Enfant, je dessinais des monstres. J'écrivais des poèmes sinistres. Je chantais des chansons tout aussi sales que vulgaires.
Vous devinerez aisément, lecteurs et lectrices assidus de mon blogue, que je ne me suis pas complètement débarrassé de ces manies...
Pourtant, je dessine de plus en plus des personnages souriants qui semblent empreints d'une bonté naïve que je ne m'explique pas.
Je n'écris pas souvent des poèmes, mais si je devais le faire ils seraient moins cyniques. Je n'y raconterais pas l'histoire d'un type qui s'est fait découper en rondelles pour ensuite se faire passer à la moulinette. Pour ce type-là, je veux bien signer une pétition et manifester. Cependant, je ne ferai pas de mon art une forme d'engagement. L'art engagé vieillit mal. À moins qu'il ne soit enragé. L'art engagé est encagé. L'art enragé possède encore quelques vertus transcendantes....
Mes chansons parlent d'amour quand j'oublie les questions sociales.
Ma métamorphose n'est pas achevée. Je ne deviendrai jamais un type guilleret qui affirme que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il me reste un bon fonds de révolte et d'anarchie qui ne devrait pas s'épuiser avant que je n'aie rendu mon dernier souffle.
Cela dit, j'ai longuement médité cette affirmation du gastronome Brillat-Savarin selon qui l'on est ce que l'on mange.
Si je broyais constamment du noir, je deviendrais encore plus obscur qu'Héraclite d'Éphèse.
Et puis je vivrais seul comme un ours en me demandant pourquoi les femmes n'aiment pas les airs bêtes...
Évidemment, ma blonde pourrait vous confirmer que je ne suis pas le type le plus sage en ville quand je suis devant le bulletin de nouvelles à gueuler comme un putois contre le capitalisme et toutes les formes d'injustice.
Je n'ai pas mis mon interrupteur à off, soyez sans crainte.
Je préserve ma révolte de mes mauvaises humeurs.
Je cultive le rire là où d'autres se mettraient à gémir.
J'ai des millions de bonnes raisons de détester le monde.
J'en ai quelques-unes pour l'aimer. Ces quelques-unes qui me rendent mielleux, affable, doux et tendre envers mes semblables.
J'ai le malheur de parler beaucoup de moi en ce moment. Je me relis et m'en veux d'avoir enligné autant de je.
Il m'est permis de croire que vous vous reconnaissez à travers ces projections purement égotistes.
Je ne dois pas être le seul à penser comme ça.
Je n'ai pas inventé le bouton à quatre trous.
Ni celui à deux trous.
Et c'est bien plus pratique de confier ses boutons à une couturière.
Vous me suivez toujours? Hum?
" Pourtant, je dessine de plus en plus des personnages souriants qui semblent empreints d'une bonté naïve ... "
RépondreEffacerLe bonheur et la bonté sont souvent suspectés de naïveté - ( ils pourraient m^me dire de bêtise -
Mais certainement la joie de vivre et la générosité nécessitent d ' accepter la CONFIANCE / qui ne se donne ni ne s ' accepte avec aucune naïveté - et peut m^me tourner le dos , question de se faire respecter - Elle qui comporte certainement une certaine part d ' incertitude - ce qui en fait toute l ' adoration -
Les champions de la parano en sont complètement incapables et justifient leur attitude au nom de ce qui est " prouvable " - Ils ne se rendent pas comptent que presque rien n ' est prouvable - Ils ne reconnaissent pas le mystère de la vie et du coup ne peuvent pas accepter ce qui est donné - Car la vie est un don gratuit qui nous est miraculeusement fait sans qu ' on sache pourquoi -
Alors ils se trouvent seuls comme des cons -
( Le pire est qu ' il font chier tout le monde avec leur connerie , sans doute par jalousie ) -
Tes personnages sont super !
Amicalement -
@monde indien: la vie est une fête... Parfois ce n'est pas tout à fait la joie mais il faut résister à l'esprit de sérieux qui dévore tout, même l'idée du bonheur et la réalité de l'amour en chair et en os...
RépondreEffaceril nous faut résister , nous n ' avons pas le choix , et nous réjouir entre nous , c ' est ce qui nous donne la force , et le bonheur infini -
RépondreEffacer