Louis ne vit que pour une seule cause qui transcende toutes les autres. Ce célibataire endurci a endossé une idée fixe. Il s'est fabriqué un personnage de chevalier de l'indépendance qui ne vit que par et pour cette noble cause.
Le logement de Louis est recouvert de messages politiques tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. On y voit des tas de drapeaux du Québec, des drapeaux des patriotes, des photos de René Lévesque, des slogans pour le Oui, des pancartes pour le Oui, des Oui à loi 101, des Oui à Camille Laurin, des ceintures fléchées, des fleurs de lys. À première vue, ses voisins pensent qu'il souffre de maladie mentale et, honnêtement, je crois bien qu'ils ne se trompent pas.
À deux pas de chez Louis, Jeffrey souffre des mêmes symptômes. Son logement est aussi bariolé de drapeaux canadiens, de feuilles d'érable rouges, de castors, de Canada Number One. Cependant, il faut avouer qu'au Québec on rencontre généralement dix Louis pour un Jeffrey. Le nationalisme canadien, déjà victorieux, n'est pas aussi populaire chez les malades mentaux.
Je vous avouerai, à mon grand dam, que je suis favorable à l'indépendance du Québec, tout en y mettant plusieurs bémols qui me font passer pour un traître aux yeux de Louis. Louis qui passe pour un fou pour à peu près tout le monde autour de lui...
Il m'est toujours difficile de m'afficher en tant que souverainiste quand je vois ce que l'indépendantisme a pu faire de Louis. Je me console en me disant qu'il y a Jeffrey. Cependant, cela ne m'affecte pas autant. Le nationalisme canadien est encore plus folklorique.
Je ne suis pas nationaliste. Les démonstrations identitaires me sont rébarbatives d'autant plus que ma génétique est complexe. Je suis d'origine africaine, européenne et anishnabée. L'histoire me semble bien plus un prétexte pour haïr que pour s'aimer les uns les autres. Je me dis, naïvement, qu'on peut concevoir un art de vivre ensemble ici et maintenant quelle que soit notre origine. Et si je soutiens l'idée d'indépendance, je ne suis pas nécessairement éloigné du multiculturalisme, tout en étant franchement républicain et laïc.
Je n'en veux pas aux immigrés et aux anglophones de voter Non ou bien de voter libéral. Il y a des francophones qui votent ainsi et c'est leur droit le plus strict. On n'est pas un citoyen seulement quand on vote du bon bord... Au lieu de traquer les traîtres et les vendus parmi le peuple, je tiens plutôt à me concentrer sur la lutte contre la corruption, l'injustice sociale, l'intolérance, le sexisme et le racisme. Que vous en soyez ou pas, cela se joue entre moi-même et ma conscience.
Je milite de temps à autres. Je descends dans les rues avec des pancartes. Je signe des pétitions.
Mais je ne tapisse pas ma maison de drapeaux et de messages politiques.
Je ne tapisse pas mon blogue d'appels à l'émeute.
Je ne crie pas sur tous les toits qu'il faut cracher sur les hommes qui ne pensent pas comme moi.
Et j'avoue, candidement, que je me suis souvent trompé dans la vie. Et qu'il est possible que je me trompe encore. Je n'ai pas fondé ma vie sur quelques livres sacrés, mais sur une forme d'intégrité intellectuelle qu'il m'est difficile d'expliquer autrement que par des actes de bonté et de solidarité humaine.
Louis a mille raisons de me détester et il ne se prive pas de me le faire savoir aussi souvent qu'il le peut. En son for intérieur, je crains que je figure parmi les premières personnes qu'il souhaiterait décapiter en cas de victoire du Oui. J'ai beau être en faveur de l'indépendance que je distille trop de doutes et de préjugés sentimentaux à ses yeux de fanatique.
Quant à Jeffrey, this proud Canadian in all thy God's commands, je ne lui parle jamais. Il ne parle à personne. Il arrose encore l'asphalte de son stationnement pour le nettoyer et croit faire partie de la race des gagnants, ce qui me le rend insupportable. J'aime mieux les perdants comme Louis, même si Louis ne m'aime pas et qu'il me parle toujours en grinçant des dents.
Louis fume du pot et boit de la bière. Il écoute encore Harmonium et Paul Piché. Il vit de petits boulots, d'assurance-chômage ou d'aide sociale. Il veut un pays par-dessus tout.
Jeffrey déteste les drogués et n'écoute que Tony Bennett. Il va en Floride à chaque hiver et voudrait qu'on envoie tous les maudits séparatistes en prison. C'est un hostie de gros plein d'marde. Il est propriétaire d'un commerce de vente au détail et ne se gêne pas pour congédier tous ceux qui ont mal au dos pour s'assurer de ne pas payer d'indemnités à la CSST.
Bref, malgré tous ses défauts, tout me rapproche de Louis. Même si Louis est un christ de fucké qui se dégraisse le salami dans le drapeau du Québec.
mercredi 30 décembre 2015
mardi 29 décembre 2015
Et si on faisait pitié même pour les réfugiés syriens?
Ahmed avait obtenu le job d'interprète auprès des réfugiés syriens. Ils parlaient à peu près tous l'anglais mais il était tout de même pratique d'avoir un type né en Syrie sous la main pour discuter avec les réfugiés et leur expliquer certains trucs à propos de la vie en notre pays.
Certains rageaient de les voir arriver ici comme s'ils étaient tous des terroristes qui brandissaient un Coran dans une main et un sabre dans l'autre pour tous nous raccourcir d'une tête. Dans les faits, c'était à peu près tous de pauvres gens qui avaient fui la guerre en laissant derrière eux une maison, un travail, une famille, un sens à la vie.
Ahmed avait vainement tenté d'expliquer aux racistes que les réfugiés syriens n'étaient pas fous d'Allah. Il en tenait pour preuve qu'ils étaient refusés en Arabie Saoudite parce que leur conception trop laïque de la vie représentait un danger pour les Saoudiens. Évidemment, les fêlés ne voulaient pas entendre ces arguments. Ils se sentaient envahis... Envahis par de pauvres gens qui avaient mille fois risqués de mourir au cours de leur exode.
Le plus comique de tout ça, s'il nous est permis de rire de tout, c'est bien le fait que la plupart des réfugiés ne souhaitaient pas s'installer au Québec. Ils voulaient immigrer en Colombie-Britannique, en Alberta ou bien en Ontario, voire aux États-Unis. Le Québec leur apparaissait un peu comme la Croatie ou la Serbie. Ils n'auraient jamais fini de s'y battre et n'y trouveraient jamais ni la paix ni du travail.
Une famille de réfugiés avait été envoyée aux Trois-Rivières, dans un quartier populaire communément appelé Sainte-Cécile. Le père et la mère en avaient long à dire sur Ahmed quant à leurs premières impressions de leur nouvelle vie en terre québécoise.
Vous me permettrez, évidemment, de traduire leurs propos selon les termes employés par Ahmed.
-Ahmed! On nous avait dit que l'Amérique était riche... Et nous sommes tombés en un quartier encore plus pauvre et plus misérable que là où nous vivions avant la guerre! Ils n'ont même pas de grille-pain dans ce quartier-là! Ils se font des rôties avec des cintres de broches qu'ils placent sur le rond de poêle! Leurs fauteuils, leurs divans, leurs tapis et leurs matelas datent de quarante ans! C'est plein de trous, la bourrure sort de tous leurs sofas et on voit des traces de pipi de chats! Ce sont vraiment des pauvres gens et même qu'on a pensé faire une collecte entre réfugiés syriens pour les aider... Comment peuvent-ils vivre ainsi, sans travail, sans éducation ni rien? Ces gens font vraiment pitié... Il aurait fallu nous envoyer en Ontario ou bien en Colombie-Britannique...
lundi 28 décembre 2015
Bilan & perspectives
On nous serine à chaque fin du mois de décembre avec le bilan de l'année qui vient de s'écouler. De mémoire d'homme, il en toujours été ainsi. Ensuite, ce sera le temps de palabrer à propos des bonnes résolutions.
Je ne retiens rien de particulier de cette année. Comme toutes les autres, depuis la nuit des temps, ce fût une année où des gens ont ri et d'autres ont pleuré.
Ma ville, mon pays et mon monde se sont autant améliorés que détériorés. À chaque bonne nouvelle, une mauvaise succédait. Le verre d'eau était souvent à moitié vide et parfois à moitié plein. Le climat était changeant. La politique était sale. L'économie ne servait pas le peuple mais les riches. Lesquels se sont servis du peuple en le récompensant de temps à autres en lui saupoudrant des poussières de tout l'or qu'ils lui ont volé. L'injustice était fréquente. La justice était rare. La médisance et la forfanterie prenaient souvent le dessus sur la grandeur d'âme et la noblesse d'esprit.
Bref, c'était une autre sale année.
Au plan personnel, j'aurais pu vivre mieux ou bien survivre encore plus mal.
Je me suis débrouillé avec les tuiles qui me sont tombées sur la tête.
J'ai souri même quand j'avais mal.
Et j'ai failli mourir d'un choc anaphylactique, histoire de tester les services d'urgence de mon centre hospitalier régional.
L'amour? Toujours là, à mes côtés, même si je m'étonne parfois d'être tant aimé, comme si je me reprochais de ne pas le mériter. Peu de gens me détestent vraiment. Ils ont d'autres choses à faire. Ils ne me connaissent pas et ne veulent heureusement pas me connaître. Ceux qui me connaissent me semblent plutôt bons à mon égard. J'en déduis que je suis un caractère facile à vivre et pas tout à fait une mauvaise personne. Je prétends que même mes soi-disant ennemis ont quelques bons mots pour moi, comme moi j'en ai pour eux. Je traverse cette vie simplement, sans trop de haine, en n'étant ni fade, ni tiède, ni sérieux. Finalement, malgré tous mes défauts, je suis encore capable de me regarder dans le miroir avec un mélange de fierté et d'ahurissement.
Bien sûr, le monde va mal. Ça tue, ça crève, ça s'assassine. Certains violent des enfants. D'autres humilient les pauvres. D'aucuns écraseraient des piétons pour gagner dix minutes. Et c'est sans compter les décapitations, les flagellations et autres turpitudes de sociétés gouvernées par des bourreaux sadiques savourant leurs crimes avec délectation.
Et maintenant, venons-en aux bonnes résolutions... Franchement, je n'en ai pas. Je les ai toutes prises au cours de l'année 2015. J'ai adopté un régime sans gluten et sans sucre. Je ne fume plus depuis plus de douze ans. Je ne bois plus. Je ne me drogue pas. Je me couche tôt et me lève tôt. Je veux bien me donner un peu de mauvaise conscience mais je ne sais plus où la trouver. En aurais-je que je la préserverais bien au chaud pour ne pas devenir un parfait imbécile.
Alors voilà: je ne sais pas quoi dire. C'est évident.
Et encore une fois, vous avez lu tout ce long texte pour rien.
Excusez-la!
Je ne retiens rien de particulier de cette année. Comme toutes les autres, depuis la nuit des temps, ce fût une année où des gens ont ri et d'autres ont pleuré.
Ma ville, mon pays et mon monde se sont autant améliorés que détériorés. À chaque bonne nouvelle, une mauvaise succédait. Le verre d'eau était souvent à moitié vide et parfois à moitié plein. Le climat était changeant. La politique était sale. L'économie ne servait pas le peuple mais les riches. Lesquels se sont servis du peuple en le récompensant de temps à autres en lui saupoudrant des poussières de tout l'or qu'ils lui ont volé. L'injustice était fréquente. La justice était rare. La médisance et la forfanterie prenaient souvent le dessus sur la grandeur d'âme et la noblesse d'esprit.
Bref, c'était une autre sale année.
Au plan personnel, j'aurais pu vivre mieux ou bien survivre encore plus mal.
Je me suis débrouillé avec les tuiles qui me sont tombées sur la tête.
J'ai souri même quand j'avais mal.
Et j'ai failli mourir d'un choc anaphylactique, histoire de tester les services d'urgence de mon centre hospitalier régional.
L'amour? Toujours là, à mes côtés, même si je m'étonne parfois d'être tant aimé, comme si je me reprochais de ne pas le mériter. Peu de gens me détestent vraiment. Ils ont d'autres choses à faire. Ils ne me connaissent pas et ne veulent heureusement pas me connaître. Ceux qui me connaissent me semblent plutôt bons à mon égard. J'en déduis que je suis un caractère facile à vivre et pas tout à fait une mauvaise personne. Je prétends que même mes soi-disant ennemis ont quelques bons mots pour moi, comme moi j'en ai pour eux. Je traverse cette vie simplement, sans trop de haine, en n'étant ni fade, ni tiède, ni sérieux. Finalement, malgré tous mes défauts, je suis encore capable de me regarder dans le miroir avec un mélange de fierté et d'ahurissement.
Bien sûr, le monde va mal. Ça tue, ça crève, ça s'assassine. Certains violent des enfants. D'autres humilient les pauvres. D'aucuns écraseraient des piétons pour gagner dix minutes. Et c'est sans compter les décapitations, les flagellations et autres turpitudes de sociétés gouvernées par des bourreaux sadiques savourant leurs crimes avec délectation.
Et maintenant, venons-en aux bonnes résolutions... Franchement, je n'en ai pas. Je les ai toutes prises au cours de l'année 2015. J'ai adopté un régime sans gluten et sans sucre. Je ne fume plus depuis plus de douze ans. Je ne bois plus. Je ne me drogue pas. Je me couche tôt et me lève tôt. Je veux bien me donner un peu de mauvaise conscience mais je ne sais plus où la trouver. En aurais-je que je la préserverais bien au chaud pour ne pas devenir un parfait imbécile.
Alors voilà: je ne sais pas quoi dire. C'est évident.
Et encore une fois, vous avez lu tout ce long texte pour rien.
Excusez-la!
jeudi 24 décembre 2015
Elvira Lemire se souvient
Elvira Lemire est une vieille dame de quatre-vingt-dix-huit ans qui a vu pas mal d'eau couler sous les ponts. Elle n'est pas si fripée pour son âge, mais on ne lui donnerait pas vingt ans. Elle est un peu sourde et sa vue n'est plus très bonne. Par contre, elle tient encore sur ses deux pieds et n'a aucune perte de mémoire. Ce qui en fait une source de souvenirs intarissable.
Elvira a connu l'époque où l'on livrait le lait et la glace avec des voitures attelées à des chevaux. Elle a connu les débuts de l'aviation, le cinéma muet, les trottoirs de bois, les tramways et les premiers feux de signalisation.
Hier, elle se berçait dans sa chaise tout en racontant ses souvenirs.
-Dans mon temps, on n'donnait pas d'cadeaux. On recevait une orange pis un chapelet dans un vieux bas pis c'était toutte. Pas de poupées, de jeux d'Internet pis de quossins d'même. Rien que des oranges, des chapelets pis des fois des mitaines. À notre fête, on n'avait pas de gâteaux. C'est à peine si on savait qu'c'était notre fête. On n'en faisait pas un plat. On savait même pas quel âge on avait... Aujourd'hui, avec les Internets pis les ordinateurs, el' monde sait pas apprécier c'qu'i' z'ont. Ça leu' z'en prend plus, toujours plus... Mes frères y jouaient au hockey avec du crottin d'cheval pis i' faisaient leu' bâtons avec des planches... Nous autres, les filles, on s'faisait des poupées avec des chiffons... Aujourd'hui, ça prend ci pis ça prend ça pis el' monde sont jamais contents! Nous autres, on n'avait rien mais on était heureux... Jésus, Marie, Joseph! On savait même pas qu'on n'avait rien!!!
Elle continua à se bercer en parlant toute seule tandis que ses arrières-petits-enfants s'envoyaient des textos sans la regarder et sans l'écouter.
-Grand-m'man Elvira on t'a acheté un beau chapelet... lui dit sa filleule Armande Gaudreau, après avoir consulté ses messages sur Facebook.Y'a été bénit par le pape lui-même...
-Ah ben vous z'auriez pas dû! Gardez don' vot' argent pour vous autres! La vie coûte assez cher de même! Ça doit pas être donné un beau chapelet d'même... Bénit par el' pape en plus! C'est loin el' Vatican... Ça coûte d'l'argent aller là! J'ai mon voyage! Vous z'auriez don' pas dû! Ma foi du bon Dieu! Sainte-Anne-de-Sorel! Un chapelet!!!
