Ils travaillaient seize à vingt-et-une heures par jour dans des fabriques dirigées par des crapules sans âme ni conscience. Et l'esclavage commençait à neuf ou dix ans. Il n'y avait pas mieux que les petits enfants pour se faufiler là où un homme normalement constitué ne passait pas. Quelques-uns furent broyés par la machine, bien entendu, mais on n'arrête pas une chaîne de production trop longtemps. Il faut livrer ses quotas. Et satisfaire ces nobles actionnaires qui doivent bien savoir ce qu'ils font.
Puis, il y a eu des syndicats. Des méchants syndicats. Si méchants qu'ils exigeaient la semaine de soixante heures, un congé le dimanche et l'éducation gratuite pour les enfants jusqu'à douze ans. Tout le monde sait bien que l'argent ne pousse pas dans les arbres. Ce qui fait que les syndicalistes furent brutalement matraqués pour avoir eu des idées aussi subversives.
Les coups de matraques ne semblaient pourtant pas les arrêter. Les nobles actionnaires se sont faits écoeurer jusqu'au creux des lits qu'ils partageaient auprès de damoiseaux ou de demoiselles un peu trop portés sur les beaux sentiments. Ce qui fait que la société s'est transformée.
Lentement mais sûrement, on s'est mis à relever la tête dans les bas-fonds de la société. On s'est mis à s'éprendre de rêve, de beauté et de liberté.
On s'est mis à prendre la rue de plus en plus souvent puisque plus rien ne pouvait arrêter la masse, ni la police et encore moins l'armée qui en vint à fraterniser avec le peuple contre les puissants à la mode du jour.
Des fortunes se sont brisées pour ne pas avoir compris que les temps avaient changés.
D'autres se sont faites en exportant ailleurs l'avidité.
Cependant, nous avons fait un petit pas vers une société plus égalitaire et plus juste.
L'éducation gratuite, du primaire jusqu'à l'université, n'est qu'un tout petit pas de plus.
Les nobles actionnaires seront toujours là pour vous dire, par la voix d'une putain embauchée pour railler la démocratie, que nous n'avons pas les moyens de nous permettre la justice sociale.
Ces moyens-là, nous les prendrons. Comme ce fût le cas par le passé. Et ils le savent en haut lieu, dans leur tour d'ivoire.
Bientôt, nous nous retrouverons tous et toutes dans la rue camarades.
Pour l'éducation gratuite.
Pour la nationalisation de nos ressources naturelles.
Pour le revenu minimum de citoyenneté.
Pour se bâtir un pays à la mesure de nos intelligences mises en commun.
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