dimanche 9 novembre 2014

Interstellaire

Je me souviens vaguement de Pascal qui disait quelque chose comme «la profondeur des espaces infinis m'effraie». Comme je ne suis pas Pascal, vous comprendrez mieux que l'infini me fascine bien plus que Dieu et son décalogue à géométrie variable. Chacun son trip. Le trip de Pascal ne ressemble pas du tout au mien. D'où cette immense difficulté que j'éprouve à tirer quelque plaisir de sa plume qui semble couper des poils de cul en quatre pour justifier l'emprise d'une secte sur les esprits de son temps. 

Cela explique aussi pourquoi Voltaire n'était pas plus féru de Pascal. Bien que déiste, Voltaire ne s'abandonnait pas à des théories absconses pour expliquer le monde. Il y allait crûment, avec cette volonté infatigable de mettre en lumière ce qui était depuis toujours tapi dans l'ombre des rites. Avec Voltaire, on comprend et respecte mieux l'infini, sans s'en effrayer. Et je parierais même qu'il y a plus de poésie dans cette démarche scientifique que dans tous les cantiques de tel ou tel livre sacré pour mieux s'abstenir de réfléchir en toutes circonstances.

Parlant de livre sacré, vous savez qu'on a tué un couple chrétien au Pakistan la semaine dernière. Les fanatiques ont trouvé un Coran aux pages déchirées parmi les ordures ménagères du couple. Les barbares les ont brûlés vifs pour blasphème envers le livre... Et vous voudriez que l'on parle ensuite de religion sérieusement?

Baudelaire disait qu'il n'y a que les religions d'intéressant sur la Terre. Cela ne m'intéresse pas tant que cela, en fait, et je préfère de loin méditer sur l'astrophysique, la physique quantique et l'ADN que de me perdre en ratiocinations sur le pouvoir magique des pattes de lapin.

Voilà pourquoi je me suis offert le plaisir d'aller voir le dernier film de Christopher Nolan, Interstellaire, un film qui nous permet d'élargir le champ de nos possibilités sans pour autant rogner sur l'aspect empirique des choses parmi lesquelles nous baignons tout un chacun.

Il y est question de voyage interstellaire, de trous de ver, d'étoiles à neutrons et de trous noirs. Toute cette rêverie s'élabore autour des théories modernes de l'astrophysique, avec une petite touche d'amour pour conférer un peu de candeur à cette pierre philosophale.

Le film a une durée de deux heures quarante-cinq minutes. Je ne saurais trop vous recommander d'aller pisser un bon coup avant que ne débute le film. Ce que j'ai fait, fort heureusement, puisque je n'avais pas l'envie de perdre une seconde de ce film pour le moins captivant.

Je n'ai même pas dormi pendant le film, ce qui relève presque de l'exploit en ce qui me concerne. Souvent je m'endors devant des scénarios poches qui ne font qu'augmenter mon besoin de trouver quelque réconfort dans un sommeil moins ennuyeux. Les pâffes pâffes ne m'étonnent guère. Ni les explosions. Cela me prend de la matière à rêver. De quoi poursuivre le film dans sa tête après l'avoir vu. Comme l'on poursuit un bon roman dans la vie réelle lorsque l'on est stupide comme moi.

Je passe d'une digression à l'autre, je sais.

Il fallait bien que cela sorte, que voulez-vous.

Le hic, ce sera de trouver un titre à tout ça.
 

1 commentaire:

  1. Kwey !
    Hélas , je n ' apprécie pas le cinéma - justement parceque je ne peux pas résister au besoin-plaisir cosmique , d ' aller pisser au bout d ' une heure , boire un coup , faire une pause .. Il y a tant d ' émotions dans ces si beaux films !
    Tu as 1000 fois raison , la science ouvre tant de portes sur l ' infini - sur le " mystère " , ose-je dire .
    Bien + que les religions qui essayent toujours de réduire le mystère infini .
    Et c ' est ce qui me fait dire aussi que , malgré les apparences , la science n ' est absolument pas non plus l ' arme principale des capitalistes - Non , la perversion est autre - Et m^me la science n ' est pas indispensable pour connaître ce merveilleux mystère qui nous entoure : juste l ' amour , le partage , la culture , la peinture , la musique , et ... le mystère infini , l ' insouciance et la joie de vivre !

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