Elvira a connu l'époque où l'on livrait le lait et la glace avec des voitures attelées à des chevaux. Elle a connu les débuts de l'aviation, le cinéma muet, les trottoirs de bois, les tramways et les premiers feux de signalisation.
Hier, elle se berçait dans sa chaise tout en racontant ses souvenirs.
-Dans mon temps, on n'donnait pas d'cadeaux. On recevait une orange pis un chapelet dans un vieux bas pis c'était toutte. Pas de poupées, de jeux d'Internet pis de quossins d'même. Rien que des oranges, des chapelets pis des fois des mitaines. À notre fête, on n'avait pas de gâteaux. C'est à peine si on savait qu'c'était notre fête. On n'en faisait pas un plat. On savait même pas quel âge on avait... Aujourd'hui, avec les Internets pis les ordinateurs, el' monde sait pas apprécier c'qu'i' z'ont. Ça leu' z'en prend plus, toujours plus... Mes frères y jouaient au hockey avec du crottin d'cheval pis i' faisaient leu' bâtons avec des planches... Nous autres, les filles, on s'faisait des poupées avec des chiffons... Aujourd'hui, ça prend ci pis ça prend ça pis el' monde sont jamais contents! Nous autres, on n'avait rien mais on était heureux... Jésus, Marie, Joseph! On savait même pas qu'on n'avait rien!!!
Elle continua à se bercer en parlant toute seule tandis que ses arrières-petits-enfants s'envoyaient des textos sans la regarder et sans l'écouter.
-Grand-m'man Elvira on t'a acheté un beau chapelet... lui dit sa filleule Armande Gaudreau, après avoir consulté ses messages sur Facebook.Y'a été bénit par le pape lui-même...
-Ah ben vous z'auriez pas dû! Gardez don' vot' argent pour vous autres! La vie coûte assez cher de même! Ça doit pas être donné un beau chapelet d'même... Bénit par el' pape en plus! C'est loin el' Vatican... Ça coûte d'l'argent aller là! J'ai mon voyage! Vous z'auriez don' pas dû! Ma foi du bon Dieu! Sainte-Anne-de-Sorel! Un chapelet!!!
mercredi 23 décembre 2015
Lamproie et sa veille de Noël de 1995
Cela s'est passé la veille de Noël au milieu des années '90.
C'est du moins ce dont se souvient Mario Langlois, alias Lamproie pour une raison qui nous échappe tous.
Lamproie a toujours une ou plusieurs histoires à nous raconter. Il les tire de sa mémoire comme d'autres tireraient des lapins d'un chapeau, sauf que ce ne sont pas des lapins et qu'il ne porte jamais de chapeau. Sa longue crinière balaie le vent. Son nez est petit et droit. Son menton est pointu. Ses lobes d'oreille sont énormes. Ses mains sont dotées de cinq doigts. Ses paroles sont d'or pour ceux qui s'ennuient et ne demandent pas mieux que d'entendre ses racontars.
-Ça s'est passé la veille de Noël, au milieu des années '90, nous disait-il en bourrant sa pipe de haschisch.
-Il paraît que Trudeau va légaliser le pot, lui disait Marie-Maude, une fille qui ne boit que de l'eau et ne touche à aucune drogue.
-Ouin, c'est pas moé qui va acheter du pot légal... Ça va coûter les yeux de la tête pis ça gèlera même pas...
-Qu'est-ce que tu disais Lamproie? l'interrompit Arnaud, un gars qui ne buvait que du café noir et sans sucre.
-Hein?
-Tu parlais de la veille de Noël...
-Ah oui! C'était à la veille de Noël, dans les années '90... enchaîna Lamproie. Il neigeait des gros flocons mais y'avait pas d'vent. Les gros flocons flottaient dans l'air. C'était beau... Pis moé, j'étais tout seul... Ma blonde m'avait lâché depuis deux mois parce qu'all' aimait pas l'frette pis toutte... Avait crissé son camp en Thaïlande... J'étais un peu triste, pas parce que c'te crisse de folle était partie, mais parce que j'étais tout seul pis toutte la veille de Noël...
-C'est triste être seul la veille de Noël, crut bon d'ajouter Marie-Maude en buvant sa gorgée d'eau qui fit glouglou dans la bouteille.
-Mets-en qu'c'est triste! C'est Noël, tout l'monde fête, pis toé tu te r'trouves tout seul comme un chien qui râle... Ça fait que j'm'étais arrêté au dépanneur pour m'acheter deux grosses king cans que j'ai calées en moins de deux après avoir fumé mon joint... Pis là j'me suis dit qu'i' fallait que j'aille dans les bars, au centre-ville, pour voir du monde...
-C'est moins plate dans les bars que tout seul... Mais on peut se sentir tout seul aussi dans les bars, philosopha Arnaud le buveur de café.
-Mets-en! Ça fait que j'marche sur les trottoirs pis j'm'en va's tranquillement vers le centre-ville... Tout d'un coup, une belle fille avec un gros manteau de fourrure me croise et me salue... J'lui dis salut, bien entendu, mais j'la connais pas. Elle a l'air aussi pété qu'moé pis j'vois qu'elle vient d'pleurer... Ça va-tu? que j'lui demande. Pis là v'là-t'y pas qu'A s'met à pleurer toé chose... Bouhouhou snif snif pis bou ha ha! Tabarnak... J'sais plus quoi faire moé-là! Voyons! Braille pas que j'lui dis! Braille pas toé chose!
-Elle devait être bien triste, dit Marie-Maude en s'enlevant une graine dans l'oeil.
-Oui, très triste... Ça fait que moé j'avais pas d'Kleenex... J'lui passe mes mitaines pour se moucher mais elle en veut pas... Pis A me d'mande c'que j'fais... J'm'en va's boire au centre-ville que j'lui dis, bien sûr, puis A me d'mande si A peut y aller avec moé... Oui, oui que j'lui dis. Marche avec moé, fille, pas d'trouble... J'peux-tu t'prendre par le bras? qu'A m'dit. Oui, oui, qu'j'y réponds... Pis là moé pis elle on descend au centre-ville comme des amoureux, elle qui m'tient l'bras pis moé fier comme un paon d'avoir une maudite belle pitoune pendue à mon bras... J'me dis craille de caltor! C'est mon cadeau d'Noël c'te fille-là... Merci mon Dieu! Alléluia en pyjama!
-Ouin, on peut dire que t'étais chanceux ce soir-là, ajoute Arnaud, à moins que ce ne soit Jean-Luc, le gars qui ne boit que du Seven-Up.
-Chanceux? Attends! J'ai pas fini... J'marche avec la belle fille, toé chose, pis on s'rend à L'Impasse. La fille est toujours à mon bras pis A me d'mande si j'ai un vingt pour faire d'la poudre... J'ai juste quarante piastres su' moé pis j'su's pas chaud avec la poupoudre... Ça fait que j'lui dis que j'ai pas d'argent pour la poupoudre... Ça fait qu'A m'traite de trou d'cul... A m'lâche le bras pis A va voir d'autres gars... Je l'prends mal su' l'coup... Pis j'me dis qu'c'est une crisse de folle...
-Mets-en! C'est une crisse de folle! acquiesce Marie-Maude.
-La soirée passe... J'm'occupe plus d'elle... Je bois ma p'tite bière... J'fume mon p'tit joint... Pis j'la vois qui rit et s'amuse avec un gros crotté qui a l'air d'lui payer d'la poudre... J'en fais pas un plat... Au moins A braille pas... All' a du fun.
-Pis? demande Jean-Luc, à moins que ce ne soit Arnaud.
-Pis? Rien... J'suis rentré chez-nous tout seul... J'ai écouté Docteur Jivago qui jouait à tévé... À moins qu'c'était un film d'Ingmar Bergman... Fanny pis Alexandre... J'sais plus... Pis là j'me mets à brailler, parce que j'feelais pas... Mais j'ai pas brailler longtemps. Juste trente secondes... Pis j'me suis dit d'la marde! Le bonheur c'est comme du sucre à crème: quand t'en n'as pas, tu t'en fais!
-Pis? qu'ils l'interrogent tous pour lui tirer les vers du nez.
-Pis rien... Rien de rien... conclut Lamproie. Les histoires y'ont parfois un début, un milieu pis pas d'fin... J'su's quand même pas pour inventer n'importe quoi pour vous faire plaisir!
mardi 22 décembre 2015
Noël est mort le 24 décembre 1978
Noël est mort en 1978. Je m'en souviens comme si c'était hier.
Ma mère et mes tantes avaient préparé le buffet pour le réveillon, comme d'habitude. Jeannine avait fait des beignes et des bonbons aux patates, Rose-Hélène des sandwiches roulées et des crudités, Nicole de la salade de macaronis et Madeleine du sucre à la crème. On y avait ajouté de la dinde, de la tourtière, du ragoût de boulettes, des plottes de soeur, des tartes au sucre, des tartes aux oeufs, des tartes aux raisins.
Comme on y buvait peu d'alcool, on avait aussi acheté des boissons gazeuses, abusivement appelée de la "liqueur". Il y avait essentiellement deux choix de liqueur: de la brune ou de la blanche. La brune, vous l'aurez deviné, c'était du Kik Cola. Et la blanche, bien sûr, c'était de la Radnor Up. Bref, on n'avait pas nécessairement les moyens de s'offrir du Coke et du Seven Up. Nos familles faisaient partie de la classe un peu en bas de la moyenne canadienne, comme toute la ville de Trois-Rivières par ailleurs, ce qui fait que l'on ne s'en rendait pas compte.
Pour suppléer à cette pauvreté pas si malheureuse que ça, il y avait le sentiment de faire partie d'un clan où tout un chacun veillait sur l'autre.
L'église commençait à en arracher. Tant et si bien qu'elle n'avait trouvé que moi et mon frère pour servir la messe. Nous étions probablement les dernières familles de la paroisse à envoyer ses enfants à la messe. Tous mes amis n'y allaient jamais. Ce qui finit par éveiller chez-moi une forme d'anticléricalisme qui n'était déjà plus de son temps. Ma révolte contre les curés tournaient à vide dans une église déserte et désertée par un prêtre défroqué qui était parti refaire sa vie avec une paroissienne.
Cette année-là, le réveillon se donnait chez la soeur aînée de ma mère. Ma tante nous accueillait dans son grand logement de sept pièces où l'on trouvait des tas de coins pour se cacher. Mon oncle avait, comme à son habitude, bâti un énorme village de Noël sous le sapin, avec un train et plein de maisons illuminées. C'était, pour dire vrai, le clou de la soirée. Il fallait bien sûr regarder tout ça sans rien toucher, ce qui n'est pas toujours compréhensible à huit ou neuf ans. À force de nous crier après, ma mère finissait par nous faire comprendre que ce n'était pas un jouet.
J'ai dit qu'il n'y avait pas d'alcool et ce n'est pas tout à fait vrai. Il y en avait un peu, mais rien pour assommer un ours. Un petit verre de crème de menthe par-ci par-là et quelques bières pour les hommes, un peu plus pour mes deux oncles qui, avec un petit verre dans le nez, se mettaient à giguer ou bien à jouer de la ruine-babines.
Tous assis sur des bancs de bois ou bien des chaises, c'était le temps de pousser sa chanson. Ma mère chantait La p'tite jument. Mon père, C'est à boire, à boire, mesdames. Mon oncle Rémi chantait J'ai le pied faitte su' l'camp madondaine. Mon oncle Fernand entonnait Le diable est en vadrouille sur l'air de L'arbre est dans ses feuilles. Puis les autres y allaient de ce dont ils se souvenaient.
Ma mère et mes tantes chantaient en faisant rrrr-rouler leurs r comme du temps des rrrr-religieuses.
Pendant qu'elles rrrr-roulaient leurs r, mon cousin Claude nous dévoilait dans sa chambre son nouveau système de son et ses nouveaux disques.
Il y avait un énorme poster de Jesus Christ Superstar et quelques autres visages que je ne réussissais pas encore à identifier: peut-être Plume Latraverse ou Frank Zappa.
-J'me suis acheté ça la semaine passée... Connaissez-vous ça les jeunes? nous demandait le cousin.
-Heu... Quoi ça?
-Lucien Francoeur... Aut'chose... C'est bon en s'i'-vous-plaît!
-Non ej' connais pas ça, qu'on disait, tandis que nos tantes chantaient encore en rrrr-roulant leurs r.
La rrrr-rose loin du rrrr-osier-heu
Se fane et se-heu flétrrr-rit-heu!
Comme elles entonnaient le refrain, elles furent soudain enterrées par le système de son du cousin qui se mit à cracher la voix cassée de Lucien Francoeur, ce maudit freak de Montréal avec sa soda de poésie urbaine déjantée.
Ej' chante pour les tapettes pis les voleurs de Corvette
Ceux qui s'décrottent le nez pis qu'i' sont pas capables de bander...
On était loin des cantiques de Noël et de la bonne vieille chanson avec Lucien Francoeur...
Si loin que c'est bien la dernière fois que j'ai entendu mes tantes chanter.
Elles eurent le tact de laisser la jeunesse s'exprimer.
Leur temps était fini.
Les temps nouveaux appartenaient à ces musiques de mort, de dope et de désespoir urbain.
Aujourd'hui encore, lorsque d'aventure j'écoute Lucien Francoeur, je ne peux retirer de ma tête l'idée qu'il a été le fossoyeur de nos Noëls d'antan.
Plus rien n'est jamais revenu comme avant après Lucien Francoeur, et même que j'ai acheté ses disques pour les écouter religieusement.
Les rrrr-roulements de r déclenchèrent de plus en plus souvent les rires et le cynisme des crétins que nous étions.
-Ça ne bat pas Lucien Francoeur, Plume et Led Zeppelin!
Plutôt que de boire de la brune ou de la blanche, on passa bientôt à la vodka, au rhum et autres substances de notre génération.
Ma mère et mes tantes se retirèrent dans quelque soubassement d'église ou réunion du club de l'Âge d'Or pour chanter leur chansons subrepticement.
Bientôt, il n'y eut plus de beignes ni de sucres à la crème.
Ni tartes à la farlouche ni plottes de soeur.
Ni village et ni crèche sous le sapin de Noël.
Il n'est resté que l'écho de Lucien Francoeur.
Un vague écho de révolte.
La vague note d'une alouette déplumée.
Ma mère et mes tantes avaient préparé le buffet pour le réveillon, comme d'habitude. Jeannine avait fait des beignes et des bonbons aux patates, Rose-Hélène des sandwiches roulées et des crudités, Nicole de la salade de macaronis et Madeleine du sucre à la crème. On y avait ajouté de la dinde, de la tourtière, du ragoût de boulettes, des plottes de soeur, des tartes au sucre, des tartes aux oeufs, des tartes aux raisins.
Comme on y buvait peu d'alcool, on avait aussi acheté des boissons gazeuses, abusivement appelée de la "liqueur". Il y avait essentiellement deux choix de liqueur: de la brune ou de la blanche. La brune, vous l'aurez deviné, c'était du Kik Cola. Et la blanche, bien sûr, c'était de la Radnor Up. Bref, on n'avait pas nécessairement les moyens de s'offrir du Coke et du Seven Up. Nos familles faisaient partie de la classe un peu en bas de la moyenne canadienne, comme toute la ville de Trois-Rivières par ailleurs, ce qui fait que l'on ne s'en rendait pas compte.
Pour suppléer à cette pauvreté pas si malheureuse que ça, il y avait le sentiment de faire partie d'un clan où tout un chacun veillait sur l'autre.
L'église commençait à en arracher. Tant et si bien qu'elle n'avait trouvé que moi et mon frère pour servir la messe. Nous étions probablement les dernières familles de la paroisse à envoyer ses enfants à la messe. Tous mes amis n'y allaient jamais. Ce qui finit par éveiller chez-moi une forme d'anticléricalisme qui n'était déjà plus de son temps. Ma révolte contre les curés tournaient à vide dans une église déserte et désertée par un prêtre défroqué qui était parti refaire sa vie avec une paroissienne.
Cette année-là, le réveillon se donnait chez la soeur aînée de ma mère. Ma tante nous accueillait dans son grand logement de sept pièces où l'on trouvait des tas de coins pour se cacher. Mon oncle avait, comme à son habitude, bâti un énorme village de Noël sous le sapin, avec un train et plein de maisons illuminées. C'était, pour dire vrai, le clou de la soirée. Il fallait bien sûr regarder tout ça sans rien toucher, ce qui n'est pas toujours compréhensible à huit ou neuf ans. À force de nous crier après, ma mère finissait par nous faire comprendre que ce n'était pas un jouet.
