mercredi 30 juin 2021

L'Île de la Grande Tortue plutôt que l'Amérique

 Amerigo Vespucci, conquistador qui a donné son prénom à ce continent charcuté, possédait au moins cinq esclaves.  «Il a deux domestiques blancs et cinq esclaves : quatre femmes et un homme46. L'une d'elles, appelée Isabel, des Canaries, donne naissance à un garçon et une fille dans cette même maisonn 2,46. En se basant sur certains indices du testament d'Amerigo Vespucci, Consuelo Varela Bueno n'écarte pas l'hypothèse, comme il était courant à cette époque, qu'ils soient les enfants du navigateur46 (Source: Wikipédia)

Ahem... C'était sans doute un «grand homme»(sic!).  Il a «découvert» ce que les Autochtones couvraient depuis au moins quatorze millénaires avant son arrivée sur nos côtes. L'air de rien ce continent avait un nom avant l'arrivée de Amerigo le Florentin esclavagiste. Les Autochtones s'entendaient, s'entendent et s'entendront encore pour désigner leur continent comme étant l'Île de la Grande Tortue. C'est de la poésie pure, vous ne trouvez pas?

J'ai toujours trouvé infâme que l'Île de la Grande Tortue soit appelée l'Amérique. 

C'est un peu comme si l'Afrique s'appelait la Léopoldie.

Ou bien comme si l'Asie se nommait la Françoisxaviérie.

Cela témoigne, en quelque sorte, de la profonde maladie que colporte la civilisation impérialiste gréco-romaine dans ce monde où nous n'en sommes tous que des métèques, ad vitam aeternam, si nous laissions les choses aller vers le stupide culte de la personnalité qui s'y rattache.

L'Autochtone cultive l'humilité et l'écoute. Ce sont des valeurs qui vont en quelque sorte à contrecourant des valeurs véhiculées dans le cadre d'une société capitaliste centrée sur la «réussite» (sic!) individuelle, la résonance de son nom à travers l'appropriation des ressources et l'expropriation des humains. Plus tu humilies de gens autour de toi plus on t'élèvera des statues. Vous appelez ça de la culture? Moi j'appelle ça de la pure soumission à l'autorité. Vouer un culte à un être humain est une perversion de l'esprit. Moins de piédestaux s'il-vous-plaît. Plus d'arbres.

La toponymie autochtone est toujours poétique ou bien utilitaire. On ne désigne jamais les lieux par le nom d'un être humain. Ce serait manquer d'humilité dans ce Grand Cercle de la Vie où nous évoluons avec les créatures et la création. On ne dira pas le Lac Bouchard mais le Lac Caribou. Pas la rivière Saint-Maurice mais la rivière Tapiskwansipi: la rivière de l'enfilée d'aiguille. On ne voue pas de culte à la personne et en ces hauts faits. 

Voilà pourquoi je plaide depuis fort longtemps en faveur du recours à la toponymie autochtone. Ce n'est pas pour «canceller la culture». (De quelle culture s'agit-il? Planter une croix sur un terrain ne fait pas de vous un dieu!) 

Rendons justice à l'humain plutôt qu'en ses barrières sur un territoire enfin libéré du colonialisme. 

Que sait-on des Autochtones? Mille fois rien. On a enseigné à nos grands-parents qu'ils étaient des Sauvages tandis que Catholiques et Anglicans fournissaient les kapos pour les pensionnats autochtones. On a justifié, en quelque sorte, les abus et les mauvais traitements. On leur avait enlevé leur continent. Il valait mieux aussi leur enlever leur culture. Pour que le Hobbit en le colon puisse mieux dormir à voir gonfler ses intérêts pour ses activités foncières sur un territoire occupé de force, au mépris de tout un chacun.

Je nous invite humblement à considérer le rétablissement de la toponymie autochtone pour réparer l'histoire et ne plus commettre les mêmes erreurs. Moins de saints, moins d'esclavagistes, moins de politiciens et moins d'artistes à la morale douteuse. Moins de statues pour nous rappeler que nous n'étions rien et qu'ils étaient tout. 

Plus de poésie. Plus d'humilité. Plus d'humanité.


Gaétan Bouchard

Humain (traduction: Anichinabée, Innu, Iyéyou, Inuit...) né sur l'Île de la Grande Tortue


Aucun commentaire:

Publier un commentaire