mardi 29 janvier 2008

AIR BÊTE (BIS)

Je suis enfin revenu à la maison après avoir failli, une fois de plus, de me faire heurter par une automobiliste au volant d'une Jeep. Personne n'a été tué puisque j'ai reculé d'un pas sur le trottoir pour laisser le champ libre à la poufiasse qui a pris sans sourciller son autorisation de tourner à droite sur un feu rouge, qu'elle a pu interpréter comme l'autorisation de frapper un Peau-Rouge pâle comme moi...

C'est bête à pleurer de constater combien les gens sont stupides, surtout quand ils sont au volant. Je dois constamment marcher en pensant pour eux, comme s'ils étaient trop nuls à chier pour se conduire à peu près raisonnablement, bref de se conduire comme nos amis de l'Ontario, par exemple, qui ont ce chic de laisser passer les piétons, preuve incontestable de gentillesse, ce que les lois n'apportent pas dans le tempérament d'un automobiliste. Les lois ne créent pas de la gentillesse. C'est inné.

Il est bien là le problème. Il est déjà clairement écrit qu'il faut accorder la priorité au piéton quand il traverse la rue à une intersection. Le hic, c'est que plusieurs automobilistes du Québec ne sont pas gentils. Ils se foutent de la loi. Et ils vous tueraient, en bayant aux corneilles, plutôt que de ralentir devant un bipède, quel qu'il soit.

Vous comprendrez, je l'espère, que je déteste viscéralement la culture associée à l'automobile.
Certes, je fais du ressentiment en ce moment.

Je viens juste d'éviter une Jeep. Hier c'était une je-ne-sais-pas-trop-quoi, une vieille minoune avec un auto-collant X Liberté. Demain, ce sera quoi, un autobus?

Les chauffards d'autobus aussi sont à craindre. Quoique j'en connaisse un qui donne l'impression d'être un chauffeur de limousine, le type zen qui a compris qu'on peut chauffer un autobus municipal tout en ayant de la classe. Je vais envoyer un courriel à la STTR pour le remercier, tiens. Des types comme lui méritent d'être honorés. Ils sauvent la face d'une compagnie quoi.

Je déteste la pollution automobile, bien sûr, et je rote aussi fort que je peux quand on me parle de courses automobiles... Franchement, j'ai l'air bête de parler ainsi des automobilistes mais, christ, je suis un peu tanné de risquer ma vie à tous les jours à chaque coin de rue, juste parce qu'à Twois-Wivièwes le monde conduit comme des caves.

En passant, vous ne trouvez pas ça con de vivre dans une civilisation où les gens s'enferment dans des blocs de béton pour respirer de l'air pur? C'est-ti moé qui est fou où il y a quelque chose qui cloche?

Asti! J'peux bien avoir l'air bête...

AIR BÊTE

À LCN ce matin un docteur de la Fondation des maladies du coeur a déclaré qu'il y avait un lien entre la pollution atmosphérique et les maladies du coeur. Je l'avais déjà deviné et vous aussi.
Ça ne prend pas la tête à Papineau ou à Jimmy Hendrix pour comprendre ça. Il n'y a qu'à respirer un bon bol de pollution hors de la maison pour comprendre que le coeur n'est pas fait pour respirer cette merde ambiante produite par les automobiles, les camions, les usines, etc.
Depuis qu'on ne peut plus fumer en-dedans des édifices publics, on pourrait presque croire que c'est le meilleur endroit pour respirer de l'air pur.
Est-ce brillant qu'on en arrive à tenir des discours où l'on conseille aux gens malades du coeur de faire de l'activité physique en-dedans, dans un gymnase, pour ne pas s'empoisonner au-dehors?
Est-ce brillant qu'on en arrive à porter des masques, au centre-ville de Tokyo par exemple, pour ne pas s'asphyxier?
Est-ce brillant de ne pas pouvoir se baigner dans l'eau du fleuve ou de la rivière qui coule à trois minutes de chez-soi?
Non, ce n'est vraiment pas brillant.
Polluez, c'est comme se pisser dessus.
Un moment donné, on devrait apprendre à devenir propre...

Je marche et prends l'autobus régulièrement pour mes déplacements. Je ne suis pas meilleur qu'un autre, mais je respire cette foutue boucane tous les jours. J'en ai plein les poumons et ça me met en tabarnak.
Je passe mon temps à défier la mort quand je marche. Tous mes sens sont menacés par l'automobile. Mes poumons aussi et même mon coeur.
Je commence à être ben tanné...

Il faut que j'y aille.

Je dois aller respirer de l'air impur.

Rien de mieux le matin après un bon jus d'orange.

Je vous laisse avec ce petit reportage à propos de Lee Scratch Perry, célèbre ambassadeur du reggae. Ça fait un peu ensoleillé. N'est-ce pas que je vous gâte?

Lee Perry a produit plusieurs albums de Bob Marley. Il a, en quelque sorte, inventé cette texture sonore unique que l'on trouve dans le reggae. Son surnom, Scratch, provient du fait qu'il se servait du tourne-disque comme d'un instrument de musique, tout comme les rappers le feront plus tard. Lee Perry fût cependant le premier scratcher et pratiqua cet art au moins vingt ans avant tout le monde, avant même Pierre Henry et sa Messe pour le temps présent...

Tiens, je termine ça tout en musique.

Quel magicien je suis!

lundi 28 janvier 2008

YVES BOISVERT: LA JUSTICE POUR LES BONS ET LES MÉCHANTS

Yves Boisvert est, à mon sens, le plus grand chroniqueur judiciaire du Québec. Il transcende le genre par la justesse de ses analyses qui ne se limitent jamais à des airs de chapelle. Ce matin, il fait encore preuve de finesse d'esprit en défendant l'indéfendable Mailloux. Je partage son point de vue.
Il est plus facile de défendre ses amis que ses ennemis.
Le sommet de l'éthique est atteint quand tu es assez noble d'esprit pour reconnaître des droits à quelqu'un qui t'écoeure.
Là où l'on ne reconnaît que les siens, que ceux qui pensent comme soi, eh bien c'est en plein là que je ne voudrais pas me trouver...
Par ailleurs, j'aimerais bien me trouver ce matin. Les lundis matins devraient toujours commencer en musique. Tiens, j'ai encore quelques minutes devant moi pour gratter ma guitare délicatement. Je vais laisser faire pour l'harmonica. Mes voisins pourraient ne pas apprécier ma trop bonne humeur.
Je vais commencer ma semaine en musique...
Allez hop! Au travail...

I woke up in the mornin' with too much works to do

Yes I woke up in the mornin' with too much works to do
Anyway I'm gonna do all my works
Like a good boy is got to do

Sorry about that.

Excusez-là.


POST SCRIPTUM POUR LES UTILISATEURS DE BLOGGER

Méfiez-vous du correcteur d'orthographe automatisé de Blogger. Il m'aurait fait écrire chapèle au lieu de chapelle, paraitre au lieu de paraître. Il y a quelque chose qui cloche, quoi. Ils devraient m'embaucher...

dimanche 27 janvier 2008

NO BIRD SOARS TOO HIGH IF HE SOARS WITH HIS OWN WINGS.

«Aucun oiseau ne vole trop haut s'il vole de ses propres ailes.» C'est de William Blake, un grand poète halluciné anglais qui avait, entre autres passions, celle de dessiner des anges et des démons. Il était plus qu'un poète, plus qu'un illustrateur. C'était aussi un philosophe.
Cette maxime s'applique pour tout un chacun.
Voler de ses propres ailes n'est pas que l'accomplissement d'un devoir.
C'est l'accomplissement d'un rêve.
C'est le triomphe de la liberté.
Je peux paraître fat aujourd'hui. Je le suis sans doute. Je me sens libre et je n'ai pas envie de me casser la tête.
J'ai passé pas mal de temps à l'extérieur en fin de semaine, loin de ce foutu écran cathodique. Cela m'a rechargé les piles.
J'ai presque terminé ma toile, ma petite famille autochtone contemplant le soleil couchant. Le thème est un peu kitsch mais je n'ai pas toujours envie de me casser le bicycle, comme on dit par chez-nous pour dire qu'on s'en calice.
Je remarque par ailleurs que j'ai tendance à sacrer dans mes messages depuis les trois dernières semaines. Primo, je sacre parce que je suis un asti de Magoua. Désolé. Un Métis n'a jamais honte de sacrer. La honte du sacre elle est toute faite pour le bourgeois. Sacrer ne fait mal à personne, et surtout pas au petit Jésus.
En France on dit peuchère, palsembleu ou bien enculé de mes deux je nique ta mère.
Ici, holàlà, on dit calice, tabernacle, hostie, des mots liturgiques pas dangereux pour deux sous mais qui font pauvre, BS, sale, crotté.
La langue des pauvres, de tout temps, a été la langue des crottés.
Le français n'est que du mauvais latin de paysans parlé sur une tonalité germanique.
Le joual n'est que du mauvais français parlé sur une tonalité autochtone. Le joual c'est l'accent indien. Asti qu'i' fa' chier c't'accent-là, c't'accent d'Sa'vage!
Où en étais-je?
Ah oui!
Aucun oiseau ne vole trop haut s'il vole de ses propres ailes.
Merci William Blake.
Je m'en retourne à ma peinture et à mes lectures.
J'ai bien hâte d'ouvrir Voyage en Huronie, de Jean de Brébeuf, un missionnaire jésuite qui a, en quelque sorte, rescapé le peu que nous savons de la langue parlée jadis par les Hurons-Wendates et les Iroquois, une langue aujourd'hui disparue.
Je vous en reparlerai.


samedi 26 janvier 2008

ELLE S'APPELLE «A1689zD1»...