J'ai dit qu'il n'y avait pas d'alcool et ce n'est pas tout à fait vrai. Il y en avait un peu, mais rien pour assommer un ours. Un petit verre de crème de menthe par-ci par-là et quelques bières pour les hommes, un peu plus pour mes deux oncles qui, avec un petit verre dans le nez, se mettaient à giguer ou bien à jouer de la ruine-babines.
Tous assis sur des bancs de bois ou bien des chaises, c'était le temps de pousser sa chanson. Ma mère chantait La p'tite jument. Mon père, C'est à boire, à boire, mesdames. Mon oncle Rémi chantait J'ai le pied faitte su' l'camp madondaine. Mon oncle Fernand entonnait Le diable est en vadrouille sur l'air de L'arbre est dans ses feuilles. Puis les autres y allaient de ce dont ils se souvenaient.
Ma mère et mes tantes chantaient en faisant rrrr-rouler leurs r comme du temps des rrrr-religieuses.
Pendant qu'elles rrrr-roulaient leurs r, mon cousin Claude nous dévoilait dans sa chambre son nouveau système de son et ses nouveaux disques.
Il y avait un énorme poster de Jesus Christ Superstar et quelques autres visages que je ne réussissais pas encore à identifier: peut-être Plume Latraverse ou Frank Zappa.
-J'me suis acheté ça la semaine passée... Connaissez-vous ça les jeunes? nous demandait le cousin.
-Heu... Quoi ça?
-Lucien Francoeur... Aut'chose... C'est bon en s'i'-vous-plaît!
-Non ej' connais pas ça, qu'on disait, tandis que nos tantes chantaient encore en rrrr-roulant leurs r.
La rrrr-rose loin du rrrr-osier-heu
Se fane et se-heu flétrrr-rit-heu!
Comme elles entonnaient le refrain, elles furent soudain enterrées par le système de son du cousin qui se mit à cracher la voix cassée de Lucien Francoeur, ce maudit freak de Montréal avec sa soda de poésie urbaine déjantée.
Ej' chante pour les tapettes pis les voleurs de Corvette
Ceux qui s'décrottent le nez pis qu'i' sont pas capables de bander...
On était loin des cantiques de Noël et de la bonne vieille chanson avec Lucien Francoeur...
Si loin que c'est bien la dernière fois que j'ai entendu mes tantes chanter.
Elles eurent le tact de laisser la jeunesse s'exprimer.
Leur temps était fini.
Les temps nouveaux appartenaient à ces musiques de mort, de dope et de désespoir urbain.
Aujourd'hui encore, lorsque d'aventure j'écoute Lucien Francoeur, je ne peux retirer de ma tête l'idée qu'il a été le fossoyeur de nos Noëls d'antan.
Plus rien n'est jamais revenu comme avant après Lucien Francoeur, et même que j'ai acheté ses disques pour les écouter religieusement.
Les rrrr-roulements de r déclenchèrent de plus en plus souvent les rires et le cynisme des crétins que nous étions.
-Ça ne bat pas Lucien Francoeur, Plume et Led Zeppelin!
Plutôt que de boire de la brune ou de la blanche, on passa bientôt à la vodka, au rhum et autres substances de notre génération.
Ma mère et mes tantes se retirèrent dans quelque soubassement d'église ou réunion du club de l'Âge d'Or pour chanter leur chansons subrepticement.
Bientôt, il n'y eut plus de beignes ni de sucres à la crème.
Ni tartes à la farlouche ni plottes de soeur.
Ni village et ni crèche sous le sapin de Noël.
Il n'est resté que l'écho de Lucien Francoeur.
Un vague écho de révolte.
La vague note d'une alouette déplumée.
lundi 21 décembre 2015
Une autre nouvelle toile: Sous la pluie
Sous la pluie, Acrylique |
J'ai débuté une nouvelle toile après avoir apposé mon vernis sur le tableau sus-mentionné.
Il y a peu de neige cette année et je me sens un peu nostalgique de la revoir. J'en ai profité pour faire neiger sur une toile.
Comme toujours, je m'inspire de mes souvenirs sans utiliser de photographies. Si j'utilisais des photos, mes peintures seraient impeccables techniquement parlant. Cependant, elles seraient comme du poisson mort. Quand je fais l'effort de les sortir en faisant appel à ma mémoire, j'ai la prétention de croire qu'elles sont inimitables.
Dans la scène en chantier, on devine un tant soit peu la ruelle de mon enfance plus ou moins réinventée. La déneigeuse est en train de passer et les pelleteurs sont en furie. Ce n'est encore qu'une ébauche. Plusieurs personnages s'ajouteront, dont des enfants qui s'amusent tout comme je m'amuse à peindre cette toile.
Finalement, vous pouvez voir une toile blanche dans l'atelier de mon sous-sol, prête à recevoir des pigments. Je ne sais pas encore ce que je ferai. Ça dépend autant de l'inspiration que de la météo.
Pour le moment, eh bien c'est officiellement l'hiver.
Les journées rallongent.
Une très fine couche de neige est tombée cette nuit. Rien pour nous faire croire que nous aurons un Noël blanc. Enfin! C'est mieux que rien.
Toile en chantier... |
Toile blanche... |
vendredi 18 décembre 2015
C'était au moins ça
C'était la veille de Noël et il ne neigeait pas.
Le temps était maussade malgré les luminaires et autres décorations soulignant la nativité d'un type qu'on avait fait passer pour un messie à une autre époque, dans un autre pays qui vivait sous d'autres moeurs. Plus personne ne marchait sur les eaux depuis ce temps-là. Plus personne ne recouvrait la vue après des formules magiques. Et si l'on changeait encore l'eau en vin, c'était avec des procédés industriels qui enrichissaient quelques hommes rationalistes et froids comme une formule chimique.
Tout le monde s'accorde pour dire au Québec que Noël doit être blanc. Un Noël dans la gadoue n'a rien pour se prêter aux réjouissances, dusse-t-on s'affirmer comme le plus païen d'entre tous.
Une autre bonne raison de ne pas se réjouir est de se retrouver tout fin seul à la veille de Noël ou bien de n'importe quelle autre journée d'une année sainte ou pas.
Charles Badluck Malenfant était du nombre de ces âmes errantes qui parcouraient les trottoirs de la ville au lieu de s'ennuyer tout fin seul dans sa maison de chambres mal aérée aux odeurs rances de mauvais tabac et de petits pieds.
La veille de Noël, son horaire habituel se trouvait quelque peu perturbé. La bibliothèque municipale était fermée. Les épiceries et les cafés fermaient aussi autour de dix-sept heures pour permettre à leurs employés de célébrer. Il ne restait, à toutes fins pratiques, que le Munchin' Donuts.
Charles traîna sa défroque jusqu'à ce lieu légendaire pour ingurgiter un café en se donnant l'impression de faire lui aussi partie de la communauté humaine.
Au Munchin' Donuts, on ne peut pas dire qu'il y avait foule à la veille de Noël.
Il s'y trouvait quatre personnes, plus la serveuse et l'aide-cuisinier.
Une vieille tremblait de tout son corps en prenant son café. Elle en renversait la moitié sur la table. Et elle parlait toute seule.
-Ma tante Arthémise disait ça mais en seulement que moé, moé là, j'y disa que c't'ait pas d'même qu'on fasa ça...
Il y avait aussi un jeune homme qui portait un capuchon sur sa tête comme s'il pleuvait en-dedans. Lui aussi parlait tout seul.
-Ah menum! Ah menoum! Ah minim!
On ne comprenait rien à ce qu'il disait et probablement que lui-même n'aurait pas su dire ce qu'il marmonnait sous ses pupilles dilatées de consommateur de crystal meth.
Un vieux monsieur bien habillé, mais avec un regard extrêmement triste, faisait des mots croisés sans rien dire.
-...
Et puis il y avait une femme qui regardait fixement Charles dans les yeux. Elle n'était ni laide, ni belle, ni normale.
-Qu'est-ce qui se passe hein? qu'elle lui demanda. Dis-moé don' qu'est-ce qui s'passe?
-I' s'passe rien, répliqua Charles en ingurgitant une gorgée de café.
La femme cessa de parler et se contenta ensuite de regarder dehors en jouant avec son bâtonnet pour mélanger le café.
Au bout d'une demie heure, Charles quitta le Munchin' Donuts avec une étrange sensation d'inutilité qui lui collait autant au coeur qu'à l'esprit.
Il était dix heures le soir et une fine neige commençait à tomber.
C'était au moins ça.
Le temps était maussade malgré les luminaires et autres décorations soulignant la nativité d'un type qu'on avait fait passer pour un messie à une autre époque, dans un autre pays qui vivait sous d'autres moeurs. Plus personne ne marchait sur les eaux depuis ce temps-là. Plus personne ne recouvrait la vue après des formules magiques. Et si l'on changeait encore l'eau en vin, c'était avec des procédés industriels qui enrichissaient quelques hommes rationalistes et froids comme une formule chimique.
Tout le monde s'accorde pour dire au Québec que Noël doit être blanc. Un Noël dans la gadoue n'a rien pour se prêter aux réjouissances, dusse-t-on s'affirmer comme le plus païen d'entre tous.
Une autre bonne raison de ne pas se réjouir est de se retrouver tout fin seul à la veille de Noël ou bien de n'importe quelle autre journée d'une année sainte ou pas.
Charles Badluck Malenfant était du nombre de ces âmes errantes qui parcouraient les trottoirs de la ville au lieu de s'ennuyer tout fin seul dans sa maison de chambres mal aérée aux odeurs rances de mauvais tabac et de petits pieds.
La veille de Noël, son horaire habituel se trouvait quelque peu perturbé. La bibliothèque municipale était fermée. Les épiceries et les cafés fermaient aussi autour de dix-sept heures pour permettre à leurs employés de célébrer. Il ne restait, à toutes fins pratiques, que le Munchin' Donuts.
Charles traîna sa défroque jusqu'à ce lieu légendaire pour ingurgiter un café en se donnant l'impression de faire lui aussi partie de la communauté humaine.
Au Munchin' Donuts, on ne peut pas dire qu'il y avait foule à la veille de Noël.
Il s'y trouvait quatre personnes, plus la serveuse et l'aide-cuisinier.
Une vieille tremblait de tout son corps en prenant son café. Elle en renversait la moitié sur la table. Et elle parlait toute seule.
-Ma tante Arthémise disait ça mais en seulement que moé, moé là, j'y disa que c't'ait pas d'même qu'on fasa ça...
Il y avait aussi un jeune homme qui portait un capuchon sur sa tête comme s'il pleuvait en-dedans. Lui aussi parlait tout seul.
-Ah menum! Ah menoum! Ah minim!
On ne comprenait rien à ce qu'il disait et probablement que lui-même n'aurait pas su dire ce qu'il marmonnait sous ses pupilles dilatées de consommateur de crystal meth.
Un vieux monsieur bien habillé, mais avec un regard extrêmement triste, faisait des mots croisés sans rien dire.
-...
Et puis il y avait une femme qui regardait fixement Charles dans les yeux. Elle n'était ni laide, ni belle, ni normale.
-Qu'est-ce qui se passe hein? qu'elle lui demanda. Dis-moé don' qu'est-ce qui s'passe?
-I' s'passe rien, répliqua Charles en ingurgitant une gorgée de café.
La femme cessa de parler et se contenta ensuite de regarder dehors en jouant avec son bâtonnet pour mélanger le café.
Au bout d'une demie heure, Charles quitta le Munchin' Donuts avec une étrange sensation d'inutilité qui lui collait autant au coeur qu'à l'esprit.
Il était dix heures le soir et une fine neige commençait à tomber.
C'était au moins ça.
jeudi 17 décembre 2015
Dialogue à propos d'une christ de crèche
Ronald Langevin est un croyeux. Pas un croyant, mais bel et bien un croyeux. Il croit facilement sans avoir vu et gobe tout croche tout de travers toutes les histoires de fantômes et de revenants. Quand on lui demande comment font deux fois trois, on sent qu'une veine de son cerveau va exploser. Mais si d'aventure on lui demande son opinion sur les anges, les divinités et les exorcismes, il se montre intarissable et sûr de ses connaissances. Si par malheur vous faites tomber une fourchette par terre, il sera le premier à vous recommander de lancer une pincée de sel par-dessus votre épaule pour chasser la malchance.
J'ai croisé Ronald hier et laissez-moi vous dire qu'il était en beau fusil. Il venait d'apprendre qu'un hôpital de la ville d'Ottawa refusait d'installer une crèche et un sapin de Noël dans le hall d'entrée.
-On ne respecte plus nos rites et traditions! qu'il criait. C'est rendu qu'on bâtit des mosquées et qu'on accepte toutes sortes de turbans! On s'fait envahir par des terroristes!!!
-De quelles traditions parles-tu Ronald?
-Celles du Québec parce qu'icitte c'est Québec! Moé, j'su's Québec!
-Et on n'est pas Québécois si l'on ne se sent pas touché par la grâce divine devant une crèche et un sapin de Noël?
-Ah toé pis tes affaires!!! Tu t'rends pas compte que c'est à cause des mosquées? I' vont nous trancher la gorge! Vous les laisseriez faire vous autres avec vos hosties d'livres!
-Qui ça, i'? Et pourquoi l'hôpital, un lieu public, devrait favoriser une religion plutôt qu'une autre? Est-ce que l'hôpital se décore pour les fêtes juives, les fêtes autochtones, les fêtes bouddhistes ou les fêtes musulmanes? Est-ce que l'hôpital se décore pour Sa Sainteté Raël?
-Tu mélanges toutte! Il y a un Dieu et c'est nos traditions à tous les Québécois! Icitte c'est Québec et les Québécois fêtent Noël, mangent du porc et boivent du sirop d'érable!
-Je suis Québécois, Ronald, et je n'en ai rien à cirer de la crèche et du sapin de Noël... T'as pas remarqué que toutes les églises ferment l'une après l'autre? L'église catholique est en ruines au Québec et tu voudrais que ce soit l'hôpital qui ait la responsabilité de la réanimer?
-En tout cas! Moé j'me comprends! C'est l'diable qui vous noircit l'esprit avec vos cochonneries de charia et de mosquées!
-Est-ce que tu vas à l'église Ronald?
-J'y va's quand c'est l'temps, en seulement que j'travaille... chu pas Dieu... J'peux pas être partout moé!
-Est-ce que tu paies ta dîme?
-Heu... La dîme?
-La collecte du curé... pour la paroisse...
-Non... J'brûle des lampions quand j'veux une faveur... J'en ai brûlé deux la semaine passée pour qu'el' bon Dieu guérisse mes rhumatismes... I' m'font mal en caltor!
-Est-ce que tu crois en la réincarnation?
-Oui m'sieur. Dans une autre vie j'étais un missionnaire qui convertissait les Sauvages... J'suis mort brûlé par des Indiens... C'est pour ça que j'aime pas l'feu...
-Sais-tu que l'église catholique ne croit pas en la réincarnation?
-Hein? Comment ça?
-La réincarnation, c'est dans la mythologie hindoue. Les catholiques croient plutôt qu'on vient au monde pour ressusciter dans notre chair au Jugement dernier...
-Qu'est-ce que t'en sais?
-J'ai lu le droit canon catholique...
-Ouin mais ce qui est écrit c'est n'importe quoi des fois... Les journalistes écrivent n'importe quoi... Le pape peut pas tout contrôler... Faut qu'i' prie aussi!
-Donc, tu te bricoles des traditions mon Ronald? Un peu de réincarnation ici, un peu de sel derrière l'épaule quand tu échappes une fourchette? Sacré Ronald!
-On va tous finir musulmans si on se laisse faire! Écoute! La crèche pis le sapin de Noël c'est Québec pis moé j'su's Québec!!!
-Est-ce que tu portes encore ta patte de lapin porte-bonheur Ronald?
-Oui. Check... Est toujours dans les poches de mon manteau... J'la flatte quand j'va's m'acheter de la loterie... Deux participations gratuites hier... Cinq piastres la semaine passée...
-Es-tu capable de réciter le Notre Père Ronald?
-Heu... Oui... Notre Père qui est aux cieux que ton nom soit sanctifié et le fruit de tes entrailles est bénit priez pour nous pauvres pêcheurs ... et ôtez tout le péché du monde... donne-nous la paix... je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai servi... Ahem... Que'que chose de même...
-Hum... Collectionnes-tu encore les figurines de Star Wars Ronald?
-C'est quoi le rapport?
