Je vis à l'ère des émotions et poèmes clandestins.
Alors que tout broie tout un chacun, il ne me reste que les vers.
Et ces vers, aussi pitoyables soient-ils, sont toute la beauté du monde que je puisse m'offrir.
Ces vers, comme ces tableaux ou ces musiques, sont tout ce qu'il me reste de beau à vous donner, que vous en vouliez ou pas.
Je n'ai rien d'autre.
Comme vous, je suis dépossédé. Comme vous, je ne m'appartiens plus. Nous sommes tous les valets de quelques saigneurs de la Terre qui nous traitent comme des chiens galeux. Vous le savez. Je le sais. Et on se demande tous et toutes pourquoi personne ne fait rien. Comme si nous attendions le Messie qui viendra chasser les marchands du temple, les banquiers, les mafieux et autres gredins du complexe militaro-industriel mondial. Le Messie, c'est vous mais vous ne le savez pas encore. Ni moi d'ailleurs. Nous sommes tous les rédempteurs de ce monde qui nous échappe par négligence éhontée.
J'erre en ce monde comme si j'avais été chassé du paradis dans les années '70.
Il n'y a plus d'abeilles.
Il n'y a plus d'ours blancs.
Il n'y a plus rien que la gestion d'une extinction qui prendra un siècle ou moins.
Dans ce monde pitoyable, j'erre sur les parkings en y cherchant des arbres.
Je vois des politiciens se faire élire en chiant dans la bouche des électeurs qui en redemandent.
Et je me dis que dans un monde aussi vil, aussi mesquin, il faut raser les murs pour éviter de tomber sur les nouvelles sections d'assaut du crime organisé encouragé par les mercenaires des magnats des organes officiels de communication.
Que faire sinon des poèmes sur les barricades?
Se battre sans espérer gagner.
Perdre en invoquant les Mânes de la Justice, de la Solidarité et de la Liberté. Offrir sa poitrine aux balles lors des pelotons d'exécution.
C'est un sale temps pour les poètes.
Et c'est aussi le meilleur temps pour les poètes.
Se payer le luxe de penser et de vivre en artiste dans ce monde rampant est un défi lancé à l'univers tout entier.
Se battre... Rêver... Produire de la beauté contre vents et marrez-vous donc tout seul, ignobles crétins sans âme...
La Beauté sauvera mon monde.
C'est ma seule certitude.
Que l'autre monde s'enfonce sans moi dans sa douleur et sa violence sans limites.
Je travaille désormais pour mon monde.
Je le bâtis dans ma tête où il périra à 451 degrés Fahrenheit s'il le faut.
J'écris n'importe quoi, c'est vrai.
Mais ce n'importe quoi, aussi prosaïque soit-il, me tient en vie malgré le monde, malgré la vie que l'on nous fait mener.
Il manque des rimes à ce poème.
Vous les trouverez où vous le pourrez.
Suffit de jouer un peu de guitare en claquant des doigts.
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