Il est très facile de lutter contre l'angoisse de la page blanche. Il ne suffit que d'écrire une phrase comme celle-là pour noircir deux lignes. Le reste suivra, naturellement, sans que vous ne vous en rendiez compte.
Évidemment, il se trouvera des sceptiques pour douter de cette méthode. Pourtant, vous en serez à votre deuxième paragraphe avant même qu'ils en aient fini avec l'énoncé de leurs doutes.
C'est pourquoi la littérature ne peut se donner des airs inspirés, comme si l'auteur communiquait avec Dieu lui-même, en deux mil onze, qui plus est.
Après ces trois paragraphes, venons-en au coeur du sujet.
Le sujet, ça tombe bien, c'est l'angoisse de la page blanche. Évidemment, il serait fastidieux de ne s'en tenir qu'à des généralités. Aussi, pour faire honneur aux Belles-Lettres, permettons-nous d'y aller d'un conte Diderot.
C'est l'histoire d'un intellectuel, appelons-le Marcellin Lamothe, qui faisait toujours cette blague lorsqu'il recevait son compte d'Hydro-Québec: «Ha! Ha! J'ai reçu mon conte Diderot!»
Marcellin, qui était petit avec une verrue qui se transformait en galoche sur son crâne dégarni, était fonctionnaire de l'État. Il travaillait pour un quelconque organisme sous-subventionné qui envoyait des formulaires ou bien des dépliants chez les gens pour le port du casque à vélo et même à pieds. On devrait toujours porter un casque, tout le temps, partout, etc.
-J'ai reçu mon conte Diderot! Ha! Ha! qu'il répétait inlassablement, Marcellin, même quand il ne recevait pas son compte d'Hydro. Oua! Mon conte Diderot! Mon compte d'Hydro! Mon conte Diderot! Ha! Ha! Mon conte d'Hydro!!!
Ça permet, à tout le moins, de cerner ce personnage inqualifiable qui porte sur la tête cette mystérieuse galoche de chair qui détourne l'attention de ses propos plus ou moins dérisoires et pas vraiment déridants.
Diderot, comme vous le savez tous, était un encyclopédiste du Siècle des Lumières. C'était un Français qui écrivait de la main droite. Personnellement, je puis vous dire que je l'ai lu sans jamais m'y être intéressé. Oh! Il n'est pas méchant Diderot. Mais rien qui vous allume tant que ça. Belle plume, comme tous les écrivains de ce temps, mais rien de charnu. Voltaire me rejoint plus. Son humour était plus spectaculaire. Il avait de beaux défauts. Et sa plume, alors là, un vrai charme. De la chair autour de l'os. Et de l'esprit à revendre.
Mais Diderot? J'en reste pantois.
Imaginez comment je me sens quand Marcellin me parle de son conte Diderot.
-Écoute, Marcellin, ce n'est pas pour te faire chier, mais calice, faudrait que tu décroches avec ton conte Diderot...
-L'humour n'a pas à se tenir bas! qu'il me répond, chaque fois, comme s'il avait le droit de dire ce qu'il veut.
-Ah! pis d'la marde! Dis doncques ce que tu veux Marcellin. Sincèrement, je m'en torche. Conte Diderot.. Compte d'Hydro... Name it.
De l'avoir dit, Marcellin s'en sent ragaillardi. Et voilà qu'il reprend ses facéties sur son compte d'Hydro, son conte Diderot, et tous ces jeux de mots à la Sol et Gobelet qui me désolent le gobelet.
Ha ha ha ha ha ! Tout simplement génial !
RépondreEffacer: o )
Juste une affaire, t'as oublié le conte de Belle, le conte de Tacks..alouette !
Hé hé... ;-)
Ça existe, l'angoisse de la page blanche, Butch mon ami, chez ceux qui préfèrent ne rien écrire qu'écrire à tout prix. Certes, noircir du blanc, c'est donné au premier Al Jolson venu, et des paragraphes, même Martineau est capable d'en chier et d'en enchaîner. C'est pas une raison pour poser ça en modèles!
RépondreEffacerS'tie d'grizzly.
Ben, le comte de Tacks porte des bas bleus.
RépondreEffacerMistral, je sais pas c'est quoi, du Martineau, mais je n'en boirais pas. Même devant un vieux film de Al Jolson, voire d'Abott et Costello.
Pour ce qui est de l'angoisse de la page blanche, je n'en souffre pas trop.
Y'a toujours des niaiseries à dire. Même quand on se retient avant de les dire on en dit tout de même. Le silence n'est même pas un gage de sagesse. J'ai connu un sage qui s'est retenu de parler pendant dix ans et quand il a parlé c'était pour dire quelque chose comme «swmouf» parce que ça faisait trop longtemps qu'il s'était tu.
La morale de l'histoire? Il n'y en a pas, comme d'habitude.
Aucun poncif. Aucune loi. Rien que du mystère et un peu de travail.
Je préfère aussi me taire
RépondreEffacerau cimetière,des fois.
J'ai beau me forcer certains jours,
ça sort pas.Rien à faire,il ne sert à rien de pousser me dis-je,
à tort ou à raison.
Puis il y a la vie qui bat
sans arrêt autour;
j'aime la contempler,l'observer
et y participer sans mot dire.
Silencieusement ou avec peu
de mots dans la vie participative.
Sans rien écrire.
L'angoisse de la page blanche
n'est pas mauvaise en soi
tant qu'elle ne paralyse pas,
à mon humble avis.