mercredi 9 janvier 2008

AUX MÂNES DE EVIL KNIEVEL

Evil Knievel ne prenait jamais le temps d'écrire ses mémoires pendant l'exécution d'une de ses cascades. Il est mort récemment, comme vous le savez. Et si je fais appel à ses mânes, c'est bien pour parler de ce qui ne se raconte pas en mots, c'est-à-dire le sens de l'éternité.
D'abord, il se pourrait que l'infini revienne de fait aux Métis, puisque c'est le symbole qui apparait sur leur drapeau, soit le 8 tourné à 90 degrés. Comme je m'affirme en tant que Métis, je ne puis faire autrement que de vivre sous le signe de l'éternité, voire de l'infini pour parler en unités de mesure. Évidemment, je blogue, je veux dire je blague...
Il est des moments dans ma vie où les mots ne servaient absolument à rien. J'aurais beau vous écrire tout ce que je ressentais, ce ne seront jamais que des mots, alors que la sensation vécue sur le moment allait bien par-delà toute forme de borborygme humain, présenté en version orale ou écrite, ce qui est bien pire dans certains cas.
L'écriture demande une certaine stabilité, un certain rituel, une certaine paresse.
Je ne suis pas certain de ce que cela demande en fait. D'autres le sont tout à fait. Et ils me font scier, ceux-là. Être certain d'activités aussi peu physiques que l'écriture ou le décrottage de nez, voilà qui laisse songeur. Bref, l'écriture vient quand elle vient et je n'en sais fichtrement rien de plus.
Si j'écris toutes ces bêtises en ce moment, c'est que je nuis pas en train de réaliser une cascade.
Je ne mène pourtant pas une vie sans danger.
Je suis convaincu de prendre plus de risques que beaucoup de gens autour de moi, tout simplement parce que je me suis souvent planté dans la vie. Et quand je dis souvent, je n'invente rien. En affaires, en amour, dans mon milieu de travail ou dans la vie tout court je me suis souvent comporté en authentique émule de Evil Knievel. Paix à son âme: il l'a bien mérité!
UNE ENFANCE À COUPS DE POINGS SUR LA GUEULE
Cela me rappelle un moment décisif de ma vie, celui qui forgea mon caractère pour toutes les années qui viendront jusqu'à ma mort, si je meurs bien sûr.
J'avais huit ou neuf ans. J'allais à l'école primaire St-Jean-de-Bosco, dans la P'tite Pologne, un célèbre quartier pauvre de Trois-Rivières.
Il y avait à l'école une bande de jeunes voyous qui s'en prenaient à tous les autres écoliers de façon souvent très brutale. Ces jeunes bandits en stage de formation passaient tout leur temps à attendre quelqu'un, à la sortie des classes, pour lui foutre une raclée.
J'avais toujours été épargné, peut-être parce que j'étais parmi les trois plus grands de l'école. Je sentais que mon tour viendrait cependant. Et je n'en pouvais plus de voir mes amis se faire battre sans rien faire.
J'avais beau me dire, cyniquement, que je n'étais pas visé par ces jeunes baveux qu'une petite voix intérieure n'en résonnait pas moins dans ma tête: «Tu peux les battre les tabarnaks! Un homme meurt rien qu'une fois!» Était-ce vraiment ma petite voix intérieure ou l'écho des sermons de feu mon paternel? Hum... C'est vrai que mon père ne m'a dit qu'une seule phrase en plusieurs versions dans sa vie: «Ne te laisse jamais piler sur les pieds calice!» Ok P'pa. C'est ce que je ferai.
Et c'est ce que je fis. Les baveux attendaient deux ou trois de mes amis dans la cour d'école pour leur foutre quelques baffes. J'ai décidé de mettre fin au régime de terreur manu militari. J'en crèverais s'il le fallait, mais je n'allais plus tolérer qu'ils crissent des volées à tout le monde, n'importe où, n'importe quand.
J'ai tenu caucus avec mes camarades infortunés, comme au football. Et j'ai développé ma fameuse technique de l'attaque surprise qui, tout au long de ma vie, allait sauver mes dents.
-On va faire semblant d'avoir peur, de vouloir les fuir quand ils se pointeront. Nous marcherons lentement, sans réagir, toujours en faisant semblant d'avoir peur. Puis quand ils seront proches, on va crier tous ensemble et on va leur sauter dessus par surprise. On va les jeter dans la neige et on va leur en faire bouffer en tabarnak à ces astis d'chiens sales!
Voilà donc les voyous qui s'approchent. Ils rient, nous insultent, nous traitent de tapettes et de niaiseux. Personne ne réagit. Ils s'approchent encore et entrent dans la zone critique. Je fonce sur eux comme un fou enragé en criant «À l'attaque!».
Comme je suis trois fois plus gros que le plus gros de ces voyous, je les fais revoler dans le décor. Mes amis sentent aussi que l'heure de la vengeance a sonné. Ils attaquent aussi. Au bout de deux ou trois minutes, les voyous sonnent la retraite. Nous avons gagné. Désormais, c'est nous qui ferons la loi à l'école.
Nous fûmes effectivement épargnés par la suite. Les voyous se tinrent tranquilles. Mes amis devinrent voyous et sacrèrent des volées à tout le monde. Bref, la roue tourna.
Quant à moi, je revins vers ma solitude bienfaitrice qui me permit de ne pas sombrer dans le crime, la violence et la délinquance, inspirateurs naturels de bon nombre de pauvres qui souhaitent réussir dans la vie.

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