-J'dis ça d'même...
-En tout cas, c'est Québec icitte et on s'laissera pas mener par ceux qui portent des linges à vaisselle su' 'a tête!!! Ma crèche pis mon sapin de Noël: pas touche tabarnak!
Finalement, vous comprendrez que nous faisions des soliloques chacun de notre côté. J'ai fini par parler de la météo avec Ronald. Pourquoi devrais-je m'évertuer à lui faire comprendre ce qui n'entrera jamais dans sa pauvre tête de linotte?
Et puis pourquoi aurais-je plus raison que Ronald? Je ne suis pas touché par la grâce, moi. Je ne vois pas les anges, les fantômes et les chiffres chanceux. Je ne suis qu'un indécrottable intellectuel partagé entre l'animisme et l'athéisme. Je gagne rarement des participations gratuites à la loterie et encore moins souvent des cinq piastres. Peut-être que Ronald a raison. Le monde est rempli de fées, de lutins et de rennes volants... Dans le monde de Ronald on se réincarne en missionnaire, en chanteur populaire ou bien en Napoléon Bonaparte. Dans le mien, tout est trop prosaïque.
mercredi 16 décembre 2015
Le relativisme des larves
Le relativisme, qu'il soit moral ou artistique, est la position préférée des tièdes et des blasés. Je dirais même des impuissants psychiques.
Une montagne d'excréments n'est pas une oeuvre d'art.
La charia n'est pas une vision juridique parmi tant d'autres.
Chaque fois que j'entends un zouf relativiser tel ou tel aspect de la vie humaine, je me rends compte des limites de la philosophie. Tout justifier au nom du relativisme me donne l'envie de devenir méchant.
Bien que je sois ouvert, tolérant et tout le saint-frusquin je ne suis pas du genre à tout cautionner pour ne pas faire de pépeine à un artiste, un poète, un prêtre, un imam ou bien un fanatique.
Assumez vos non-pensées, vos idées inconsistantes, vos visions merdiques de la vie. Et ne me demandez pas d'acquiescer comme le dernier des cons pour ne pas vous offusquer.
Vous vous déguisez en sac à poubelles pour nous faire accroire que vous faites une performance artistique? Demeurez dans votre sac à poubelles. Et ne m'invitez surtout pas à votre happening de misérable fabricateur de discours inutiles. Épatez le bourgeois si vous le pouvez. Entourez-vous de précieuses ridicules et autres universitaires désincarnés. Mais s'il-vous-plaît: oubliez-moi!
***
On trouve toutes sortes de cons sur les médias sociaux.
Un d'entre eux me reprochait mon paternalisme écoeurant.
J'avais osé dire que le voile est un signe de soumission qui va à l'encontre des droits de la femme.
Paternalisme mon cul! Ce bougre d'imbécile qui n'ose pas critiquer des coutumes archaïques de crainte de faire de la pépeine aux aborigènes mérite mon mépris le plus pur.
Je n'ai plus de temps à perdre avec le relativisme, vous dis-je.
Tu n'aimes pas ma vision du monde? Va donc baiser le cul du prophète.
***
L'histoire de la montagne d'excréments que l'on veut faire passer pour de l'art n'est pas tout à fait une invention. J'ai malheureusement connu un type qui réalisait une sculpture avec ses propres excréments au département d'arts plastiques de l'université que je fréquentais. Pas besoin de vous dire que je n'osais plus lui serrer la main...
Le type disait qu'un tas de marde vaut bien une cathédrale.
Est-ce que Shakespeare vaut plus qu'une paire de bottes? se demandait Dostoïevski à travers l'un de ses personnages de son roman Les Possédés.
Il s'en trouvera des tas pour dire qu'une paire de bottes vaut plus que Shakespeare, surtout ceux qui n'en ont pas, j'imagine...
Mais je ne vois pas comment l'on peut affirmer qu'un tas de marde vaut bien une sculpture de Michel-Ange.
Ce relativisme-là me pue au nez.
Je m'écarte autant que faire se peut de ce genre de personnes qui carburent à tout relativiser.
Je m'écarte de ceux qui ne savent ni aimer l'amour, ni apprécier la beauté, ni rêver.
Ces gens-là sont des coquilles vides.
On perd son temps à s'expliquer avec eux.
Tout est relatif? C'est ça. Écarte-toi de mon chemin, larve!
mardi 15 décembre 2015
Je, me, moi et peut-être vous
Enfant, je dessinais des monstres. J'écrivais des poèmes sinistres. Je chantais des chansons tout aussi sales que vulgaires.
Vous devinerez aisément, lecteurs et lectrices assidus de mon blogue, que je ne me suis pas complètement débarrassé de ces manies...
Pourtant, je dessine de plus en plus des personnages souriants qui semblent empreints d'une bonté naïve que je ne m'explique pas.
Je n'écris pas souvent des poèmes, mais si je devais le faire ils seraient moins cyniques. Je n'y raconterais pas l'histoire d'un type qui s'est fait découper en rondelles pour ensuite se faire passer à la moulinette. Pour ce type-là, je veux bien signer une pétition et manifester. Cependant, je ne ferai pas de mon art une forme d'engagement. L'art engagé vieillit mal. À moins qu'il ne soit enragé. L'art engagé est encagé. L'art enragé possède encore quelques vertus transcendantes....
Mes chansons parlent d'amour quand j'oublie les questions sociales.
Ma métamorphose n'est pas achevée. Je ne deviendrai jamais un type guilleret qui affirme que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il me reste un bon fonds de révolte et d'anarchie qui ne devrait pas s'épuiser avant que je n'aie rendu mon dernier souffle.
Cela dit, j'ai longuement médité cette affirmation du gastronome Brillat-Savarin selon qui l'on est ce que l'on mange.
Si je broyais constamment du noir, je deviendrais encore plus obscur qu'Héraclite d'Éphèse.
Et puis je vivrais seul comme un ours en me demandant pourquoi les femmes n'aiment pas les airs bêtes...
Évidemment, ma blonde pourrait vous confirmer que je ne suis pas le type le plus sage en ville quand je suis devant le bulletin de nouvelles à gueuler comme un putois contre le capitalisme et toutes les formes d'injustice.
Je n'ai pas mis mon interrupteur à off, soyez sans crainte.
Je préserve ma révolte de mes mauvaises humeurs.
Je cultive le rire là où d'autres se mettraient à gémir.
J'ai des millions de bonnes raisons de détester le monde.
J'en ai quelques-unes pour l'aimer. Ces quelques-unes qui me rendent mielleux, affable, doux et tendre envers mes semblables.
J'ai le malheur de parler beaucoup de moi en ce moment. Je me relis et m'en veux d'avoir enligné autant de je.
Il m'est permis de croire que vous vous reconnaissez à travers ces projections purement égotistes.
Je ne dois pas être le seul à penser comme ça.
Je n'ai pas inventé le bouton à quatre trous.
Ni celui à deux trous.
Et c'est bien plus pratique de confier ses boutons à une couturière.
Vous me suivez toujours? Hum?
Vous devinerez aisément, lecteurs et lectrices assidus de mon blogue, que je ne me suis pas complètement débarrassé de ces manies...
Pourtant, je dessine de plus en plus des personnages souriants qui semblent empreints d'une bonté naïve que je ne m'explique pas.
Je n'écris pas souvent des poèmes, mais si je devais le faire ils seraient moins cyniques. Je n'y raconterais pas l'histoire d'un type qui s'est fait découper en rondelles pour ensuite se faire passer à la moulinette. Pour ce type-là, je veux bien signer une pétition et manifester. Cependant, je ne ferai pas de mon art une forme d'engagement. L'art engagé vieillit mal. À moins qu'il ne soit enragé. L'art engagé est encagé. L'art enragé possède encore quelques vertus transcendantes....
Mes chansons parlent d'amour quand j'oublie les questions sociales.
Ma métamorphose n'est pas achevée. Je ne deviendrai jamais un type guilleret qui affirme que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il me reste un bon fonds de révolte et d'anarchie qui ne devrait pas s'épuiser avant que je n'aie rendu mon dernier souffle.
Cela dit, j'ai longuement médité cette affirmation du gastronome Brillat-Savarin selon qui l'on est ce que l'on mange.
Si je broyais constamment du noir, je deviendrais encore plus obscur qu'Héraclite d'Éphèse.
Et puis je vivrais seul comme un ours en me demandant pourquoi les femmes n'aiment pas les airs bêtes...
Évidemment, ma blonde pourrait vous confirmer que je ne suis pas le type le plus sage en ville quand je suis devant le bulletin de nouvelles à gueuler comme un putois contre le capitalisme et toutes les formes d'injustice.
Je n'ai pas mis mon interrupteur à off, soyez sans crainte.
Je préserve ma révolte de mes mauvaises humeurs.
Je cultive le rire là où d'autres se mettraient à gémir.
J'ai des millions de bonnes raisons de détester le monde.
J'en ai quelques-unes pour l'aimer. Ces quelques-unes qui me rendent mielleux, affable, doux et tendre envers mes semblables.
J'ai le malheur de parler beaucoup de moi en ce moment. Je me relis et m'en veux d'avoir enligné autant de je.
Il m'est permis de croire que vous vous reconnaissez à travers ces projections purement égotistes.
Je ne dois pas être le seul à penser comme ça.
Je n'ai pas inventé le bouton à quatre trous.
Ni celui à deux trous.
Et c'est bien plus pratique de confier ses boutons à une couturière.
Vous me suivez toujours? Hum?
lundi 14 décembre 2015
Nouvelle toile: "Su' l'perron"
Je ne peins pas des toiles en ce moment: je les ponds!
En voici une autre qui m'a pourri mon sommeil cette nuit. J'avais tellement de petits détails et de couleurs dans les yeux après l'avoir terminée, hier soir, que j'ai eu du mal à m'endormir. Le mythe de l'artiste qui souffre pour son art est plutôt bénin dans mon cas. Je trouverai bien le moyen de dormir tout mon soûl la nuit prochaine...
C'est une toile à l'acrylique de format 18 X 18 pouces. Elle s'intitule "Su' l'perron".
***
Puisque je n'ai pas dormi de la nuit, ou si peu, vous comprendrez que je ne vous embêterai pas ce matin avec mes déblatérations à propos de ceci, cela, Philippe-Flop Couillard d'Arabie Saoudite ou la mafia libérale.
Mark Twain avait trouvé un moyen de ne pas écrire des conneries sur le coup de la colère ou bien de la fatigue. Il laissait reposer ses textes sur sa cheminée toute une journée avant que de les envoyer pour publication. À l'ère des médias sociaux où tout devient instantané, nous sommes encore plus susceptibles d'exprimer des conneries que Mark Twain a pu le faire à l'occasion.
Malheureusement, je n'ai pas de cheminée.
Et je n'écris pas avec une plume et de l'encre.
Ça doit faire au moins vingt ans que je n'écris plus à la main...
Ma dextre me sert à peindre des tableaux, jouer de la guitare et sortir les poubelles, pour ne citer que ces emplois-là.
C'est tout ce que je peux dire sur ce sujet.
En voici une autre qui m'a pourri mon sommeil cette nuit. J'avais tellement de petits détails et de couleurs dans les yeux après l'avoir terminée, hier soir, que j'ai eu du mal à m'endormir. Le mythe de l'artiste qui souffre pour son art est plutôt bénin dans mon cas. Je trouverai bien le moyen de dormir tout mon soûl la nuit prochaine...
C'est une toile à l'acrylique de format 18 X 18 pouces. Elle s'intitule "Su' l'perron".
***
Puisque je n'ai pas dormi de la nuit, ou si peu, vous comprendrez que je ne vous embêterai pas ce matin avec mes déblatérations à propos de ceci, cela, Philippe-Flop Couillard d'Arabie Saoudite ou la mafia libérale.
Mark Twain avait trouvé un moyen de ne pas écrire des conneries sur le coup de la colère ou bien de la fatigue. Il laissait reposer ses textes sur sa cheminée toute une journée avant que de les envoyer pour publication. À l'ère des médias sociaux où tout devient instantané, nous sommes encore plus susceptibles d'exprimer des conneries que Mark Twain a pu le faire à l'occasion.
Malheureusement, je n'ai pas de cheminée.
Et je n'écris pas avec une plume et de l'encre.
Ça doit faire au moins vingt ans que je n'écris plus à la main...
Ma dextre me sert à peindre des tableaux, jouer de la guitare et sortir les poubelles, pour ne citer que ces emplois-là.
C'est tout ce que je peux dire sur ce sujet.
dimanche 13 décembre 2015
La patinoire pour tous
Elle est en vente, bien entendu, mais faites vite puisque mes patinoires partent vite généralement et rien ne dit que je pourrai en produire une autre avec les deux doigts dans le nez.
Ce tableau sera exposé à mon atelier-galerie d'art Simplement. C'est ouvert toutes les samedis et dimanches de 13h00 à 17h00. C'est situé au 448 de la rue Niverville au centre-ville de Trois-Rivières. Pour plus de renseignements, voici mon courriel: bouchard.gaetan@gmail.com
vendredi 11 décembre 2015
J'ai une révolte qui ne veut pas mourir et c'est ma raison d'aimer la vie
J'aurais pensé qu'en vieillissant ma méfiance envers l'autorité, la religion et toutes les autres institutions humaines irait en s'amenuisant. Je constatais chez plus d'un vieillard la préséance de discours et positions franchement réactionnaires. Ils avaient été jeunes eux aussi et n'avaient probablement pas toujours tenus de tels propos de bêtes rampantes toujours disponibles à se faire écraser sous le talon de fer des saigneurs de ce monde.
Pourtant, ma révolte n'est pas disparue. Elle a changé de forme. Elle est néanmoins demeurée tout aussi intense et même plus pure qu'elle ne l'était. Elle n'emprunte plus à Trostky ou Bakounine les mots de la révolution. Elle va plus loin encore que tout ce que j'ai pu lire.
J'en veux à l'injustice sociale de perdurer. J'en veux aux esclaves de plier l'échine et aux maîtres de les fouetter avec un filet de bave de contentement aux lèvres.
Je voudrais bien être libre comme l'air et m'invente des positions intellectuelles pour provoquer cette illusion de liberté. Pourtant, je ne peux pas être libre s'il y a autour de moi des esclaves et des maîtres. Je suis tenu de me rebeller par instinct de survie pour empêcher ma propre disparition et celle des marginaux, hérétiques et hors-normes qui. comme moi, ne tiennent pas à se promener dans les rues avec un poisson pourri dans le dos. Le poisson pourri d'une idéologie, d'une religion, d'un parti politique, d'une classe sociale...
Mes héros sont à peu près tous et toutes des personnes que l'on ne peut pas cloisonner dans une idée divisée en huit, dix ou vingt-quatre points, signe évident de bêtise. Je refuse le bouddhisme parce qu'il y a les huit sentiers de la sagesse. S'il avait dit les nombreux sentiers, sans y mettre de chiffres, j'aurais trouvé ça plus brillant. Huit est un chiffre et comme toute quantification cela ramène à l'imbécillité, voire à la soumission de l'esprit humain.
Mes héros sont à peu près tous et toutes anonymes. Ce sont des personnes que j'ai croisées au hasard de mes pérégrinations dans le monde. Elles n'ont ni pensées ni actions parfaites. Elles correspondent simplement à un certain idéal que je me suis fait de l'humanité aimante et solidaire. Elles sont parfois franchement laides et répugnantes. Elles sont parfois pas propres. Elles ont presque toujours bon coeur. Elles donneraient leur chemise, même s'ils n'en ont qu'une et qu'elle est sale et élimée.
Plus je vieillis, plus ma révolte devient pure comme le cristal.
Elle ne tolère plus les penseurs, les philosophes, les écrivains, les politiciens, les artistes, les rhéteurs, les bretteurs, les journalistes, les anthropophages et autres empêcheurs de danser, rire, chanter, dessiner et faire l'amour.
Elle est devenue encore plus sauvage que la révolte organisée des théoriciens de telle ou telle conceptualisation d'une attitude, d'une mode ou d'une vie tribale.
Je n'ai plus envie d'obéir à qui ou quoi que ce soit.
Si je me conforme de temps à autres, c'est par absence d'alternative. Je ne suis pas parfait et, sans chercher à me soumettre, je comprends que je ne suis parfois qu'un fétu de paille dans cette société qui s'attend à ce que je ferme ma gueule et me tienne dans les rangs en certaines circonstances que je vomis aussitôt que je reviens chez-moi.
Je déteste toute forme d'autorité, en effet.