Des astronomes ont découvert ce qui constitue à ce jour la galaxie la plus éloignée de l'univers. Comment l'ont-ils appelée? A1689zD1... Pourquoi? C'est bien simple: il y a trop de galaxies dans l'univers pour se mettre à toutes leur donner un petit nom affectueux. Alors on s'en remet aux chiffres et aux lettres: A1689zD1... Pas très poétique.
Une galaxie contient des millions de soleils et des milliards de planètes.
Notre galaxie, la Voie Lactée, n'est pas une très grosse galaxie.
Notre étoile, le Soleil, n'est pas une grosse étoile.
Notre planète, la Terre, n'est pas une grosse planète.
Et notre pays, le Canada ou le Québec, n'est qu'un pet perdu dans l'univers.
Quant à chacun de nous, nous ne sommes pas grand chose. Tant mieux si nous sommes capables de transcender nos limites physiques pour s'expliquer cet univers qui ne pourrait être qu'un tout petit univers pour tous ces univers invisibles qui pourraient exister de l'autre côté des trous noirs...
Je ne serai toujours qu'un amateur en matière de sciences.
Le peu que je sais me porte à croire en la futilité des raisonnements fondés sur une idéologie nationale ou religieuse.
Le Big Bang aurait eu lieu il y a 13,7 milliards d'années.
Vous ne trouvez pas ridicules de se prendre par le chignon pour quelque chose qui n'est rien face à la fantastique histoire du Temps?
Je ne veux pas vous faire peur, mais il y aurait un gros trou noir au centre de notre galaxie.
Un jour, tout ce qui existe autour de nous pourrait être absorbé par cette grande gueule noire et mystérieuse. Cela se ferait en une fraction de seconde. Tout, les drapeaux, les symboles religieux et les hymnes nationaux, pourrait disparaître à jamais.
Il n'existe pas d'observatoires internationaux des trous noirs et cela serait inutile de toute manière.
À l'échelle du cosmos, notre pays, notre planète, notre étoile, notre galaxie n'est qu'une forme plus ou moins différente de A1689zD1...
Cela me rappelle ma lecture d'Une brève histoire du temps, de Stephen Hawking. Plus je m'avançais dans la lecture de ce livre, et plus j'avais l'impression de m'enfoncer dans un trou noir, comme si tout ce que je connaissais de la réalité physique n'était qu'une très pâle photocopie de la réalité.
Au fait, voici une petite démonstration ayant trait à la taille des objets célestes.
Nous ne sommes pas grand chose dans l'univers et toutes nos questions n'iront jamais assez loin.
Est-ce que Jean-François Lisée en parle de ce Nous-là?

jeudi 24 janvier 2008

On ne parle plus l'iroquois sur l'île Hochelaga

Denis Lessard, journaliste à La Presse, m'apprend ce matin que des niaiseux du gouvernement libéral du Québec auraient dissimulé des données statistiques attestant que les citoyens de langue maternelle française seraient devenus minoritaires sur l'île de Montréal. C'est tellement con que ça va se revirer contre eux, encore une fois. Dissimulé les faits, comme de la poussière sous le tapis, pour provoquer une crise encore pire que celle qui aurait pu se produire. Que c'est brillant... Pourquoi les libéraux provinciaux se tirent-ils toujours des balles dans le pied? Je me le demande et ça me désole avant même que je n'aie trouvé une réponse.
S'ils avaient laissé sortir l'étude simplement, en mettant des bémols ça et là, peut-être que nous n'irions pas vers cette semaine de déchirages de chemises qui s'annonce. J'entends déjà crier au loup les ultra-nationalistes, subrepticement soutenus par les nationalistes dits modérés, ceux qui ne font qu'applaudir quand on fait des blagues racistes sur les Anglais.
Ce sera l'Apocalypse et tout un chacun va se mettre à délirer sur la loi 101 ou sur des manières de procéder à quelque forme de nettoyage ethnique légal sur l'île de Montréal.
Les premiers concernés, pour ne pas dire consternés, sont sûrement les descendants directs des Mohawks qui vivaient sur l'île Hochelaga, le nom aborigène de l'île de Montréal...
On ne parle plus l'Iroquois à Montréal et même en Amérique du Nord. La langue iroquoise est complètement disparue. Il ne reste qu'une poignée de mots. Les Français, puis les Anglais, et enfin quoi les Européens, ont confiné les Mohawks et les autres «Sauvages» dans des réserves, comme l'ont fait les Blancs en Afrique du Sud ou en Australie.
On ne me fera pas pleurer quant à la situation du français à Montréal.
Ce qui me préoccupe le plus, c'est la situation de mon français quand je l'écris.
Selon moi, ça ne va pas trop mal.
Le français est en meilleure position pour survivre au Québec, qu'il soit ou non parlé par des citoyens dont c'est la langue maternelle. Souvent, le français est mieux servi par ceux dont ce n'est pas la langue maternelle. J'entends parfois parler des Africains et je m'étonne de leur diction et de leur vocabulaire impeccables. Ils servent bien la langue française. La meilleure manière de servir sa langue, c'est encore de produire de la culture, et non pas de nouvelles interdictions.
Nous ne serons jamais la France d'antan.
Nous ne reverrons jamais notre Normandie.
Nous serons toujours une terre en profonde mutation.
Le métissage de la société québécois est parfaitement complété.
Les temps du nationalisme est révolu.
Le nationalisme, c'est out. Ça fait ringard, toto avec un drapeau dans le cul, le thorax couvert de médailles de Lénine ou René Lévesque, bien qu'il n'y ait aucun rapport entre les deux, sinon ce foutu culte de la personnalité qui me fait vomir toutes les causes.
Les jeunes ont raison, dans le sondage publié cette semaine dans le Journal de Montréal, de reprocher aux baby-boomers leur asti de chicanes de drapeaux.
Un drapeau, c'est fait pour conduire les moutons à la tonte ou à l'abattoir.
Les Droits de l'Homme et l'environnement sont les causes qui suscitent le plus d'enthousiasme chez les moins de 45 ans.
En ce qui me concerne, je préfère les libertés concrètes, palpables, monnayables, aux libertés abstraites. Bref, j'accorde plus d'importance aux droits et libertés de la personne que je n'en accorde aux obligations envers les délires collectivistes.
Que voulez-vous, je suis de mon temps.

Le nationalisme a pris un christ de coup de vieux et c'est tant mieux.

mercredi 23 janvier 2008

De l'honneur d'être un indésirable aux yeux des tartistes et gendelettres

Rien n'est plus honorable que d'être détesté des gendelettres ou des tartistes. Au Québec, plus que partout ailleurs, cela signifie que l'on a généralement un réel talent pour les arts et les lettres, ce qui éveille tout de suite la suspicion des tartistes officiels, au thorax couvert de médailles arrachées frauduleusement ça et là, au gré des 5 à 7 et autres coquetels de têteux de subventions.
Quand nos tartistes s'en prennent à Tex Lecor ou Mordecai Richler, l'un parce qu'il fait de l'art figuratif jugé trop conventionnel et l'autre parce qu'il a le malheur d'avoir ri des péquistes, vous pouvez tenir ça pour la meilleure preuve de talent que l'on puisse présenter pour décrire l'oeuvre de Lecor ou Richler.
Plus un tartiste est nul à chier, plus il passe du temps à mendier de l'argent aux autorités en prétendant pratiquer un art tellement raffiné que seuls les personnes «intelligentes» peuvent comprendre quelque chose à ses simagrées et autres barbouillages dénués de pouvoir d'évocation. Au fond, il pratique un art totalement conformiste, un art aplatventriste, un art de larve gluante.
Probablement que c'était ainsi du temps de Virgile ou Victor Hugo. Il y a toujours eu plus de cloportes et de larves parmi les tartistes que parmi toutes les catégories de population. Pourquoi? Parce que l'art est la planque idéale pour le paresseux qui peut faire passer ses séances de curage de nez pour des périodes d'intense réflexion en vue de produire un roman ou bien un poème dénonçant l'impérialisme canadien, la malbouffe ou l'usage du tabac (il y a des subventions pour ça dans les trois cas!).
Quand les pourris ont tous les honneurs, la place de celui qui a du talent est dans la marge.
Les grands écrivains et les grands artistes du Québec se tiennent volontairement à l'écart de ces clowns illettrés et incultes qui s'approprient le roman, la poésie ou la peinture avec des oeuvres ternes, soporifiques et monotones qui n'intéressent ni ne dérangent personne. Ça fait semblant d'être dérangeant et c'est reçu par madame la marquise ou bien par le camarade au sommet de tel ou tel ministère.
Les tartistes et les gendelettres aiment bien jouer aux révolutionnaires de salon avec de vieilles idées sales issues de leur passé maoïste, du temps où il ne suffisait que de scander les slogans à la mode du jour pour faire partie d'un catalogue d'éditeur ou figurer au musée. Aujourd'hui encore, le phénomène perdure. On publie et on encense ces crapules totalitaires dans les réseaux de diffusion traditionnels.
Heureusement, les temps changent. Le couvert sur la marmite est sur le point de sauter. La panique s'empare des tartistes et des gendelettres qui, avec l'arrivée de l'Internet, n'arrivent plus vraiment à contrôler tout ce qui s'écrit, se chante ou se peint. Les voilà désemparés d'être perçus pour ce qu'ils sont vraiment: des andouilles!
Plus jeune, je désespérais d'assister de mon vivant à la chute de nos tartistes et gendelettres. Je vois bien que je désespérais pour rien. Quelque chose de grand et de noble sortira de l'Internet. Notre pseudo-culture de décrotteurs de pots de chambre de 1837 va se métamorphoser totalement.
Les artistes officiels du Québec vont en manger une tabarnak, c'est moi qui vous le dis. Comme les artistes officiels des anciens pays formant le bloc soviétique. Leur collusion avec les autorités les rendront à jamais suspects aux yeux de l'Art. Et c'est tant mieux. C'est tout ce qu'ils méritent.

mardi 22 janvier 2008

TEMPUS FUGIT

Le temps fuit. Tempus fugit, en latin, pour se passer le flambeau et perpétuer le souvenir d'une langue morte. C'est amusant, n'est-ce pas? Ça fait riche, cultivé, snob.
J'écris dans une langue encore très vivante, le français, qui très certainement deviendra la langue la plus parlée dans le monde, ne serait-ce que pour paraître snob. Ça fait très
chic, voyez-vous, parlez français. Nous avons la chance, en tant que francophones, d'être les snobs du monde. Tu parles français et tout de suite tu passes dans la catégorie des péteux, de ceux qui veulent prétendre à quelque chose et qui sont certainement arrivés à ce point, puisqu'ils parlent une langue pour les snobs accomplis, la langue de l'amour et de la grande littérature. Ils parlent le français.
C'est une chance inouïe que nous parlions français les deux doigts dans le nez. Bien sûr, il y a quelques paresseux parmi nous, francophones, mais il y a des paresseux dans toutes les langues de la terre, tout simplement parce que le vocabulaire fait chier, partout sur le globe.
On se lève un matin et au lieu de dire: «À huit heures s'est couché madame la Marquise, songeant à l'auxiliaire être qui s'accorde avec le complément d'objet direct, comme l'auxiliaire avoir, lorsqu'on l'emploie à la forme pronominale», au lieu de dire cette phrase sublime
, donc, on dit tout simplement: «Heu.» On n'est pas toujours en forme, vous comprenez, pronominale ou pas.
Heureusement, nous parlons français et, comme je l'ai toujours pensé, le français va conquérir le monde. C'est la langue des
péteux. La langue des snobs. Bref, la langue par excellence des politiciens. Une langue facilement parlée par quelques millions de personnes en Amérique qui ne demandent qu'à ce que l'on écoute leurs judicieux conseils. Bref, French is number one.
Nous, francophones, sommes drôles.
Nous faisons rire le monde entier qui finit toujours par nous aimer.
Je ne vois pas pourquoi le français ne devrait pas devenir la première langue internationale d'ici 2010, mettons, parce que je suis un peu pressé.
Le français est une langue cool.
Yes sir!
Wachiya!
Kwé Kwé!
Meg'wish!

