Hier, en attendant l'autobus, j'ai vu un handicapé faire la politesse à plus de trente personnes. Il les a laissé passer devant lui pour entrer dans l'autobus.

Personne n'a sourcillé tabarnak! Ils sont tous passés devant lui comme si c'était normal que des gens bien en santé passent devant un boîteux hémiplégique.

Je ne suis pas meilleur qu'un autre que je me dis souvent sans le croire, par fausse humilité. Je dois bien être meilleur que ces trente autres caves, saint-calice, si je laisse passer le boîteux hémiplégique avant moi, quitte à rentrer le dernier et à rester debout... comme le boîteux hémiplégique.

LA SOCIÉTÉ LE FAISAIT CHIER

Un jeune con me parlait un jour de la société qui le faisait chier. Imaginez donc que le pauvre était obligé de se lever ce matin-là pour complèter une demande d'aide sociale. Il se plaignait, entre autres, d'avoir attendu plus d'une demie heure la veille avant que de recevoir la poutine qu'il avait commandée. Il disait aussi qu'il ne travaillerait jamais dans une rôtisserie à faire cuire des frites ou bien à laver de la vaisselle. L'enfant-roi ne manquait pas au passage de laisser entendre qu'ils devraient se grouiller le cul, à la rôtisserie, quand il commande sa poutine...

Évidemment, jamais ce jeune con n'aurait aidé une vieille à traverser la rue. Il était du genre à cracher aux pieds d'un boîteux hémiplégique avant de rentrer dans l'autobus. Jamais il ne tenait la porte, par courtoisie, pour faire la politesse à une personne encombrée de sacs ou de boîtes. Jamais. La société le fait chier, voyez-vous.

Il est vrai que la société fait chier. Pas la société abstraite, théorique et froide des apprentis-sorciers de la politique, mais la société dans sa réalité biologique, la société par tête de pipe.

Tous ces caves qui passent devant un boîteux hémiplégique me font chier. Tous les paresseux qui se plaignent de la lenteur du petit travailleur qui sue sang et eau pour qu'ils mangent leur hostie de poutine me dégoûtent tout autant.

LA BONTÉ SAUVERA LE MONDE!

Mettons que j'ai un peu trafiqué la formule de Dostoïevski. Il disait plutôt que «(la) beauté sauvera le monde.» Beauté, bonté, c'est pareil.

J'ai cette naïveté de croire que seule la bonté est révolutionnaire dans ce monde d'andouilles insensibles, un monde de brutes et de peureux. C'est à qui sera le plus détourné de son devoir d'empathie envers ses semblables, à qui rira le plus des pauvres, des handicapés, des malades mentaux, etc.

Il ne faut pas désespérer. Sur dix personnes, neuf écraseraient son voisin sans remords de conscience. Pourtant, il n'en suffit qu'une seule, sur dix, pour que les neuf autres s'écrasent dans leur coin comme des larves insignifiantes. Car, voyez-vous, seule la bonté donne du sens à ce monde. Même les insignifiants finissent par le comprendre. Les cruches sont vides et se remplissent de n'importe quoi. Aussi bien y verser un peu de bonté.

La bonté pourrait aussi être perçue comme une chandelle dans l'obscurité qui disperse les ombres. Ça ne prend qu'une petite bougie pour que les sans coeur se voient tels qu'ils sont et non pas tels qu'ils se croient être.

Si vous êtes bon, je vous aime. Ne perdez pas courage. Continuez de céder votre place aux handicapés dans les autobus. Soyez empathiques envers les pauvres et les petits travailleurs.

Ne riez pas des blagues humiliantes des petits despotes qui vous entourent. Faites-leur sentir qu'ils sont minus, mesquins, minables, bref de vraies merdes. Foutez-leur le nez dans leur caca. Tenez-vous debout: je vous donne entièrement raison. Peu importe le résultat de vos actions, vous avez gagné le respect de vous-même, le droit de vous regarder dans le miroir et de vous dire: «christ que chu hot dans ce monde de tarlais!»

Riez des sans coeur, plus fort que jamais, par pure bonté.

Brandissez votre lanterne, comme Diogène le cynique, et allez chercher des vrais humains sur le ouèbe et partout autour de vous. Il y en a des gens bons, fort peu, mais il y en a. Comme disait l'autre, ils sont «le sel de la terre».

1 commentaire:

  1. Cher Gaétan,

    Une fois de plus, je suis d'accord avec toi. J'en fais peut-être une maladie. Que veux-tu... quand on est bon, on est bon...

    D'un aîné qui aimerait suivre ton exemple...

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