Je n'admire personne qui tient à se faire un nom et entretient sa légende avec des billevesées qui ne m'impressionnent jamais.
Je ne suis jamais béat devant un pape, un premier ministre, une célébrité ou un dieu.
Je réserve mon enthousiasme pour les petits, les écrasés et les humiliés qui relèvent cent fois cette tête qu'on voudrait leur couper.
Tous les médaillés du monde me sont indifférents.
Tous ceux qui réussissent ne me disent rien.
Je porte dans mon coeur quelque chose d'indéfinissable comme la fierté de ceux qui ont été vaincus par des gredins et des canailles.
Pourtant, ma révolte n'est pas disparue. Elle a changé de forme. Elle est néanmoins demeurée tout aussi intense et même plus pure qu'elle ne l'était. Elle n'emprunte plus à Trostky ou Bakounine les mots de la révolution. Elle va plus loin encore que tout ce que j'ai pu lire.
J'en veux à l'injustice sociale de perdurer. J'en veux aux esclaves de plier l'échine et aux maîtres de les fouetter avec un filet de bave de contentement aux lèvres.
Je voudrais bien être libre comme l'air et m'invente des positions intellectuelles pour provoquer cette illusion de liberté. Pourtant, je ne peux pas être libre s'il y a autour de moi des esclaves et des maîtres. Je suis tenu de me rebeller par instinct de survie pour empêcher ma propre disparition et celle des marginaux, hérétiques et hors-normes qui. comme moi, ne tiennent pas à se promener dans les rues avec un poisson pourri dans le dos. Le poisson pourri d'une idéologie, d'une religion, d'un parti politique, d'une classe sociale...
Mes héros sont à peu près tous et toutes des personnes que l'on ne peut pas cloisonner dans une idée divisée en huit, dix ou vingt-quatre points, signe évident de bêtise. Je refuse le bouddhisme parce qu'il y a les huit sentiers de la sagesse. S'il avait dit les nombreux sentiers, sans y mettre de chiffres, j'aurais trouvé ça plus brillant. Huit est un chiffre et comme toute quantification cela ramène à l'imbécillité, voire à la soumission de l'esprit humain.
Mes héros sont à peu près tous et toutes anonymes. Ce sont des personnes que j'ai croisées au hasard de mes pérégrinations dans le monde. Elles n'ont ni pensées ni actions parfaites. Elles correspondent simplement à un certain idéal que je me suis fait de l'humanité aimante et solidaire. Elles sont parfois franchement laides et répugnantes. Elles sont parfois pas propres. Elles ont presque toujours bon coeur. Elles donneraient leur chemise, même s'ils n'en ont qu'une et qu'elle est sale et élimée.
Plus je vieillis, plus ma révolte devient pure comme le cristal.
Elle ne tolère plus les penseurs, les philosophes, les écrivains, les politiciens, les artistes, les rhéteurs, les bretteurs, les journalistes, les anthropophages et autres empêcheurs de danser, rire, chanter, dessiner et faire l'amour.
Elle est devenue encore plus sauvage que la révolte organisée des théoriciens de telle ou telle conceptualisation d'une attitude, d'une mode ou d'une vie tribale.
Je n'ai plus envie d'obéir à qui ou quoi que ce soit.
Si je me conforme de temps à autres, c'est par absence d'alternative. Je ne suis pas parfait et, sans chercher à me soumettre, je comprends que je ne suis parfois qu'un fétu de paille dans cette société qui s'attend à ce que je ferme ma gueule et me tienne dans les rangs en certaines circonstances que je vomis aussitôt que je reviens chez-moi.
Je déteste toute forme d'autorité, en effet.
Je n'admire personne qui tient à se faire un nom et entretient sa légende avec des billevesées qui ne m'impressionnent jamais.
Je ne suis jamais béat devant un pape, un premier ministre, une célébrité ou un dieu.
Je réserve mon enthousiasme pour les petits, les écrasés et les humiliés qui relèvent cent fois cette tête qu'on voudrait leur couper.
Tous les médaillés du monde me sont indifférents.
Tous ceux qui réussissent ne me disent rien.
Je porte dans mon coeur quelque chose d'indéfinissable comme la fierté de ceux qui ont été vaincus par des gredins et des canailles.
jeudi 10 décembre 2015
Mario Dumont et les lois immuables de l'injustice économique
Je ne devrais jamais regarder les bulletins de nouvelles. Et encore moins ceux de TVA, propriété de Québecor, elle-même propriété de vous-savez-qui...
En fait, ce ne sont pas les bulletins de nouvelles qui m'horripilent mais les commentateurs attitrés pour nous faire savoir quoi et comment penser.
On ne peut pas dire de Mario Dumont que son jupon dépasse: il ne porte qu'un jupon...
Ses commentaires sont toujours orientés idéologiquement du même côté de la barrière.
Il ne commente pas: il prêche.
Et ses prêches sont toujours tout aussi lamentables que son manque flagrant de subtilité.
Hier, il laissait entendre que les grèves consistent à prendre la population en otage et qu'elles n'ont plus leur place de nos jours... Pardon? Ai-je bien entendu???
On aurait cru entendre un de ces immondes crétins du XIXe siècle prêt à battre la canaille avec sa canne à pommeau d'or...
Une grève qui ne dérange personne ce n'est pas une grève. C'est une prière. Et encore moins que cela. Cela ne vaut pas la peine d'en parler. On ne prendrait pas la peine de changer quoi que ce soit avec l'Oncle Tom. Les esclaves déchaînés, on le sait bien, s'attire toujours la foudre des maîtres, qui tiennent leur pouvoir de Dieu, comme tout le monde devrait le savoir...
Ce ne sont pas avec des prières qu'on a retiré les enfants des mines.
Ce ne sont pas avec des prêches que l'esclavage et la ségrégation raciale ont été abolis aux États-Unis.
Ce ne sont pas avec des voeux pieux que les travailleurs ont hérité de la semaine de quarante heures, de l'assurance-chômage et des prestations pour les accidents de travail.
Tous les droits des travailleurs ont été gagné de haute lutte, au risque de se faire fendre le crâne en deux par des flics au service des capitalistes.
Il en était ainsi et il en sera toujours ainsi. Ce ne sont pas les Mario Dumont qui changent quoi que ce soit à l'iniquité des rapports sociaux.
Mario Dumont peut bien continuer à tenir ses commentaires de larbin lèche-bottes. Il peut continuer à dénigrer les travailleurs et leurs moyens de pression pour promouvoir leurs droits tout aussi bien que ceux de la communauté.
Nous sommes à une époque où nous pouvons défier les lois de la gravité et envoyer des engins dans l'espace.
Et voilà qu'il y a des zoufs qui s'évertuent encore à nous faire croire que les lois de l'économie sont encore plus immuables que celles de la gravité...
Au moins, avec la gravité, on touche à du concret. Ça se calcule.
Pour ce qui est de l'économie, elle sera toujours l'état actuel des préjugés sur la manière d'organiser nos rapports sociaux. Rien de plus. L'économie n'est pas immuable. L'économie n'est pas coulée dans le béton jusqu'à la fin des temps. L'économie n'est rien d'autre que la perpétuation des injustices et des hiérarchies sociales artificielles. Elle est un dogme aussi ridicule que ceux de l'église.
Continuez de braire, chroniqueurs stupides de TVA-Nouvelles, créateurs d'opinions du Journal de Monrial, vils valets de la finance qui vous lance ses rogatons pour vous nourrir de l'illusion que vous êtes quelque chose.
Votre monde s'écroule. Il aura bien quelques occasions de nous créer encore du tort. Pourtant, il finira par être balayé sans que personne ne s'ennuie de vous ainsi que de vos niaises analyses de démagogue bon marché.
En fait, ce ne sont pas les bulletins de nouvelles qui m'horripilent mais les commentateurs attitrés pour nous faire savoir quoi et comment penser.
On ne peut pas dire de Mario Dumont que son jupon dépasse: il ne porte qu'un jupon...
Ses commentaires sont toujours orientés idéologiquement du même côté de la barrière.
Il ne commente pas: il prêche.
Et ses prêches sont toujours tout aussi lamentables que son manque flagrant de subtilité.
Hier, il laissait entendre que les grèves consistent à prendre la population en otage et qu'elles n'ont plus leur place de nos jours... Pardon? Ai-je bien entendu???
On aurait cru entendre un de ces immondes crétins du XIXe siècle prêt à battre la canaille avec sa canne à pommeau d'or...
Une grève qui ne dérange personne ce n'est pas une grève. C'est une prière. Et encore moins que cela. Cela ne vaut pas la peine d'en parler. On ne prendrait pas la peine de changer quoi que ce soit avec l'Oncle Tom. Les esclaves déchaînés, on le sait bien, s'attire toujours la foudre des maîtres, qui tiennent leur pouvoir de Dieu, comme tout le monde devrait le savoir...
Ce ne sont pas avec des prières qu'on a retiré les enfants des mines.
Ce ne sont pas avec des prêches que l'esclavage et la ségrégation raciale ont été abolis aux États-Unis.
Ce ne sont pas avec des voeux pieux que les travailleurs ont hérité de la semaine de quarante heures, de l'assurance-chômage et des prestations pour les accidents de travail.
Tous les droits des travailleurs ont été gagné de haute lutte, au risque de se faire fendre le crâne en deux par des flics au service des capitalistes.
Il en était ainsi et il en sera toujours ainsi. Ce ne sont pas les Mario Dumont qui changent quoi que ce soit à l'iniquité des rapports sociaux.
Mario Dumont peut bien continuer à tenir ses commentaires de larbin lèche-bottes. Il peut continuer à dénigrer les travailleurs et leurs moyens de pression pour promouvoir leurs droits tout aussi bien que ceux de la communauté.
Nous sommes à une époque où nous pouvons défier les lois de la gravité et envoyer des engins dans l'espace.
Et voilà qu'il y a des zoufs qui s'évertuent encore à nous faire croire que les lois de l'économie sont encore plus immuables que celles de la gravité...
Au moins, avec la gravité, on touche à du concret. Ça se calcule.
Pour ce qui est de l'économie, elle sera toujours l'état actuel des préjugés sur la manière d'organiser nos rapports sociaux. Rien de plus. L'économie n'est pas immuable. L'économie n'est pas coulée dans le béton jusqu'à la fin des temps. L'économie n'est rien d'autre que la perpétuation des injustices et des hiérarchies sociales artificielles. Elle est un dogme aussi ridicule que ceux de l'église.
Continuez de braire, chroniqueurs stupides de TVA-Nouvelles, créateurs d'opinions du Journal de Monrial, vils valets de la finance qui vous lance ses rogatons pour vous nourrir de l'illusion que vous êtes quelque chose.
Votre monde s'écroule. Il aura bien quelques occasions de nous créer encore du tort. Pourtant, il finira par être balayé sans que personne ne s'ennuie de vous ainsi que de vos niaises analyses de démagogue bon marché.
mercredi 9 décembre 2015
Jeannine René
Le 9 décembre 1936 accueillit dans notre monde Jeannine René, fille de Rodolphe René et Valéda Lefebvre.
Elle passa une partie de son enfance dans la paroisse Saint-François-d'Assise, à Trois-Rivières, et la majeure partie de sa vie dans la paroisse Notre-Dame-des-Sept-Allégresses, qu'elle habite encore à ce jour.
Elle n'était pas très bonne à l'école. Toujours un peu dans la lune. Par contre, elle aimait chanter dans la chorale et, pour cette raison, aurait pu devenir religieuse.
Le destin l'emporta ailleurs. Elle quitta l'école assez tôt pour travailler. D'abord dans une usine de fabrication de patates chips, Canada Maple Leaf si je ne m'abuse, située alors dans la paroisse Sainte-Cécile.
Elle travailla ensuite à titre de couturière à l'usine de textile Wabasso. Rapide comme l'éclair, elle faisait de plus gros salaires que son père -qui travaillait au même endroit- puisqu'on la payait à la pièce. Elle avait développé une technique qui lui fût fort utile tout au cours de sa vie et lui permit de joindre les deux bouts par les temps durs.
Elle épousa Conrad Bouchard, un gars de Sayabec, en 1958. Conrad Bouchard qui travailla à peu près toute sa vie pour la compagnie d'aluminium Reynold's à Cap-de-la-Madeleine.
Ils eurent quatre enfants.
Jeannine fût d'abord mère au foyer et profitait de son temps à la maison pour effectuer des travaux de couture payés à la pièce.
Puis elle se mit à faire des ménages à gauche et à droite pour des femmes de médecin et des notables du coin.
Elle devint préposée aux bénéficiaires au Foyer Joseph-Denys dans les années '70 et '80. Une job qu'elle a aimé plus que toute autre mais à laquelle elle dût renoncer suite à une hospitalisation dont elle s'est fort heureusement rétablie au fil des ans.
Elle poursuivit ses travaux de couture pour ramener du pain et du beurre à la maison.
Elle éduqua ses quatre garçons avec tout l'amour et les soucis que cela suppose.
Elle soutint son mari atteint d'un cancer qui en mourut en 1995.
Son Conrad qui disait d'elle qu'elle avait toujours été "bi'n douce"...
Cette Jeannine dont je parle, cette Jeannine de qui je retiens pour ses talents artisanaux, sa passion pour la musique et ses rêveries, eh bien c'est ma mère.
Ma mère qui a aujourd'hui soixante-dix-huit ans et qui n'est pas toujours facile à suivre quand elle avance à vive allure derrière sa marchette.
Puisse la vie lui offrir toutes les douceurs du monde pour ce qui lui reste à accomplir ici-bas.
Puisse la vie la récompenser de m'avoir donné la vie, des talents artistiques et de l'amour à profusion.
Bonne fête mouman!
Elle passa une partie de son enfance dans la paroisse Saint-François-d'Assise, à Trois-Rivières, et la majeure partie de sa vie dans la paroisse Notre-Dame-des-Sept-Allégresses, qu'elle habite encore à ce jour.
Elle n'était pas très bonne à l'école. Toujours un peu dans la lune. Par contre, elle aimait chanter dans la chorale et, pour cette raison, aurait pu devenir religieuse.
Le destin l'emporta ailleurs. Elle quitta l'école assez tôt pour travailler. D'abord dans une usine de fabrication de patates chips, Canada Maple Leaf si je ne m'abuse, située alors dans la paroisse Sainte-Cécile.
Elle travailla ensuite à titre de couturière à l'usine de textile Wabasso. Rapide comme l'éclair, elle faisait de plus gros salaires que son père -qui travaillait au même endroit- puisqu'on la payait à la pièce. Elle avait développé une technique qui lui fût fort utile tout au cours de sa vie et lui permit de joindre les deux bouts par les temps durs.
Elle épousa Conrad Bouchard, un gars de Sayabec, en 1958. Conrad Bouchard qui travailla à peu près toute sa vie pour la compagnie d'aluminium Reynold's à Cap-de-la-Madeleine.
Ils eurent quatre enfants.
Jeannine fût d'abord mère au foyer et profitait de son temps à la maison pour effectuer des travaux de couture payés à la pièce.
Puis elle se mit à faire des ménages à gauche et à droite pour des femmes de médecin et des notables du coin.
Elle devint préposée aux bénéficiaires au Foyer Joseph-Denys dans les années '70 et '80. Une job qu'elle a aimé plus que toute autre mais à laquelle elle dût renoncer suite à une hospitalisation dont elle s'est fort heureusement rétablie au fil des ans.
Elle poursuivit ses travaux de couture pour ramener du pain et du beurre à la maison.
Elle éduqua ses quatre garçons avec tout l'amour et les soucis que cela suppose.
Elle soutint son mari atteint d'un cancer qui en mourut en 1995.
Son Conrad qui disait d'elle qu'elle avait toujours été "bi'n douce"...
Cette Jeannine dont je parle, cette Jeannine de qui je retiens pour ses talents artisanaux, sa passion pour la musique et ses rêveries, eh bien c'est ma mère.
Ma mère qui a aujourd'hui soixante-dix-huit ans et qui n'est pas toujours facile à suivre quand elle avance à vive allure derrière sa marchette.
Puisse la vie lui offrir toutes les douceurs du monde pour ce qui lui reste à accomplir ici-bas.
Puisse la vie la récompenser de m'avoir donné la vie, des talents artistiques et de l'amour à profusion.
Bonne fête mouman!
mardi 8 décembre 2015
Un homme de paix qui avait fait la guerre
J'ai connu un homme de paix qui avait fait la guerre. La Seconde grande guerre.