CE QUE LES JEUNES QUÉBÉCOIS PENSENT DES BABY-BOOMERS


Hier, c'était les baby-boomers qui se vidaient le coeur en dévoilant ce qu'ils pensaient des jeunes. Ce matin, c'est au tour des jeunes de dire ce qu'ils pensent des baby-boomers. L'Empire Québecor nous informe...
Je connais des baby-boomers pauvres qui ont toujours été pauvres et qui seront toujours pauvres. Ils n'ont pas tous profité de la retraite à 55 ans et n'ont pas tous des REER.
Même chose pour les jeunes, ce ne sont pas tous des débiles mentaux full vedge.
Rien ne se prête plus aux généralisations que les sondages, qui convergent tous vers une ou deux réponses, comme si la vie pouvait se mettre en boîte et ne se résumer qu'à deux choix: oui ou non, vrai ou faux, A ou B.
En ce qui me concerne, je retiens des baby-boomers que Neil Young et Bob Dylan en font partie et cela me réconcilie illico avec eux.
Je ferais partie de la génération X, selon les sociologues, et vous savez quoi? Je m'en calice. Ce qui représente bien une réaction typique d'un membre de la génération X, la non-adhérence à quoi que ce soit, une preuve irréfutable d'intelligence.

lundi 21 janvier 2008

Trois-Rivières, capitale d'un génocide culturel

Trois-Rivières vient d'obtenir le titre de capitale culturelle du Canada pour 2009, une démarche des conservateurs pour faire élire un des leurs dans le patelin où tout semble plus bleu que bleu, bleu fédéraliste ou bleu souverainiste...
Quelle misère! J'aime mieux les Rouges, tant les libéraux que les communistes, plutôt que ce conservatisme déprimant qui est un authentique dioxyde de carbone pour tout esprit libre. Le bleu est, de toutes les couleurs, celle qui m'inspire le moins.
En 2009, Trois-Rivières fêtera son 375e anniversaire de fondation. À l'honneur, pour ce 375e, ce sera encore l'histoire des Blancs, fiers d'être des Blancs provenant de Normandie, une province blanche d'une France aussi blanche que catholique, bref l'histoire de la civilisation, la seule qui puisse vraiment exister.
Les aborigènes, une fois de plus, seront tenus à l'écart des célébrations. Pas une ligne ne sera prononcée sur le génocide culturel qui s'est produit ici, à Trois-Rivières, au confluent de la rivière Métabéroutin (anciennement St-Maurice) et du fleuve Magtogoek (anciennement St-Laurent). Il n'y a jamais eu de Sauvages à Trois-Rivières, voyons donc... On leur a laissé quoi? À peine une ridicule inscription sur un monument à l'honneur du sieur de Laviolette, un pèquenot français venu s'aventurer ici pour exproprier les «Maudits Sauvages». Le monument se trouve près du bureau de poste, sur la rue Notre-Dame. Et il n'y a rien d'autre.
Trois-Rivières était une forêt de pins avec des plages de sable blond. Il ne reste qu'un faible souvenir visuel de tout ça, l'Île St-Quentin, le parc des Pins, etc.
Les «Maudits Sauvages» vivaient en un lieu idyllique, idéal pour vivre une vie sans doute plus saine que la nôtre, ne serait-ce qu'au point de vue mental, où la santé se fait très rare par les temps qui courent.
Les plus beaux terrains de la ville ont été occupés par des usines, au tournant du vingtième siècle. Les pins ont presque été tous rasés. L'eau est devenue infecte. Puis, le mouvement vert, issu en quelque sorte de la philosophie autochtone, a renversé la tendance. Le flottage du bois a cessé sur la rivière Métabéroutin suite aux actions de Greenpeace. La papetière CIP a été vendue et revendue puis finalement détruite pour laisser place à un formidable terrain vague qui pourrait contenir encore des artéfacts de la civilisation autochtone enfouie sous des années de génocide culturel. La municipalité, dirigée d'une main de fer par le maire Yves Lévesque, un homme qui parle de lui à la troisième personne du singulier, ce qui est très singulier en effet, a repris possession du terrain vague. Que va-t-il s'y produire? On songe à un auditorium associé à des blocs de béton carrés divisés en condominiums ternes et laids, la Cité de l'Émérillon, à la mémoire du bateau de Jacques Cartier. Encore Jacques Cartier ciboire? Il n'y en a que pour les conquistadores, saint-tabarnak!
Quand on lit cette histoire oubliée des Algonquins de Trois-Rivières, on comprend pourquoi les fêtes du 375e anniversaire n'accorde aucune place importante aux autochtones dans leur cérémonie de visages pâles à la langue fourchue qui ne trippent que sur les courses automobiles et les motomarines, tout ce qui pollue, tout ce qui enlaidit la ville quoi.
Ce n'est pas la civilisation qui avance, dans un tel contexte, mais la barbarie dans sa plus féroce expression. J'ai bon espoir que Trois-Rivières devienne un jour la plus belle ville du monde. Cela ne se fera pas cette année, ni en 2009 à ce que je peux comprendre. La capitale culturelle du Canada, Trois-Rivières, ce ne sera qu'un ballon politique destiné à tous les têteux de subventions et lobbyistes professionnels, dont le Festival de la poésie et le tournoi de pétanque des aînés.

LA FÊTE DU DRAPEAU FLEURDELISÉ: AUTRE BELLE CONNERIE...

On fêtait le énième anniversaire du drapeau du Québec, hier, à Montréal. Ça m'intéresse tellement que je ne veux même pas me forcer le cul pour soustraire 1942 de 2008... Ne comptez pas sur moi! Oh que non! (66 ans...)

Des ultranationalistes ont arboré fièrement leurs couleurs. Ils portaient leurs drapeaux, leurs macarons, leur panoplie, avec l'enthousiasme d'enfants qui se font des peurs le jour de l'Halloween. L'Halloween en janvier, ça refroidit tout de même les ardeurs. Aussi, ils n'étaient pas nombreux, mais juste assez pour faire partie des vrais de vrais.

Et puis après? En tout cas, moi je m'en calice. Le fleurdelisé, c'est les couleurs et l'emblème floral de la monarchie française, avec la croix tout aussi blanche que catholique. Ça représente qui? Je vous le demande. À ce compte-là, je préfère encore le drapeau du Canada, avec un érable bien de chez-nous au centre, drapeau qui représente aussi ce qu'il y avait de mieux chez les Patriotes de 1837, le libéralisme.

Soyons honnêtes, sacrement, et lisons les livres d'histoire, pas seulement les manuels officiels. Les Patriotes se sont battus pour un pays qui s'appelait le Canada, un État bilingue et indépendant . Depuis 1982, le Canada est un État bilingue et indépendant: mission accomplie pour les Patriotes. Et passons à autre chose s'il-vous-plaît.

Il vient un temps où un peuple n'est tout simplement pas l'idée que trois pelés et un tondu peuvent se faire dans leur petite tête. Un peuple, ce n'est pas qu'un discours de Pierre Bourgault.
Un peuple, c'est aussi celui qui dit, par exemple, va chier Bourgault. Autrement, ce peuple n'est composé que de lavettes renifleuses de pets.

Et si c'est le cas, ben asti, mieux vaut être un indésirable que de jouer le jeu de minables petits-bourgeois en mal d'autorité sur un peuple qui leur dit, tout bonnement, allez donc chier.

Vous voulez comprendre ce qu'est le peuple québécois? Lisez les mémoires de Pierre-Esprit Radisson, tiens. Son indépendance d'esprit nous représente mieux que tous ces héros artificiels, tièdes fonctionnaires sédentaires et soporifiques qui se donnent des titres et des médailles pour suppléer à leur manque de courage et de talent. Ils pratiquent sur eux-mêmes les trucs du magicien d'Oz. Et dire qu'ils descendent de types comme Radisson, des gens farouches qui se sont mêlés aux autochtones, naturellement, de sorte que plus de la moitié de la population du Québec est métissée. Tellement métissée que je ne peux que dire merde à ce 375e anniversaire de Trois-Rivières qui ne laisse aucune place à cette histoire.

Sondage: Que pensent nos aînés des jeunes d'aujourd'hui?

C'est toujours la même histoire
tu ne ressens plus rien pour moi
Ça fait mal d'entendre dire la vérité

Vous l'avez reconnue? C'est tirée d'Une femme en amour, une chanson de Ginette Reno.
Ce matin, à LCN, j'ai entendu un type déclarer que les jeunes, en plus de ne pas respecter l'autorité, manquaient de cours d'histoire à l'école. Une chercheuse de l'INRS a confirmé qu'il n'y aurait pas assez d'heures consacrées à l'enseignement de l'histoire à l'école. Puisque même la science s'emmêle, il faudra bien voir de quelle histoire il s'agit.
Comme l'histoire est bien plus soumise aux caprices de quelques intellectuels exsangues qu'elle ne l'est aux règles de base de l'honnêteté intellectuelle, je me réjouis de savoir qu'elle est devenue une matière moins importante que le français, qui permettra au futur citoyen de lire plusieurs livres d'histoire, ou les mathématiques, qui permettront à celui-ci de se les payer, les livres.
Les jeunes d'aujourd'hui sont plus futés que les baby-boomers. Je ne dis pas ça par jeunisme, loin de là. Je me rends bien compte qu'il y a plus d'espoir chez les jeunes qu'il n'y en aura jamais chez nos aînés, tout simplement parce que le temps ne joue plus en leur faveur, dusse-t-on trouver la potion de l'immortalité d'ici dix ou quinze ans. Bon nombre de baby-boomers vivent des mythes créés à leur époque. Doit-on leur en vouloir? On n'enlève pas la cigarette au condamné à mort. Laissons-les avec leurs fables et leurs racontards, leurs nuits de la poésie, leur salut au drapeau et leur énième écoute du festival de Woodstock, du temps où le stock était bien meilleur que celui d'aujourd'hui...
Le jazzman Sun Ra disait «His story is not my story», un jeu de mots intraduisible, mettons que cela veut dire «Son histoire ce n'est pas la mienne».
C'est exactement comme cela que je me sens avec les cours d'histoire enseignés au primaire ou au secondaire. C'est un peu gaga et ça fait les coins ronds en sacrement.
Apprenons à lire à nos jeunes et lançons-les librement dans les bibliothèques, qu'elles soient virtuelles ou pas. Ils sauront faire leur chemin et rétablir les faits mieux que ne le feront jamais nos aînés. À cet âge vénérable, on devient bucké... pour ne pas dire bloqué.
Plus d'histoire? Les livres sont là, asti, il n'y a qu'à apprendre à les ouvrir. Ces foutus manuels pour tous, c'est de la merde, surtout dans le domaine de l'histoire. C'est du toc.

dimanche 20 janvier 2008

RENAISSANCE AUTOCHTONE / LE RETOUR DE GLOUSKAP


La population d'autochtones a augmenté au Canada et j'en suis pour quelque chose. Lors du dernier recensement canadien, je me suis identifié pour la première fois en tant que Métis. Suite à cela, une fonctionnaire fédérale de Statistiques Canada m'a appelé pour faire un sondage sur le mode de vie des autochtones... Quelques semaines plus tard, je recevais un calendrier à colorier pour m'être prêté à l'exercice contre mon gré. Il y a des amendes pour ceux qui refusent de répondre aux questions des recenseurs. Il y a des calendriers à colorier pour les autres.

