lundi 12 novembre 2018

Elle déprime mais ne tolère pas les déprimés

Cunégonde est toujours déprimée. Ses déprimes sont ponctuées de moments où elle exulte de joie plus que le client ne le demande. Des joies que l'on sait condamnées à mourir en raison même de leur superficialité eu égard aux déprimes abyssales de Cunégonde.

Cunégonde a pourtant l'air d'une femme normale, à la mode, comme on s'attend à en trouver dans les pages des catalogues de Wal-Mart ou Rossy. Elle fait ceci ou cela et c'est d'ailleurs très cher, mais elle l'a à rabais parce que, bien sûr, elle est une personne exceptionnelle.

L'autre jour, elle se plaignait de ceci ou cela, la température, ses parents, sa famille: tout y passait.

Roger Bontemps l'écoutait calmement en camouflant son impatience de se trouver rapidement ailleurs, c'est-à-dire loin de la Coop et de Cunégonde.

Il tentait même d'avoir de l'empathie envers les malheurs de Cunégonde, même s'il les avait entendus mille fois.

Soudainement, Germaine rentra en coup de vent à la Coop et récita elle aussi ses malheurs.

Cunégonde sortit alors de ses gonds.

-Voyons Germaine! On dirait que tu veux te rendre intéressante avec tes malheurs et te faire remarquer... Il faut avoir des pensées positives! Ce n'est pas en te plaignant tous les jours que tes choses vont s'améliorer! J'ai appris d'ailleurs dans mon cours de croissance personnelle que les personnes qui ne font que réciter leurs malheurs s'empoisonnent elles-mêmes avec leur venin... Tu vois? Parle donc d'autre chose... Voilà!

Et, évidemment, Cunégonde s'est mise à reparler uniquement de ses malheurs.

Roger Bontemps s'est enfui.

Germaine a boudé dans son coin.

Et Cunégonde a continué à raconter toutes ses tristesses à tout un chacun qui rentrait à la Coop. Comme d'habitude.


Aucun commentaire:

Publier un commentaire