C'était un engagé volontaire. Son père lui avait reproché ceci et cela. Comme d'habitude. Et un beau jour, par pur défi, il s'était enrôlé dans l'armée pour partir au front. C'était aux alentours de 1940.
Il partit pour le camp d'entraînement de Halifax où il apprit à garder son flegme lorsqu'on lui gueulait des ordres en anglais qu'il ne comprenait pas trop bien. Puis on l'envoya en Angleterre, où il fût surpris de pouvoir faire l'amour à répétition avec la femme d'un officier anglais qui aimait encourager la belle jeunesse du Dominion of Canada.
On l'encouragea aussi à tenter de prendre Dieppe, en 1942.
-Ils nous donnaient des pilules qui nous rendaient agressifs... On n'voyait plus clair jéritol! Heureusement parce que les Boches nous tiraient dessus pis tous nos soldats tombaient comme des mouches sur la plage... Ceux qui voulaient pas débarquer se faisaient tirer une balle dans 'a tête pis on envoyait une lettre à leu' famille pour leu' dire qu'i' z'étaient morts au champ d'honneur... Moé, si j'ai survécu à Dieppe pis aux autres débarquements, c'est pas parce que j'étais un héros... Les héros sont morts là-bas... Moé j'ai survécu parce que j'me cachais sous les cadavres de mes chums qui me protégeaient des balles pis des bombes... C'est parce que j'savais trouvé une place où m'cacher que j'su's pas mort...
De Dieppe, il est revenu à peu près sain et sauf en Angleterre. Puis on l'envoya en Italie chasser les hordes fascistes de Mussolini, l'idole du Premier ministre du Québec, Maurice Duplessis. De l'Italie il revint vers la France et s'enfonça avec ses camarades en Belgique, en Hollande et bientôt en Allemagne, au coeur de ce Reich qui devait durer mille ans.
Il revint avec une humanité qui transcendait de loin tout ce que je connaissais autour de moi. Ce bon homme devint le meilleur ami de mon père.
C'était un homme extrêmement jovial toujours prêt à discuter avec tous ceux et celles qu'il croisait sur sa route, peu importe d'où ils provenaient. Russes, Polonais, Allemands ou Vietnamiens devenaient tout de suite ses bons amis. Il leur parlait comme s'il s'agissait de ses frères et les invitait chez-lui, au grand désespoir de sa femme qui n'espérait pas tant de visiteurs.
Je me souviens qu'il avait de ces moments où il nous avouait détester franchement la guerre. Il ne trouvait pas toujours les mots pour en parler. Son regard devenait brumeux. Sa gorge se nouait.
Au jour du Souvenir, le 11 novembre, il ne se mêlait pas aux vétérans qui paradaient devant le cénotaphe avec leurs médailles de bravoure.
-Les vrais braves sont morts... Ils sont restés là-bas... Moé j'me mêle pas à ça... J'y va's pas fêter l'armistice...
De temps à autres, il disait qu'il avait défendu son pays, bien entendu. D'autres fois, il ne disait rien.
Ou bien il se rappelait qu'il y avait du bon monde partout, même en Angleterre, même en Allemagne, et pourquoi pas en Russie.
Ce n'était pas un homme à faire de grands discours.
C'était le genre d'homme qui se contentait de faire la charité plutôt que d'en parler.
La guerre lui semblait une saleté. Une saleté qui avait dû être faite pour se débarrasser de Hitler. Les Français l'avaient accueilli en libérateur. Les Hollandais aussi. Puis même les Allemandes...
Il devenait tout joyeux quand il parlait des femmes. C'est que les femmes ne font pas la guerre. Au lieu de se tirer dessus, elles soignent les blessés et réconfortent les mourants. Elles donnent l'envie de vivre et de survivre.
Dans les derniers jours de sa vie, il marchait encore de chez-lui jusqu'au Dunkin Donuts où il retrouvait des tas d'interlocuteurs pour raconter ses péripéties.
Quand je le croisais, il m'adressait la parole en anglais. Il savait que j'étais devenu bilingue après avoir travaillé en Colombie-Britannique, au Yukon, en Ontario et au Labrador.
-How're you doing my young pal? disait-il dans son vieux patois un peu british.
-Pretty good... How's going on sir?
-Jolly good!
Puis à la fin de la conversation, il me quittait sur un sonore "cheeri-o!" que plus personne ne dit. Ou bien sur un Auf wiedersen mein alter.
Il considérait que les Allemands étaient du bon monde qui s'étaient faits manipuler par les nazis.
-C'est c't'hostie d'fou de Hitler qui leur a monté la tête! Y'étaient pas plus méchants qu'nous autres ou ben don' les Anglais...
Ce bon homme est décédé il y a de cela quelques années. J'en garde un souvenir impérissable. Un souvenir qui se ravive chaque fois que j'en vois hurler en faveur de telle ou telle guerre.
Je ne suis pas pacifiste à tout crin. Cependant, je me garde une petite gêne pour me retenir de hurler avec les loups. Chacun de mes hurlements pourrait se transformer en un cadavre sur une plage derrière lequel se cachera un soldat qui ne demandait pas à mourir si jeune.
Je n'irai jamais au front. Je suis devenu trop vieux. J'aurai vécu une vie relativement paisible parce que des pauvres gars sont morts pour ça.
Je penche du côté de la paix non pas par couardise, mais par défi.
Si l'on appliquait la logique d'un oeil pour un oeil, tout le monde finirait par devenir aveugle, disait substantiellement Gandhi.
Il n'y en aura pas de facile en cette misérable vallée de larmes qu'est notre monde.
Pourtant, je me plais à penser que nous pouvons vivre tous ensemble, ici et maintenant, sans nous faire exploser la tronche et droguer des jeunes hommes qu'on envoie vers l'abattoir.
Je n'ai pas de réponses toutes faites pour tout ce chaos qui règne sur la Terre.
Tout ce que j'ai, c'est le souvenir de ce vétéran de la Seconde guerre mondiale, un brave homme qui répandait le bien et le bonheur autour de lui.
C'était un engagé volontaire. Son père lui avait reproché ceci et cela. Comme d'habitude. Et un beau jour, par pur défi, il s'était enrôlé dans l'armée pour partir au front. C'était aux alentours de 1940.
Il partit pour le camp d'entraînement de Halifax où il apprit à garder son flegme lorsqu'on lui gueulait des ordres en anglais qu'il ne comprenait pas trop bien. Puis on l'envoya en Angleterre, où il fût surpris de pouvoir faire l'amour à répétition avec la femme d'un officier anglais qui aimait encourager la belle jeunesse du Dominion of Canada.
On l'encouragea aussi à tenter de prendre Dieppe, en 1942.
-Ils nous donnaient des pilules qui nous rendaient agressifs... On n'voyait plus clair jéritol! Heureusement parce que les Boches nous tiraient dessus pis tous nos soldats tombaient comme des mouches sur la plage... Ceux qui voulaient pas débarquer se faisaient tirer une balle dans 'a tête pis on envoyait une lettre à leu' famille pour leu' dire qu'i' z'étaient morts au champ d'honneur... Moé, si j'ai survécu à Dieppe pis aux autres débarquements, c'est pas parce que j'étais un héros... Les héros sont morts là-bas... Moé j'ai survécu parce que j'me cachais sous les cadavres de mes chums qui me protégeaient des balles pis des bombes... C'est parce que j'savais trouvé une place où m'cacher que j'su's pas mort...
De Dieppe, il est revenu à peu près sain et sauf en Angleterre. Puis on l'envoya en Italie chasser les hordes fascistes de Mussolini, l'idole du Premier ministre du Québec, Maurice Duplessis. De l'Italie il revint vers la France et s'enfonça avec ses camarades en Belgique, en Hollande et bientôt en Allemagne, au coeur de ce Reich qui devait durer mille ans.
Il revint avec une humanité qui transcendait de loin tout ce que je connaissais autour de moi. Ce bon homme devint le meilleur ami de mon père.
C'était un homme extrêmement jovial toujours prêt à discuter avec tous ceux et celles qu'il croisait sur sa route, peu importe d'où ils provenaient. Russes, Polonais, Allemands ou Vietnamiens devenaient tout de suite ses bons amis. Il leur parlait comme s'il s'agissait de ses frères et les invitait chez-lui, au grand désespoir de sa femme qui n'espérait pas tant de visiteurs.
Je me souviens qu'il avait de ces moments où il nous avouait détester franchement la guerre. Il ne trouvait pas toujours les mots pour en parler. Son regard devenait brumeux. Sa gorge se nouait.
Au jour du Souvenir, le 11 novembre, il ne se mêlait pas aux vétérans qui paradaient devant le cénotaphe avec leurs médailles de bravoure.
-Les vrais braves sont morts... Ils sont restés là-bas... Moé j'me mêle pas à ça... J'y va's pas fêter l'armistice...
De temps à autres, il disait qu'il avait défendu son pays, bien entendu. D'autres fois, il ne disait rien.
Ou bien il se rappelait qu'il y avait du bon monde partout, même en Angleterre, même en Allemagne, et pourquoi pas en Russie.
Ce n'était pas un homme à faire de grands discours.
C'était le genre d'homme qui se contentait de faire la charité plutôt que d'en parler.
La guerre lui semblait une saleté. Une saleté qui avait dû être faite pour se débarrasser de Hitler. Les Français l'avaient accueilli en libérateur. Les Hollandais aussi. Puis même les Allemandes...
Il devenait tout joyeux quand il parlait des femmes. C'est que les femmes ne font pas la guerre. Au lieu de se tirer dessus, elles soignent les blessés et réconfortent les mourants. Elles donnent l'envie de vivre et de survivre.
Dans les derniers jours de sa vie, il marchait encore de chez-lui jusqu'au Dunkin Donuts où il retrouvait des tas d'interlocuteurs pour raconter ses péripéties.
Quand je le croisais, il m'adressait la parole en anglais. Il savait que j'étais devenu bilingue après avoir travaillé en Colombie-Britannique, au Yukon, en Ontario et au Labrador.
-How're you doing my young pal? disait-il dans son vieux patois un peu british.
-Pretty good... How's going on sir?
-Jolly good!
Puis à la fin de la conversation, il me quittait sur un sonore "cheeri-o!" que plus personne ne dit. Ou bien sur un Auf wiedersen mein alter.
Il considérait que les Allemands étaient du bon monde qui s'étaient faits manipuler par les nazis.
-C'est c't'hostie d'fou de Hitler qui leur a monté la tête! Y'étaient pas plus méchants qu'nous autres ou ben don' les Anglais...
Ce bon homme est décédé il y a de cela quelques années. J'en garde un souvenir impérissable. Un souvenir qui se ravive chaque fois que j'en vois hurler en faveur de telle ou telle guerre.
Je ne suis pas pacifiste à tout crin. Cependant, je me garde une petite gêne pour me retenir de hurler avec les loups. Chacun de mes hurlements pourrait se transformer en un cadavre sur une plage derrière lequel se cachera un soldat qui ne demandait pas à mourir si jeune.
Je n'irai jamais au front. Je suis devenu trop vieux. J'aurai vécu une vie relativement paisible parce que des pauvres gars sont morts pour ça.
Je penche du côté de la paix non pas par couardise, mais par défi.
Si l'on appliquait la logique d'un oeil pour un oeil, tout le monde finirait par devenir aveugle, disait substantiellement Gandhi.
Il n'y en aura pas de facile en cette misérable vallée de larmes qu'est notre monde.
Pourtant, je me plais à penser que nous pouvons vivre tous ensemble, ici et maintenant, sans nous faire exploser la tronche et droguer des jeunes hommes qu'on envoie vers l'abattoir.
Je n'ai pas de réponses toutes faites pour tout ce chaos qui règne sur la Terre.
Tout ce que j'ai, c'est le souvenir de ce vétéran de la Seconde guerre mondiale, un brave homme qui répandait le bien et le bonheur autour de lui.
lundi 7 décembre 2015
samedi 5 décembre 2015
Charité bien ordonnée
Soeur Matamain, c'était son surnom, s'occupait d'une charité qu'elle voulait chrétienne même si tous les contribuables étaient mis à partie pour ses bonnes oeuvres subventionnées. Les athées, les bouddhistes et même les musulmans payaient des taxes et des impôts pour que Soeur Matamain puisse se donner des airs de charité chrétienne avec toute l'hypocrisie crasse qui vient trop souvent avec.
Soeur Matamain s'appelait Hectorine Lafrange. Soeur Hectorine en fait. On l'appelait Soeur Matamain comme dans Mets-ta-main-dans-mon-cul pour une raison qui m'échappe. Quoi qu'il en soit, tous les pauvres du quartier l'appelaient Soeur Matamain, la vieille vache des Artisans du bonheur qui s'occupe de nourrir les pauvres avec les dons d'aliments périmés reçus à droite comme à gauche.
Soeur Matamain faisait partie du conseil d'administration des Artisans du bonheur et tenait à ce que la charité soit bien ordonnée. Elle dirigeait la distribution de nourriture d'une main de fer. C'était comme si tous les pauvres venaient l'importuner pour lui demander à manger. C'est effectivement ce qu'ils faisaient tous, quêter de la nourriture. Soeur Matamain tenait à ne pas perdre le contrôle de cette foule d'assistés sociaux plus ou moins vulgaires et souvent incapables de se tenir à leur place dans la file d'attente.
-Pas plus d'une personne à la fois! qu'elle leur disait souvent en faisant de gros yeux. Vous devez attendre dans la file et venir seulement lorsque je vous l'aurai dit. Et n'oubliez pas d'aller chercher votre bon d'alimentation à la caisse... Nous devons vérifier si vous recevez un chèque d'aide sociale... Ceux qui n'en reçoivent pas doivent rencontrer notre intervenante qui va décider si nous pouvons vous donner... C'est du cas par cas autrement tout le monde viendrait se servir comme si c'était donné! Le gouvernement nous subventionne aussi en fonction de notre clientèle d'assistés sociaux... Donc, vous devez avoir votre billet, absolument! Autrement vous ne pourrez pas avoir de nourriture!!!
Soeur Matamain était, en un mot, désagréable.
Cette vieille vierge flétrie se croyait en pouvoir de rappeler aux pauvres qu'ils lui devaient tout.
-C'est à votre tour! Vous devez avancer madame! Donnez-moi votre billet! Vous avez votre billet? Vous recevez un chèque d'assistance sociale?
-Euh oui...
-Pas plus que trois pains et pas plus que deux desserts... Vous avez droit à deux sacs. Avancez et nos bénévoles vont vous donner des choses... Et puis, avant de quitter, vous devrez me montrer vos sacs. C'est pour nous assurer que vous n'avez pas plus que trois pains et pas plus que deux desserts... Ensuite, et bien je vous remettrai un chapelet et une prière à la Sainte-Vierge... C'est pour vous aider... En priant, on trouve les solutions à tous nos problèmes... Oui....
La pauvre dame, qui semblait d'ailleurs fraîchement sortie de prison avec ses tatouages et ses cheveux verts, fit comme le disait Soeur Matamain. Elle reçut ses deux sacs de victuailles, avec pas plus que trois pains et deux desserts, puis elle montra le contenu à Soeur Matamain qui lui remit un chapelet et une prière à la Sainte-Vierge.
-Merci ma soeur... lui dit la pauvresse.
-C'est ça... Bonne journée... Et au suivant! Vous avez votre billet?
Cette fois c'était un type plutôt louche, peut-être un étudiant ou bien un jeune drogué.
Soeur Matamain était encore plus méfiante que d'habitude. Elle tentait de percer son âme avec son regard frigorifié.
-Vous avez votre billet? Vous recevez de l'aide sociale...
-Oui... Mais j'suis étudiant... J'attends mon prêt et bourse... J'ai rien...
-Vous avez bien rencontré l'intervenante?
-Oui... Je n'avais pas le trois dollars....
J'oubliais de dire que les pauvres doivent débourser trois dollars pour avoir droit à la charité. Ce n'est pas parce que c'est donné que les Artisans du bonheur ne doivent pas rentrer dans leur argent. Qu'est-ce que c'est que trois dollars pour deux sacs avec trois pains et deux desserts? C'est trois fois rien.
Évidemment, ceux qui n'ont pas d'argent pourront tout de même se mettre en file après être passé devant l'intervenante qui les soumettra à une batterie de questions.
-Prenez-vous de la drogue?
-Avez-vous fait de la prison?
-Est-ce que vous vous protégez au cours des relations sexuelles?