J'ai toujours senti que quelque chose clochait dans l'histoire du Québec que mon père me racontait, une version plus ou moins édulcorée de l'abbé Groulx somme toute, avec les méchants Sauvages qui massacraient les gens de Lachine tout aussi bien que les bons curés qui venaient leur prêcher l'évangile.

Au fil des temps, mes ancêtres autochtones ont refait surface. Ces «Sauvages» sont apparus dans mon arbre généalogique pour me rappeler qu'il y a plusieurs manières de procéder à des génocides.

Heureusement qu'il y a un réveil autochtone partout au pays. Glouskap revient.

Il y a aussi un réveil métis.

J'ai le devoir d'apprendre la part cachée de mon identité, la part indienne, la part sauvage...

Je veux devenir pleinement Kanatien et Kébékwa.

Cela passe aussi par une réappropriation des langues autochtones. Pourquoi n'enseigne-t-on pas quelques rudiments des langues autochtones dans nos écoles? Ce serait juste poli, me semble-t-il...

Je vous laisse là-dessus.

Kwé-kwé
.

samedi 19 janvier 2008

BACK TO THE SERIOUS THINGS...


Revenons aux choses sérieuses. Quand je traite trop souvent de politique dans mon blogue, je finis par oublier l'essentiel.
La politique, c'est comme sortir les vidanges. D'une manière ou d'une autre il faudra bien les sortir, minimum une fois par semaine, à moins que vous ne viviez à Trois-Rivières, où deux fois par mois suffisent.
Il m'arrive donc de parler de mes vidanges et je n'en suis pas toujours fier, mais il faut bien en parler quand c'est le temps de les sortir, surtout quand on ne sait pas que les éboueurs ne passaient pas le 1er janvier. Alors c'est quatre semaines de vidanges qu'il faut faire disparaître par tous les moyens, préférant de loin nourrir les chats plutôt que les rats, deux espèces qui n'aiment pas vivre ensemble, fort heureusement.
Je m'écarte de mon sujet, les choses sérieuses, une expression très large qui me permet d'écrire n'importe quoi.
À moins que je n'aille tout de suite à l'essentiel.
Aussi bien fermer l'ordinateur sans plus attendre et vaquer à d'autres occupations moins stupides, comme gratter ma guitare ou enregistrer une chanson.
Je me demande bien pourquoi je perds mon temps à écrire, alors que la musique et le dessin me procurent des sensations nettement plus vives, plus vivifiantes et plus vivavovuvy (je cherchais un mot en vi pour ma suite et, pouet, ça ne m'est pas venu... quel flop!) que n'importe quelle forme d'écriture, même la poésie, où la transe est trop intellectualisée pour être vraie.
La musique et le dessin me permettent de vivre une forme de spiritualité qui me font oublier d'avoir du ressentiment envers les changements d'horaire pour la collecte des ordures ménagères et envers le nationalisme québécois.
Je gratte ma guitare ou bien j'écoute un vieux concert de Crosby, Still, Nash and Young, et je suis aux anges. Je ne suis plus d'ici mais d'ailleurs, loin des contingences de mon temps et des tracasseries des politiciens qui veulent mon bien, comme le veulent aussi Loto Québec les banques ou n'importe quelle autre sangsue économique qui vous pompe jusqu'à ce que vous ne soyez plus qu'un humain sec et froid comme les solitudes des espaces infinis...
Tiens, encore une digression. Je vous le dis, l'écriture n'est pas grand chose. Encore heureux que je m'y adonne, machinalement, pour meubler Google d'un peu de français écrit, d'ici à ce que tout le monde ne parle que le français dans le monde, ce qui devrait se produire d'ici peu si l'on s'y met tout de suite: écrivons tout un chacun pas moins de vingt milles mots par jour et l'anglais va reculer. Je vous l'assure. Et si je me trompe, au moins vous n'en écrirez que mieux, même s'il n'y a rien à dire d'intéressant en-dehors de ce qui peut se raconter en musique.
Je pense que la musique est la grande gagnante du vingtième siècle et continuera de s'imposer au vingt-et-unième, voire pour l'éternité. Les discours tonitruants, les rots nationalistes, tout ça s'est écroulé dans les millions de concerts rock qui se sont tenus un peu partout sur la planète. La musique des esclaves noirs américains a conquis le monde entier. Elle s'est imposée partout comme la religion la plus universelle de la planète.
Bon, assez de lyrisme ce matin.
Je vous laisse sur cette toune.
Rock and roll will never die.

vendredi 18 janvier 2008

HOMMAGE AU PIÉTON


Il n'y a pas que du malheur associé au fait d'être piéton. Marcher, c'est encore la meilleure manière de se tenir en forme et, de plus, ça vous informe sur l'état du monde bien plus qu'un bulletin télévisé ou bien une balade en automobile.
Marcher, c'est comme rêver à voix haute. Je ne veux pas dire par là que je parle à voix haute quand je marche. Je me retiens. Sauf pour chanter. Tant qu'à passer pour un fou, aussi bien que ce soit en chantant, comme le chantait Sardou.
Je chante tous les jours, en partie parce que je marche, que je vois des arbres, des oiseaux, des nuages, de la neige, de la pluie, etc.
Si je prenais l'automobile, j'en perdrais tous mes chants, comme le savetier de la fable de La Fontaine.
Quand je marche, j'ai l'impression de reprendre contact avec la vie dans son ensemble.
Quand je suis dans un véhicule, j'ai l'impression de n'être qu'un écrou, un rouage, une flaque d'huile...
Je ne cacherai pas que je déteste viscéralement les automobiles et encore plus les automobilistes de Trois-Rivières, Québec ou Montréal.
La rage au volant est partout.
On chauffe comme des fous et on agit envers les piétons comme des gens qui ne savent pas vivre.
Au Canada anglais, je l'ai expérimenté, toutes les automobiles s'arrêtent quand un piéton se présente pour traverser la rue. Ici, au Québec, toutes les automobiles foncent sur lui pour le frapper.
Il est normal de ralentir quand une créature aussi fragile qu'un piéton traverse la rue.
Vous ne trouvez pas?
Aux Indes, on ralentit pour une vache sacrée.
Ici, est-ce qu'un humain est aussi sacré?
Je me le demande.
Quoi qu'il en soit, je vais tout de même marcher d'ici peu. Je vais partager une bonne bouffée d'air frais avec les automobilistes...
Ah! J'oubliais...
Hier, à l'épicerie, il y avait un cave qui laissait tourner le moteur de son auto pour rien. Il était stationné dans la zone de livraison et il s'amusait à gazer une dizaine de personnes qui attendait dehors, tout près. Que doit-on faire avec des caves comme lui? Devrait-on lui enlever son permis de conduire, puisqu'il ne sait pas comment bien se conduire en présence d'humains?

mercredi 16 janvier 2008

ÊTES-VOUS UN DOCTEUR LAPLOTE?


Un docteur Laplote c'est l'expression québécoise toute consacrée pour décrire un imbécile qui prétend tout savoir. Ce mal affecte principalement les universitaires, surtout les illettrés diplômés je dirais, mais il sévit aussi parmi toutes les couches sociales. Il y a aussi des imbéciles parmi les pauvres et ce n'est pas toujours de la faute des autres s'ils le sont.

Prenons moi, par exemple, pour ne pas froisser personne.

J'ai parfois été pauvre, imbécile et même docteur Laplote.

Je parlais un matin avec un type qui avait des maux de dos et, sans avoir étudié la médecine, sans avoir eu le moindre mal de dos, voilà que j'y allais de conseils ridicules.

-Cela prend de la chaleur. Peut-être des exercices dans une piscine. Renifler du Vick's, ça pourrait faire effet...

Heureusement que je ne suis pas tout à fait un docteur Laplote. Je me rends compte, généralement, à quel point je peux être con. Ce qui laisse supposer qu'il y a de l'espoir de faire quelque chose de moi dans cette vie de merde.

J'ai donc poursuivi mon discours bien autrement auprès du type au dos fourbu.

-Hostie! Pourquoi j'te dis tout ça saint-chrême? J'suis pas médecin. J'connais rien dans les maux de dos. J'ai jamais eu mal au dos. Hostie que j'fais docteur Laplote tabarnak!

-Ouin, me répondit le type, j'ferais mieux d'aller à l'hôpital j'pense.

Oui. En effet. Il vaut mieux faire confiance à docteur Clown qu'à docteur Laplote.

Et il n'en manque pas de docteurs Laplote autour de nous en cette époque où tout le monde se permet d'avoir une opinion sur tout et n'importe quoi - et surtout n'importe comment! Non pas que j'en aie contre les opinions, bien au contraire. Cependant, cela me semble noble d'affirmer ses propres limites au lieu de toujours s'aventurer à se prononcer sur ce que l'on ne connaît pas.

Des tas de gens finissent aveuglés par une doctrine, que ce soit le communisme ou le néo-libéralisme, et les voilà qui croient avoir trouvé la clé de l'univers, comme des sacrements de niaiseux d'hosties de docteurs Laplote...

Alors, êtes-vous un docteur Laplote?

mardi 15 janvier 2008

TRUDEAU ÉTAIT UN ESPRIT INDÉPENDANT

Pauline Marois se met à la suite du Lidor Maximo Gérald Larose pour annoncer l'indépendance à la pièce, sans référendum, si le PQ venait à se faire élire.
Bon, qu'est-ce qu'ils ont encore à délirer ceux-là?
Au fait, parlent-ils anglais?
Je préfère de loin le socialisme au nationalisme, même si ma tête se refuse d'adhérer à quelque doctrine que ce soit.
Le plus grand socialiste québécois, à mon avis, c'était Pierre Eliot-Trudeau.
Je m'ennuie de l'époque où Trudeau pagayait sur l'eau paisible d'un lac en nous présentant sa vision généreuse et foncièrement vraie du Canada.
C'est parce qu'il était socialiste que Trudeau s'opposait fermement au nationalisme, une perversion intellectuelle qui a donné naissance à des guerres et à des génocides au vingtième siècle.
John Lennon n'a-t-il pas déclaré que s'il y avait plus de gens comme Trudeau, ce serait la paix sur la Terre? Ok, je vous concède que Lennon était peut-être gelé tight. Ça se pourrait.
Pourtant, je m'ennuie de Trudeau.
C'était le plus grand.
C'était le meilleur.
Je vous défie de me prouver le contraire.
Ce n'est pas de l'indépendance nationale que les Québécois ont besoin, mais de l'indépendance d'esprit.
Elle se fait de moins en moins rare, heureusement.
Mme Marois et M. Larose vont en découdre avec les blogueurs, croyez-moi.

UN PEU PLUS HAUT, UN PEU PLUS LOIN...


