Jean-Marc Fournier, chef de l'opposition intérimaire à l'Assemblée Nationale du Québec, parlait avec mépris la semaine dernière des casseroles. Ce n'est pas qu'il en ait contre les batteries de cuisine. Sa glaire était plutôt expédiée sur le dos de ceux et celles pour qui ce gentilhomme cautionnait la bastonnade, le poivrage et le matraquage de son propre peuple lors du Printemps érable, comme dans la pire des monarchies à chier.
Les casseroles étaient dans la rue l'an dernier pour dénoncer la corruption, le bradage de nos ressources naturelles et la barbarie policière poussée à l'extrême envers des populations de tous âges et toutes origines, comme du temps du tsar Nicolas II.
Je ne sais pas quel Raspoutine, Poutine ou Roi de la Poutine conseillait les libéraux quant à la légitimité de matraquer leur propre peuple. Et j'aimerais bien que les politiciens comme Jean-Marc Fournier soient imputables pour cette dérive vers l'État policier et ces 3400 arrestations survenues lors du Printemps érable, triste record qui ne fait que dénoter le mépris des libéraux envers les concitoyens.
À sa place, je fermerais ma gueule. Mais je ne suis pas à sa place. Comme il ne se mettait pas à la place de celui ou celle qui recevait des coups de matraques.
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Il n'y a pas que Jean-Marc Fournier qui en ait contre les casseroles, les carrés rouges et les sans-culottes.
André Pratte, éditorialiste de La Presse, utilisait lors du Printemps érable la métaphore du bâton et du serpent pour justifier la bastonnade envers des manifestants désarmés et en grande majorité pacifiques. On le savait à la défense de tout ce qui brille et sonne dans le tiroir-caisse. On ne l'aurait cru si violent derrière son masque de froideur décrépit. Il poursuit son oeuvre plusieurs fois par semaine pour irriter les quelques gauchistes qui le lisent encore pour se donner mauvaise humeur.
Richard Martineau s'est aligné sur les pires sectaires libertariens qui soient et il s'est mis à livrer sa logorrhée quotidienne à propos de ces zoufs qui bloquent les ponts et les les routes. Il y a mis tout son mépris au point de se croire Raymond Aron en mai 68. Anarchopanda ne ressemble pourtant pas à Jean-Paul Sartre. Une révolution tant culturelle que sociale éclate sous sa fenêtre et le voilà qui rampe vers tout ce qu'il y a de plus miteux et vert-de-gris. Il se prend pour un Béret blanc de je ne sais trop quelle contre-révolution à gogo. Il en vient à ne plus sourciller devant les matraquages et les arrestations arbitraires qui se passent partout autour de lui. Quel héroïsme, se cacher derrière les matraques... Et jeter son fiel sur les héros, les vrais, pour défendre les brutes et les truands.
Et puis il y a bien sûr Monsieur Satan lui-même. Un triste individu maire de je ne sais trop quel trou perdu où l'on n'aime pas que les ados traînent dans les parcs. C'est un vrai rocker. Houlala. Si ce n'était que de cet ange exterminateur à rabais on aurait foutu tous les carrés rouges en prison pour cinq ans après leur avoir offert la bastonnade. Il sévit encore à la télé, pour ceux qui n'ont pas l'Internet.
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Mépriser les casseroles est absurde quand on y songe un peu. Mépriser ces gens qui cautionnent les coups de bâtons, ce n'est pas sans utilité. Fermer sa gueule devant la violence du pouvoir, pour profiter de prébendes quelconques, cela pèse comme de la crotte face à une jeune idéaliste de quinze ans qui porte un carré rouge en criant qu'il y a de l'argent dans les poches de la mafia. Chacun ses héros. Les miens, je ne les ai pas trouvés dans La Presse ni dans Le Journal de Montréal.
Je les ai trouvés dans la rue. Dans cette rue que détestent tant Jean-Marc Fournier et tous ces gentilshommes qui se croient l'élite de je ne sais trop quel trip de promoteurs en démolition des services publics.
Je ne connaissais pas tous leur nom. Mais je sentais chez ces casseroles une droiture d'âme que je ne voyais pas chez tous les scribes de nos modernes pharaons qui détournent l'argent public en élevant des pyramides de gypse ou bien des escaliers décoratifs.
Et préparons-nous à faire un beau concert pour souligner le premier anniversaire du Printemps érable. Un jour, ce sera un congé férié. Et nous serons fiers d'avoir fait partie des casseroles qui ont libéré le Québec de trente années de conservatisme obsolète.
Vive les casseroles!
Une droiture d'âme, oui ; celle dont le monde entier a besoin, à ce stade-là de nos Histoires. Debout ! restons debout !
RépondreEffacerJe lis votre billet chargé d'uen certaine émotion je dois dire.
RépondreEffacerUn an ce n'est rien, ce qui a changé vraiment ? juste d'être encore debout comme dit Anne. Ne lâchez rien.
Bien Amicalement