jeudi 9 avril 2015

L'argent ne se mange pas

J'ai planté un arbre dans le Parc des Pins en 1977. C'était dans le cadre d'une activité parascolaire. L'arbre, un érable, s'y trouve encore, On peut maintenant s'allonger sous lui l'été pour profiter de l'ombre bienfaisante de sa maturité.

D'autres arbres ont été planté au fil des ans dans les quartiers ouvriers de Trois-Rivières. Le quartier Sainte-Cécile, naguère triste et sans vie, profite maintenant de l'ombre de nombreux feuillus qui ont résisté aux assauts de cohortes de vandales ayant tenté de les déraciner au fil des ans. Tel arbre qui avait perdu une branche en a fait repousser dix autres en remplacement. Les troncs qui avaient d'abord le diamètre d'un manche à balai sont devenus les colonnes d'un temple naturel que plus aucun humain ne saurait renverser à mains nues. Le soleil de plomb qui rendait nos étés si déprimants n'atteint plus l'asphalte en de nombreux endroits du quartier. Les arbres plantés dans les années '80 permettent à ses habitants de profiter d'une relative fraîcheur.

La rivière Tapiskwan Sipi (anciennement Saint-Maurice) a bien changé elle aussi. Des intellectuels de Greenpeace sont débarqués au delta de celle-ci au cours des années '80 pour dénoncer le flottage du bois et le déversement de produits toxiques. Ce qui a mené à des lois qui ont permis de protéger notre belle rivière du capitalisme sauvage.

Trente ans plus tard, l'eau de la rivière est redevenue claire. On peut pêcher de la truite dans le secteur des Forges, signe évident que l'eau est propre et oxygénée. Des gens se baignent tous les étés dans une eau presque limpide à l'Île Saint-Quentin. L'eau d'autrefois goûtait le vomi et on ne voyait rien au-delà d'un centimètre de profondeur. Maintenant, on peut voir nager les barbotes à dix pieds. Notre eau est redevenue potable et l'on peut s'y baigner sans trop de risques pour la santé.

Un miracle s'est produit. Un miracle qui s'avère encore éphémère compte tenu des nombreux promoteurs qui vous détruiraient tous ces arbres s'ils y trouvaient une piastre à faire. Ils pisseraient de l'acide dans l'eau de la Tapiskwan Sipi si c'était payant. Ils cracheraient de la poudre de chlore dans l'air. Rien qu'ils ne feraient pas pour profiter d'une exploitation anarchique de nos ressources. J'en vois même qui referaient travailler les enfants dans les mines puisque l'austérité l'oblige...

D'où l'importance de bénéficier de la surveillance et de la bienveillance de nombreux intellectuels pour qui notre pays doit demeurer vert et fleuri.

Notre plus belle richesse, c'est de vivre en un lieu qui est préservé de l'appétit vorace des capitalistes.

D'aucuns vont me reprocher de ne pas me soucier de l'économie. Je m'en fous à vrai dire. L'économie doit être au service des humains. Ce ne sont pas aux humains de goûter aux sévices de l'économie. Comme disent les vieux sages aborigènes, l'argent ça ne se mange pas.


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