Revenons sur les droits d'auteur, si vous le voulez bien. Comme vous avez été bien gentils, j'ai pris le temps de vous dessiner un petit quelque chose pour agrémenter ce message. Cette caricature reflète vulgairement ma pensée quant aux droits d'auteur versus le piratage informatique. Je ne m'en excuse pas. Je vous explique pourquoi.
Avant, l'artiste n'existait que par et pour le producteur culturel, que ce soit dans le cadre d'une maison d'édition, une maison de disques ou bien tout ce que vous pouvez imaginer en matière d'art ou d'artisanat. L'artiste recevait des miettes, au bout d'un long processus qui pouvait durer des mois, voire des années, avant d'atteindre un public, quel qu'il soit. Le producteur ramassait le magot ou épongeait la dette, en cas d'échec. Concédons au producteur qu'il prenait un risque.
Avec l'avènement de l'Internet, tout a changé, pas juste dans le milieu des arts, mais dans toutes les sphères de l'activité humaine, dont la médecine, la chimie, l'ingénierie, etc. Quand je vois les magnats de la culture s'en prendre à l'Internet pour tenter de préserver leur cartel, eh bien je m'insurge.
L'Internet est pour la planète ce qu'est la bibliothèque publique pour les citoyens d'une ville pauvre: un immense espoir de s'en sortir un jour.
Freiner les échanges, sur l'Internet, c'est comme restreindre l'accès à la bibliothèque publique au nom de faux-débats qui n'ont rien à voir avec la culture. Faut-il payer des redevances pour regarder des illustrations de Picasso à la bibliothèque? Est-ce que la pauvreté de l'artiste dépend de l'Internet? Doit-on censurer l'Internet et freiner, par le fait même, la médecine et les autres sciences pour ne pas nuire aux misérables profits qu'un artiste de la vieille école peut soutirer pour la vente de ses quossins? Poser cette question c'est y répondre. Non. Débrouille-toi, misérable artiste, ver de terre créatif... Fais comme tout le monde et arrête de te plaindre maudit braillard!
La culture, comme la science, doit être accessible à 100% par n'importe quel quidam de la planète. En tout cas, elle doit être plus accessible que ne l'est une mitraillette ou bien un bazooka.
Au fait, j'ai cru remarquer que les Indiens ne signaient jamais leurs oeuvres. Le droit d'auteur est une perversion occidentale de la culture. La culture, quand elle est bien vivante, appartient à tous.
Bien sûr, je ne prêche pas pour la levée de toutes les règles. Cependant, je suis plutôt en faveur de la bibliothèque publique et de l'Internet, deux espaces libres pour la diffusion instantanée de la culture.
L'artiste pauvre, de nos jours, profitera autant de l'un que de l'autre.
Plus besoin d'intermédiaires et de producteurs véreux.
Plus de délais d'attente pour la diffusion d'une oeuvre.
Plus de tracasseries reliées à la censure.
Bref, l'artiste gagne une incroyable liberté grâce à l'Internet.
Et s'il est futé, il se rendra bien compte qu'il se fait aussi du commerce sur l'Internet, même pour les artistes, et qu'il n'en tient qu'à lui d'apprendre les nouvelles manières de commercialiser ses productions. S'il apprend bien, il pourrait faire fortune. Et s'il ne fait pas fortune, il pourra toujours continuer à faire de l'art pour passer le temps. Après tout, l'argent ne fait pas le bonheur.
Pour le reste, je vous laisse sur un article d'Alain Brunet publié hier dans Cyberpresse. Brunet présente ses prédictions sur l'évolution de la cyberculture en 2008. Tout porte à croire que les promoteurs des droits d'auteur traditionnels ne réussiront pas à stopper l'échange gratuit de culture sur l'Internet...
Ils sont cuits.
Et tout ce qu'ils peuvent dire suite à cela ne sont que des propos de mauvais perdants.

lundi 14 janvier 2008

ELLE EST RETROUVÉE? QUOI? L'ÉTERNITÉ...




Il faut prendre au sérieux la littérature fantastique. Les contemporains de Jules Vernes ont eu tort de se moquer de ses oeuvres et de les classer dans les rayons de la littérature mineure. Vernes a prédit un siècle avant tout le monde, exception faite de Cyrano de Bergerac, que l'homme marcherait un jour sur la lune.
Ce matin, en ouvrant Cyberpresse, je suis tombé sur cet article de l'Agence France-Presse qui affirme que des chercheurs de l'Université de Minnesota ont réussi l'exploit de créer un coeur battant à partir d'un coeur de rat mort et de cellules cardiaques néonatales de rat.
Cela fait bien une semaine que nous sommes torpillés de nouvelles du genre. Nous sommes loin de Jules Vernes. Le fantastique se trouve maintenant au coeur même de nos vies.
Arthur C. Clarke avait prédit que l'homme atteindrait l'immortalité autour de l'an 2030, selon un schéma mathématique tenant compte de la constante diminution de l'écart temporel existant entre les découvertes scientifiques au vingtième siècle: l'automobile, l'avion, la fusée, l'énergie nucléaire, les voyages spatiaux, la découverte de l'ADN, etc.
Quand je lis que l'on peut maintenant envisager de créer des coeurs battants d'humain à partir de coeur d'humain mort et de cellules cardiaques néonatales d'humain, je vois bien que la réalité dépasse de plus en plus la fiction.
Je ne veux pas paraitre pour un paranoïaque, mais je me dis qu'il pourrait déjà y avoir des mutants sur Terre, avec des cerveaux quatre fois plus gros que le nôtre, créés en laboratoire pour nous envahir dans vingt ans... Bien sûr, tenons cela pour du délire.
J'ai sans doute trop pris au sérieux Jules Vernes ou bien Le matin des magiciens, de Louis Pauwels et Jacques Bergier.
Quoi qu'il en soit, le monde change.
Et il faut s'attendre à tout.
S'étonner que l'on puisse créer un coeur battant à partir d'un coeur mort et de quelques cellules grappillés ça et là? Voyons donc!
S'étonner de l'immortalité? Ce n'est pas sérieux...
L'immortalité est envisageable, je ne veux pas vous faire peur quant à vos plans de retraite.
J'espère que vous connaissez des jeux de patience.

dimanche 13 janvier 2008

Le trappeur, la boule de cristal et le fou a bon coeur

Je viens de vernir trois nouvelles toiles. Permettez-moi de vous les présenter.

Le trappeur. C'est le titre. Il porte une ceinture fléchée, comme les Wendates. Il regarde au loin et que voit-il? Le bout du cadre. Comme quoi l'horizon n'est pas toujours là où l'on pense.


La boule de cristal maintenant... Cette Gitane qui lit dans une boule de cristal a jailli spontanément de ma toile. Cette reproduction rend mal l'éclat de la toile originale. J'ai ajouté plusieurs couches de vernis sur la boule de cristal et, malheureusement, cela ne se voit pas sur cette reproduction. D'où l'intérêt de s'acheter des oeuvres originales plutôt que de tapisser ses murs d'affiches et d'images volées sur l'Internet. Peut-être que mes oeuvres ont fait le tour du monde, sans que je ne le sache, et qu'un type de Tokyo ou d'ailleurs va épingler ma diseuse de bonne aventure dans sa cuisine, pour faire rigoler ses amis.


Le fou a bon coeur. Alors là, je nage en plein surréalisme. Le fou a des mains démesurées et un joli coeur rouge est imprimé sur son uniforme jaune. Quelques personnes le regardent, dont deux autres que l'on ne voit pas ici, compte tenu du format de numérisation.

samedi 12 janvier 2008

NOUS ET EUX...

J'ai eu l'idée de cette caricature ce matin en faisant ma promenade.

Vous aurez compris que les crises d'identité m'inquiètent.

Le PQ, l'ADQ, VLB, Dumont, Marois, Lisée, etc., entretiennent un climat de xénophobie qui me fait honte en tant que citoyen du Québec. Leurs discours à la Jean-Marie Le Pen me font vomir. Partir d'une conception libérale ou sociale-démocrate de l'État pour en arriver à ces vulgaires discours crypto-racistes, franchement, cela me dégoûte.

Ce «Nous» plus blanc que blanc, propre, francophone et capable de réciter les poèmes de Michèle Lalonde par coeur, je m'en torche profondément.

J'ai une sympathie toute naturelle envers tous les hommes de la terre, cette sympathie que chantait Gilles Vigneault, entre autres, dans Mon pays:

De mon grand pays solitaire
Je crie avant que de me taire
A tous les hommes de la terre
Ma maison c'est votre maison
Entre mes quatre murs de glace
Je mets mon temps et mon espace
A préparer le feu, la place
Pour les humains de l'horizon
Et les humains sont de ma race


C'est bien plus québécois que toutes ces récentes tentatives péquistes ou adéquistes de couler le Québec dans le béton d'un discours identitaire qui finira par nous écarter totalement de la communauté internationale.

Non, les Québécois ne marcheront jamais au pas de l'oie.

Non, les Québécois ne sont pas que francophones, catholiques romains ou mangeurs de fèves au lard. Ils sont devenus les humains de l'horizon. Tous les humains sont de leur race. Fini le nationalisme frileux. Bienvenue à l'affirmation humaine tout court. Bienvenue à la différence et à la liberté. Merde aux pleurnicheries et aux odes patriotiques. Y'en a marre. Ne touchez pas à mes potes arabes, juifs ou homos, grenouilles de bénitier bleues et blanches. Allez faire votre salut au drapeau dans vos garde-robes défraichis. Il y a mieux à faire que de vivre toute une vie à se draper de ridicule.

Le «Nous» inclut tout le monde ou bien j'emmerde le «Nous», création de démagogues assoiffés de pouvoir qui feraient tout pour écraser le peuple sous une botte fleurdelisée, histoire de lui rappeler qu'il a eu tort de voter non lors des deux derniers référendums.

Le fédéralisme canadien, à mon sens, constitue encore une option valable pour les Québécois. C'est même une police d'assurance contre la montée de l'extrême-droite québécoise.

Je souhaite que les libéraux ou les néo-démocrates prennent le pouvoir à Ottawa, que les libéraux ou Gauche Solidaire soient à Québec. Tout sauf le PQ, l'ADQ, le Parti conservateur, le Bloc Québécois...

Un front populaire anti-raciste formé des libéraux et des solidaires n'est peut-être pas impossible... Il faudra peut-être en venir là pour crever l'abcès une fois pour toutes.

Les libéraux et les solidaires, je le dis encore une fois sans arrière-pensée, ont plus en commun qu'on ne le croit. Bien sûr, il y a des divergences au plan économique, mais ce ne sont pas des divergences insurmontables. Les libéraux peuvent très bien gouverner en sociaux-démocrates.
Et ils ne freineront pas l'immigration, comme le souhaitent les émules québécois de Jean-Marie Le Pen qui se font entendre au PQ et à l'ADQ. Les libéraux et les néo-démocrates fédéraux devraient aussi songer à unir leurs forces contre les conservateurs.

Bien que j'aie l'air enflammé, je choisis la tolérance et l'ouverture sur le monde.