L'étudiant avait subi toutes ces questions, évidemment, et c'était au tour de Soeur Matamain de l'humilier pour lui faire regretter de faire la file à la banque alimentaire plutôt que d'aller se servir lui-même dans les conteneurs à déchets.
L'étudiant a obéi à Soeur Matamain, pour les deux sacs, les trois pains et les deux desserts, mais lorsque vint le moment de recevoir son chapelet et sa prière de la Sainte-Vierge, son sang d'ingrat fit trois tours.
-Je ne crois pas à cette bullshit. Dieu n'existe pas.
-Comment? lui répliqua Soeur Matamain tout en ayant l'oeil mauvais.
-Je ne crois pas à ces absurdités. La charité est subventionnée par tout le monde ici, non? Pourquoi devrais-je me farcir des discours religieux et des hosties de chapelets? Je n'ai pas volé une banque sacrament! J'ai seulement faim parce que je n'ai plus rien!
-Monsieur, si vous appreniez à prier vous seriez moins malchanceux!
-M'en calisse de la religion sale! Hostie d'église d'hypocrites pleins de marde! Faut qu'l'église nous fasse sentir qu'elle donne même quand elle n'a rien à voir avec ça!!! Donnez-moé mes hosties de trois pains pis mes deux desserts pis laissez faire vos tabarnaks de discours creux pour petits pauvres écrasés! Donnez-nous de la justice, de la fierté, n'importe quoi calice, et surtout la révolution!
-Monsieur, je vous prie de vous taire... Prenez vos affaires et sortez ou j'appelle la police!
L'étudiant n'alla pas plus loin dans sa harangue. Il sortit, l'air tout aussi outré que penaud, sans oublier de gueuler que les pauvres devraient faire la révolution.
Cela fit sourire un ou deux pauvres et enragé quelques bénévoles.
-On prend la peine de lui donner pis c'est de même qu'il nous remercie! déclara madame Casgrain, une larbine parmi tant d'autres.
Soeur Matamain retrouva sa mauvaise humeur et poursuivit avec le suivant.
-Avez-vous votre billet? Recevez-vous de l'aide sociale?
Soeur Matamain s'appelait Hectorine Lafrange. Soeur Hectorine en fait. On l'appelait Soeur Matamain comme dans Mets-ta-main-dans-mon-cul pour une raison qui m'échappe. Quoi qu'il en soit, tous les pauvres du quartier l'appelaient Soeur Matamain, la vieille vache des Artisans du bonheur qui s'occupe de nourrir les pauvres avec les dons d'aliments périmés reçus à droite comme à gauche.
Soeur Matamain faisait partie du conseil d'administration des Artisans du bonheur et tenait à ce que la charité soit bien ordonnée. Elle dirigeait la distribution de nourriture d'une main de fer. C'était comme si tous les pauvres venaient l'importuner pour lui demander à manger. C'est effectivement ce qu'ils faisaient tous, quêter de la nourriture. Soeur Matamain tenait à ne pas perdre le contrôle de cette foule d'assistés sociaux plus ou moins vulgaires et souvent incapables de se tenir à leur place dans la file d'attente.
-Pas plus d'une personne à la fois! qu'elle leur disait souvent en faisant de gros yeux. Vous devez attendre dans la file et venir seulement lorsque je vous l'aurai dit. Et n'oubliez pas d'aller chercher votre bon d'alimentation à la caisse... Nous devons vérifier si vous recevez un chèque d'aide sociale... Ceux qui n'en reçoivent pas doivent rencontrer notre intervenante qui va décider si nous pouvons vous donner... C'est du cas par cas autrement tout le monde viendrait se servir comme si c'était donné! Le gouvernement nous subventionne aussi en fonction de notre clientèle d'assistés sociaux... Donc, vous devez avoir votre billet, absolument! Autrement vous ne pourrez pas avoir de nourriture!!!
Soeur Matamain était, en un mot, désagréable.
Cette vieille vierge flétrie se croyait en pouvoir de rappeler aux pauvres qu'ils lui devaient tout.
-C'est à votre tour! Vous devez avancer madame! Donnez-moi votre billet! Vous avez votre billet? Vous recevez un chèque d'assistance sociale?
-Euh oui...
-Pas plus que trois pains et pas plus que deux desserts... Vous avez droit à deux sacs. Avancez et nos bénévoles vont vous donner des choses... Et puis, avant de quitter, vous devrez me montrer vos sacs. C'est pour nous assurer que vous n'avez pas plus que trois pains et pas plus que deux desserts... Ensuite, et bien je vous remettrai un chapelet et une prière à la Sainte-Vierge... C'est pour vous aider... En priant, on trouve les solutions à tous nos problèmes... Oui....
La pauvre dame, qui semblait d'ailleurs fraîchement sortie de prison avec ses tatouages et ses cheveux verts, fit comme le disait Soeur Matamain. Elle reçut ses deux sacs de victuailles, avec pas plus que trois pains et deux desserts, puis elle montra le contenu à Soeur Matamain qui lui remit un chapelet et une prière à la Sainte-Vierge.
-Merci ma soeur... lui dit la pauvresse.
-C'est ça... Bonne journée... Et au suivant! Vous avez votre billet?
Cette fois c'était un type plutôt louche, peut-être un étudiant ou bien un jeune drogué.
Soeur Matamain était encore plus méfiante que d'habitude. Elle tentait de percer son âme avec son regard frigorifié.
-Vous avez votre billet? Vous recevez de l'aide sociale...
-Oui... Mais j'suis étudiant... J'attends mon prêt et bourse... J'ai rien...
-Vous avez bien rencontré l'intervenante?
-Oui... Je n'avais pas le trois dollars....
J'oubliais de dire que les pauvres doivent débourser trois dollars pour avoir droit à la charité. Ce n'est pas parce que c'est donné que les Artisans du bonheur ne doivent pas rentrer dans leur argent. Qu'est-ce que c'est que trois dollars pour deux sacs avec trois pains et deux desserts? C'est trois fois rien.
Évidemment, ceux qui n'ont pas d'argent pourront tout de même se mettre en file après être passé devant l'intervenante qui les soumettra à une batterie de questions.
-Prenez-vous de la drogue?
-Avez-vous fait de la prison?
-Est-ce que vous vous protégez au cours des relations sexuelles?
L'étudiant avait subi toutes ces questions, évidemment, et c'était au tour de Soeur Matamain de l'humilier pour lui faire regretter de faire la file à la banque alimentaire plutôt que d'aller se servir lui-même dans les conteneurs à déchets.
L'étudiant a obéi à Soeur Matamain, pour les deux sacs, les trois pains et les deux desserts, mais lorsque vint le moment de recevoir son chapelet et sa prière de la Sainte-Vierge, son sang d'ingrat fit trois tours.
-Je ne crois pas à cette bullshit. Dieu n'existe pas.
-Comment? lui répliqua Soeur Matamain tout en ayant l'oeil mauvais.
-Je ne crois pas à ces absurdités. La charité est subventionnée par tout le monde ici, non? Pourquoi devrais-je me farcir des discours religieux et des hosties de chapelets? Je n'ai pas volé une banque sacrament! J'ai seulement faim parce que je n'ai plus rien!
-Monsieur, si vous appreniez à prier vous seriez moins malchanceux!
-M'en calisse de la religion sale! Hostie d'église d'hypocrites pleins de marde! Faut qu'l'église nous fasse sentir qu'elle donne même quand elle n'a rien à voir avec ça!!! Donnez-moé mes hosties de trois pains pis mes deux desserts pis laissez faire vos tabarnaks de discours creux pour petits pauvres écrasés! Donnez-nous de la justice, de la fierté, n'importe quoi calice, et surtout la révolution!
-Monsieur, je vous prie de vous taire... Prenez vos affaires et sortez ou j'appelle la police!
L'étudiant n'alla pas plus loin dans sa harangue. Il sortit, l'air tout aussi outré que penaud, sans oublier de gueuler que les pauvres devraient faire la révolution.
Cela fit sourire un ou deux pauvres et enragé quelques bénévoles.
-On prend la peine de lui donner pis c'est de même qu'il nous remercie! déclara madame Casgrain, une larbine parmi tant d'autres.
Soeur Matamain retrouva sa mauvaise humeur et poursuivit avec le suivant.
-Avez-vous votre billet? Recevez-vous de l'aide sociale?
vendredi 4 décembre 2015
Donnons une chance à la paix
J'ai marché longtemps ce matin pour me nettoyer l'esprit. Il y a tant de nouvelles qui circulent à droite et à gauche que mes capacités d'absorption et d'analyse en souffrent largement. Mon meilleur filtre, pour comprendre ce sale monde dans lequel j'évolue, c'est encore mon coeur. Accorder raison aux haineux, qu'ils soient pour ou contre mes idées, c'est abdiquer quelque chose comme la souveraineté de mon âme. Je ne suis ni naïf, ni une bête qui bêle avec le troupeau. Je suis simplement un type qui ne reçoit pas de bombes sur la gueule et qui apprend que son pays sert, entre autres, à tuer des pauvres gens qui n'ont rien fait sous prétexte de combattre des mercenaires achetés par les mêmes qui nous imposent des politiques d'austérité.
Je veux bien combattre les mercenaires, les terroristes et, bien sûr, leurs commanditaires. Je comprends que ce combat ne peut pas être mené avec ceux qui prétendent nous soutenir tout en nous tirant dans le dos...
Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes fait partie de la charte de l'Organisation des Nations-Unies. C'est un droit qui, comme tous les autres, justifie tout et son contraire.
Dans les faits, on ne veut pas que les peuples contrôlent leur économie, leurs ressources naturelles et leur destinée. On les veut soumis, dépossédés, à la merci des oligarques internationaux qui n'ont rien à foutre des patries, des cultures et de l'universalité des programmes sociaux.
La guerre qu'on veut nous voir mener se fait en premier lieu contre nous-mêmes. Ce n'est pas l'État islamique, Saddam Hussein ou le Docteur Terreur qu'on veut éradiquer, mais bel et bien la souveraineté des peuples et le contrôle qu'ils pourraient exercer sur leurs ressources naturelles pour se financer des soins de santé et une éducation dignes de ce nom. Ici comme ailleurs, on veut asservir l'humanité à une poignée de familles riches à l'os.
Dans ce contexte, je ne peux que me rendre aux arguments des pacifistes. Ils me semblent bien moins naïfs qu'on souhaite nous le faire croire. Justifier le bombardement de populations civiles au nom d'une guerre absurde dont tous les adversaires sont financés par les mêmes fripouilles, cela relève de la schizophrénie collective.
Ce n'est pas le drapeau blanc que l'on me verra agiter. Je n'agiterai aucun drapeau. Je ne veux seulement pas sombrer dans le fanatisme et la démagogie peu subtile des pantins du capitalisme sauvage.
Que doit-on faire contre les extrémistes et les fanatiques? Les empêcher d'agir, bien sûr, tout comme on doit combattre ce qui nourrit les solutions armées: la violence du capitalisme sauvage.
Une société injuste produira des terroristes qui trouveront leur propre justification dans cette atmosphère de fraude et de corruption où nous baignons tout en nous croyant les "plus meilleurs pays au monde".
Au lieu de nous entretuer pour rien, apprenons à vivre ensemble, ici et maintenant.
Apprenons à être plus juste et plus généreux envers notre prochain.
Apprenons la solidarité, la vraie, celle qui refuse la mort d'innocentes victimes pour enrichir les fabricants d'armes et donner de nouveaux territoires aux corporations.
Le capitalisme est à la racine du mal que nous vivons tous sur cette pauvre et misérable Terre.
C'est lui que nous devons combattre pour que nos frères et soeurs humains puissent enfin vivre en paix dans leur coin de pays.
Pour être bref: donnons une chance à la paix.
Sans quoi, ce n'est pas qu'en Syrie que ce sera invivable. Mais ici même, à l'intérieur de nos frontières. On aura ce bel État fasciste dont rêvent les crapules et on pourra acheter, ici comme ailleurs, nos ressources naturelles pour une bouchée de pain.
jeudi 3 décembre 2015
Discussion avec mon bon ami musulman
Audi alteram partem.
Ce n’est pas qu’une locution latine tirée des pages roses du dictionnaire. C’est
aussi un principe de justice : écoute ce que dit l’autre partie. Avant que
de balancer sans raison des bombes sur des civils qui n’ont rien à voir avec qui
ou quoi ce soit, on ferait bien de souffler un peu et d’analyser un tant soit
peu la situation, voire les discours.
C’est ce que j’ai fait ce matin en discutant avec mon bon
ami musulman qui ne sera probablement jamais interviewé par un journaliste. On
lui préfère, de loin, tel ou tel connard pétri de préceptes divins où l’humanisme
joue pour si peu qu’on tient là l’interlocuteur rêvé pour balancer des bombes
sur n’importe qui, n’importe quoi et n’importe comment. C’est comme si on
invitait un Béret blanc à livrer sa vision de la chrétienté…
Ce bon ami musulman n’a pas choisi d’être musulman. Il est
né comme ça. Comme je suis né catholique. J’aime bien rappeler que je ne le
suis plus, mais je demeure sans doute un chrétien aux yeux de bien des gens qui
ne connaissent rien à mon pays. Si je dis que je suis un animiste aborigène athée,
personne n’y comprendra rien. Aussi, je préfère me taire à ce sujet. Et
écouter, autant que faire se peut, l’autre partie…
Cet ami musulman, appelons-le Ahmed, fréquente la mosquée
pour les mariages, les funérailles et autres moments plus ou moins familiaux.
Il n’est ni fanatique, ni terroriste, ni malhonnête. C’est un gars poli,
avenant et humain, du moins pour ce que je connais de lui.
Il est arrivé ici autour de 1990 avec sa femme et ses
enfants. Il avait pour toute fortune trois ou quatre sacs en plastique. C’était
un réfugié d’une quelconque guerre qu’il n’a pas voulu commettre et encore
moins subir.
-Calice tabarnak! qu’il me disait avec son accent slave. J’avais
trois, quatre sacs de plastique… Rien de rien…
Et moi travailler dur quand arrivé ici! Très dur! Prendre travail n’importe quoi.
Soixante-dix heures semaine. Petit salaire. Travail très dur et jamais me
plaindre. Parce qu’ici pas guerre. Ici la paix. Mais là, faut pas devenir fou
avec calice de guerre… Les Syriens fuient guerre sale… Pourquoi guerre? Pour l’argent calice
tabarnak! On dit que c’est contre dictature… Ils s’en calissent de dictature…
Arabie Saoudite : c’est vraie dictature… Et que faire eux? Rien!!! Parce
que c’est bonne dictature… Mais dictature qui empêche les grosses compagnies de
faire du fric? Pas bonne dictature! Qui finance État islamique? Tout le monde
qui veut faire fric… C’est pas Islam, eux, c’est mercenaires pour le fric…
Et qui meurent? Des civils qui n’ont rien fait… Encore des civils… Mercenaires
meurent pas… Soldats meurent pas… Civils oui. Guerre est saleté je te dis!
J’étais d’accord avec lui, bien entendu. Je me rends bien
compte que les réfugiés syriens ne sont pas les bienvenus en Arabie Saoudite
parce qu’ils sont trop laïcs. Les femmes y portent rarement le voile et les
hommes n’y sont pas trop barbus. Ce serait mauvais pour l’Arabie Saoudite d’avoir
à les mettre au pas. C’est donc le signe qu’ils ne sont pas les fous fanatiques
qu’on tente de nous présenter, mais tout simplement des victimes d’une sale
guerre entretenue par les corporations internationales pour mettre la main sur
de nouveaux territoires et de nouvelles ressources naturelles.
Les peuples comme les idéologies servent de levier pour soulever
le monde contre lui-même. Les corporations profitent du chaos qu’ils ont
eux-mêmes financé afin de s’affirmer comme les vrais maîtres du jeu. Le pouvoir
et l’opposition sont financés par les mêmes sources. Que nous misions sur le
pion noir ou sur le pion blanc, nous serons soudés à notre nature de pion.