Le PQ, l'ADQ, le Bloc Québécois et le Parti Conservateur du Canada choisissent tout le contraire.

vendredi 11 janvier 2008

LES DEUX PIEDS DANS 'A BOUETTE

Les pires prisons sont celles que l'on se bâtit soi-même, avec des discours insensés et des idées folles.
Il y a des gens qui préfèrent vivre dans leur prison mentale, avec leurs raisonnements stupides et leurs peurs idiotes, sans envisager qu'ils pourraient être libres immédiatement. La porte de la prison est ouverte et, vous avez beau le leur expliquer, les totos ne voient jamais que les barreaux.
Ils se comportent exactement comme l'enfant qui se plaindrait d'avoir les deux pieds dans la boue.
-M'man! J'ai les deux pieds dans 'a bouette!
-Ben marche! Sors d'la bouette!
-J'peux pas! J'ai les deux pieds dans 'a bouette!
-Ben voyons donc! Sors d'la bouette!
-J'peux pas! Bou-hou-hou! Snif! Snif!
Désolant.
MOBY DICK ET LE CAPITAINE ACHAB
Prenons maintenant le capitaine Achab, dans le roman Moby Dick de Hermann Melville.
Une baleine blanche lui a enlevé une jambe et depuis voilà qu'il sillonne la mer pour la retrouver et lui planter son harpon dans le bide. Achab aurait pu se mettre au macramé, à la poterie ou à la poésie surréaliste, mais non, il lui fallait nourrir son ressentiment envers Moby Dick, la baleine blanche. Vous allez me dire que le roman de Melville est plutôt à considérer comme une charge envers le puritanisme américain que je vous répondrai, sans sourciller, que le capitaine Achab aurait mieux fait de se mettre au basketball, voire de «se mettre» tout court.
Il existe des tas de possibilités et c'est toujours triste de voir quelqu'un figer sur une seule, comme le dernier des crétins.
SANS IDENTITÉ, L'ÉTAT-POLICIER NE PEUT RIEN
Beaucoup de fonctionnaires soviétiques ont été victimes des purges staliniennes. Soljenitsyne m'a appris que certains fonctionnaires plus futés ont pu éviter la mort qui planait sur eux. Ils ont déchirer leurs cartes de membre du Parti communiste, se sont enfuis et se sont refaits une nouvelle vie au sein de tribus nomades de la Russie. Ils devinrent ainsi introuvables pour le KGB. Ils n'existaient plus. Ils n'avaient plus de cartes d'identité. Ils n'étaient que des vagabonds provenant de petites peuplades de vagabonds.
Peut-être que dans cette non-existence officielle se trouve le chemin qui mène vers la vraie liberté de l'homme.
Cela me laisse songeur quand je vois toutes ces cartes que j'ai dans mon portefeuille...

jeudi 10 janvier 2008

La danse des canards

Le nationalisme me fait le même effet qu'une danse de ligne à laquelle je serais obligé de participer dans des noces. Cela ne me revient pas. Je préfère Led Zeppelin à la danse des canards, que voulez-vous.
Je considèrerai toujours le nationalisme, même «de gauche», comme une danse des canards où chaque participant se doit de répéter les mêmes gestes, sinon les mêmes discours. Il y a peu d'attraits pour un esprit libre dans ces rituels un peu gaga réservés aux membres du clan.
À moins d'être saoul, je ne danserais pas la danse des canards. Ce qui me porte à croire que le nationalisme est par le fait même une forme d'ivresse mentale dédiée à ceux et celles qui détestent la réflexion intellectuelle et préfèrent s'en remettre totalement à ces danses des canards patriotiques, drapeau bien enfoncé dans le postérieur, à s'agiter comme des pantins sous l'influence néfaste de l'opium nationaliste.
Bref, je ne suis pas du tout nationaliste, vous l'aurez compris.
Le nationalisme, je laisse ça à Napoléon et autres exterminateurs de peuples.
Ma vision de l'État, aussi paradoxal que cela puisse sembler, se situe à mi-chemin entre celle du Parti libéral du Québec et celle de Québec Solidaire. Ces deux formations politiques ne sont pas si diamétralement opposées qu'on pourrait le croire, à tout le moins sur les questions touchant l'immigration. L'ADQ et le PQ ont prouvé qu'ils ne nous promettraient que des danses des canards nationalistes. Et le nationalisme, franchement, je ne suis plus capable. Revenons-en saint-tabarnak!
Je me sens plus préoccupé par le sort des pauvres que par le sort des Québécois, dont je fais partie. J'ai plus d'affinités avec un pauvre du Rwanda, récemment immigré au Québec, qu'avec un bourgeois québécois fier de brandir ses armoiries françaises en pétant plus haut que le trou. Quand ce bourgeois me parle du Québec, en faisant des «oh!» et des «ah!», moi je lui parle de l'aide sociale, du chômage, de la crise du logement, du racisme, tout ce qui finit par l'embarrasser dans sa vision idyllique d'un Québec français, essentiellement conçu pour que lui et sa bande de péteux soient au pouvoir éternellement, dussent-ils ne laisser que des déjections en héritage.
Évidemment, les péteux vont me reprocher de détester le Québec. Ils ont tort. Ce n'est pas le Québec que je déteste, mais les péteux qui se prennent pour le Québec tout entier, vile engeance de bourgeois qui se cramponnent à leurs discours creux et trouvent désolant de ne pas pouvoir faire tout ce qu'ils veulent de nous, les pauvres Québécois, du fait qu'il y a beaucoup trop de contre-pouvoirs pour les stopper dans leur conquête du pouvoir absolu. Heureusement qu'il y a des contre-pouvoirs pour les ramener à la raison. Autrement je n'aurais pas le choix de participer à la danse des canards, par peur d'être un jour parrainé par la section nord-coréenne d'Amnestie Internationale...
Dany Laferrière parlait récemment du silence des intellectuels dans une de ses chroniques publiées dans La Presse. Il n'écoute pas aux bonnes portes. Beaucoup d'intellectuels parlent. Cependant, ils parlent rarement dans les médias traditionnels québécois où sévit l'omerta. Pour avoir un droit de parole dans les médias traditionnels, il faut savoir danser la danse des canards...

mercredi 9 janvier 2008

AUX MÂNES DE EVIL KNIEVEL

Evil Knievel ne prenait jamais le temps d'écrire ses mémoires pendant l'exécution d'une de ses cascades. Il est mort récemment, comme vous le savez. Et si je fais appel à ses mânes, c'est bien pour parler de ce qui ne se raconte pas en mots, c'est-à-dire le sens de l'éternité.
D'abord, il se pourrait que l'infini revienne de fait aux Métis, puisque c'est le symbole qui apparait sur leur drapeau, soit le 8 tourné à 90 degrés. Comme je m'affirme en tant que Métis, je ne puis faire autrement que de vivre sous le signe de l'éternité, voire de l'infini pour parler en unités de mesure. Évidemment, je blogue, je veux dire je blague...
Il est des moments dans ma vie où les mots ne servaient absolument à rien. J'aurais beau vous écrire tout ce que je ressentais, ce ne seront jamais que des mots, alors que la sensation vécue sur le moment allait bien par-delà toute forme de borborygme humain, présenté en version orale ou écrite, ce qui est bien pire dans certains cas.
L'écriture demande une certaine stabilité, un certain rituel, une certaine paresse.
Je ne suis pas certain de ce que cela demande en fait. D'autres le sont tout à fait. Et ils me font scier, ceux-là. Être certain d'activités aussi peu physiques que l'écriture ou le décrottage de nez, voilà qui laisse songeur. Bref, l'écriture vient quand elle vient et je n'en sais fichtrement rien de plus.
Si j'écris toutes ces bêtises en ce moment, c'est que je nuis pas en train de réaliser une cascade.
Je ne mène pourtant pas une vie sans danger.
Je suis convaincu de prendre plus de risques que beaucoup de gens autour de moi, tout simplement parce que je me suis souvent planté dans la vie. Et quand je dis souvent, je n'invente rien. En affaires, en amour, dans mon milieu de travail ou dans la vie tout court je me suis souvent comporté en authentique émule de Evil Knievel. Paix à son âme: il l'a bien mérité!
UNE ENFANCE À COUPS DE POINGS SUR LA GUEULE
Cela me rappelle un moment décisif de ma vie, celui qui forgea mon caractère pour toutes les années qui viendront jusqu'à ma mort, si je meurs bien sûr.
J'avais huit ou neuf ans. J'allais à l'école primaire St-Jean-de-Bosco, dans la P'tite Pologne, un célèbre quartier pauvre de Trois-Rivières.
Il y avait à l'école une bande de jeunes voyous qui s'en prenaient à tous les autres écoliers de façon souvent très brutale. Ces jeunes bandits en stage de formation passaient tout leur temps à attendre quelqu'un, à la sortie des classes, pour lui foutre une raclée.
J'avais toujours été épargné, peut-être parce que j'étais parmi les trois plus grands de l'école. Je sentais que mon tour viendrait cependant. Et je n'en pouvais plus de voir mes amis se faire battre sans rien faire.
J'avais beau me dire, cyniquement, que je n'étais pas visé par ces jeunes baveux qu'une petite voix intérieure n'en résonnait pas moins dans ma tête: «Tu peux les battre les tabarnaks! Un homme meurt rien qu'une fois!» Était-ce vraiment ma petite voix intérieure ou l'écho des sermons de feu mon paternel? Hum... C'est vrai que mon père ne m'a dit qu'une seule phrase en plusieurs versions dans sa vie: «Ne te laisse jamais piler sur les pieds calice!» Ok P'pa. C'est ce que je ferai.
Et c'est ce que je fis. Les baveux attendaient deux ou trois de mes amis dans la cour d'école pour leur foutre quelques baffes. J'ai décidé de mettre fin au régime de terreur manu militari. J'en crèverais s'il le fallait, mais je n'allais plus tolérer qu'ils crissent des volées à tout le monde, n'importe où, n'importe quand.
J'ai tenu caucus avec mes camarades infortunés, comme au football. Et j'ai développé ma fameuse technique de l'attaque surprise qui, tout au long de ma vie, allait sauver mes dents.
-On va faire semblant d'avoir peur, de vouloir les fuir quand ils se pointeront. Nous marcherons lentement, sans réagir, toujours en faisant semblant d'avoir peur. Puis quand ils seront proches, on va crier tous ensemble et on va leur sauter dessus par surprise. On va les jeter dans la neige et on va leur en faire bouffer en tabarnak à ces astis d'chiens sales!
Voilà donc les voyous qui s'approchent. Ils rient, nous insultent, nous traitent de tapettes et de niaiseux. Personne ne réagit. Ils s'approchent encore et entrent dans la zone critique. Je fonce sur eux comme un fou enragé en criant «À l'attaque!».
Comme je suis trois fois plus gros que le plus gros de ces voyous, je les fais revoler dans le décor. Mes amis sentent aussi que l'heure de la vengeance a sonné. Ils attaquent aussi. Au bout de deux ou trois minutes, les voyous sonnent la retraite. Nous avons gagné. Désormais, c'est nous qui ferons la loi à l'école.
Nous fûmes effectivement épargnés par la suite. Les voyous se tinrent tranquilles. Mes amis devinrent voyous et sacrèrent des volées à tout le monde. Bref, la roue tourna.
Quant à moi, je revins vers ma solitude bienfaitrice qui me permit de ne pas sombrer dans le crime, la violence et la délinquance, inspirateurs naturels de bon nombre de pauvres qui souhaitent réussir dans la vie.

mardi 8 janvier 2008

Retour sur Pavel Lounguine et Piotr Mamonov

Dans mon message précédent, je vous ai envoyé du côté de Piotr Mamonov, l'inoubliable acteur de l'un de mes films préférés, Taxi Blues de Pavel Lounguine.

Piotr Mamonov faisait partie du groupe culte de musique alternative Zvuki Mu. Voici d'ailleurs le site officiel du groupe.

Mamonov vit aujourd'hui en campagne, à quelques dizaines de kilomètres de Moscou. Il produit encore des One Man's Shows de temps à autres.

Par ailleurs, je vous invite à visionner La bottine, ce fabuleux court métrage de Pavel Lounguine, produit dans le cadre d'une action humanitaire contre les mines anti-personnelles.

Tous les films de Lounguine que j'ai pu voir étaient de purs bijoux du cinéma. Tous sans exception.

lundi 7 janvier 2008

LE PINSON, LE DIABLE, L'AFRICAINE ET LE VIEUX SEC

Vous raconter ma journée de samedi me fait un peu peur. C'est ce qui fait que je ne vous l'ai pas encore racontée. Je crains vraiment que vous me preniez pour un fou alors que je ne suis qu'un indécrottable logicien sur lequel tombent des tas d'évènements défiant toute logique.

Samedi, je me suis levé sans appréhension, avec la sensation que deux plus deux égalent quatre. J'ai bu mon café, comme d'habitude, en discutant avec ma douce. Puis j'ai navigué un peu sur l'Internet tout en me dépliant les orteils. Tout se serait très bien passé si je ne m'en étais tenu qu'à cela. Mais non! Il fallait que je sorte pour affronter le monde et sa cohorte d'évènements insolites.

IL SIFFLAIT COMME UN PINSON ET C’ÉTAIT LE SOSIE DE JEAN COURNOYER

Tout a commencé au Jean-Coutu de la rue Royale, à Trois-Rivières. J’y allais pour produire quelques photos de mes toiles pour mon port-folio.

Tout était on ne peut plus prosaïque et rationnel, jusqu'à ce que j'entende de drôles de chants d'oiseaux, des serins, des perruches ou des chauves-souris, je ne sais trop, mais ça sifflait beaucoup.

À force de chercher d'où ça provenait, j'ai bien vu qu'il s'agissait d'un monsieur un peu hilare qui sifflait comme un pinson. Il ressemblait à s’y méprendre à l’ancien ministre libéral Jean Cournoyer. Ne nous mèprenons pas pour autant puisque ce n’était probablement pas lui.

L'histoire ne s'arrête pas là. J'ai cru que mon siffleur avait oublié ses gants au comptoir où je me trouvais. J'ai couru derrière lui pour lui rapporter les gants. Et savez-vous ce que le pinson m'a répondu?

-Ce ne sont pas mes gants mais je vais les prendre pareil. Je pense qu'ils vont me faire.

Puis il est parti, simplement, en sifflant comme une perruche sur l'acide.

Je lui ai laissé les gants tout en me demandant s'ils étaient vraiment les siens. Au moment où j'écris ces lignes, je me pose encore la question.

RENCONTRE AVEC UN DIABLE CORNU

Après le Jean-Coutu, j'ai poursuivi ma promenade en direction du Super C, via le quartier Ste-Cécile, juste pour voir si rien n'était changé depuis que j'ai déménagé en mars dernier.

Comme je traversais la rue Laviolette, à la hauteur du dépanneur Couche-Tard, je suis tombé sur le Diable. Et quand je dis le Diable, je n'invente rien. C'était vraiment le diable, avec ses cornes, ses piercings et ses tatouages. Je n'avais jamais vu de cornes de diable aussi réelles.

-Salut Stéphane (appelons-le Stéphane, pour ne pas qu'il soit reconnu), comment tu t'es fait ça tes cornes?

-Ce sont des implants. Je me suis fait faire ça à Montréal.

-Toé, lui dis-je, faudrait vraiment que tu fasses des photos et que tu remettes ça à une agence de casting. Tu ferais du cash en sacrement

-Pas fou… J'vais y penser…

-Le diable, dans une agence de casting, ça doit bien valoir cent cinquante milles par année… Hein? Prends des photos de toi et envoie ça à Montréal, dans les agences de casting.

-J'vais aller voir ça. Ça me met vraiment la puce à l'oreille.

-En passant, tes boucles d'oreilles ont l'air pas mal lourdes… Tu n’as pas peur de t'arracher les oreilles avec tes breloques?

-Non, j'suis fait fort.

-Bon, ben, bonne journée Stéphane.

-Bonne journée Gaétan.

Stéphane est un chic type. Ce n'est pas vraiment un démon. Il a une bonne culture générale et ne manque pas de verve pour appuyer son propos. Il incarne le Diable en chair et en implants, par pur dandysme j'imagine. Il est de ces fiers originaux qui permettent à Trois-Rivières de ressembler à une cour des miracles plutôt qu'à une ville d'enfoirés qui ne savent pas conduire leur véhicule et encore moins bien se conduire avec les gens.

Poursuivant ma promenade, je faillis plusieurs fois me faire renverser par une automobile. Tous ces petits-bourgeois bien peignés et bien propres qui roulent à vive allure sans se soucier des piétons sont plus dangereux que le Diable lui-même, ce piéton occulte qui n'hésite jamais à s'arrêter un moment pour faire un brin de jasette.

J'en tire une leçon, mais je ne sais pas laquelle. De toute façon, mon histoire ne s'arrête pas là. Quand je vous dis que c'était un samedi particulier, je ne mentais pas. Poursuivons.

L'AFRICAINE ET LE VIEUX SEC

Je me suis finalement rendu au Super C en un seul morceau, défiant les chauffards tout en méditant sur le Diable et sur Jean Cournoyer.

Revenons au Super C. Voilà que je croise une Africaine, couleur café, dans la quarantaine. Je la connais à peine. Je sais qu'elle est l'amie de Namana, une autre Africaine qui a déjà travaillé avec ma blonde. Politesse oblige, je la salue et lui demande des nouvelles de Namana. Je n'insiste pas plus, par timidité, puisque nous ne nous connaissons pas vraiment.

Quelques instants plus tard, à la sortie du Super C, je la croise encore. Elle pousse son panier d'épicerie vers la sortie et me salue à nouveau. Je fais de même.

Puis voilà que surgit un type, un homme dans la cinquantaine, probablement un Québécois de souche, cinq pieds dix pouces, deux cent quelques livres, casquette sur sa calvitie, avec les yeux exorbités de celui qui sollicite des faveurs sexuelles. Et c'est bien ce qu'il fait à ce moment. Le vieux prend l'Africaine par le bras et prétend qu'il veut seulement lui souhaiter la bonne année…

L'Africaine se fâche.

-Vous m'avez suivie tout le temps dans le magasin depuis que je suis entrée! Qu'est-ce que vous me voulez? Foutez-moi la paix! Laissez-moi twanquille!

-Je ne veux que vous souhaiter la bonne année! Serrez-moi la main!

-Non! Non! Laissez-moi twanquille, crie l'Africaine.

-Oui! Oui! Laissez-moi vous serrer la main et vous embrasser...

-Non! Non! répond l'Africaine.

La situation devenait plus complexe. Et elle ne demeurerait pas complexe longtemps parce que mon caractère impulsif prit soudain le dessus. Bref, j'ai pogné les nerfs, comme d'habitude.

-Heille! Vas-tu lui crisser la paix tabarnak? Elle te dit qu'elle ne veut rien savoir de toé saint-chrême! Dé-calice!

Évidemment, le vieux sec a figé raide et s'en est allé tout penaud, la queue entre les jambes.

L'Africaine m'a remercié pour mon geste chevaleresque, a embarqué dans son taxi avec sa commande, puis j'ai pris le chemin du retour.

Arrivé à la maison, je me suis assis devant mon ordinateur, comme si rien ne s’était passé, exactement comme dans la dernière séquence du film After Hours de Scorsese.

Tiens, allez voir ce trailer pour vous le remettre un peu en mémoire.

C'est l'un de mes films déphasés favoris avec Wild at Heart de David Lynch et Taxi Blues, un film de Pavel Lounguine mettant en vedette l'inoubliable Piotr Mamonov, un auteur-compositeur-interprète de la scène alternative russophone.

C'est en voyant de tels films que l'on finit par tomber sur des gens sincèrement originaux.
C'est du moins ce que je crois. Et je ne suis pas sûr de le croire vraiment. Pour ma péroraison, j'affirmerais vraiment n'importe quoi. Désolé.


dimanche 6 janvier 2008

TOUT EST POSSIBLE & IL FAUT REMPLACER SES CORDES DE GUITARE AU MOINS UNE FOIS L'AN

«Les hommes normaux ne savent pas que tout est possible», écrivait David Rousset dans L’univers concentrationnaire, un témoignage sur les camps nazis publié en 1945. Cette maxime peut s’appliquer à tous les aspects de la vie parmi les humains. Tout est possible dans la voie du mal. Rousset, prisonnier au camp de Buchenwald, en savait quelque chose, malheureusement. L’homme normal, celui qui siffle en croquant une pomme, n’aurait pas pu s’imaginer cette industrie du génocide où tout était comptabilisé, de la dent en or jusqu’au dernier poil de la raie du cul.

L’homme normal ne peut pas plus s’imaginer qu’il existe des pays où il n’y a pas de pommes à croquer. Vous lui parlez de Cuba et il voit la plage, les belles automobiles et un drôle de type avec une grosse barbe qui ressemble à Ti-Mé dans La p’tite vie. Il ne voit pas le policier défoncer le crâne des hommes et des femmes qui combattent la dictature avec des mots. Il ne voit pas les prisons bondées de prisonniers politiques. Il ne voit pas que l’extrême mal est possible. C’est ce qui permet au mal de ravager des mondes et des civilisations pour une fin qui n’a jamais besoin de justifier ses moyens.

C’est triste de le dire, mais la plupart des gens se disent toujours que les choses vont bien se passer, que ce n’est que temporaire, que tout reviendra dans l’ordre et, surtout, qu’on pourra encore croquer des pommes tout en sifflant. S’accrochant à une réalité coulée dans le ciment de la routine, les hommes normaux ne vont jamais plus loin que le convenu et le convenable dans la poursuite de leurs raisonnements.

Le singe, au zoo, ne veut pas savoir la situation des singes dans les autres zoos. Il veut manger sa ration de bananes et peut-être croquer des pommes tout en sifflant. Donnez-lui ça et il sera heureux comme un pape. Tout est possible? Une maxime, ça ne se mange pas. Ne demandez pas au singe de s’imaginer l’impossible.