-Difficile pour gens de se faire une juste idée… Les médias
disent n’importe quoi…
-Tu as raison Ahmed… Mais les gens ont de plus en plus accès
à diverses sources d’information… Ce qui n’était pas le cas il y a vingt ans…
Les médias corporatistes en arrachent… Les quotidiens ferment l’un après l’autre… Des nouvelles alternatives circulent via l’Internet…
Ils n’ont plus la partie aussi facile ces salopards mafieux! La plupart des
gens que je connais ne croient plus aux mensonges des médias dits traditionnels…
Ils haussent les épaules en disant : « Qu’est-ce que tu veux qu’on
fasse ? » Ça ne veut pas dire qu’ils croient à toutes ces conneries…
L’aveu d’impuissance n’est pas un aveu de soumission… C’est la preuve que
personne ne va soutenir ce système lorsqu’il va s’écrouler. Ce système est déjà
en ruines dans la tête de bien des gens…
Tout le monde sait qu’on se fait crosser. C’est ça qui m’encourage…
-Oui… Toi peut-être raison… Encore bon monde… Oui… Comme vieille dame de Trois-Rivières qui tricote des tuques pour les réfugiés et qui dit moi ce
que je sais c’est qu’ils vont avoir froid et mon cœur me dit qu’il faut les
aider… Vieille femme très bonne… Plus humaine que animateurs radio et autres
trous du cul…. Pourquoi tuer civils, hein? Pourquoi faire souffrir gens? Y’a plus
de musulmans qui meurent dans attentats que n’importe qui… En France, à Paris,
des musulmans sont morts aussi pendant attentats… C’est misère tout ça…
Avant de se quitter, Ahmed m’a dit que les politiciens
devraient envoyer leurs propres enfants se faire tuer au lieu d’envoyer au
front des pauvrichons de Trois-Rivières, Saguenay ou Toronto.
Nous nous sommes quittés dans un esprit de fraternité.
La discussion n’est pas encore terminée.
Elle se poursuivra au cours des prochains jours.
Tout ce que je sais, c’est que je refuse dorénavant que mon
pays se fasse la courroie de transmission d’intérêts financiers
occultes maquillés en devoir pseudo-patriotique. Ce qui menace notre peuple, comme tous les
peuples du monde, ce sont ces banquiers sans scrupules qui veulent mettre main
basse sur notre économie, sur leur économie, sur l’économie du monde entier. Et
ils se foutent bien de tuer qui que ce soit. Tous les peuples du monde doivent
se mette à genoux pour ces pourris sales.
Les banquiers sont en guerre contre tous les peuples. Et ça inclut le nôtre.
Quand nous aurons compris ça, eh bien nous saurons pourquoi la Terre ne tourne pas rond.
mercredi 2 décembre 2015
De la philosophie en tant que bouclier
Les sages de nos antiquités grecques et romaines, de même que les sages de toutes les époques, ont cherché un moyen de nous préserver de la souffrance.
Pour Bouddha, la solution résidait dans le fait qu'il vivait sa dernière vie. La souffrance était représentée par le cycle des naissances et des réincarnations propres à la tradition hindouiste. Qu'est-ce qui cause la souffrance? La naissance, puis la renaissance... Bouddha ne se réincarnerait plus. Il quitterait à jamais toute forme de vie. Du coup, il se sentit illuminé et rempli de sagesse.
-Si la vie te fait si mal que ça, lui disait Mara l'esprit du Mal, pourquoi ne meurs-tu pas tout de suite?
-Je ne meurs pas tout de suite parce que je suis un pont entre ce monde de souffrance et la dissolution dans le néant, disait substantiellement Bouddha. Je suis ici pour aider ceux qui sont prisonniers du cycle des naissances et renaissances...
-Ah bon.. Puisque tu le dis, devait sans doute lui répéter Mara. Et ce rien-là, ça ressemble à quoi?
-... lui répliqua Bouddha, les yeux mi-clos.
***
Épictète était l'esclave d'Épaphrodite, un esclave affranchi de l'empereur Néron qui le traitait comme de la merde. Épaphrodite lui a pété la jambe pour lui signifier qu'il était son maître et pouvait disposer de lui comme il l'entendait. Fort heureusement pour Épictète, il devint lui-même affranchi à la mort de son maître pour une raison qui nous échappe encore.
Sa philosophie, que d'aucuns pourraient considérer comme de la résignation, est une manière de résister à l'insupportable.
Elle prône le lâcher-prise. Ce que nous ne pouvons pas contrôler ne doit pas nous affecter. Peut-on contrôler la pluie, l'orage, l'esclavage? On peut toujours s'opposer à l'esclavage, mais au moment où notre maître nous pète la jambe, il vaut mieux le regarder froidement dans les yeux en se disant qu'il ne contrôlera jamais notre esprit, dusse-t-il nous découper en rondelles.
***
Chez les Haudenosaunees, pour ne nommer que ceux-là, on torturait les prisonniers pour tester leur résistance. Ceux qui pleuraient étaient tout de suite exécutés. Ceux qui résistaient avaient une chance de survivre à la torture et même d'être adoptés par la tribu.
-En toutes circonstances, apprenait l'aborigène de l'Île de la Tortue, sois toujours prêt à entonner ton chant de la mort.
On te coupe un doigt? Démontre-leur que tu ne ressens rien.
On t'arrache les yeux, la langue, alouette? Sois stoïque et fort.
***
Épicure, un autre stoïcien, représentait l'idée du lâcher-prise avec une allégorie.
Phalaris, tyran d'Agrigente en Sicile, faisait usage d'un taureau d'airain pour supplicier les condamnés. On enfermait le condamné dans ce taureau de métal et on le faisait chauffer à blanc jusqu'à ce que le condamné y meure dans d'atroces souffrances.
Épicure disait que la philosophie devait servir à résister à toute forme de souffrance, y compris celle de mourir brûlé vif dans le taureau de Phalaris.
Si l'on condamnait un sage à y mourir, celui-ci devrait dire: "que cet endroit est chaud! qu'il est confortable..." pendant qu'il passerait au supplice.
L'amour de la sagesse, pour les stoïciens comme pour les bouddhistes et les autochtones, passe invariablement par l'absence de douleur, c'est-à-dire ce que les Grecs nommaient l'ataraxie.
Et on atteint cette ataraxie par des moyens purement intellectuels, par la force de notre esprit. Voilà.
***
Le plus grand drame de notre époque est sans aucun doute cette perversité de l'âme qui fait en sorte que les enfants soient soumis au culte du pleurnichage et de la médiocrité.
On ne doit pas avoir honte de pleurer.
On ne doit pas avoir honte d'être une mauviette.
On doit se sentir fort d'être faiblard, braillard et débordant d'émotions.
Avoir de la colonne vertébrale passe pour un sentiment vieux jeu.
Être une force de la nature est vue d'un mauvais oeil par cette société de mollassons menacés de disparaître au premier coup de vent.
Quelle justice doit-on espérer de gens qui sont incapables de se défendre?
Quelle solidarité pouvons-nous espérer de ceux qui craignent leur ombre?
Diogène balancerait sa lanterne au bout de ses bras s'il revenait en notre monde. Il ne se donnerait même pas la peine d'y chercher un homme ou une femme digne de ce nom. Il s'en irait se réfugier dans la forêt avec quelques Iyéyous solitaires qui vivent encore de la chasse, de la pêche et de la trappe.
***
Un de mes professeurs de philosophie, un stupide théoricien gagné à la cause de la philosophie du langage, avait coutume de commencer ses cours par une démonstration.
Il écrivait sur le tableau noir le mot philosophie puis y traçait deux traits. Un trait qui conduisait à mode de vie et un autre qui menait à système de pensée. Il rayait l'expression mode de vie pour ensuite nous dire qu'il allait uniquement se consacrer à la philosophie en tant que système de pensée. Ensuite, il se rendait aux toilettes pour renifler sa dose de cocaïne...
Il va sans dire que je me rebellais contre cette façon de voir.
J'étais un indécrottable klimovien, c'est-à-dire un chaud partisan de mon professeur Alexis Klimov pour qui la philosophie était essentiellement ce qu'elle devait être: l'amour de la sagesse, la quête de la connaissance, le Grand Art...
***
J'aurais pu devenir professeur de philosophie si j'avais été moins philosophe et plus priseur de cocaïne.
Je ne me voyais pas enseigner des syllogismes stupides, des idéologies déconnectées de la vie et des théories creuses sur le matérialisme dialectique...
J'ai compris, un peu tard, que la philosophie m'attendait ailleurs qu'à l'université. Elle serait toujours là pour m'accompagner dans mes lectures, mes voyages, mes amitiés et mes inimitiés.
Quand tout va bien, je me dis que tout va bien.
Et quand tout va mal, je me répète encore que tout va bien.
Je ne dis pas ça par déni de la réalité.
Je me sers de la philosophie pour survivre à l'insupportable.
Tant que la philosophie me console, je résiste à tout.
On peut me découper en rondelles, me brûler vif, me détruire: tout va bien.
Je serai toujours prêt à entonner mon chant de la mort.
Du moins, je le souhaite.
J'espère de la philosophie qu'elle me préserve de toute forme de ressentiment, de colère et de souffrance.
J'espère de la philosophie qu'elle soit mon bouclier.
Pour Bouddha, la solution résidait dans le fait qu'il vivait sa dernière vie. La souffrance était représentée par le cycle des naissances et des réincarnations propres à la tradition hindouiste. Qu'est-ce qui cause la souffrance? La naissance, puis la renaissance... Bouddha ne se réincarnerait plus. Il quitterait à jamais toute forme de vie. Du coup, il se sentit illuminé et rempli de sagesse.
-Si la vie te fait si mal que ça, lui disait Mara l'esprit du Mal, pourquoi ne meurs-tu pas tout de suite?
-Je ne meurs pas tout de suite parce que je suis un pont entre ce monde de souffrance et la dissolution dans le néant, disait substantiellement Bouddha. Je suis ici pour aider ceux qui sont prisonniers du cycle des naissances et renaissances...
-Ah bon.. Puisque tu le dis, devait sans doute lui répéter Mara. Et ce rien-là, ça ressemble à quoi?
-... lui répliqua Bouddha, les yeux mi-clos.
***
Épictète était l'esclave d'Épaphrodite, un esclave affranchi de l'empereur Néron qui le traitait comme de la merde. Épaphrodite lui a pété la jambe pour lui signifier qu'il était son maître et pouvait disposer de lui comme il l'entendait. Fort heureusement pour Épictète, il devint lui-même affranchi à la mort de son maître pour une raison qui nous échappe encore.
Sa philosophie, que d'aucuns pourraient considérer comme de la résignation, est une manière de résister à l'insupportable.
Elle prône le lâcher-prise. Ce que nous ne pouvons pas contrôler ne doit pas nous affecter. Peut-on contrôler la pluie, l'orage, l'esclavage? On peut toujours s'opposer à l'esclavage, mais au moment où notre maître nous pète la jambe, il vaut mieux le regarder froidement dans les yeux en se disant qu'il ne contrôlera jamais notre esprit, dusse-t-il nous découper en rondelles.
***
Chez les Haudenosaunees, pour ne nommer que ceux-là, on torturait les prisonniers pour tester leur résistance. Ceux qui pleuraient étaient tout de suite exécutés. Ceux qui résistaient avaient une chance de survivre à la torture et même d'être adoptés par la tribu.
-En toutes circonstances, apprenait l'aborigène de l'Île de la Tortue, sois toujours prêt à entonner ton chant de la mort.
On te coupe un doigt? Démontre-leur que tu ne ressens rien.
On t'arrache les yeux, la langue, alouette? Sois stoïque et fort.
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Épicure, un autre stoïcien, représentait l'idée du lâcher-prise avec une allégorie.
Phalaris, tyran d'Agrigente en Sicile, faisait usage d'un taureau d'airain pour supplicier les condamnés. On enfermait le condamné dans ce taureau de métal et on le faisait chauffer à blanc jusqu'à ce que le condamné y meure dans d'atroces souffrances.
Épicure disait que la philosophie devait servir à résister à toute forme de souffrance, y compris celle de mourir brûlé vif dans le taureau de Phalaris.
Si l'on condamnait un sage à y mourir, celui-ci devrait dire: "que cet endroit est chaud! qu'il est confortable..." pendant qu'il passerait au supplice.
L'amour de la sagesse, pour les stoïciens comme pour les bouddhistes et les autochtones, passe invariablement par l'absence de douleur, c'est-à-dire ce que les Grecs nommaient l'ataraxie.
Et on atteint cette ataraxie par des moyens purement intellectuels, par la force de notre esprit. Voilà.
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Le plus grand drame de notre époque est sans aucun doute cette perversité de l'âme qui fait en sorte que les enfants soient soumis au culte du pleurnichage et de la médiocrité.
On ne doit pas avoir honte de pleurer.
On ne doit pas avoir honte d'être une mauviette.
On doit se sentir fort d'être faiblard, braillard et débordant d'émotions.
Avoir de la colonne vertébrale passe pour un sentiment vieux jeu.
Être une force de la nature est vue d'un mauvais oeil par cette société de mollassons menacés de disparaître au premier coup de vent.
Quelle justice doit-on espérer de gens qui sont incapables de se défendre?
Quelle solidarité pouvons-nous espérer de ceux qui craignent leur ombre?
Diogène balancerait sa lanterne au bout de ses bras s'il revenait en notre monde. Il ne se donnerait même pas la peine d'y chercher un homme ou une femme digne de ce nom. Il s'en irait se réfugier dans la forêt avec quelques Iyéyous solitaires qui vivent encore de la chasse, de la pêche et de la trappe.
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Un de mes professeurs de philosophie, un stupide théoricien gagné à la cause de la philosophie du langage, avait coutume de commencer ses cours par une démonstration.
Il écrivait sur le tableau noir le mot philosophie puis y traçait deux traits. Un trait qui conduisait à mode de vie et un autre qui menait à système de pensée. Il rayait l'expression mode de vie pour ensuite nous dire qu'il allait uniquement se consacrer à la philosophie en tant que système de pensée. Ensuite, il se rendait aux toilettes pour renifler sa dose de cocaïne...
Il va sans dire que je me rebellais contre cette façon de voir.
J'étais un indécrottable klimovien, c'est-à-dire un chaud partisan de mon professeur Alexis Klimov pour qui la philosophie était essentiellement ce qu'elle devait être: l'amour de la sagesse, la quête de la connaissance, le Grand Art...
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J'aurais pu devenir professeur de philosophie si j'avais été moins philosophe et plus priseur de cocaïne.
Je ne me voyais pas enseigner des syllogismes stupides, des idéologies déconnectées de la vie et des théories creuses sur le matérialisme dialectique...
J'ai compris, un peu tard, que la philosophie m'attendait ailleurs qu'à l'université. Elle serait toujours là pour m'accompagner dans mes lectures, mes voyages, mes amitiés et mes inimitiés.
Quand tout va bien, je me dis que tout va bien.
Et quand tout va mal, je me répète encore que tout va bien.
Je ne dis pas ça par déni de la réalité.
Je me sers de la philosophie pour survivre à l'insupportable.
Tant que la philosophie me console, je résiste à tout.
On peut me découper en rondelles, me brûler vif, me détruire: tout va bien.
Je serai toujours prêt à entonner mon chant de la mort.
Du moins, je le souhaite.
J'espère de la philosophie qu'elle me préserve de toute forme de ressentiment, de colère et de souffrance.
J'espère de la philosophie qu'elle soit mon bouclier.
mardi 1 décembre 2015
Textes et images
Le désordre créatif de mon atelier,,, |
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Mes pinceaux s'agitent dans mon atelier. J'ai constaté que les thèmes qui sont les plus prisés par mes gentils collectionneurs sont les scènes urbaines remplies de personnages, les patinoires extérieures et les cordes à linge...
Molière souhaitait qu'on le reconnaisse pour ses tragédies que l'on ne joue jamais. Ses comédies, des produits purement alimentaires selon son avis, lui ont survécu tant et si bien qu'ils font maintenant partie du patrimoine culturel de l'humanité.
Voltaire était convaincu d'être le plus grand homme de théâtre de son temps. Ses pièces sont à peu près injouables et n'intéressent plus personne. Ses lettres et ses écrits alimentaires lui ont survécu...
J'en conclus que l'on est de mauvais juges de ce que l'on fait. Et je laisse à la postérité le soin de décider ce que j'aurai fait de mieux. Je ne prétends pas accoter Molière ou Voltaire. Ni m'en dissocier totalement...
Enfin! Je fais ce que je peux avec les moyens qui m'ont été donnés par Dieu sait quoi.
Pour donner un peu plus de densité à mes propos débordants de fatuité, je vous quitte sur une autre oeuvre en chantier: des personnages sous la pluie. Il manque encore quelques détails, dont la pluie. Cela viendra.
Oui, cela viendra...
Ébauche: personnages sous la pluie quelque part sur la rue Royale à Trois-Rivières |
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