UNE NOTE UN PEU PLUS OPTIMISTE

Hier, j’ai remplacé les cordes de ma bonne vieille guitare classique, ma Yamaha préférée, avec un manche bien large pour mes gros doigts. Je ne suis pas capable de jouer sur une guitare acoustique parce que le manche est trop étroit. J’ai de trop grosses mains. Je tiendrais ça de feu mon grand-père Rodolphe René. C’est du moins ce que m’a dit un chauffeur de taxi qui l’aurait connu du temps où il travaillait avec lui à l’usine de textile Wabasso, à Trois-Rivières. Avec les mains de Rodolphe, cela dit, je ne peux pas jouer sur des manches trop étroits. Peut-être que je devrais me mettre à la contrebasse et la tenir dans mes mains comme une guitare. Le manche de la contrebasse est bien plus large. Le problème c'est que le prix l'est aussi. Je ne trouverai pas de contrebasse pour 50$, j'en ai bien peur...

Je n’avais pas changé mes cordes depuis plus d’un an. Mes trois cordes de métal étaient toutes rouillées et les frets étaient pas mal encrassés. Quand les cordes sont dans cet état, le son est vraiment moins clair. Il ne suffit que de les remplacer par des flambant neuves pour s’en apercevoir. Depuis que je l’ai fait, ma guitare renvoie des notes d’une pureté incomparable. Du coup, cela change mon jeu habituel. Je découvre de nouveaux sons, de nouveaux accords. Cela va se métamorphoser en nouvelles chansons. Le processus de création est enclenché.

Bientôt, sur ce blogue, vous pourrez les entendre. Je sais, je promets ça depuis longtemps. Cependant, je dois aussi travailler sur mes toiles, mes poèmes, mes nouvelles, mes romans, etc. Je travaille tout le temps, sacrement, même les jours de congé. Bien sûr, c’est du loisir, l'art…Du loisir? C’est l’opinion de ceux qui ne savent pas que tout est possible. Tout est possible, dont le fait pour un artiste de se sentir le cerveau lessivé par huit heures de peinture ou de musique, à tenter de saisir l’insaisissable, à se trouver con et génial, faux et vrai, bref à se passer en procès tout en tentant, lamentablement, d’exprimer quelque chose qui vaille la peine de perdre ainsi son temps un dimanche matin ou bien n'importe quand.

D’ailleurs, je dois retourner à ma peinture aujourd’hui. Je termine deux tableaux, l’un représentant un fou du roi aux grosses mains (c’est plus facile à dessiner!) et l’autre un chasseur autochtone d’une autre époque, avec sa ceinture fléchée et sa carabine. J’ai quatre autres tableaux en préparation. Quelques airs de guitare devraient me permettre de trouver les bonnes couleurs.

Pour jouer de ma foutue guitare, je devrai encore et encore l’accorder. Quand les cordes viennent tout juste d’être remplacées, cela prend deux à trois jours avant qu’elles ne trouvent leur pleine tension, surtout les trois maudites cordes en nylon. Il faut les étirer, encore et encore, et accorder sa guitare plutôt mille fois qu’une. Cela pourrait expliquer pourquoi je ne change pas souvent mes cordes. Les vieilles cordes, même si le son est moins pur, n’ont pas besoin de tous ces exercices. Elles s’accordent en deux temps trois mouvements.

Partir des camps de concentration nazis pour finir sur une note un peu plus optimiste, c’est du Gaétan tout craché… Maudit mêlé que je suis.

Pour finir mon hommage à la guitare, je vous laisse sur ce petit vidéo. Il s'agit d'un manchot de San Diego qui joue du Tom Petty avec ses pieds sur sa guitare acoustique. Et moi qui se plains de mes gros doigts... Maudit cave que je suis...


vendredi 4 janvier 2008

LA POÉSIE ET LA BOULOCRISTALLOMANCIE

C’est aujourd’hui, le 4 janvier 2008, à six heures trente du matin, que je règle le sort de la poésie. J’aurais pu attendre plus tard dans la journée, voire dans l’année, mais non : c’est vraiment aujourd’hui qu’il faut que cela se fasse.

LA POÉSIE ANCIENNE

Un bref survol de l’histoire de la poésie permettrait de comprendre qu’elle est d’abord et avant tout liée au chant, d’où la rime, qui oblige les mots à se conformer au rythme des instruments de musique. On imagine Homère s’accompagnant à la lyre pour chanter l’Odyssée. Ou bien ce pauvre Rutebeuf, chantant ses vers sur cette invention arabe, le luth, l’ancêtre de la guitare. Est-ce qu'ils «tiraient» à la guitare? - comme on dit de nos jours dans le jargon des musiciens. Peut-être. Homère et Rutebeuf furent peut-être les Bob Dylan de leur temps.

La poésie, c'est de la musique vous dis-je. Pourquoi la poésie ne s’écrivait-elle pas en prose avant le milieu du XIXe siècle? Parce que la poésie était encore intimement reliée au chant, c’est-à-dire à la musique.

Puis vint le romantisme. Les souffrances du jeune Werther, même en prose, devinrent de la poésie pure d’un coup de baguette magique. Baudelaire emboita le pas et se mit à voir de la poésie dans la boue, la charogne et, bien sûr, la prose. Il avait du talent, le bougre. Rimbaud et Lautréamont aussi. Il devint donc possible d’élargir le champ de la poésie à ces non-chants, à ces emportements écrits en prose, sans souci de rimer et, par conséquent, avec un défaut de fabrication pour celui qui voudrait les mettre en musique. D'où toute une flopée de disques soporifiques, ces récitations de prose accompagnées à la guitare ou à la flute à coulisses qui ne valent franchement pas un clou, d'où les subventions pour payer ces amusements d'enfants gâtés que l'on présente comme si c'était de la recherche fondamentale en microbiologie...

LA POÉSIE MODERNE

La poésie moderne est morte le jour où Lautréamont s’est mis à écrire sous son vrai nom. Les «Poésies» d’Isidore Ducasse représentent la clé permettant de transcender la poésie moderne, de la voir pour ce qu’elle est intrinsèquement, une tentative –parfois très esthétique, j’en conviens – de faire passer des vessies pour des lanternes.

Bien sûr, mes poètes préférés écrivent en prose. Blaise Cendrars et Jacques Prévert, c’est tout de même mieux que Virgile, qui m’indiffère, ou Boileau, qui m’endort. Par contre, le plus grand poète classique de langue française, au XXe siècle, c’est sans aucun doute Georges Brassens. Sa maîtrise du vocabulaire est parfaite. Et son talent de conteur fait tout le reste, sans oublier son jeu de guitare un peu hispanisant, hérité peut-être de Félix Leclerc, autre grand poète au sens classique aussi bien qu'en prose.

J’écris en prose moi-même, sans pour autant délaisser la rime. Je me critique autant que je critique la poésie moderne, cela me permet d’avoir l’air honnête. Que voulez-vous…

Cela dit, je pense que dans tous les cas, avec la rime ou la prose, la poésie est toujours mieux servie par une solide connaissance des règles de base de la communication.

Les meilleurs écrivains ne sont pas nécessairement les plus inspirés. Les plus grands poètes sont ceux qui savent le mieux transmettre leurs messages. On aura beau avoir subi tous les malheurs du monde, si notre art se limite à des onomatopées et des pseudo-haïkus de paresseux, ça ne fera pas long feu dans le temps. N'est pas Lao Tseu qui veut. La poésie ne s’imagine pas comme les supposés habits neufs de l’empereur du conte de Andersen. Elle est là du premier coup d’œil ou c’est de la frime.

L'écriture, je ne veux pas décevoir les paresseux, est une technique. Elle suppose une connaissance approfondie des règles fondamentales de la grammaire et de la syntaxe. Et la littérature tire sa perfection de l'absence de littérature, comme pour le dessin, où la pureté du trait l'emporte sur les gribouillis d'une main trop nerveuse. Et la poésie, voyez-vous, c'est de la littérature...

Comme l’écrivait Marcel Proust, «il se pourrait que certains chefs-d’œuvre aient été écrits en baillant». Cela me semble sensé. On peut écrire un chef-d'oeuvre en baillant, si l'on est un génie, un vrai poète, un vrai romancier. Mais le génie est l'exception. Tous ceux qui l'imitent ne sont généralement que des ploucs qui voient dans la poésie la concrétisation de leurs voeux de paresse, et non pas la découverte d'une nouvelle manière de chanter le monde.

C’est l’une des deux ou trois phrases que j’ai retenues d’«À la recherche du temps perdu», des milliers de pages lues dans le cadre d’un séminaire de littérature à l’université. Vous voyez bien que la prose n’est pas autant poétique que l’on voudrait nous le faire croire…

LA POÉSIE QUÉBÉCOISE

La poésie québécoise? Hum… Je ne veux pas faire de peine à personne. Je n’en parlerai donc pas. Il est noble de ne pas vexer l’étudiant dans la composition de ses premiers poèmes. Bien sûr qu’ils sont insignifiants, dénués de vie, d’authenticité et surtout de talent. Mais il faut encourager la jeunesse à écrire de telles niaiseries dans la vie, seulement pour qu’elle apprenne à considérer les arts comme une forme d’oxygène mental, que le talent soit de la partie ou non.

LE LATIN, LE GREC ET LA BOULOCRISTALLOMANCIE

Je discutais avec un de mes amis, hier, un vieux motard dans la cinquantaine. Il me rappelait que, du temps de ses études, les curés lui enseignaient le latin et le grec. Il prétend, à juste titre, que le latin et le grec l’ont beaucoup aidé à développer sa connaissance du vocabulaire. Les mots jusqu’alors inconnus et les néologismes trouvent plus facilement un sens si l’on connait les racines grecques et latines du français.

«Tiens, m’a dit mon ami motard, quand j’étais jeune j’ai créé un nouveau mot et mon professeur de latin m’a félicité.

-Et quel était ce mot?

-La tireuse de cartes, on appelle ça cartomancienne, hein?

-Oui.

-Eh bien, lire dans une boule de cristal, comment on appelle ça?

-Je ne sais pas.

-La boulocristallomancie.

-La boulocristallomancie?

-Oui, la boulocristallomancie…»

Ne cherchez pas ce mot, il n’est pas encore dans le dictionnaire. Je doute qu’il apparaisse. J’imagine qu’il existe un autre mot pour ça et il est encore trop tôt pour que j’ouvre un dictionnaire, même en ligne.

Le fait est que pour former un nouveau mot, on doit d’abord s’assurer d’assembler du latin avec du latin et du grec avec du grec, bien qu’il existe des mots hybrides (ex. : polyvalent, automobile, germanophobe) qui soient composés sans tenir compte de cette règle, mots qui font partie de l’apprentissage des difficultés de la langue française, où les erreurs finissent parfois par être acceptées, sans pour autant chercher à en commettre de nouvelles.

Pour le savoir, vous pouvez toujours vous en remettre au savoir de la boulocristallomancienne, un mot hybride formé d’une racine inconnue, boule (ça doit être du français, non?) et de deux racines grecques, cristal (cristal!) et mancie (divination).